Micro-ciblage en Europe : état des lieux, sept ans après le scandale « Cambridge Analytica »

Depuis le scandale « Cambridge Analytica » il y a sept ans, dont Facebook est à l’origine et qui a bouleversé notre perception du numérique, l’Union européenne s’est constituée un arsenal réglementaire unique au monde, encadrant le micro-ciblage et la transparence des publicités politiques.

Par Jade Griffaton, avocate counsel, Milestone Avocats

En 2018, le monde découvrait avec stupeur que Facebook avait permis la collecte illégale de données personnelles de plus de 87 millions d’utilisateurs par la société britannique Cambridge Analytica (1). Ces données, minutieusement exploitées entre 2014 et 2015, avaient servi à influencer les électeurs lors de scrutins majeurs, notamment la présidentielle américaine de 2016 et le référendum sur le Brexit de la même année. Ce scandale retentissant a brutalement mis en lumière les dangers considérables que représente le micro-ciblage politique pour l’intégrité des processus démocratiques.

Techniques de persuasion psychologique
Sept ans après cette affaire aux répercussions mondiales, l’Europe a considérablement renforcé son arsenal juridique concernant l’encadrement des publicités politiques et la protection des citoyens contre ces pratiques particulièrement invasives. Le micro-ciblage constitue une méthode de publicité numérique sophistiquée qui exploite méthodiquement les données personnelles pour identifier avec précision les intérêts, les préoccupations et les vulnérabilités d’individus ou de groupes spécifiques. Cette identification minutieuse poursuit un objectif précis : influencer délibérément leurs comportements et leurs opinions politiques par des messages personnalisés.
Contrairement au profilage publicitaire classique, le microciblage politique présente des caractéristiques particulièrement préoccupantes pour nos démocraties. Il transcende la simple identification des personnes en croisant de multiples sources de données pour en déduire des informations particulièrement sensibles telles que les opinions politiques latentes, les convictions religieuses ou l’orientation sexuelle des individus. Cette technique permet (suite)

Pour ses 30 ans, l’OMC est au cœur des batailles des technologies et de la propriété intellectuelle

L’Organisation mondiale du commerce (OMC) se retrouve sous le feu des projecteurs depuis que les Etats-Unis ont déclenché une guerre commerciale et douanière à l’encontre de la Chine, de l’Europe, du Canada et du Mexique. Parmi les différends qu’elle doit tenter de régler : les technologies et les brevets.

L’Organisation mondiale du commerce (OMC), que dirige Ngozi Okonjo-Iweala (photo) depuis mars 2021, fête cette année son trentième anniversaire dans une période sans précédent de fortes turbulences, alors qu’elle est censée assurer la solidité et la stabilité de l’économie mondiale en réglant les différends.
Et ils s’accumulent. Parmi les toutes dernières plaintes déposées à Genève en Suisse, où se trouve son siège social : celle de la Chine, qui, le 4 février 2025, conteste devant l’OMC les droits de douane additionnels de 10 % à 20 % sur les marchandises provenant de l’Empire du Milieu. Décidées par décret présidentiel de Donald Trump, ces nouvelles taxes douanières sont considérées par Pékin comme contraires à l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) de 1994. Avant ces différends sur les tarifs douaniers infligés par les Etats-Unis à son encontre, mais aussi envers l’Union européenne, le Canada ou encore le Mexique, la Chine a aussi porté plainte dès novembre 2022 devant le gendarme du commerce mondial contre les restrictions à l’exportation vers elle, ou de pays ou d’entreprises en relation avec elle, « de certaines puces semi-conductrices informatiques de pointe, de certains produits pour superordinateurs, de certains produits de fabrication de semi-conducteurs et d’autres produits, ainsi que de leurs services et de leurs technologies connexes » (1).

Les Etats-Unis piétinent l’accord du GATT
La Chine, qui a adhéré à l’OMC en décembre 2001, s’insurge aussi du fait que les Etats-Unis invoquent des questions de « sécurité nationale », lesquelles, selon Washington, ne peuvent être réglées dans le cadre d’un règlement de différend à l’OMC. Le régime de contrôle des exportations est administré par la direction de l’industrie et de la sécurité (Bis) du Département du commerce des Etats-Unis (DoC).
Là aussi, devant l’OMC, Pékin accuse son rival américain d’enfreindre l’accord du GATT de 1994 – lequel fait d’ailleurs partie intégrante (c’est une annexe) de l’Accord de Marrakech signé le 15 avril 1994 pour fonder l’OMC justement, qui est entrée en fonction le 1er janvier 1995 – il y a 30 ans (2). Le GATT de 1994 reprend (suite)

L’industrie musicale veut plus d’abonnés en France

En fait. Le 11 mars, le Syndicat national de l’édition phonographique (Snep) a présenté le bilan 2024 du marché français de la musique enregistrée, lequel refranchit au bout de 20 ans la barre du milliard d’euros. Pour autant, les Français ne se précipitent pas pour s’abonner aux plateformes de streaming.

En clair. Les 174 maisons de disques et labels membres du Syndicat national de l’édition phonographique (Snep), parmi lesquels les trois majors mondiales de la musique (Universal Music, Sony Music et Warner Music), se plaignent de ne pas arriver à convaincre suffisamment d’utilisateurs à s’abonner aux plateformes de streaming musical.
Pourtant, ce n’est pas les « streamers » qui manquent sur le marché français : Spotify, Deezer, Qobuz, YouTube Music, Amazon Music, Apple Music ou encore Napster. Dans son bilan 2024 publié le 11 mars, le Snep fait état de « seulement » 12,3 millions d’abonnements (périodes d’essai comprises). Ces abonnements au streaming musical correspondent à 522,3 millions d’euros de chiffre d’affaires l’an dernier, soit tout de même une hausse de 11,4 %, pour représenter plus des trois-quarts (77,5 %) du total des revenus numériques de la musique enregistrée. (suite)

Ebooks : la commission numérique du SNE change

En fait. Depuis le 7 mars, la commission numérique du Syndicat national de l’édition (SNE) a un nouveau président, en la personne de Florent Souillot – par ailleurs responsable du numérique du groupe Madrigall (Gallimard, Flammarion, Casterman, J’ai Lu, …). Ce qui n’était pas arrivé depuis 15 ans !

En clair. Présider pendant quinze ans une commission au sein d’une organisation professionnelle, c’est beaucoup trop long ! C’est pourtant ce qu’a fait Virginie Clayssen depuis juin 2009 en tant que présidente de la commission numérique du Syndicat national de l’édition (SNE). Non que ses compétences soient en cause, bien au contraire, mais un renouvellement de la présidence d’une telle commission – à l’issue par exemple d’un mandat de cinq ans – aurait été préférable au sein d’un syndicat tel que le SNE, ne serait-ce que pour faire évoluer la façon d’accompagner le développement du marché du livre numérique. La commission numérique, membre fondateur à Paris (avec Editis, Hachette, Madrigall ou encore Média Participations) du EDRLab pour contrôler l’édition numérique (1), est d’autant importante qu’elle sous-tend la « stratégie » du SNE vis-à-vis du marché toujours émergent du livre numérique en France, tout en organisant chaque année les Assises du livre numérique. (suite)

Comme pour le FTTH à ses débuts, la 5G est en mal d’abonnés : mettre fin à la 4G comme l’ADSL ?

Cela fera cinq ans fin 2025 que la 5G a été lancée en Europe, dont la France. Mais force est de constater que les abonnés mobiles ne se bousculent pas au portillon – comme ce fut le cas pour le FTTH. Faudrait-il « éteindre » la 4G pour basculer en 5G, comme on coupe le cuivre pour la fibre ?

Edition Multimédi@ fait le parallèle entre la lente adoption de la fibre optique à domicile – le FTTH (1) – au cours de ses dix premières années de déploiement en France (2008-2017) et l’actuelle lente adoption de la cinquième génération de mobile – la 5G – depuis son lancement en France fin 2020. Au-delà du fait que ces deux technologies ont en commun d’offrir du très haut débit, l’une en réseau fixe, l’autre en réseau mobile, elles ont chacune une courbe d’adoption comparable : le FTTH a mis longtemps, comme la 5G actuellement, à attirer des abonnés. Les utilisateurs ne sont pas tous convaincus de l’intérêt du FTTH et de la 5G en termes d’usages par rapport à respectivement l’ADSL et la 4G.

5G et FTTH : plus de 20 millions d’abonnés chacun
Surtout que ces deux très haut débit supposent de payer un forfait mensuel plus élevé et d’avoir, côté mobile, un smartphone compatible et plus coûteux – y compris pour la nouvelle 5G+ (ou 5G SA, pour standalone) qu’Orange est le premier à lancer, le 6 mars (2), auprès du grand public. Près de cinq ans après son lancement, la 5G a franchi seulement au troisième trimestre 2024 la barre des 20 millions d’abonnés, à 22,1 millions d’abonnés précisément au 30 septembre dernier (derniers chiffres en date de l’Arcep pour la 5G, ceux du quatrième trimestre étant attendus pour le 10 avril prochain). Ce qui représente un taux « 5G » de seulement 26,4 % sur le total des 83,8 millions d’abonnés mobile en France.
Il a fallu une dizaine de trimestres (soit deux ans et demi environ) pour que la 5G franchisse le seuil des 10 millions d’abonnés (au deuxième trimestre 2023), et une quinzaine (soit près de quatre ans) pour dépasser les 20 millions (au troisième trimestre 2024). Toutes proportions gardées, il a fallu une douzaine de trimestres (soit trois ans) pour que le FTTH passe le cap des (suite)