Un « Cloud & AI Act » européen proposé fin 2025

En fait. Le 3 juillet, lors des 19e Assises du Très haut débit à Paris, la présidente de l’Arcep a appelé la Commission européenne à une régulation ex-ante du cloud et de l’IA « s’inspirant des succès de la régulation des télécoms en France ». Bruxelles prépare un « Cloud & AI Act » pour le 4e trimestre 2025.

En clair. La Commission européenne va proposer au quatrième trimestre 2025 un règlement sur « le développement de l’informatique en nuage et de l’IA ». Le Parlement européen, destinataire de cette proposition législative, pourrait débattre de ce texte dès le premier trimestre 2026.
Ce Cloud & AI Development Act (« CAIDA ») fait partie des priorités numériques de « la boussole pour la compétitivité » sur laquelle la Commission « von der Leyen II » s’est engagée en janvier 2025 (1). Ce projet est également consigné dans la lettre de mission adressée en septembre 2024 (2) à la vice-présidente exécutive de la Commission européenne, Henna Virkkunen. Pour mener ses travaux législatifs sur le futur CAIDA, la Commission européenne va s’appuyer sur les réponses à son appel à contributions qui s’est achevé le 3 juillet. « Le processus de construction [des centres de données] exige des capitaux importants, créant ainsi des barrières à l’entrée pour de nouveaux acteurs. […] Les problèmes recensés [difficultés d’accès aux ressources naturelles (énergie, eau, terres) et d’obtention des composants technologiques et des capitaux] ont (suite)

Entraînement des IA avec les données personnelles de Facebook et d’Instagram : validation européenne ?

Une décision rendue le 23 mai 2025 par un tribunal de Cologne (OLG Köln), couplée aux échanges préalables avec la « Cnil » irlandaise (DPC) et à la mise en place des mesures proposées par cette dernière, entérine la possibilité pour Meta de lancer son projet d’entraînement des modèles d’IA.

Par Sandra Tubert, avocate associée, et Miguel Piveteau, élève avocat, Algo Avocats

Le groupe Meta Platforms utilise depuis le 27 mai 2025 les données partagées publiquement par les utilisateurs majeurs et les comptes institutionnels sur ses services Facebook et Instagram (1) : publications, photos, vidéos ou encore commentaires (exceptés les messages échangés entre utilisateurs et contenus privés), mais aussi les interactions des utilisateurs avec ses systèmes d’intelligence artificielle (IA) pour entraîner ses grands modèles de langage (LLM) comme Llama.

Décision d’un tribunal de Cologne
A la différence de X (ex-Twitter) (2), Meta a engagé un dialogue constructif avec l’autorité irlandaise de protection des données (DPC). En effet, avant que le grand public ne découvre ce nouveau projet fin mai 2024, Meta avait informé la DPC, au mois de mars 2024, de son souhait d’utiliser les contenus publics de ses utilisateurs européens de Facebook et d’Instagram pour l’entraînement de ses modèles d’IA (3). Meta avait finalement suspendu le projet, le 14 juin 2024 (4), après le dépôt de plusieurs plaintes par l’organisation autrichienne Nyob auprès de onze autorités de contrôle européennes (5) et d’échanges avec la DPC (6), laquelle avait émis des réserves concernant notamment (suite)

Avec leur index web européen EUSP, Qwant et Ecosia veulent s’affranchir de Microsoft et concurrencer Google

Le français Qwant et l’allemand Ecosia ont l’ambition de devenir une alternative européenne au quasimonopole de Google dans les moteurs de recherche, où l’IA rebat les cartes. Leur index web européen EUSP vise l’indépendance par rapport à Bing de Microsoft – accusé de pratique anti-concurrentielle.

Selon nos informations, Qwant livre discrètement depuis le mois d’avril en France des résultats – sur son moteur de recherche – issus de l’index web européen codéveloppé avec son partenaire allemand Ecosia, un autre moteur de recherche alternatif. « Nous avons démarré en avril 2025, en France seulement pour le moment, et nous progressons chaque mois : près d’une requête sur deux est servie depuis notre index européen », indique à Edition Multimédi@ Olivier Abecassis (photo de gauche), directeur général de Qwant.
Cet index web européen, appelé European Search Perspective (EUSP), est développé par la joint-venture European Perspective, société créée à Paris en 2024, détenue à parts égales par Qwant et Ecosia, et présidée par Olivier Abecassis. « Pour l’Allemagne, c’est avant fin 2025, plutôt au quatrième trimestre », nous précise-t-il. Les premiers moteurs de recherche alternatifs à profiter de l’accès en temps réel aux données web les plus à-jour et pertinentes de cet index européen sont non seulement Qwant et Ecosia, mais aussi le français Lilo dont Qwant a finalisé l’acquisition mi-mai. « Ecosia et Lilo utiliseront également l’index EUSP pour servir dans les semaines à venir une partie de leurs requêtes en France », nous indique encore celui qui fut directeur du numérique du groupe TF1 (2016-2022).

Index web pour moteurs alternatifs et agents IA
La joint-venture European Perspective compte lever des capitaux auprès d’investisseurs extérieurs pour assurer son développement sur le long terme et être en capaciter de rivaliser avec Google. L’ambition du tandem franco-allemand : « Renforcer une alternative européenne, éthique et indépendante aux Gafam », mais aussi « plus respectueux de la vie privée » (1). Les résultats de recherche seront d’abord en langues française et allemande, une extension à l’anglais étant prévue, avec l’objectif à plus long terme d’être dans toutes les langues européennes. « Cet index pourra être rejoint par d’autres moteurs de recherche et servir de ressource clé pour l’industrie européenne, par exemple en fournissant un pool de données transparent et sécurisé pour (suite)

Le marché mondial du livre audio donne de la voix, mais de plus en plus générée par de l’IA

Alors que s’achève fin juin la 4e édition du « mois du livre audio », événement organisé en France par le Syndicat nationale de l’édition (SNE), le marché mondial du livre audio est pleine croissance, porté notamment par la voix générée par l’IA. Les labels « interprétation humaine » s’organisent.

L’intelligence artificielle et les comédiens rivalisent pour lire les livres à haute voix aux auditeurs, avec une qualité d’élocution qui laisse parfois… sans voix, tant la ressemblance entre la synthèse vocale de l’IA et les cordes vocales de l’humain est confondante. Et cette dichotomie du marché mondial du livre audio n’est pas prête de s’estomper, tant le « tsunami » de l’IA n’a pas fini de se propager dans le monde de l’édition. Comédiens et « AI-generated voice » sont comme dans un dialogue de sourds, un peu en chiens de faillance. Comment distinguer l’un de l’autre ?

USA et UK : « directives internationales »
Avec son label « Interprétation humaine » (IH), annoncé le 11 juin 2025 en collaboration avec l’association de comédiens « La Voix » et conçu pour les maisons d’édition en France, le Syndicat national de l’édition (SNE) n’est pas le premier à proposer aux éditeurs d’apposer une signalétique sur les livres audio pour que les « lecteurs » auditeurs puissent savoir à quoi s’en tenir. Six mois auparavant, en décembre 2024, l’Audio Publishers Association (APA) basée à New York et la Publishers Association britannique (UK PA) basée à Londres ont publié des « directives internationales sur la façon d’étiqueter les livres audio racontés par l’IA » (1). Dirigée actuellement par Michele Cobb (photo de gauche), l’APA compterait parmi ses membres – dont la liste n’est pas divulguée – Audible d’Amazon, Apple Books ou encore Spotify, aux côtés de Hachette Audio (filiale newyorkaise du groupe français (2)), d’HarperCollins Audio, de Macmillan Audio, pour ne citer qu’eux.
L’APA et la UK PA partent du constat que (suite)

Le site Deepseek-fr.ai, cheval de Troie du chinois

En fait. Le 9 juin, le site francophone DeepSeek-fr.ai – qui se présente anonymement comme « une équipe indépendante passionnée par l’IA » – a publié sur son blog : « Intégrer DeepSeek dans vos applications via son API ». Et ce, après que DeepSeek eut sorti fin mai la version R1-0528 de son modèle IA.

En clair. « Intégrer DeepSeek dans vos applications via son API : guide complet pour débutants », écrit le 9 juin l’auteur « DeepSeek » sur le blog du site web francophone Deepseekfr.ai, dont l’« équipe indépendante passionnée par l’intelligence artificielle et l’innovation technologique » (ainsi se présente-telle) cultive l’anonymat. Il affirme que « [l]a popularité croissante [de DeepSeek] s’explique par la puissance de ses modèles (DeepSeek V3, DeepSeek R1, etc.) et par sa compatibilité avec l’API d’OpenAI, ce qui facilite grandement son adoption par les développeurs » (1). Le chinois DeepSeek Artificial Intelligence Co., basé à Hangzhou, dans la province du Zhejiang (côte orientale de l’Empire du Milieu), cherche à se déployer partout, y compris en France d’où s’est lancé « Le Chat » de la start-up française Mistral AI (lire en Une).
Ni les mentions légales ni le Whois ne nous renseignent sur l’identité de l’éditeur de Deepseek-fr.ai, dont le nom de domaine a été enregistré le 24 février 2025 par la société islandaise Withheld for Privacy (basée à Reykjavik, donc en dehors de l’Union européenne) pour que son identité soit (suite)