Comment Claude de la start-up Anthropic veut devenir le grand rival de ChatGPT d’OpenAI

Alors que ChatGPT a été lancé par la start-up OpenAI il y a moins d’un an, c’est la course à l’échalotte dans les intelligences artificielles génératives. Parmi les compétiteurs, il y a Claude de la jeune pousse Anthropic fondée par d’anciens… d’OpenAI. Google et surtout Amazon la financent.

Question : Claude est-il le meilleur rival de ChatGPT ? Réponse : « Claude, développé par Anthropic, est en effet considéré comme un concurrent puissant du ChatGPT d’OpenAI ». Notre interlocuteur n’est autre que ChatGPT lui-même ! « Cependant, poursuit l’IA générative, il est important de noter que le “meilleur” modèle peut varier selon les cas d’utilisation et les exigences. Par exemple, si le support multilingue est une priorité, ChatGPT pourrait être un meilleur choix. En revanche, si le traitement de grandes quantités de données est crucial, Claude pourrait être plus approprié ».

Contre Microsoft, pour Amazon et Google
Alors que ChatGPT d’OpenAI a été lancé le 30 novembre 2022 (1) avec le succès médiatique planétaire que l’on connaît, Claude d’Anthropic n’a été dévoilé que le 14 mars 2023 (2) dans une relative indifférence générale. Mais depuis qu’Amazon a annoncé le 25 septembre injecter 4 milliards de dollars dans Anthropic (3), Claude défraie la chronique. Basée à San Francisco (Californie) comme OpenAI, la startup Anthropic a été cofondée par Dario Amodei (photo de gauche), qui en est le DG, tandis que Daniela Amodei (photo de droite), sa sœur, en est la présidente.
Tous les deux ont quitté en décembre 2020 OpenAI, où ils ont été respectivement directeur de la recherche et responsable des techniques de sécurité, suivis par sept autres de leurs collègues d’OpenAI, dont Jack Clark (ex-chargé de relations publiques) et Jared Kaplan (ex-consultant chercheur) qui sont aussi cofondateurs d’Anthropic. Ce départ groupé de la start-up de ChatGPT aurait été motivé par des désaccords sur la vision stratégique d’OpenAI et de son partenariat avec Microsoft en 2019. La firme de Redmond investissait alors dans la start-up de Sam Altman un montant initial de 1 milliard de dollars, complété en 2021. Mais les frère et sœur Amodei n’ont jamais ni démenti ni expliqué les raisons de leur départ. Mais cette façon qu’a eu OpenAI à se précipiter dans les bras d’un GAFAM a sans aucun doute joué dans leur décision d’aller cofonder Anthropic. Microsoft a par la suite augmenté son emprise sur ChatGPT en annonçant en janvier 2023 un plan d’investissement pluriannuel (4) dans OpenAI qui atteindrait, selon Bloomberg, 10 milliards de dollars (5). Face à un ChatGPT dépendant du géant Microsoft, lequel en a fait son IA générative dans moteur de recherche Bing pour aller contester la suprématie de Google Search, Anthropic se veut plus indépendant et responsable. Mais cela n’empêche pas la start-up des Amodei de décrocher 4 milliards de dollars auprès d’Amazon, dont il utilisera le cloud AWS, après avoir dans les dix-huit mois précédents levé 1,5 milliard de dollars auprès de différents investisseurs, dont… Google pour 300 millions de dollars (10 % du capital d’Anthropic). Et ce, selon le Financial Times (6), aux côtés de Sam Bankman-Fried (7) ou encore de SK Telecom (8). Google remis la main à la poche en mai 2023 lors d’un tour de table organisé par Spark Capital pour lever 450 millions de dollars (9). Mais contrairement à Microsoft pour OpenAI, Google reste pour Anthropic un actionnaire minoritaire et un prestataire technique. En effet, le 3 février, les deux entreprises ont annoncé « un nouveau partenariat » (10) afin que Google Cloud soit privilégié et que Claude puisse évoluer grâce au machine learning sur infrastructure puissante. Avec Claude 2 lancé en juillet (11), Anthropic se veut plus contrôlable, compréhensible, prévisible, orientable, interprétable, digne de confiance et… plus humain grâce au RLHF.
Le « Reinforcement Learning from Human Feedback » est une méthode d’apprentissage par renforcement qui utilise le feedback des humains sous formes de commentaires ou d’évaluations. Anthropic vient d’ailleurs de publier, le 19 septembre, son RSP (Responsible Scaling Policy), « une série de protocoles techniques et organisationnels pour gérer de façon de plus en plus performante les risques liés au développement de systèmes d’IA ». Car selon les fondateurs d’Anthropic, « les modèles d’IA créeront une valeur économique et sociale majeure, mais ils présenteront également des risques de plus en plus graves » (12).

Parmi 7 acteurs d’IA à la Maison-Blanche
Ce RSP d’Anthropic intervient deux mois après des engagements pris directement à la Maison-Blanche où Dario Amodei avait été convoqué, le 21 juillet, par le président étatsunien Joe Biden avec six autres entreprises : Amazon, Google, Meta, Microsoft, Inflection et OpenAI. Les sept acteurs de l’IA ont promis « un développement sûr, sécurisé et transparent de la technologie de l’IA » (13). Une précédente réunion à la Maison-Blanche s’était tenue le 4 mai (14). L’administration Biden-Harris en a profité pour faire le point sur les mesures prises – notamment via le Blueprint for an AI Bill of Rights (15) – afin de protéger les droits et la sécurité des Américains. @

Charles de Laubier