E-réputation, intelligence média, veille sociale, … : réseaux sociaux et sites web sous surveillance

Internet est sous surveillance non seulement pour lutter contre le piratage, les fake news ou la cybercriminalité, mais aussi pour traquer tout ce que les internautes disent sur les marques et leurs entreprises. Ce « monitoring » généralisé est méconnu du grand public qui se retrouve ainsi pisté.

Le groupe Meltwater, qui se présente comme la « première société de veille des médias en ligne au monde » (1), ou tout du moins comme « l’un des leaders mondiaux de l’intelligence médiatique et de l’analyse sociale », a publié le 9 décembre son rapport sur « l’état des médias sociaux ». Ils sont désormais incontournables pour les entreprises, les organisations et, en général, « les marques ». Meltwater a été fondé il y a vingt ans par le Norvégien d’origine sud-coréenne Jørn Lyseggen (photo), qui en est le président exécutif auprès du directeur général John Box et qui détient 46.2 % du capital (2).

Droits voisins et presse : l’accord Google-AFP sur 5 ans est un bon début de (re)partage de la valeur

Résultat de plusieurs mois de négociations, l’accord d’une durée de cinq ans annoncé le 17 novembre 2021 entre Google et l’Agence France-Presse (AFP), sur les droits voisins de cette dernière, est un précédent qui devrait inspirer les éditeurs en France et dans le reste de l’Europe.

Par Fabrice Lorvo*, avocat associé, FTPA.

Frances Haugen rend responsable Mark Zuckerberg

En fait. Le 10 novembre, Frances Haugen, l’ancienne salariée de Facebook, sera auditionnée à l’Assemblée nationale par – conjointement – la commission des affaires économiques et celle des lois. Le 8 novembre, l’ingénieure lanceuse d’alerte qui accuse Facebook aura été entendue au Parlement européen.

En clair. Mark Zuckerberg et Frances Haugen ont chacun 37 ans (1), mais tout les oppose. Le premier est le cofondateur de Facebook (en 2004 et PDG depuis), tandis que la seconde a fait un passage éclair chez Facebook (de juin 2019 à mai 2021) comme cheffe de produit au sein de l’équipe « désinformation et intégrité civique ». Mais les deux années que l’informaticienne américaine a passé à Menlo Park (Californie), au siège mondial du plus controversé des réseaux sociaux, lui ont suffit pour amasser des preuves accablantes sur la responsabilité de Facebook et d’Instagram dans la propagation de la haine en ligne, de la désinformation ou encore de contenus illicites.
Ses graves accusations ont pour la plupart déjà été exposées le 5 octobre dernier devant le Congrès des Etats-Unis, où Frances Haugen a insisté aussi sur l’addiction entretenue auprès des adolescents par la firme de Mark Zuckerberg : elle suggère de passer l’âge minimum pour s’y inscrire de 13 à 16 ou 18 ans. L’ingénieure accuse Facebook d’avoir supprimé des filtres contre les fake news une fois passée l’élection présidentielle américaine, dans le but de remonter son audience. D’après elle, si ces garde-fous n’avaient pas été levés, les émeutes du 6 janvier 2021 à Washington jusque dans le Capitole n’auraient sans doute pas eu lieu. « Zuck », actionnaire majoritaire du groupe (à 58 %), s’est inscrit en faux contre ces accusations : « L’argument selon lequel nous poussons délibérément le contenu qui met les gens en colère pour le profit est profondément illogique. Nous gagnons de l’argent grâce aux publicités, et les annonceurs nous disent constamment qu’ils ne veulent pas de leurs publicités à côté de contenu néfaste ou en colère », a-t-il défendu sur son compte Facebook (2) le soir même, après l’audition parlementaire à charge de Frances Haugen.
« La responsabilité revient à Mark » en tant que « concepteur en chef des algorithmes », a-t-elle dénoncé, tout en écartant l’option « démantèlement » car Mark Zuckerberg a, selon elle, toutes les cartes en main pour « rendre Facebook et Instagram plus sûrs » et « plus transparents ». Malgré les dénonciations de celle qui est plus que jamais accueillie maintenant en Europe comme une lanceuse d’alerte, notamment par le Parlement britannique le 25 octobre (3), la firme de Menlo Park ne s’est pas effondrée en Bourse – juste une baisse de près de 20 % par rapport au plus haut de septembre. @

Yahoo, racheté par le fonds new-yorkais Apollo, en fait-il assez contre les fake news ? Le CSA en doute

Jusqu’alors filiale de Verizon, Yahoo est désormais sur une nouvelle orbite depuis son rachat – avec d’autres entités-sœurs comme AOL ou TechCrunch – par le fonds d’investissement américain Apollo. En France, Yahoo devra continuer à rendre compte au CSA de sa lutte contre les fake news.

« Plus encore que l’année passée, Verizon Media se distingue par une déclaration particulièrement étique [d’une extrême maigreur, ndlr], tant sur la forme que sur la quantité des éléments communiqués ». C’est en ces termes que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a critiqué le 21 septembre la réponse de Yahoo, qui était encore en 2020 la filiale européenne de l’opérateur américain Verizon basée en Irlande (à Dublin). Celle-ci n’a rendu que huit pages parsemées de captures d’écran sur les mesures que Yahoo Search et Yahoo Portal ont pris pour lutter contre les fake news.

Les « CSA » européens veulent plus de la Commission européenne contre les fake news

Les Google, Facebook et autres Twitter ont été contraints de se constituer en « police privée » pour chasser sur Internet les fausses informations. Liberté d’expression et liberté d’informer sont passées au crible pour supprimer les infox. Mais pour les « CSA » européens, cela ne pas assez loin.

Le groupe des régulateurs européens des médias audiovisuels, l’Erga (1), a publié le 6 mai son « rapport sur la désinformation et l’évaluation de la mise en œuvre du code de pratique » pour lutter contre les fake news. Ce rapport final intervient deux ans après l’adoption par la Commission européenne de mesures fondées sur les conclusions et les recommandations présentées le 12 mars 2018 par « un groupe d’experts de haut niveau » pour lutter contre la désinformation en ligne (2).