Le site Deepseek-fr.ai, cheval de Troie du chinois

En fait. Le 9 juin, le site francophone DeepSeek-fr.ai – qui se présente anonymement comme « une équipe indépendante passionnée par l’IA » – a publié sur son blog : « Intégrer DeepSeek dans vos applications via son API ». Et ce, après que DeepSeek eut sorti fin mai la version R1-0528 de son modèle IA.

En clair. « Intégrer DeepSeek dans vos applications via son API : guide complet pour débutants », écrit le 9 juin l’auteur « DeepSeek » sur le blog du site web francophone Deepseekfr.ai, dont l’« équipe indépendante passionnée par l’intelligence artificielle et l’innovation technologique » (ainsi se présente-telle) cultive l’anonymat. Il affirme que « [l]a popularité croissante [de DeepSeek] s’explique par la puissance de ses modèles (DeepSeek V3, DeepSeek R1, etc.) et par sa compatibilité avec l’API d’OpenAI, ce qui facilite grandement son adoption par les développeurs » (1). Le chinois DeepSeek Artificial Intelligence Co., basé à Hangzhou, dans la province du Zhejiang (côte orientale de l’Empire du Milieu), cherche à se déployer partout, y compris en France d’où s’est lancé « Le Chat » de la start-up française Mistral AI (lire en Une).
Ni les mentions légales ni le Whois ne nous renseignent sur l’identité de l’éditeur de Deepseek-fr.ai, dont le nom de domaine a été enregistré le 24 février 2025 par la société islandaise Withheld for Privacy (basée à Reykjavik, donc en dehors de l’Union européenne) pour que son identité soit (suite)

Sites web pornographiques, interdits aux mineurs : un marché mondial opaque, difficile à estimer

Les sites web pornographiques sont plus que jamais dans le collimateur en Europe quant à leur obligation de contrôler l’âge de leurs millions d’utilisateurs, afin d’interdire les mineurs (moins de 18 ans en général). C’est en outre un marché mondial du « divertissement pour adulte » difficile à évaluer.

(Le 16 juin 2025, jour de la parution de cet article dans Edition Multimédi@, le tribunal administratif de Paris a ordonné la suspension de l’arrêté du 26 février 2025)

« L’Arcom tient à rappeler sa détermination, partagée par les institutions européennes, à protéger les mineurs en ligne », a fait de nouveau savoir le régulateur français de l’audiovisuel le 3 juin, alors qu’un arrêté prévoit que l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) peut – à partir du 7 juin 2025 – mette en demeure un éditeur pour que son service en ligne « pour adulte », ou sa plateforme de partage de vidéos aux contenus pornographiques, ne soit pas accessibles aux mineurs.

Haro européen sur les sites porno
Cet arrêté ministériel paru le 6 mars 2025 au Journal Officiel – cosigné par la ministre de la Culture Rachida Dati et la ministre déléguée au Numérique Clara Chappaz – a été pris pour que les nouveaux pouvoirs de l’Arcom, présidée par Martin Ajdari (photo), s’appliquent à une liste de dix-sept sites pornographiques annexée à l’arrêté, dans un délai de trois mois après sa publication. A savoir, à partir du 7 juin 2025. Ces sites-là sont tous basés hors de France mais, raison d’être de cet arrêté, « dans un autre Etat membre de l’Union européenne » (1) : Pornhub, Youporn, Redtube, xHamster, XHamsterLive Tnaflix, Heureporno, XVideos Xnxx, SunPorno, Tukif, Reference-sexe, Jacquie et Michel, iXXX, Cam4, Tukif.love et LiveJasmin.
Si un site pornographique ne se conforme pas à une mise en demeure prononcée par l’Arcom, celle-ci peut le sanctionner d’une amende pouvant aller jusqu’à 150.000 euros ou 2 % du chiffre d’affaires mondial (le plus élevé des deux montants étant retenu). « Ce maximum est porté à 300 000 euros ou à 4 % du chiffre d’affaires mondial hors taxes, le plus élevé des deux montants étant retenu, en cas de réitération du manquement dans un délai de cinq ans à compter de la date à laquelle la première sanction est devenue définitive », prévient en outre la loi de 2004 « pour la confiance dans l’économie numérique », dite LCEN (2). L’Arcom est déjà intervenue auprès de six sites porno situés, eux, en France ou en-dehors de Union européenne (UE). « Cinq d’entre eux ont, en responsabilité, fait le choix de mettre en place une solution de vérification de l’âge. Le dernier, n’ayant pas rendu disponibles l’identité de son fournisseur, ni son adresse, en violation de la loi, a été bloqué et déréférencé des principaux moteurs de recherche », a indiqué le régulateur français. Concernant les sites listés dans l’arrêté du 6 mars, il a précisé que (suite)

Interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans : la fausse bonne idée difficile à mettre en œuvre

La ministre déléguée au Numérique, Clara Chappaz, se donne jusqu’en août pour rallier plusieurs pays européens afin de « convaincre la Commission européenne » d’interdire – comme l’envisage la Norvège – l’accès des moins de 15 ans aux réseaux sociaux. Mais il y a moins radical.

Faudrait-il vraiment interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans ? La question fait l’objet d’un débat au niveau européen, depuis que la Norvège a proposé en octobre 2024 cette idée par la voix de son ancienne ministre de l’Enfance et de la Famille, Kjersti Toppe, à laquelle Lene Vågslid (photo) a succédé en février 2025. Lors de sa nomination, cette dernière a expliqué qu’elle reprenait à son compte cette idée : « Comme de nombreux parents, je suis également préoccupée par la sécurité numérique de nos enfants et j’ai hâte de continuer à travailler sur ce sujet et pour une limite d’âge de 15 ans sur les médias sociaux » (1).

La Norvège, pionnière de la réflexion
Si la Norvège n’a pas fait aboutir en plus de six mois son idée de relever l’âge minimum pour l’utilisation des réseaux sociaux, de 13 ans (théoriquement en vigueur) à 15 ans, c’est que plusieurs obstacles se présentent. Le Premier ministre norvégien lui-même, Jonas Gahr Støre, avait reconnu que la mise en œuvre d’une telle interdiction serait un « combat difficile », en raison de la puissance des Big Tech et de la difficulté à faire respecter les restrictions d’âge. Le gouvernement norvégien envisageait d’utiliser le système d’identification numérique BankID – développé par un consortium de banques du pays – pour vérifier l’âge. Mais cette solution pose problème, car tous les adolescents de 15 ans ne disposent pas d’un compte bancaire ou d’une carte d’identité nationale, rendant cette application universelle difficile.
Autre défi : trouver un consensus politique et parlementaire autour de cette mesure qui nécessite préalablement une analyse approfondie, une consultation publique et un vote législatif, ce qui prolonge le délai de mise en œuvre. En novembre 2024, le gouvernement norvégien a reçu du « comité sur l’utilisation des écrans » (2) un rapport intitulé « La (in)life numérique. Une éducation équilibrée à l’ère des écrans » (3). Ce comité estime (suite)

A l’ère des Wifi ultra-rapides, les coûteux forfaits mobiles à plusieurs Giga sont souvent inutiles

Les réseaux Wifi à ultra-haut débit remettent en cause la pertinence des chers forfaits mobiles crédités de dizaines ou de centaines de Go de données. Surtout que les smartphones sont le plus souvent utilisés à domicile ou au travail. La plupart des abonnés ne les consomment que partiellement.

Il faudra attendre trois ans (c’est-à-dire mai 2028) pour voir la norme Wifi 8 finalisée et adoptée par le groupe de travail dédié au sein de l’IEEE (1), l’organisme de normalisation électronique international, basé à New-York. Cette nouvelle génération du célèbre protocole de communication sans fil (Wireless Fidelity), à savoir la huitième (voir tableau ci-dessous), promet des débits jusqu’à 100 Gbits/s, là où les précédentes ne dépassent pas les quelques Gbits/s (Wifi 6) ou les quelques dizaines de Gbits/s (Wifi 7).

Connexions Wifi omniprésentes
Avant que la future norme Wifi 8, identifiée par l’IEEE sous la numérotation « 802.11bn » (2), ne se démocratise, les mobinautes ont déjà de quoi faire avec les générations Wifi actuellement en service, notamment sur leur « box », alors que le Wifi 7 (« 802.11be ») commence à se répandre un an après son adoption et que le Wifi 6 et son extension Wifi 6E (« 802.11ax ») sont déjà largement utilisés. Bien que moins performants que leur future successeure Wifi 8, dont les très faibles temps de latence seront parfaitement adaptés aux jeux vidéo et à la réalité virtuelle ou augmentée, les Wifi d’aujourd’hui offrent des très hauts débits acceptables : de quelques Gbits/s à plusieurs dizaines. Or ces débits performants interpellent lorsqu’on les compare avec les faibles débits des réseaux mobiles, quand le mobinaute n’est plus connecté en Wifi mais à la 4G (à seulement 150 Mbits/s environ) ou à la 5G (jusqu’à 1 Gbits/s) de son opérateur mobile. Celui-ci – que cela soit (suite)

La chronologie des médias reste inchangée pour trois ans, de quoi satisfaire les salles de Richard Patry

La ministre de la Culture, Rachida Dati, a décidé de soumettre à signature l’actuelle chronologie des médias datant de janvier 2022, qui est échue depuis le 9 février, afin de la reconduire pour trois ans. Ce qui ne manquera pas de satisfaire Richard Patry, grand défenseur des salles de cinéma, tout juste élu pour 2025 président du Blic.

(Depuis la parution de cet article, l’accord inchangé a été signé par quelques organisations le 6 février, et l’arrêté le rendant obligatoire à toute la filière « cinéma et audiovisuel » publié au Journal Officiel le 9 février 2025)

La chronologie des médias, qui régit les « fenêtres de diffusion » des nouveaux films en France après le monopole des salles de cinéma sur les quatre premiers mois de leur sortie, voit l’un de ses plus ardents défenseurs, Richard Patry (photo), élu à la présidence du Bureau de liaison des industries cinématographiques (Blic). Fondé dans les années 1970, ce lobby de la filière française du cinéma français réunit plusieurs organisations professionnelles représentant les salles de cinéma, la production, l’édition de films, l’édition vidéo, l’édition numérique et les industries techniques.

Pas de VOD, TVOD et DVD à 3 mois après la salle
Autant dire que le Blic est au cœur de l’industrie du cinéma français. Richard Patry est aussi depuis douze ans président de l’incontournable Fédération nationale des cinémas français (FNCF), dont Noe Cinémas (1) – sa propre exploitation de salles – est membre comme les plus de 2.000 établissements qui exploitent en France 6.322 écrans. Ce Haut-normand de 60 ans n’a de cesse de défendre bec et ongles la chronologie des médias, laquelle n’a pas évolué sur l’exclusivité de diffusion dont bénéficient les salles obscures durant quatre mois pour les nouveaux films qui sortent dans l’Hexagone. Ainsi, les quelque 1,1 million de fauteuils que totalisent toutes les salles de cinéma du pays détiennent un avantage concurrentiel historique sur les autres « fenêtres ». Et cela n’est pas prêt de changer pour les trois prochaines années, puisque l’accord de janvier 2022 sur la chronologie des médias (2) sera soumis sans changement à signature. Ainsi en a décidé la ministre de la Culture, Rachida Dati.
La salle de cinéma donne toujours le la : les nouveaux films en VOD à l’acte ou à la location ainsi que sur DVD ne sont disponibles qu’au bout du cinquième mois après leur sortie en salle (3) ; les chaînes de télévision payantes comme Canal+ peuvent (suite)