Warner Bros. Discovery veut lancer plus tôt que prévu sa méga-plateforme de streaming « HBO Discovery »

Le calendrier s’accélère pour le géant des médias Warner Bros. Discovery (WBD), né en avril. Sa plateforme de streaming vidéo, combinant HBO Max et Discovery+, sera lancée plus tôt : au printemps 2023 aux Etats-Unis, au lieu de l’été, puis en Europe en 2024 – dont la France où son partenaire OCS est en vente.

Avec bientôt 100 millions d’abonnés cumulés non seulement à la chaîne payante HBO (Cinemax compris) mais aussi aux deux plateformes de streaming HBO Max et Discovery+, contre 94,9 millions au 30 septembre dernier, Warner Bros. Discovery (WBD) se sent pousser des ailes. La croissance des abonnements se poursuit, le troisième trimestre ayant gagné 2,8 millions de clients supplémentaires. Cela tombe bien pour le nouveau géant américain des médias et du divertissement car le temps presse : ses chaînes de télévision traditionnelles – HBO, CNN ou TBS du côté de l’ex-WarnerMedia, et Eurosport, Discovery Channel ou MotorTrend du côté de l’ex-Discovery – sont confrontées à la fois au phénomène du cord-cutting (bien connu aux Etats-Unis lorsque les abonnés aux chaînes câblées résilient leur contrat au profit de l’accès direct par Internet aux plateformes audiovisuelles) et à la baisse des recettes publicitaires sur ces mêmes networks (à savoir les télévisions par câble d’ampleur nationale) où elles ont été en recul de 11 % sur un an au troisième trimestre.

Hausse du cord-cutting et baisse de la publicité
Et ce, « principalement en raison de la baisse de l’auditoire de nos émissions de divertissement et d’actualité ». Pour le groupe dirigé par David Zaslav (photo), il y a donc urgence à lancer sa méga-plateforme de streaming combinant HBO Max et Discovery+, dont le nouveau nom est sur le point d’être trouvé : HBO Discovery ? Warner Discovery ? WBD+ ? Ou tout simplement Max ? Il s’agit aussi de ne pas se faire trop distancer par les trois locomotives de la SVOD mondiale : Netflix, Amazon Prime Video et Disney+, avec leurs respectivement 223 millions, 200 millions et 164,2 millions d’abonnés. David Zaslav a confirmé il y a un moins devant des analyses, lors de la présentation des résultats de WBD au troisième trimestre, que la nouvelle plateforme de streaming « HBO Discovery », sera disponible aux Etats-Unis dès le printemps 2023, et non l’été suivant comme il l’avait initialement annoncé. Pour l’Europe, c’est plus compliqué avec les accords d’exclusivité de HBO en cours avec Sky (Royaume-Uni, Allemagne, Italie, …) et avec OCS (France) : il faudra attendre Continuer la lecture

Streaming et piratage : le marché mondial de la protection des contenus audiovisuels explose

C’est la face cachée du streaming et des services OTT : la surveillance quasi-systématique d’Internet – via les plateformes vidéo et les applications mobiles – pour traquer les pirates de contenus (films, séries, vidéoclips, retransmissions sportives, …) protégés par le droit d’auteur.

L’industrie des médias et du divertissement mettent de plus en plus sous surveillance Internet pour traquer le piratage de leurs contenus audiovisuels diffusés massivement en ligne, en streaming et/ou sur applications mobiles, lorsque ce n’est pas via des « box ». Il s’agit « de traquer et de neutraliser les hackers du secteur OTT, voleurs de contenus, tels que les sports en direct et les films premium », selon les propres termes du groupe Verimatrix (ex-Inside Secure), basé à Aix-en-Provence et présidé – depuis l’époque du français Inside Secure (ayant pris le nom la société américaine basée à San Diego et rachetée fin 2018) – par Amedeo d’Angelo (photo).

Introduction en Bourse du français Alchimie, qui veut devenir le « Netflix » de la SVOD thématique

Depuis son rachat il y a cinq ans par Nicolas d’Hueppe, associé à la holding HDL (Decaux, De Agostini, …), Cellfish – ex-filiale multimédia mobile de Lagardère – a « pivoté » dès 2016 pour devenir Alchimie, une plateforme de SVOD qui ambitionne d’être le « Netflix » thématique. La Bourse s’imposait.

Soutenue financièrement par les fortunés Decaux, De Agostini, Dentressangle, Bébéar ou encore Mustier, via leur holding « familiale » HLD, la société Alchimie (ex- Cellfish) s’introduit en Bourse à Paris sur le marché Euronext Growth pour lever des capitaux dans la zone euro (au moins 20 millions d’euros escomptés), sans pour autant supporter des coûts d’une cotation sur un marché réglementé classique. L’introduction a démarré le 10 novembre.

TVPlayer va remplacer Watch-it
Active sur Internet avec ses marques «Watch it » (watch-it.tv), « TV Player » (tvplayer.com), « Cultivons-nous » (cultivonsnous.tv) ou encore « Humanity » (humanity.tv), Alchimie veut se donner les moyens de devenir le « Netflix » thématique. Ayant pivoté en 2016 d’une société de distribution de jeux, de musiques ou encore de vidéos sur mobile (l’activité de Cellfish au sein de Lagardère) à une plateforme de vidéo et de télévision à la demande par abonnement (SVOD et TVOD), la société que dirige Nicolas d’Hueppe (photo) déploie désormais son activité d’agrégateur audiovisuel en Europe et à l’international. Sa stratégie OTT (1) affichée de diffuseur sur Internet et indépendant des opérateurs de réseaux, n’exclut pas pour autant des accords de distribution avec ces derniers lorsque ce n’est pas avec de grandes plateformes numériques ou des places de marché en ligne.
Ainsi, pour son bouquet TVPlayer (hérité d’une société britannique acquise il y a un an) ou pour les chaînes de télévision thématiques disponibles chacune en SVOD, Alchimie s’appuie sur une soixantaine contrats de distribution : non seulement avec des opérateurs télécoms (Orange, Bouygues Telecom, SFR, T-Mobile, Movistar, EE, Vodafone, …) et des fabricants de smartphones et/ou de tablettes (Huawei, Samsung, Xiaomi, Apple, Amazon Fire, …), de téléviseurs connectés (Samsung, LG, …), voire de « box » (Netgem), mais aussi avec des acteurs du Net (Amazon Channels, Google, …). Alchimie indique que « sur la facturation de l’abonnement mensuel ou hebdomadaire, les plateformes de distribution retiennent entre 10 % et 40 % des revenus, avec une moyenne à 20%». A travers eux, le potentiel d’abonnés à la SVOD et TVOD d’Alchimie se compte par millions à travers le monde (2). « Alchimie distribue à ce jour 55 chaînes thématiques affinitaires coéditées avec des groupes de médias, des personnalités ainsi que des influenceurs. Notre offre innovante a déjà séduit plus de 300.000 abonnés payants en Europe. Ce projet d’introduction en Bourse nous permettra d’accélérer le lancement de nouvelles chaînes originales exclusives et d’accompagner notre déploiement à l’international dans les quatre langues (3) dans lesquelles le groupe opère déjà », a précisé Nicolas d’Hueppe, PDG d’Alchimie, dans le document d’enregistrement approuvé le 23 octobre dernier par l’Autorité des marchés financiers (AMF). TVPlayer, qui a été lancé en France en septembre, va remplacer progressivement Watch-it, et ce dans un souci d’uniformisation des marques. L’entreprise vise pour 2024 un chiffre d’affaires de 150 millions d’euros avec plus de 3 millions d’abonnés, contre 21 millions d’euros en 2019. Son ambition est aussi d’atteindre le seuil de rentabilité (4) d’ici fin 2022, année qui devrait générer 58 millions d’euros de revenus. Son catalogue est composé d’une multitude de centres d’intérêt : nature, investigation, voyage, histoire, science, automobile, bien-être, armée, environnement, animaux, chasse, astronomie, etc.
La société se fait fort de lancer une nouvelle chaîne thématique par semaine, sachant que pour chacune cela demande d’investir dans en moyenne de 50 heures de contenus. « La consommation de contenus est d’environ 4 heures par mois et par abonné sur l’ensemble des chaînes SVOD lancées », précise-t-elle. Le catalogue totalise à ce jour plus de 60.000 heures, grâce à des accords non exclusifs d’une durée d’un an renouvelables par tacite reconduction et signés avec plus de 300 ayants droits internationaux (dont Arte, Mediawan, France Télévisions, Zed, Reworld Media, Prisma Media, ZDF Entreprises/Allemagne, Zinet Media/Espagne, …, mais aussi des célébrités et influenceurs tels que Jacques Attali, Guillaume Canet, Poisson Fécond, Jérôme Le Banner, Dr Whatson, …), avec partage de revenus mais sans minimum garanti. Au 31 décembre 2019, le montant des droits reversés aux ayants droit s’élevaient à 3,4 millions d’euros.

OTT thématique face aux généralistes
Alchimie, avec son TVPlayer à 4,99 euros par mois, n’entre pas en concurrence frontale avec les plateformes de SVOD généralistes (Netflix, Amazon Prime Video, Disney+, Salto, …), ni même avec les plateformes dites AVOD (telles que YouTube). Son terrain de jeu est celui des services de catalogues spécialisés comme Gaia, Cinedigm, CuriosityStream ou encore Mubi. @

Charles de Laubier

 

Les plateformes de vidéos en OTT grignotent inexorablement le marché mondial de la Pay TV

Le temps travaille pour les services vidéo en Over-The-Top (OTT), qu’ils soient par abonnement (SVOD comme Netflix), financées par la pub (AVOD comme Hulu), transactionnels (TVOD (1) comme Amazon) ou en téléchargement définitif (iTunes). Quant à la télé payante (Pay TV comme Canal+), elle décline.

Les plateformes vidéo sur Internet prennent de l’ampleur. Leur chiffre d’affaires cumulé au niveau mondial devrait atteindre 46,5 milliards de dollars en 2017, contre 37 milliards en 2016. C’est un bond en avant de plus de 25 % sur un an. Dans le même temps, les revenus de la télévision payante devraient quasi stagner à 202,3 milliards de dollars cette année, contre 202,1 milliards en 2016. C’est ce qui ressort d’une étude de Digital TV Research, qui chiffre sa prévision à l’horizon 2022 à 83,4 milliards de dollars pour l’OTT Video et à 199,7 milliards pour la Pay TV (voir graphique ci-dessous).