Abusives, ces blocklists qui provoquent un manque à gagner publicitaire pour toute la presse en ligne

Les marques ont tellement peur de voir leurs publicités se retrouver sur des pages web où apparaissent des mots-clés tels que « mort », « sexe » ou encore « arme à feu » qu’elles les empêchent de s’y afficher. Ces blocklists en arrivent à priver la presse en ligne de ces revenus publicitaires.

Les annonceurs publicitaires veulent à tout prix une « sécurité » ou une « protection » pour leurs marques lorsqu’elles s’exposent dans le monde numérique (réseaux sociaux, presse en ligne, …). Cette exigence de « brand safety » (protection de la marque) est de plus en plus doublée d’une demande de « brand suitability » (adéquation à la marque). Objectif des annonceurs : trier sur le volet – de façon automatisée pour la publicité qui est jusqu’à 90 % programmatique – les sites web ou les plateformes sur lesquels les publicités de leurs marques auront le droit de s’exposer, sans risque de se retrouver sur des contenus qu’ils jugent indésirables.

Surblocages provoqués par des mots-clés
Mais là où le bât blesse, c’est que les multiples « listes noires » constituées à partir de mots-clés indésirables – ou « blocklists » (listes de blocages), afin d’exclure de la campagne publicitaire tous les contenus en ligne jugés a priori infréquentables – pénalisent de plus en plus la presse en ligne. Car l’information journalistique ne manque pas de parler des sujets sensibles ou des actualités parfois violentes (accidents, meurtres, attentats, sexes, politiques, …). Résultat : à force de trop vouloir aseptiser leurs environnements publicitaires pour ne pas « infecter » leur image de marque, les annonceurs se privent d’affichages sur de nombreux sites de presse en ligne. Les éditeurs de médias numériques se retrouvent donc comme les victimes collatérales de ces listes de blocages automatisées – appelées aussi « filterlists » et constituées en amont par les annonceurs et leurs agences médias – propulsées aveuglément par des algorithmes dans un monde pour l’essentiel programmatique. Ce surblocage engendre un manque à gagner pour toute la presse numérique, partout dans le monde, qu’elle soit éditée par des pure players ou par des journaux papier (quotidiens, tabloïdes, magazines, …) déclinés en ligne.
Or, bien que le phénomène abusif soit documenté depuis les années 2010, Continuer la lecture

Mesure hybride : pas de comparaison entre chaînes télé et plateformes vidéo avant mi-2026

C’est dispersées que des chaînes (Canal+, TF1, M6, …) et des plateformes (Netflix, Disney+, YouTube, …) ont fait part, fin octobre, des premiers résultats de la « mesure hybride » de leur audience réalisée par Médiamétrie. Or les comparer ne sera possible qu’en milieu d’année 2026.

La bataille de l’audience dans le PAF – ce paysage audiovisuel français qui, décidément, n’en finit pas de se délinéariser en streaming, par-delà les fréquences hertziennes de la TNT dont l’audience s’érode (1) – se prépare à faire rage en 2026. C’est au cours de l’an prochain que la « mesure hybride », proposée par Médiamétrie via son nouveau dispositif Watch, permettra de comparer les audiences des acteurs de la télé et de la vidéo : d’un côté les chaînes de télé (TF1, M6, France 2, BFMTV, Canal+, …) et de l’autre les plateformes vidéo (Netflix, Disney+, Amazon Prime Video, YouTube, Pluto TV, …).

Délinéarisation et plateformisation
Cette nouvelle mesure d’audience unifiée télé et vidéo – avec panel unifié et cross média complet – est en vue, mais elle ne sera vraiment effective que vers le milieu de l’année 2026. C’est à se moment-là que l’on pourra enfin comparer la fréquentation des chaînes de télévision avec celle des plateformes vidéo. Cela suppose que la « mesure hybride » soit reconnue par tous les acteurs de l’audiovisuel qui y adhèrent – lorsque que chacun d’eux la juge « équitable » et certifiée par un « tiers de confiance », en l’occurrence en France Médiamétrie, lequel fête d’ailleurs ses 40 ans en 2025 (2). « Les mesures hybrides constituent un défi à la hauteur de leurs promesses. Elles s’imposent aujourd’hui comme une réponse incontournable à la fragmentation croissante des usages médias. En combinant la richesse des panels et la granularité des data, elles offrent une vision plus fine, plus complète et plus précise des comportements d’audience », explique sur LinkedIn Aurélie Vanheuverzwyn (photo), directrice exécutive Data science chez Médiamétrie (3), et coauteure avec Julien Rosanvallon du livre blanc « Hybride & IA » publié début novembre (4).
La mesure hybride permettra non seulement aux éditeurs mais aussi aux annonceurs publicitaires, aux marques ou encore aux publicitaires eux-mêmes de comparer ce qui est comparable pour analyser et monétiser la consommation globale de l’audiovisuel en France. Autrement dit, il s’agit de savoir (suite)

Plongée dans la cash machine mondiale de la chanteuse Taylor Swift, devenue businesswoman

La chanteuse américaine et auteure-compositrice-interprète Taylor Swift est depuis le 30 septembre 2025 la première femme à avoir dépassé les 100 millions d’albums vendus, selon la Recording Industry Association of America (RIAA). Devenue milliardaire, c’est la mieux payée de l’industrie musicale.

Le dernier coup d’éclat en date de Taylor Swift (photo) est la sortie le 3 octobre 2025 de son album « The Life of a Showgirl », accompagné d’un film intitulé « Taylor Swift: The Official Release Party of a Showgirl », lequel a été projeté durant trois jours dans des centaines de salles de cinéma du circuit américain AMC aux Etats-Unis et des milliers d’autres salles obscures via des distributeurs partenaires, y compris en Europe – dont la France (UGC, Pathé, CGR, …) – et dans le reste du monde. Selon Box Office Mojo, le film a engrangé dans le monde plus de 50 millions de dollars en un week-end (1).

Taylor Swift en mondovision partout
A 12 dollars le billet, avant les frais de réservation en ligne supplémentaires, pour la voir au cinéma, l’artiste-businesswoman américaine – milliardaire avec une fortune de 1,6 milliard de dollars, selon Forbes (2) – a décidément le sens des affaires. Un site web dédié avait même été mis en place pour géolocaliser les cinémas dans le monde où était projeté son film (3). Le précédent « Taylor Swift: The Eras Tour », sorti en 2023, est de loin le film-concert le plus rentable de l’histoire. Il a rapporté un chiffre d’affaires mondial était de 262 millions de dollars. Ce film avait été diffusé sur la plateforme de streaming Disney+ cinq mois après sa sortie en salles, ce qui sera (suite)

MrBeast (alias Jimmy Donaldson), n°1 mondial des youtubeurs, fait de l’ombre aux vidéastes locaux

Depuis que la filiale vidéo de Google a annoncé – lors de sa conférence « Made On YouTube », miseptembre – le déploiement mondial du doublage vocal automatisé par l’IA, les youtubeurs locaux craignent de voir le n°1 mondial américain MrBeast détourner leur public à son insatiable profit.

Déjà numéro un mondial des youtubeurs depuis près de trois ans, depuis qu’il a coiffé au poteau en novembre 2022 PewDiePie (alias le Suédois Felix Kjellberg), le tenant du titre à l’époque, le célèbre vidéaste MrBeast (alias l’Américain Jimmy Donaldson) va profiter à plein régime de la généralisation de la traduction automatique et du doublage par l’IA Gemini de Google – avec la nouvelle fonctionnalité de synchronisation des lèvres – pour accroître son influence partout dans tous les pays du monde.

Doublage IA et synchronisation labiale
La concurrence frontale avec les youtubeurs locaux est lancée. D’autant que MrBeast (photo de gauche) n’a pas attendu la conférence annuelle « Made On YouTube », le 16 septembre 2025, pour adopter l’audio multilingue. Ce qui lui a permis de recentrer toute son audience mondiale sur sa chaîne principale, l’amenant à abandonner progressivement toutes les déclinaisons locales: Beast Español, Beast Português, Beast Japanese, ou encore « MrBeast en français » qui affichait près de 1,8 million d’abonnés. Le n°1 des youtubeurs aux près d’un demi-milliard d’abonnés – 442 millions de followers, à début octobre 2025 – est même l’un des chouchous de la filiale vidéo de Google. Dès l’année 2022, il a été parmi les early-adopters de la traduction automatique des vidéos en plusieurs langues. Lorsque YouTube a demandé à un petit groupe de créateurs de tester sa nouvelle fonctionnalité polyglotte.
MrBeast commence alors par (suite)

Avec les milliards de données de leurs abonnés, les opérateurs télécoms sont des cybercibles de choix

L’été 2025 n’aura pas été de tout repos pour les « telcos ». En France, Bouygues Telecom a été victime début août d’une cyberattaque. Peu avant, fin juillet, Orange a aussi été la cible d’une cyberattaque. L’an dernier, SFR puis Free avaient eux aussi fait l’objet d’une fuite massive de données.

Les quatre opérateurs télécoms français, que sont Orange, Bouygues Telecom, SFR et Free, sont plus que jamais exposés à des cyberattaques de leurs systèmes d’information, où sont gérées et stockées des milliards de données personnelles de leurs plusieurs dizaines de millions d’abonnés mobiles et fixes. Devenus encore plus redoutables et imprévisibles avec l’intelligence artificielle, ces cyberpiratages massifs inquiètent de plus en plus leurs clients.

Données personnelles : open bar ?
Orange compte en France près de 22,1 millions d’abonnés mobiles et plus de 14 millions d’abonnés fixes, et totalise presque 300 millions de clients dans le monde. Bouygues Telecom a, lui, plus de 18 millions d’abonnés mobiles et 5,3 millions d’abonnés fixes, toujours sur l’Hexagone. SFR, c’est 19,3 millions d’abonnés mobiles et 6,1 millions d’abonnés fixes. Quant à Free, il compte en France 15,5 millions d’abonnés mobiles et 7,6 millions d’abonnés fixes, avec un total d’environ 51 millions avec les quelques autres pays où le groupe est présent. Autant dire que les quatre « telcos » français regorgent de données personnelles qui suscitent les convoitises de hackers et cybercriminels désireux de s’en emparer pour demander une rançon et/ou les vendre sur le dark web. Coup sur coup, cet été, Orange puis Bouygues Telecom ont subi une violation de leur système d’information respectif. Or, ce n’est pas la première fois que (suite)