A propos Charles de Laubier

Rédacteur en chef de Edition Multimédi@, directeur de la publication.

Les vieux médias tentent aussi de séduire les jeunes

En fait. Le 23 novembre, les six groupes de l’audiovisuel public (France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, Arte, TV5 Monde et l’INA) ont lancé « Culture Primes », une coédition de vidéos pour les jeunes. Un nouveau média supplémentaire en direction des « Millennials », très convoités.

En clair. L’année 2018 aura été l’année des « Millennials », ces 15-35 ans des générations dites Y et Z tombés dans l’Internet et les mobiles lorsqu’ils étaient petits. Même les services publics de l’audiovisuel s’y mettent pour les attirer avec des vidéos courtes (une à quatre minutes) qu’ils affectionnent tout particulièrement et
« consomment » sans compter sur leurs réseaux sociaux favoris. « Culture Prime » leur promet entre douze et vingt-cinq vidéos chaque semaine, sur YouTube, Facebook et bientôt Snapchat. Et ce, gratuitement, mais les diffusions sont financées par la publicité vidéo. « Culture Prime, c’est un média social culturel 100 % vidéo » qui entend aller chercher son jeune public parmi les 80 millions d’abonnés sur Facebook et 35 millions sur Twitter que totalisent les six entreprises publiques.
Leur objectif : « Favoriser l’accès à la culture et à la connaissance au plus grand nombre ». Pour l’instant, Culture Prime compte quelque 8.000 abonnés sur Facebook. Culture Prime s’inspire d’ailleurs de « Brut », l’un des pionniers des médias vidéo
« 100 % réseaux sociaux » qui avait été lancé en septembre 2016 par Together Studio, la société du producteur télé Renaud Le Van Kim (ex-producteur du « Grand Journal » de Canal+), lequel a confié la vente de ses espaces publicités à… France Télévisions (1). Au-delà de la France où il compte près de 2 millions d’abonnés sur Facebook et près de 200.000 abonnés sur YouTube, Brut s’est « exporté » en ligne aux Etats-Unis, en Inde, au Royaume-Uni et même en Chine. Vivendi s’était bien aussi lancé à conquête des jeunes en lançant, du MipTV 2016, Studio+, « la première appli de séries courtes et premium » (2), mais le groupe de Bolloré veut y mettre un terme. En septembre 2017, la société de production audiovisuelle Elephant (Emmanuel Chain)
a lancé « Monkey » pour diffuser aussi des vidéos courtes auprès de la même jeune génération. Ce média vidéo est aujourd’hui suivi par un peu plus de 80.000 abonnés sur Facebook mais seulement 3.800 abonnés sur YouTube et 439 sur Snapchat. Il y a aussi Blackpills. Les nouveaux médias orientés Millennials ont aussi poussé comme des champignons au cours de l’année 2018. Ce fut en janvier au tour de Loopsider d’être lancé : 614.000 abonnés sur Facebook ou encore 18.100 followers sur Twitter. Disney a lancé l’été dernier « Oh My Disney », une application gratuite de vidéos courtes pour jeunes adultes. @

Pourquoi TowerCast (NRJ) veut que TDF reste régulé

En fait. Le 27 novembre, l’Arcep a changé d’avis : le régulateur des télécoms ne mettra pas fin – ni en 2019 ni en 2020 – à sa régulation du marché de la diffusion audiovisuelle en mode TNT où TDF domine. C’est deux ans où l’unique concurrent, TowerCast (NRJ), ne sera pas seul face à l’ancien monopole.

En clair. TowerCast, filiale du groupe NRJ, avait vertement exprimé en septembre dernier sa « totale opposition » (1) avec la précédente décision de l’Arcep qui prévoyait la « dérégulation » de TDF en 2019. Le deuxième opérateur de diffusion audiovisuelle, derrière l’ancien monopole public TDF (ex- Télédiffusion de France), est l’unique opérateur alternatif sur le marché français de diffusion de la télévision numérique terrestre (TNT). Il a in extremis convaincu l’Arcep que « la plateforme TNT est non-substituable » avec l’IPTV des FAI, et que la TNT n’est pas encore morte (2). Créée
en 1985 de la volonté de NRJ d’assurer sa propre diffusion hertzienne, l’activité de TowerCast a commencé à diffuser les radios du groupe (NRJ, Nostalgie, Rire & Chansons et Chérie). Le concurrent de TDF s’est ensuite ouvert à des clients extérieurs au groupe fondé par Jean-Paul Beaudecroux, puis, au cours des années 2000, au nouveau marché de la TNT. A fin décembre 2017, TowerCast a installé ses infrastructures techniques sur 834 sites à travers le territoire national, dont 65 détenus en propre. Mais les 769 autres sont loués à divers bailleurs et à l’incontournable TDF. C’est là que le bât blesse. L’unique concurrent de l’ancien monopole d’Etat de radiodiffusion dit être encore dans une situation de « dépendance vis-à-vis de l’opérateur historique dominant TDF », malgré ses investissements en infrastructures pour réduire cette dépendance et grignoter des parts de marché « dans un contexte toujours maintenu sous une forte pression concurrentielle ». TowerCast a gagné de nouveaux clients TNT, soit 36 nouvelles diffusions en 2017. Au 31 décembre 2017, la filiale de NRJ revendique « environ 23 % de part de marché ». Mais pour ses propres chaînes – NRJ 12 et de Chérie 25 – TowerCast doit recourir à TDF. Sur la FM, elle a remporté 260 nouvelles diffusions (privées et publiques).
Mais la position dominante de l’opérateur historique s’est renforcée lorsqu’il a racheté en 2016 le groupe Itas, lequel avait absorbé en 2014 OneCast, alors filiale de TF1. L’année 2016 fut aussi celle du transfert de la bande 700 Mhz de la TNT aux télécoms, d’où la résiliation anticipée pour TowerCast de contrats. Résultat : la filiale du groupe NRJ regrette que « seules 9,2% des diffusions hertziennes sont opérées depuis des infrastructures alternatives, contre 17,9%» auparavant. Par trois fois (2008, 2014 et 2017), Jean-Paul Beaudecroux a songé la vendre. @

La publicité doit-elle être soumise au consentement quand elle est géolocalisée ?

Avec quatre mises en demeure publiées entre juin et novembre sur la géolocalisation publicitaire, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) « feuilletonne » sa doctrine en la matière. Or le RGPD européen n’exige pas toujours le consentement préalable des utilisateurs.

Etienne Drouard, avocat associé, et Lucile Rolinet, juriste, cabinet K&L Gates

La blockchain taraude plus que jamais les industries culturelles, les médias et la publicité

Les blocs de chaînes, réseaux de tiers de confiances décentralisés fonctionnant en mode peer-to-peer, pourraient révolutionner la musique, le cinéma, le livre, les médias, la publicité ou encore les jeux vidéo. En France, la réflexion s’intensifie. Miroir aux alouettes ou véritable nouvel écosystème ?

Blockchain rime désormais avec brainstorming. Il ne se passe plus une semaine sans que des colloques, des conférences, des salons ou des annonces ne convoquent la blockchain dans les sujets d’actualité. Par exemple, le 27 novembre prochain, le Groupement des éditeurs de services en ligne (Geste) – qui compte 119 membres issus des médias et des acteurs du Net, parmi lesquels Edition Multimédia@ – se penche sur des cas d’utilisation de la blockchain.

Déclin des ventes de tablettes iPad mais hausse des contenus et services digitaux : le paradoxe d’Apple ?

Apple a publié le 5 novembre, via le gendarme boursier américain (la SEC), le rapport financier de son année fiscale close le 29 septembre. Edition Multimédi@ y analyse deux tendances opposées mais paradoxales : la baisse des ventes de l’iPad et la hausse de celles des contenus et services en ligne.

Lorsque, en janvier 2010, la marque à pomme a révélé son tout premier iPad, on allait voir ce qu’on allait voir ! La tablette fut présentée – par Steve Jobs à l’époque (photo de gauche) – comme « un appareil révolutionnaire », qui allait être multimédia, communiquant et tactile pour accéder à tous les contenus. Moins de trois ans après la sortie de son premier iPhone, Apple tenait enfin avec son iPad le « puissant ordinateur dans un livre » promis au monde entier par Steve Jobs en 1983.