Molotov TV, Canal TV+, Free TV, … La bataille des agrégateurs TV se corse sous l’œil du régulateur

Près de dix ans après le lancement de Molotov TV et un an et demi après celui de TV+ par Canal+, les opérateurs télécoms – agrégateurs TV via leurs « box » depuis les années 2000 – étoffent leur « bouquet » pour éviter que leurs clients n’aillent voir ailleurs, et conquérir des non-abonnés.

La bataille des agrégateurs TV bouscule le PAF – ce paysage audiovisuel français qui n’en finit pas de se délinéariser en streaming, bien loin des fréquences hertziennes de la TNT dont l’audience décline (1). La plateforme française Molotov TV, créée il y a près de dix ans, et rachetée en novembre 2021 par l’américain FuboTV, et celle lancée il y a un an et demi par le groupe Canal+ sous le nom de TV+ voient monter en puissance leur rival Oqee tout juste rebaptisé Free TV en octobre à l’occasion d’une transformation radicale.

Agrégateurs TV en streaming pour tous
L’opérateur télécoms de Xavier Niel (photo), via sa filiale méconnue Trax, élargit son offre de diffusion de chaînes de télévision et pour la première fois au-delà de sa Freebox. Cette stratégie d’agrégateur TV intégrant des chaînes de la TNT dans une offre accessible à tous – gratuitement et/ou en payant – était jusqu’alors l’apanage de la plateforme pionnière Molotov TV (2) et plus récemment de TV+ lancé en mai 2024 par Canal+. Désormais, il faut compter avec le « nouvel entrant » sur ce marché dit de l’OTT TV (Over-The-Top Television) : Free TV, plateforme opérée par Trax, filiale d’Iliad qui éditait déjà l’application Oqee. Contrairement à Orange TV, B.tv de Bouygues Telecom et SFR TV, qui limitent leur « bouquet » de télévision à leurs seuls abonnés de leur « box », Free TV vient concurrencer frontalement Molotov TV et Canal TV+ en s’adressant à tous publics. Cette offre TV, « sans engagement, sans abonnement et accessible à tous les Français […] abonnés Free ou non », est présentée par Free comme « la plus grande offre TV gratuite de France », en nombre de chaînes incluant TNT et chaînes thématiques en langue française, et pour regarder librement la télévision sur un smartphone, une tablette ou un téléviseur connecté.
Et Iliad via Trax (suite)

Plongée dans la cash machine mondiale de la chanteuse Taylor Swift, devenue businesswoman

La chanteuse américaine et auteure-compositrice-interprète Taylor Swift est depuis le 30 septembre 2025 la première femme à avoir dépassé les 100 millions d’albums vendus, selon la Recording Industry Association of America (RIAA). Devenue milliardaire, c’est la mieux payée de l’industrie musicale.

Le dernier coup d’éclat en date de Taylor Swift (photo) est la sortie le 3 octobre 2025 de son album « The Life of a Showgirl », accompagné d’un film intitulé « Taylor Swift: The Official Release Party of a Showgirl », lequel a été projeté durant trois jours dans des centaines de salles de cinéma du circuit américain AMC aux Etats-Unis et des milliers d’autres salles obscures via des distributeurs partenaires, y compris en Europe – dont la France (UGC, Pathé, CGR, …) – et dans le reste du monde. Selon Box Office Mojo, le film a engrangé dans le monde plus de 50 millions de dollars en un week-end (1).

Taylor Swift en mondovision partout
A 12 dollars le billet, avant les frais de réservation en ligne supplémentaires, pour la voir au cinéma, l’artiste-businesswoman américaine – milliardaire avec une fortune de 1,6 milliard de dollars, selon Forbes (2) – a décidément le sens des affaires. Un site web dédié avait même été mis en place pour géolocaliser les cinémas dans le monde où était projeté son film (3). Le précédent « Taylor Swift: The Eras Tour », sorti en 2023, est de loin le film-concert le plus rentable de l’histoire. Il a rapporté un chiffre d’affaires mondial était de 262 millions de dollars. Ce film avait été diffusé sur la plateforme de streaming Disney+ cinq mois après sa sortie en salles, ce qui sera (suite)

Artistes fantômes, fraudes à la diffusion : l’IA met le bazar dans le streaming musical mondial

Les « fake streams » (faux clics) et les « fake artists » (faux artistes) ne datent pas d’hier dans le streaming musical, mais l’intelligence artificielle accroît le phénomène de façon exponentielle. Pour faire face au fléau, l’industrie musicale compte sur les plateformes et la justice.

La manipulation de la musique en ligne, dans le but de percevoir des royalties de manière plus ou moins frauduleuse, repend de l’ampleur depuis que l’IA s’est invitée dans l’industrie musicale. Cela impacterait environ 10 % des streams au niveau mondial, selon certaines sources (1). Si l’on considère les 20 milliards d’euros de chiffre d’affaires du streaming musical réalisés en 2024, d’après la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI), la fraude représenterait quelque 2 milliards d’euros l’an dernier.

Phénomène du streaming artificiel
« La musique est confrontée à la menace croissante de la manipulation du streaming, où des acteurs malveillants volent de l’argent qui devrait aller aux artistes légitimes en générant un jeu artificiel de morceaux qu’ils ont téléchargés sur les services musicaux. C’est du vol. L’utilisation d’outils d’IA générative par des manipulateurs de flux a considérablement exacerbé le problème. L’IA permet de générer très rapidement et en grand volume des images d’artistes, des pochettes et des pistes, ce qui permet une manipulation plus facile et à grande échelle », fustige l’IFPI. « Les maisons de disques continueront à intenter des actions en justice contre les individus derrière les sites qui vendent des morceaux artificiels, mais l’impact réel peut être obtenu par le secteur en se regroupant pour prévenir la fraude », a prévenu la fédération de l’industrie musicale dans son dernier rapport annuel publié en mars dernier (2).
Aussi, quelle n’a pas été sa satisfaction le 17 juillet 2025 de voir un tribunal de São Paulo, au Brésil, rendre la première décision de justice dans le cadre de l’« Operation Authentica », initiative de l’IFPI pour cibler les services dans le monde fournissant de fausses interactions en ligne. La société Seguidores Marketing Digital, qui a fait appel de la décision, a été (suite)

Mort en direct d’un streamer vidéo en France : l’affaire « Pormanove » devient l’affaire « Kick »

Dans la torpeur de l’été, durant la nuit du 17 au 18 août, un homme est mort au bout 298 heures de direct sur Internet – après avoir subi coups et insultes. Sa chaîne « Jeanpormanove », monétisée, était la plus vue sur Kick. Cette plateforme australienne doit maintenant répondre devant la justice.

L’affaire « Pormanove », du nom du streamer vidéaste français Jean Pormanove mort en direct sur sa chaîne vidéo diffusée sur la plateforme Kick, n’a pas pu vous échapper. Elle défraie la chronique depuis cette nuit du 17 au 18 août, durant laquelle Raphaël Graven (son vrai nom) a perdu la vie, à 46 ans, après 298 heures de diffusion non-stop et après avoir subi – de façon soi-disant consentie – des humiliations, des violences, des insultes et des sévices en tout genre. Sa chaîne « Jeanpormanove » sur Kick était suivie par près de 200.000 abonnés, dont certains payants ou donateurs.

Deux parquets français poursuivent Kick
Depuis ce drame humain, la plateforme australienne Kick est, en France, dans le collimateur du gouvernement, du régulateur Arcom et de la justice. Deux parquets ont ouvert leur enquête : le parquet de Nice dès le 19 août pour « recherche des causes de la mort » et le parquet de Paris le 25 août pour « fourniture en bande organisée de plateforme en ligne illicite ». La procureure de la République Laure Beccuau (photo de gauche) a précisé que « les deux parquets sont en lien étroit afin de se communiquer réciproquement les éléments susceptibles d’éclairer l’une et l’autre procédure ».
L’entreprise Kick risque gros si elle est reconnue coupable d’avoir diffusé des contenus illicites. En cas d’infraction, le code pénal français – modifié par la loi du 13 juin 2025, réprimant pénalement la violation d’obligations issues du règlement européen DSA (Digital Services Act) – prévoit dix ans d’emprisonnement et 500.000 euros d’amende « lorsqu’elles sont commises en bande organisée » (1). L’office anticybercriminalité (Ofac) de la direction nationale de la police judiciaire (DNPJ) est saisi des investigations. Cette nouvelle enquête du parquet de Paris (2) cherchera (suite)

La Ligue de football professionnel (LFP) court-circuite les Canal+, BeIn Sports et autres DAZN

La filiale LFP Media, dirigée par Nicolas de Tavernost, lance sa propre chaîne Ligue 1+ pour y diffuser les matchs de la saison 2025-2026, qui commence le 15 août 2025. Et ce, au nez et à la barbe des diffuseurs sportifs traditionnels. BeIn et DAZN ne sont plus que distributeurs, en attendant Canal+.

C’est une première historique. Après l’avoir annoncée le 1er juillet par un communiqué puis présentée avec ses trois tarifs le 10 juillet lors d’une conférence de presse, la plateforme TV digitale de la Ligue de football professionnel (LFP) diffusera ses premiers matchs à partir du 15 août 2025. Baptisée « Ligue 1+ », cette « chaîne » numérique est gérée et opérée par la filiale LFP Media (alias LFP 1), dont le directeur général depuis avril (1) est l’ancien PDG du groupe M6, Nicolas de Tavernost (photo de gauche), par ailleurs vice-président de CMA Médias, branche médias du groupe CMA CGM (Rodolphe Saadé).

9 matchs en fin de semaine sur LFP 1+
Les championnats français de football ont donc désormais leur propre « chaîne de télévision ». Du jamais vu. « C’est la première fois qu’une ligue de football crée et exploite sa propre chaîne, concurrençant ainsi directement les diffuseurs sportifs traditionnels (Canal+, BeIn, WBD). Cela pourrait expliquer pourquoi Canal+ a refusé d’y participer », analyse Thierry Fautier, cofondateur et directeur général de The Media League, agence conseil des entreprises de médias et de divertissement, dans un post publié sur LinkedIn le 2 juillet. « En court-circuitant les diffuseurs sportifs traditionnels comme Canal+ et beIN Sports, la LFP poursuit une stratégie audacieuse centrée sur sa propre distribution, complétée par des opérateurs IPTV [Orange, Bouygues Telecom, Free et SFR, ndlr] ou des réseaux sportifs alternatifs comme WBD (Eurosport) et BeIn, qui, pour la première fois de leur histoire, distribueront des contenus qu’ils n’ont pas produits », poursuit cet expert en streaming vidéo et haute définition, vétéran de la Silicon Valley. Selon lui, (suite)