Rentrée scolaire 2024-2025 : l’Education nationale conjugue numérique et intelligence artificielle

Démissionnaire depuis le 16 juillet 2024 de sa fonction de ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse, tout comme le gouvernement Attal, Nicole Belloubet a tout de même présenté la « rentrée scolaire 2024-2025 ». Le numérique et l’intelligence artificielle sont dans les rangs.

Dans les « affaires courantes » qu’a gérées la ministre démissionnaire de l’Education nationale et de la Jeunesse, Nicole Belloubet (photo), il y avait la présentation le 27 août des grandes orientations de la « rentrée scolaire 2024-2025 ». Parmi les mesures prises afin que tout puisse se passer au mieux pour les près de 12 millions d’élèves qui, en France, ont repris le chemin de l’école, certaines portent sur les usages du numérique, avec l’instauration cette année de la « pause numérique », ainsi que l’apport de l’intelligence artificielle (IA) pour que les enfants et les enseignants puissent l’utiliser à des fins pédagogiques.

De la loi de 2018 à la circulaire de 2024
La mesure-phare est sans doute l’expérimentation de la « pause numérique » dans les collèges. Il s’agit de ni plus ni moins d’interdire les smartphones dans les 6.980 collèges que compte la France. Du moins, cette mesure radicale se fera en deux temps : une première expérimentation a commencé pour cette année scolaire 2024-2025 dans quelque 200 établissements qui se sont portés « volontaires » pour priver plus de 50.000 collégiens de leur téléphone portable. La ministre démissionnaire a précisé que la généralisation de cette mesure devrait intervenir au 1er janvier 2025 et l’avait justifiée dans une circulaire datée du 26 juin 2024 : « Au collège, une “pause numérique” sera expérimentée au sein de collèges volontaires dans chaque département, de telle sorte que l’interdiction de l’usage du portable prévue par la loi [du 3 août 2018, ndlr] soit effective et totale sur l’intégralité du temps scolaire, y compris les espaces interstitiels à risques que sont les changements de classe, les récréations et la pause méridienne ».
Cette circulaire a été publiée au Bulletin officiel de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports (1), lequel est adressé aux recteurs et rectrices d’académie, aux inspecteurs et inspectrices de l’éducation nationale, aux cheffes et chefs d’établissement, aux directeurs et directrices des écoles ; aux professeures et professeurs, ainsi qu’aux personnels administratifs, sociaux et de santé, et aux accompagnantes et accompagnants d’élèves en situation de handicap. Elle fait référence à la loi du 3 août 2018 intitulée « encadrement de l’utilisation du téléphone portable dans les établissements d’enseignement scolaire », laquelle prévoit déjà que « l’utilisation d’un téléphone mobile ou de tout autre équipement terminal de communications électroniques par un élève est interdite dans les écoles maternelles, les écoles élémentaires et les collèges et pendant toute activité liée à l’enseignement qui se déroule à l’extérieur de leur enceinte, à l’exception des circonstances, notamment les usages pédagogiques, et des lieux dans lesquels le règlement intérieur l’autorise expressément » (2).

Claude, le concurrent de ChatGPT, a franchipour la première fois 1 million de dollars de revenu

Claude d’Anthropic sera-t-elle l’IA générative qui pourra détrôner ChatGPT d’OpenAI ? L’avenir dira si la fable du lièvre et de la tortue s’appliquera à ces deux concurrents directs. Pour l’heure, la tortue Claude fait son chemin aux côtés d’Amazon qui va l’utiliser pour son assistant Alexa.

Claude d’Anthropic sera-t-elle l’IA générative qui pourra détrôner ChatGPT d’OpenAI ? L’avenir dira si la fable du lièvre et de la tortue s’appliquera à ces deux concurrents Alors que ChatGPT d’OpenAI a été lancé le 30 novembre 2022 avec le succès médiatique planétaire que l’on connaît (1), son concurrent Claude d’Anthropic n’a pas dit son dernier mot depuis son lancement le 14 mars 2023 dans une relative indifférence générale (2). Mais c’était sans compter sur Amazon qui a annoncé le 25 septembre 2023 injecter 4 milliards de dollars dans la start-up cofondée par Dario Amodei (photo de gauche)et sa sœur Daniela Amodei (photo de droite), respectivement directeur général et présidente (3). Dans la course mondiale aux IA génératives, Claude fait figure de tortue par rapport au lièvre ChatGPT. Ce qui laisse un espoir pour Anthropic, la start-up qui développe le premier, de rattraper son retard par rapport à OpenAI, à l’origine du second.. Pour l’heure, la tortue Claude fait son chemin aux côtés d’Amazon qui va l’utiliser pour son assistant Alexa.

Anthropic veut rattraper OpenAI
Mais l’issue de la fable ne s’appliquera pas forcément à la réalité. En attendant, Claude vient de franchir une étape symbolique dans son expansion en dépassant 1 million de dollars de chiffre d’affaires cumulé depuis son lancement il y a près d’un an et demi. C’est ce qu’a relevé fin août Ariel Michaeli, PDG cofondateur de la société d’analyses Appfigures, à partir des boutiques d’applications mobiles App Store et Google Play. Mais atteindre 1 million de dollars en seize semaines n’est pas un record pour autant, loin de là, puisque ChatGPT avait atteint ce mondant en trois semaines et ChatOn en onze semaines. ChatOn ? Il s’agit d’un wrapper de ChatGPT, c’est-à-dire une sorte de clone qui tente d’apporter des améliorations conviviales et de nouvelles facilités. Développé par la société AIby basée à Miami, ChatOn rencontre un certain succès aux Etats-Unis. Mais Claude a la satisfaction d’avoir atteint le million plus rapidement que Copilot de Microsoft, lequel, pourtant, a investi plus de 13 milliards de dollars dans son partenaire OpenAI (4) et a une base de plusieurs millions d’utilisateurs de son navigateur Edge intégrant Copilot. Claude a aussi franchi le million bien avant les vingt-deux semaines qu’il a fallu à Perplexity pour l’atteindre (voir graphique ci-dessous). La start-up californienne Perplexity AI, cofondée en août 2022, a lancé un moteur conversationnel intelligent (chat-search) présenté comme « une alternative aux moteurs de recherche traditionnels » (5).

Anthropic a donc plus que jamais une carte à jouer dans la bataille des IA génératives, comme le croit Ariel Michaeli : « Nous estimons que Claude a jusqu’à présent 25.000 abonnés payants. Cela semble beaucoup, mais ChatGPT a ajouté 291.000 nouveaux abonnés payants en juillet [l’IA générative d’OpenAI revendiquant en août plus de 200 millions d’utilisateurs actifs, ndlr]. Pour que Claude ait une chance, il doit apprendre des wrappers et ne pas copier ChatGPT. Si Claude augmente son interface de chat avec des fonctionnalités plus grand public, et s’il promeut son application mobile, alors il pourrait avoir une chance » (6). La monétisation actuelle de Claude sur mobile provient à 48,4 % des Etats-Unis, 6,7 % du Japon, 4,3 % de l’Allemagne, à égalité avec le Royaume-Uni, ou encore de 2,8 % de la Corée du Sud.

Le rapport Draghi accable l’Europe sur son digital

En fait. Le 9 septembre, la Commission européenne a publié le rapport de Mario Draghi sur « l’avenir de la compétitivité globale de l’UE » que lui avait demandé il y a un an Ursula von der Leyen. L’ancien président de la Banque centrale européenne est très sévère sur la stratégie numérique des Vingt-sept.

En clair. « L’Europe a largement manqué la révolution numérique menée par Internet et les gains de productivité qu’elle a apportés : en fait, l’écart de productivité entre l’UE et les Etats-Unis s’explique en grande partie par le secteur des technologies », affirme d’emblée Mario Draghi dans l’avant-propos de son rapport (1) remis le 9 septembre à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen (« UVDL »), reconduite dans ses fonctions pour 2024-2029. « Nous sommes également très dépendants des importations de technologie numérique. Pour la production de puces, 75 à 90 % de la capacité mondiale de fabrication de plaquettes se trouve en Asie », ajoute l’ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), poussé par certains pour être le prochain président du Conseil européen (2).
Autre constat accablant pour le marché unique numérique : « Nous prétendons favoriser l’innovation, mais nous continuons à alourdir les charges réglementaires des entreprises européennes, qui sont particulièrement coûteuses pour les PME et inutiles pour celles du secteur numérique ». Le diagnostic de Mario Draghi n’est pas nouveau. Le premier rapport sur « l’état d’avancement de la décennie numérique », publié par la Commission européenne le 27 septembre 2023, faisait déjà un constat sévère : « lacunes », « retard », « insuffisance », « écart d’investissement », … (3).

Les deepfakes audio inquiètent l’industrie musicale

En fait. Le 10 septembre, la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI) a publié son premier rapport sur « la musique dans l’UE ». Au-delà des inquiétudes sur la croissance musicale dans les Vingt-sept, une nouvelle pratique préoccupe : les deepfakes audio. Les détecteurs s’organisent.

En clair. « L’industrie musicale est préoccupée par la capacité des systèmes d’IA de générer du contenu “deepfake” qui s’approprie sans autorisation la voix, l’image et la ressemblance distinctives des artistes », alerte la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI), dans son rapport sur la musique dans l’Union européenne (UE) publié le 10 septembre. « Cela peut induire les fans en erreur, porter gravement atteinte à la réputation d’un artiste et fausser la concurrence en permettant aux clones générés de concurrencer de manière déloyale les artistes dont la musique et l’image ont été utilisées pour former le modèle d’IA » redoute-t-elle.
Six jours avant, de l’autre côté de l’Atlantique, un dénommé Michael Smith a été arrêté par le FBI et présenté devant juge de Caroline du Nord pour avoir créé des centaines de milliers de chansons avec une intelligence artificielle et utilisé des programmes automatisés (bots) pour diffuser des milliards de fois ces chansons générées par l’IA sur les plateformes de streaming (Amazon Music, Apple Music, Spotify et YouTube Music). Ce stratagème de fake streams (1) a permis à l’accusé de générer frauduleusement plus de 10 millions de dollars de royalties (2). De l’IA générative musicale au deepfake audio, il n’y a qu’un pas : les deux pratiques utilisent des masses de données audio pour générer du contenu fictif mais audible et vraisemblable.

Samsung Electronics entre dans une nouvelle ère : celle de l’IA et… des revendications salariales

Lee Jae-yong (alias Jay Y. Lee) – petit-fils de Lee Byung-chul, fondateur du chaebol Samsung, la plus grande entreprise sud-coréenne – a deux défis à relever à la tête de la filiale Samsung Electronics : réussir la révolution de l’intelligence artificielle et répondre aux revendications salariales.

Lee Jae-yong (photo) est devenu cette année, et pour la première fois, la personne la plus riche de Corée du Sud. Le président du groupe Samsung, premier chaebol (méga-conglomérat détenu par une dynastie familiale) de ce pays d’Asie de l’Est, s’est ainsi hissé à la 191ème place des plus grandes fortunes mondiales, selon Forbes (au 19-07-24), à hauteur de 11,2 milliards de dollars de patrimoine professionnel (1).
Ayant été gracié en août 2022 par le président de la République de Corée (l’actuel Yoon Suk-yeol), après avoir été emprisonné en 2017 puis en 2021 pour corruption, détournement de fonds, parjure et dissimulation criminelle (pots-de-vin versés en haut lieu), Lee Jaeyong (56 ans), alias Jay Y. Lee, a pu reprendre en octobre 2022 la présidence du chaebol Samsung et de sa puissante filiale Samsung Electronics – créée en 1969 et devenue numéro un mondial des smartphones ainsi que numéro un mondial des téléviseurs. Avant ses démêlés judiciaires et ses peines carcérales, et alors même qu’il était déjà suspect après l’éclatement du scandale politicofinancier en octobre 2016, Lee Jae-yong avait déjà été de fait à la tête du méga-conglomérat Samsung et du groupe Samsung Electronics de 2014 à 2017. Son père Lee Kun-hee – alors première fortune de Corée du Sud et décédé en octobre 2020 – en avait fait son héritier à la suite de problèmes cardiaques (2).

Sur fond de procès, Lee Jae-yong face aux défis
Autant dire que le sort du « prince héritier », comme certains le surnomment lorsqu’il n’est pas appelé familièrement « Jay Y », relève du miracle économique. La grâce présidentielle d’il y a près de deux ans – avec effacement de toute trace de corruption dans son casier judiciaire – est intervenue après l’insistance d’entreprises américaines et sud-coréennes appelant à la clémence afin que soit préservé Samsung, acteur majeur de l’économie du pays et partenaire crucial des Etats-Unis dans la production de puces mémoires en tant que producteur de plus de la moitié de ce marché dans le monde. Le petit-fils du fondateur de Samsung, fils unique et aîné de trois sœurs, en a-t-il fini avec la justice ? Presque. L’agence de presse sud-coréenne Yonhap a fait état le 5 février dernier d’une décision d’un tribunal de Séoul acquittant le président exécutif de Samsung des accusations de manipulations de comptes et de cours portées contre lui, liées à une fusion entre deux filiales de Samsung en 2015 dans le but de consolider le contrôle de la dynastie familiale sur le groupe « trois étoiles » – c’est la signification en coréen de « Samsung » (jusqu’en 1993, le logo du chaebol était d’ailleurs composé de trois étoiles). Mais les procureurs ont fait appel de son acquittement…

IA et puces mémoires profitent à Samsung
Lee Jae-yong, personnalité la plus riche de Corée du Sud depuis trois mois maintenant, doit en outre s’acquitter – avec ses deux sœurs encore vivantes (3) – de la somme colossale de 8,5 milliards de dollars de droits de succession, depuis le décès en 2020 du patriarche multimilliardaire Lee Kun-hee et détenteur d’une vaste collection de tableaux de maîtres. Ses héritiers ont pu étaler les paiements au fisc sud-coréen sur cinq ans, avec les dernières échéances prévues en 2025.