Le sort de TikTok US est devenu une affaire d’Etats

En fait. Le 17 septembre est la deadline pour TikTok US, filiale américaine du chinois ByteDance. Il s’agit de la troisième échéance fixée en juin par Donald Trump, faute d’avoir pu obtenir l’aval de la Chine – en pleine négociations commerciales sur les droits de douane. Vers un quatrième report ?

En clair. Le président chinois Xi Jinping avait fait savoir le 9 avril 2025 que tout accord pour TikTok US devait avoir l’aval du gouvernement chinois, ce qui a mis en stand-by tout accord sur la vente des actifs américains de ce réseau social. Le président des Etats-Unis Donald Trump avait été alors contraint de reporter une troisième fois – via un nouvel Executive Order daté du 19 juin dernier (1) – l’échéance à laquelle les actifs de TikTok US doivent être séparés des intérêts de la maison mère chinoise ByteDance. Le 17 septembre est donc la nouvelle deadline.
C’est compter sans le durcissement des droits de douane envers la Chine décidé par le locataire de la Maison-Blanche, lequel avait affirmé le 4 juillet qu’il allait entamer le 7 ou le 8 juillet des discussions avec la Chine sur un éventuel accord avec TikTok US. Le bras de fer commercial entre les Etats-Unis et l’Empire du Milieu s’est à nouveau intensifié lorsque Donald Trump a lancé du Bureau ovale le 25 août : « Ils [la Chine, ndlr] doivent nous donner des aimants [des aimants en terres rares à haute densité d’énergie magnétique, très demandés dans les l’électronique ou les moteurs électriques, ndlr]. S’ils ne nous en donnent pas alors nous leur imposerons des droits de douane autour de 200 % ». Depuis le printemps dernier, la Chine a restreint l’exportation de ses terres rares en représailles aux droits de douanes imposés par les Etats-Unis aux importations de véhicules, d’acier et d’aluminium chinois (2). Dans ces conditions, il est peu probable que Xi Jinping (suite)

Mort en direct d’un streamer vidéo en France : l’affaire « Pormanove » devient l’affaire « Kick »

Dans la torpeur de l’été, durant la nuit du 17 au 18 août, un homme est mort au bout 298 heures de direct sur Internet – après avoir subi coups et insultes. Sa chaîne « Jeanpormanove », monétisée, était la plus vue sur Kick. Cette plateforme australienne doit maintenant répondre devant la justice.

L’affaire « Pormanove », du nom du streamer vidéaste français Jean Pormanove mort en direct sur sa chaîne vidéo diffusée sur la plateforme Kick, n’a pas pu vous échapper. Elle défraie la chronique depuis cette nuit du 17 au 18 août, durant laquelle Raphaël Graven (son vrai nom) a perdu la vie, à 46 ans, après 298 heures de diffusion non-stop et après avoir subi – de façon soi-disant consentie – des humiliations, des violences, des insultes et des sévices en tout genre. Sa chaîne « Jeanpormanove » sur Kick était suivie par près de 200.000 abonnés, dont certains payants ou donateurs.

Deux parquets français poursuivent Kick
Depuis ce drame humain, la plateforme australienne Kick est, en France, dans le collimateur du gouvernement, du régulateur Arcom et de la justice. Deux parquets ont ouvert leur enquête : le parquet de Nice dès le 19 août pour « recherche des causes de la mort » et le parquet de Paris le 25 août pour « fourniture en bande organisée de plateforme en ligne illicite ». La procureure de la République Laure Beccuau (photo de gauche) a précisé que « les deux parquets sont en lien étroit afin de se communiquer réciproquement les éléments susceptibles d’éclairer l’une et l’autre procédure ».
L’entreprise Kick risque gros si elle est reconnue coupable d’avoir diffusé des contenus illicites. En cas d’infraction, le code pénal français – modifié par la loi du 13 juin 2025, réprimant pénalement la violation d’obligations issues du règlement européen DSA (Digital Services Act) – prévoit dix ans d’emprisonnement et 500.000 euros d’amende « lorsqu’elles sont commises en bande organisée » (1). L’office anticybercriminalité (Ofac) de la direction nationale de la police judiciaire (DNPJ) est saisi des investigations. Cette nouvelle enquête du parquet de Paris (2) cherchera (suite)

Le marché des lunettes connectées cherche à y voir plus clair avec l’intelligence artificielle

L’IA s’impose dans les lunettes connectées, au point de donner un second souffle à ce marché mondial toujours en quête de visibilité. Alors que Meta – en tête des ventes grâce à Essilor Luxottica – s’apprête à lancer en septembre des « lunettes AI », la concurrence s’intensifie.

Meta, Snap, Xiaomi, Alibaba, TCL-RayNeo, Kopin Solos, Thunderobot, Google, Samsung, Apple, … La concurrence s’intensifie sur le marché mondial des lunettes connectées. Dix ans après l’échec des Google Glass, les fabricants américains et asiatiques s’y bousculent. Le groupe Meta Platforms, qui s’est associé sur plusieurs années avec le franco-italien EssilorLuxottica pour créer les Ray-Ban Stories en 2021 et les Ray-Ban Meta en 2023, mène la danse et s’apprête à lancer le 17 septembre une nouvelle paire boostée à l’intelligence artificielle.

Meta Connect 2025 (17-18 septembre)
« Pour continuer à rapprocher les mondes physique et numérique, EssilorLuxottica a prolongé son partenariat avec Meta [en septembre 2024] en concluant un nouvel accord à long terme en vertu duquel les deux sociétés collaboreront au cours de la prochaine décennie pour développer des lunettes intelligentes multigénérationnelles et pour établir de nouveaux standards pour le secteur », signale le géant du verre et de l’optique, dans son rapport annuel publié en mars 2025. Après le lancement réussi il y a quatre ans des Ray-Ban Stories, le duo MetaEssilorLuxottica a lancé il y a deux ans les Ray-Ban Meta, une nouvelle génération de lunettes connectées intégrant l’intelligence artificielle et des capacités de streaming en direct. « Ray-Ban Meta est la toute première paire de lunettes dotée d’une fonction de diffusion en direct et de l’intelligence artificielle Meta intégrée, d’une caméra grand-angle 12 MP [mégapixels], de discrets haut-parleurs à oreilles libres pour une expérience audio globale, et de cinq micros intégrés pour passer facilement de la musique aux appels, tout en permettant aux porteurs de lunettes de rester à l’écoute du monde qui les entoure », explique le franco-italien.
Ces lunettes intelligentes en mode « mains libres » promettent (suite)

Droits voisins : les Etats de l’UE peuvent obliger les réseaux sociaux à rémunérer la presse

Ce ne sont que les conclusions de l’avocat général rendues cet été, mais elles ont de grandes chances d’être suivies par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) : les réseaux sociaux peuvent être obligés par les Etats membres à rémunérer la presse pour ses contenus qu’ils utilisent.

Les conclusions de l’avocat général de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) – le Polonais Maciej Szpunar (photo) – ont été rendues le 10 juillet 2025. L’arrêt est donc attendu entre octobre et janvier prochains. Statistiquement, la CJUE suit les conclusions de l’avocat général dans environ 70 % à 80 % des affaires. En substance : « Les Etats membres peuvent adopter des mesures de soutien pour garantir l’effectivité des droits des éditeurs de presse pour autant que ces mesures ne portent pas atteinte à la liberté contractuelle » (1).

Les réseaux sociaux sont bien concernés
Avant d’en venir au fond de l’affaire qui opposait Meta Platforms (Facebook) au régulateur italien des communications (Agcom (2)) sur la question de la rémunération de la presse au titre des droits voisins, signalons que l’avocat général a tenu à lever le doute sur le cas des réseaux sociaux. Car lors de l’audience du 10 février 2025, la CJUE avait posé la question aux participants de savoir si les réseaux sociaux étaient soumis aux droits voisins consacrés par l’article 15 de la directive « Droit d’auteur et droits voisins dans le marché unique numérique » (« Copyright » (3)) ou en sont au contraire exemptés en tant qu’hébergeur aux responsabilités néanmoins renforcées par l’article 17 de cette même directive. Par cette question générale, les éditeurs en Europe, y compris leurs organisations professionnelles comme l’Alliance de la presse d’information générale (Apig) en France, s’étaient fortement inquiétés du risque de voir les réseaux sociaux comme Facebook, X ou encore LinkedIn échapper aux droits voisins et de n’avoir ainsi rien à payer aux médias pour les contenus qu’ils utilisent. Cette éventualité aurait été redoutable pour les journaux en ligne des Vingt-sept.
Or les conclusions de l’avocat général, (suite)

La presse française en ligne va payer très cher sa trop grande dépendance au moteur Google

L’accès aux sites de presse en ligne passe de plus en plus par les moteurs de recherche – Google Discover, Google Search et Google News en tête. La filiale d’Alphabet génère même en France près de 70 % du trafic total de la presse française. Cette « google-dépendance » présente un sérieux risque.

Les éditeurs de presse, qui s’inquiètent déjà de la baisse de leur trafic Internet provenant de l’incontournable Google, ne sont pas au bout de leur peine. Mi-juillet, les sites d’information américains 9to5Google (1) et TechCrunch (2) ont révélé que le géant mondial des moteurs de recherche a commencé, aux Etats-Unis seulement pour l’instant, à faire apparaître des résumés générés par l’IA dans le flux Discover (« Découvrir ») sur ses applications mobiles Android et iOS. Un porte-parole de Google a indiqué qu’il ne s’agissait pas d’un test mais bien d’un lancement.

Les « résumés d’IA » lancés sur Discover
Un des objectifs de Google est que ces « résumés d’IA » (AI Summaries) ou « résumés générés par l’IA » (AI-generated Summaries) permettent aux internautes de décider plus facilement des pages qu’ils souhaitent visiter. Au lieu d’un seul logo d’un média ou d’un seul nom de publication apparaissant dans le coin supérieur gauche de la carte dans Discover, s’affichent plusieurs icônes – comprenez différents logos de médias-sources (par exemple BBC, Le Monde, CNN, Reuters, etc.) – qui se chevauchent pour représenter le nombre d’articles utilisés par l’IA de Google pour générer le résumé – avec un avertissement de rigueur : « Generated with AI, which can make mistakes » (3). Tous les articles d’actualité ne sont pas concernés, la fonctionnalité IA n’étant pour l’instant opérationnelle que sur les sujets tendances de style de vie, de sport et de divertissement. Certaines news comprendront en outre un ensemble de puces sous le titre où seront regroupées des nouvelles similaires.
Avec ce mode IA dans Discover (que l’on retrouve dans les applis Google, dont le navigateur Chrome), à l’instar des AI Overviews dans le moteur de recherche Google, les utilisateurs n’ont plus vraiment besoin de visiter directement un site web pour obtenir des réponses à leurs requêtes. Le contenu issu de l’éditeur de presse est résumé pour eux automatiquement. Cette interface de type chatbot (suite)