Redditors, discutez ensemble, Reddit récolte la pub

En fait. Le 16 juillet, le réseau social américain Reddit a été victime d’une panne mondiale qui a impacté plus de 100.000 utilisateurs, d’après Downdetector. Il est probable que certains des 10,4 millions d’utilisateurs actifs en France en aient fait partie. Cela fait désordre en pleine campagne française.

En clair. Basé à San Francisco (Californie), Reddit a fêté ses 20 ans d’existence en juin en ayant franchi pour la première fois la barre des 100 millions d’utilisateurs actifs quotidiennement, à 108,1 millions précisément grâce à une hausse de 31 % sur un an. Et si ce n’est pas chaque jour, ce sont 400 millions de redditors (surnom donné aux utilisateurs de Reddit) qui s’y rendent au moins une fois par semaine.
C’est aussi le moment de ses 20 ans que le PDG cofondateur de Reddit, Steve Huffman, a choisi pour faire depuis fin juin jusqu’à septembre une campagne publicitaire – télé, affichage et réseaux sociaux – en France. Le réseau social américain revendique 10,4 millions d’utilisateurs français actifs chaque semaine, soit une croissance de + 90 % sur un an. Cela fait 15 ans que Reddit a pris des airs francophones, et 10 ans que des subreddits – ces forums thématiques qui constituent ce réseau de discussions par des communautés – sont français (r/france (1), r/AskFrance, r/livres, etc.). Quant à la filiale Reddit France créée en mars 2022 à Paris et dirigée par Benjamin Lee, le directeur juridique de l’entreprise américaine, elle a fait état sur l’année 2023 – avant de ne plus publier ses résultats – d’un chiffre d’affaires de 458.200 euros, pour un bénéfice net de 19.693 euros. Autant dire que la France (suite)

La presse française en ligne va payer très cher sa trop grande dépendance au moteur Google

L’accès aux sites de presse en ligne passe de plus en plus par les moteurs de recherche – Google Discover, Google Search et Google News en tête. La filiale d’Alphabet génère même en France près de 70 % du trafic total de la presse française. Cette « google-dépendance » présente un sérieux risque.

Les éditeurs de presse, qui s’inquiètent déjà de la baisse de leur trafic Internet provenant de l’incontournable Google, ne sont pas au bout de leur peine. Mi-juillet, les sites d’information américains 9to5Google (1) et TechCrunch (2) ont révélé que le géant mondial des moteurs de recherche a commencé, aux Etats-Unis seulement pour l’instant, à faire apparaître des résumés générés par l’IA dans le flux Discover (« Découvrir ») sur ses applications mobiles Android et iOS. Un porte-parole de Google a indiqué qu’il ne s’agissait pas d’un test mais bien d’un lancement.

Les « résumés d’IA » lancés sur Discover
Un des objectifs de Google est que ces « résumés d’IA » (AI Summaries) ou « résumés générés par l’IA » (AI-generated Summaries) permettent aux internautes de décider plus facilement des pages qu’ils souhaitent visiter. Au lieu d’un seul logo d’un média ou d’un seul nom de publication apparaissant dans le coin supérieur gauche de la carte dans Discover, s’affichent plusieurs icônes – comprenez différents logos de médias-sources (par exemple BBC, Le Monde, CNN, Reuters, etc.) – qui se chevauchent pour représenter le nombre d’articles utilisés par l’IA de Google pour générer le résumé – avec un avertissement de rigueur : « Generated with AI, which can make mistakes » (3). Tous les articles d’actualité ne sont pas concernés, la fonctionnalité IA n’étant pour l’instant opérationnelle que sur les sujets tendances de style de vie, de sport et de divertissement. Certaines news comprendront en outre un ensemble de puces sous le titre où seront regroupées des nouvelles similaires.
Avec ce mode IA dans Discover (que l’on retrouve dans les applis Google, dont le navigateur Chrome), à l’instar des AI Overviews dans le moteur de recherche Google, les utilisateurs n’ont plus vraiment besoin de visiter directement un site web pour obtenir des réponses à leurs requêtes. Le contenu issu de l’éditeur de presse est résumé pour eux automatiquement. Cette interface de type chatbot (suite)

16 milliards d’identifiants volés : les infostealers défient le RGPD en ciblant les utilisateurs finaux

Une fuite de données d’ampleur inédite – orchestrée par des infostealers, nouvelle génération de voleurs de données – révèle les failles béantes de nos écosystèmes numériques et interroge l’efficacité du cadre juridique européen face aux nouvelles formes de cybercriminalité. Le RGPD doit évoluer.

Par Emma Hanoun, avocate, cabinet Odoné

L’exposition de 16 milliards d’identifiants de connexion, révélée par l’équipe de recherche de Cybernews en juin 2025, constitue l’une des plus importantes fuites de données personnelles jamais documentées (1). Cette mégafuite, fruit de l’activité proliférante des logiciels malveillants de type infostealer (voleur d’information), questionne l’efficacité du cadre réglementaire européen en matière de protection des données personnelles.

Les fuites à grande échelles se succèdent
Face à la sophistication croissante des cyberattaques et à l’évolution du marché clandestin des données, cette affaire interroge la capacité du règlement général sur la protection des données (RGPD) à garantir une protection effective des citoyens européens, et impose une réflexion approfondie sur la responsabilisation des acteurs du numérique. La fuite révélée par le chercheur en cybersécurité Bob Diachenko (2), et publiée par Cybernews, concerne 16 milliards d’identifiants issus de trente bases de données piratées différentes, rassemblées sur un serveur accessible publiquement. Outre des plateformes majeures comme Apple, Google ou Facebook, les données exposées concernent un large éventail de services – réseaux sociaux, messageries (Telegram), outils de développement (GitHub), environnements cloud, plateformes gouvernementales et outils professionnels – et illustrent la vulnérabilité généralisée de l’écosystème numérique. Cette exposition de données constitue l’une des plus massives jamais documentées et s’inscrit dans une série de fuites à grande échelle, à l’instar de la MOAB (3) de janvier 2024 (un regroupement de plus de 26 milliards d’enregistrements issus de milliers de fuites antérieures, dont ont été victimes Tencent, LinkedIn, Adobe ou encore Weibo), de RockYou2024 (10 milliards de mots de passe, succédant à RockYou2021 et ses 8,4 milliards de mots de passe), ou encore de la fuite chinoise de mars 2024 touchant WeChat et Alipay, appartenant respectivement aux chinois Tencent et Alibaba.
Les infostealers constituent une catégorie spécifique de logiciels malveillants conçus pour (suite)

Avec leur index web européen EUSP, Qwant et Ecosia veulent s’affranchir de Microsoft et concurrencer Google

Le français Qwant et l’allemand Ecosia ont l’ambition de devenir une alternative européenne au quasimonopole de Google dans les moteurs de recherche, où l’IA rebat les cartes. Leur index web européen EUSP vise l’indépendance par rapport à Bing de Microsoft – accusé de pratique anti-concurrentielle.

Selon nos informations, Qwant livre discrètement depuis le mois d’avril en France des résultats – sur son moteur de recherche – issus de l’index web européen codéveloppé avec son partenaire allemand Ecosia, un autre moteur de recherche alternatif. « Nous avons démarré en avril 2025, en France seulement pour le moment, et nous progressons chaque mois : près d’une requête sur deux est servie depuis notre index européen », indique à Edition Multimédi@ Olivier Abecassis (photo de gauche), directeur général de Qwant.
Cet index web européen, appelé European Search Perspective (EUSP), est développé par la joint-venture European Perspective, société créée à Paris en 2024, détenue à parts égales par Qwant et Ecosia, et présidée par Olivier Abecassis. « Pour l’Allemagne, c’est avant fin 2025, plutôt au quatrième trimestre », nous précise-t-il. Les premiers moteurs de recherche alternatifs à profiter de l’accès en temps réel aux données web les plus à-jour et pertinentes de cet index européen sont non seulement Qwant et Ecosia, mais aussi le français Lilo dont Qwant a finalisé l’acquisition mi-mai. « Ecosia et Lilo utiliseront également l’index EUSP pour servir dans les semaines à venir une partie de leurs requêtes en France », nous indique encore celui qui fut directeur du numérique du groupe TF1 (2016-2022).

Index web pour moteurs alternatifs et agents IA
La joint-venture European Perspective compte lever des capitaux auprès d’investisseurs extérieurs pour assurer son développement sur le long terme et être en capaciter de rivaliser avec Google. L’ambition du tandem franco-allemand : « Renforcer une alternative européenne, éthique et indépendante aux Gafam », mais aussi « plus respectueux de la vie privée » (1). Les résultats de recherche seront d’abord en langues française et allemande, une extension à l’anglais étant prévue, avec l’objectif à plus long terme d’être dans toutes les langues européennes. « Cet index pourra être rejoint par d’autres moteurs de recherche et servir de ressource clé pour l’industrie européenne, par exemple en fournissant un pool de données transparent et sécurisé pour (suite)

20e IGN : la prolongation du mandat du Forum sur la gouvernance de l’Internet en question

La Norvège a accueilli durant une semaine (23-27 juin 2025) la 20e édition de l’Internet Governance Forum (IGN), organisé sous tutelle de l’ONU, sur le thème cette année de « Construire ensemble la gouvernance numérique ». La géopolitique n’a jamais été aussi menaçante pour l’Internet ouvert.

« L’année 2025 est une étape importante pour le Forum sur la gouvernance de l’Internet, car elle marque l’occasion du 20e anniversaire du forum, et c’est un moment charnière pour façonner et améliorer le dialogue multipartite pour les années à venir », souligne Karianne Oldernes Tung (photo), ministre norvégienne de la Numérisation et de la Gouvernance publique. Son pays vient d’organiser durant une semaine (23-27 juin 2025) la 20e édition de l’Internet Governance Forum (IGN), à Lillestrøm, ville située à environ 18 km au nord-est de la capitale de la Norvège, Oslo.

Internet ouvert et fracture numérique
« Ensemble, nous renforcerons la diversité et la collaboration grâce à une gouvernance numérique inclusive, qui est essentielle à un écosystème numérique dynamique et durable », poursuit-elle dans son message de bienvenue, sur le site web dédié à l’événement international (1). Cette vingtième édition de l’IGN, sur le thème cette année de « Construire ensemble la gouvernance numérique » (2), s’est tenue à six mois de la prochaine réunion du « SMSI+ 20 » qui se déroulera en décembre 2025.
Ce grand rendez-vous planétaire de fin d’année doit tirer le bilan des deux décennies qui se sont écoulées depuis le premier Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) qui avait eu lieu en 2005 à Tunis, en débouchant sur l’« Agenda de Tunis » (3) approuvé par les 175 membres des Nations Unies (ONU). Ce document de consensus politique, qui n’est pas un traité international, désigne (suite)