Les offres payantes de l’audiovisuel public posent toujours questions au regard de la redevance

Alors que la nouvelle plateforme payante Madelen de l’Ina dépasse les 55.000 abonnés (dont 15.000 hérités de l’Ina Premium), se pose à nouveau la question de faire payer une offre lorsque celle-ci est censée être déjà financée par la redevance audiovisuelle.

Au regard de la redevance audiovisuelle que paient la quasi-totalité des 28 millions de foyers fiscaux en France (138 euros en 2020), n’est-il pas contradictoire que des entreprises de l’audiovisuel public fassent payer en plus les Français pour des services censés être déjà financés justement par cette contribution à l’audiovisuel public (CAP) ? C’est la question que Edition Multimédi@ a posée au président de l’Institut national de l’audiovisuel (Ina), Laurent Vallet (photo de gauche), lors du lancement de Madelen.

La neutralité de l’Internet se retrouve prise en étau entre le coronavirus et le gouvernement

C’est la double peine pour les Français : non seulement ils doivent s’en tenir à un confinement de plus en plus stricte chez eux, mais en plus le gouvernement, les opérateurs télécoms et – priées d’obtempérer – les acteurs du Net réduisent la bande passante de leurs plateformes de divertissement.

L’exception culturelle française a encore frappée ! Disney+, la plateforme de SVOD de la Walt Disney Company, a bien été lancée le 24 mars dernier dans sept pays supplémentaires, tous en Europe : Royaume- Uni, Irlande, Allemagne, Espagne, Italie, Autriche et Suisse. La France devait en être, mais le gouvernement français – faisant sienne une suggestion que lui a faite Stéphane Richard, le PDG d’Orange – a exigé de Disney qu’il reporte de quinze jours, au 7 avril, le lancement sur l’Hexagone de son nouveau service. C’est le seul pays européen à avoir imposé ce décalage.

La CSNP, 30 ans cette année, voit son rôle croître

En fait. Le 4 mars, la Commission supérieure du numérique et des postes (CSNP) a auditionné la Fédération française des télécoms (FFTélécoms). Le 27 février, Anne-Marie Jean, secrétaire générale de la CSNP, est intervenue aux 2es Assises de la Cohésion numérique et territoriale. La CSNP (ex-CSSPPT) a 30 ans cette année. Quel rôle ?

En clair. « La méfiance envers le numérique commence à s’installer, comme l’a montré le 10e baromètre de l’Acsel (1), présenté le 25 février à Bercy (2). Il y a pour la première fois une érosion de la confiance des Français dans le numérique. On le voit aussi en Suisse qui est l’un des premiers pays à implanter la 5G, laquelle soulève des inquiétudes sur les conséquences sur la santé », a mis en garde Anne-Marie Jean, secrétaire générale de la Commission supérieure du numérique et des postes (CSNP). Cette instance parlementaire mixte fête ses 30 ans cette année : elle fut créée par une loi du 2 juillet 1990 sous le nom de Commission supérieure du service public des postes et des télécommunications (CSSPPT). En 2004, elle a été rebaptisée CSSPPCE (pour être étendue aux communications électroniques). C’est ensuite la loi « Pour une République numérique » du 7 octobre 2016 qui lui a donné son sigle d’aujourd’hui. Bicamérale et transpartisane, la CSNP est composée de sept députés et sept sénateurs ainsi que de trois personnalités qualifiées (3). « Entre la foi en l’avenir technologique et l’impatience des territoires sur la couverture numérique qui avance trop lentement à leurs yeux, il faut garantir la cohésion territoriale. Il en va de la compétitivité de nos petites entreprises et des services apportés à nos concitoyens jusque dans les territoires ruraux », a rappelé Anne-Marie Jean. Et celle qui est depuis plus d’un an secrétaire générale de la CSNP sait de quoi elle parle pour avoir passé plus de 20 ans à La Poste, notamment comme directrice déléguée à l’économie sociale et solidaire et aux dynamiques de territoires. Anne-Marie Jean s’est en outre référée à la feuille de route digitale que la Commission européenne a présentée le 19 février (https://lc.cx/AvenirNumUE) : « L’Europe a appelé à une gouvernance plus maîtrisée. Nous devons rester maîtres de la société que nous construisons et œuvrer pour un numérique choisi, respectueux de l’humain et qui n’exclut personne. Cela relève d’un projet commun, républicain, auquel les parlementaires de la CSNP et son président Yvon Collin sont tout particulièrement attachés. Il s’agit de construire un projet de société où le numérique est au service de l’humain et du développement harmonieux des territoires ». La balle est aussi dans le camp de la Fédération française des télécoms (FFTélécoms), qu’elle a auditionnée le 4 mars. @

« Le numérique exerce une pression considérable sur la rémunération des auteurs » (rapport Racine)

Les auteurs et artistes ne veulent plus être la dernière roue du carrosse des industries culturelles. Ils souhaitent désormais un meilleur partage de la valeur, surtout à l’heure où le numérique fait pression sur leurs royalties. Certains s’émancipent par l’autoédition ou l’autoproduction.

(Depuis la publication de cet article dans Edition Multimédi@ n°227 le 10 février, un collectif de plus de 3.500 écrivains et autres créateurs de l’édition a interpelé le gouvernement dans une tribune publiée le 13 février dans Le Monde)

Les plateformes numériques sont-elles parties pour un grand chelem de sanctions ?

Les géants du Net sont pris entre deux feux principaux : le droit de la concurrence, d’une part, et la protection des données, d’autre part. Mais ces deux référentiels juridiques s’entremêlent de plus en plus et se démultiplient, au risque d’aboutir à des doubles sanctions. Ce que l’Europe assume.

Par Olivier de Courcel, avocat associé, cabinet Féral-Schuhl/Sainte-Marie

Alors que les textes de référence s’accumulent, de même que les procédures de contrôle et les sanctions (aux amendes toujours plus élevées), la mise en conformité (compliance) devient comme un grand chelem pour les plateformes numériques. Les procédures se multiplient: aux Etats-Unis, 5 milliards de dollars imposés à Facebook par la FTC américaine en juillet 2019, contrôle en cours par le DoJ sur les GAFA, enquête préliminaire conjointe de 48 Etats fédérés ; en Europe, amende de 2 millions d’euros en Allemagne pour le manque de transparence de Facebook sur les contenus illicites (1), enquête préliminaire lancée par la Commission européenne sur la collecte et l’utilisation des données des utilisateurs de Google (2), contrôle en cours par la « Cnil » irlandaise sur les ventes aux enchères d’espaces publicitaires de Google, pré-rapport de l’autorité de la concurrence britannique (CMA) sur les plateformes (3), etc…