Virgin Mobile offrirait bien Netflix avec Videofutur

En fait. Le 25 février, Pascal Rialland, DG d’Omea Telecom (Virgin Mobile) nous
a indiqué qu’il serait intéressé si un accord entre Netflix et Videofutur devait intervenir. Pour l’heure, le premier MVNO français – dont la 4G sera lancée
au printemps – a perdu 6,2 % de clients sur un an, à 1,7 million.

Pascal RiallandEn clair. « Bien sûr », nous a répondu Pascal Rialland (photo), DG
de Virgin Mobile à notre question de savoir s’il serait intéressé par un éventuel accord entre Netflix et Videofutur, alors que des spéculations évoquent un rachat hypothétique de Netgem (maison mère de Videofutur) par Netflix pour entrer sur le marché français. Le premier MVNO français a lancé la Virgin Box il y a près de deux ans maintenant et distribue depuis trois mois la box de Videofutur (1).

Netgem (Videofutur) supporte déjà Netflix en… Scandinavie
Contacté, le DG délégué de Netgem et DG de Videofutur, Mathias Hautefort, nous a répondu : « Nous connaissons bien Netflix puisque nous intégrons – à leur demande –
leur service dans les box que nous fournissons à certains clients opérateurs en Europe. Concernant le marché français, nous considérons que la démarche, que semble entreprendre Netflix, confirme à l’évidence le potentiel de marché OTT [Over-The-Top, c’est-à-dire indépendant des fournisseurs d’accès à Internet (FAI), ndlr] qui est notre cible et qui fait l’objet de notre partenariat avec Virgin Mobile ». Président de Videofutur, Marc Tessier nous a indiqué que ‘Netgem supporte Netflix’ en Scandinavie où il est partenaire technologique de Viasat.
Netflix recherche actuellement la façon d’entrer en France d’ici septembre. Après que David Kessler à l’Elysée ait reçu début décembre David Hyman (General Counsel) et Christopher Libertelli (Vice President Global Public Policy), Netflix a rencontré des FAI début février à Paris. Parmi eux, Bouygues Telecom a confirmé à BFMtv.com l’avoir rencontré. Netgem n’a pas souhaité nous dire s’il y avait discussions avec Netflix. Du côté de chez Virgin Mobile : « Non, pas de rencontre à ce jour », nous a indiqué Pascal Rialland. Proposer Netflix pourrait permettre à la filiale française des groupes britanniques Virgin et Carphone Warehouse – présidée par Geoffroy Roux de Bézieux (2) – de renouer avec la croissance. Car pour l’heure, au 31 décembre 2013, Virgin Mobile a vu sur un an sa base de clients reculer de 6,2 % à 1,7 million (3) et son chiffre d’affaires chuter de 14,4 % (selon Carphone Warehouse sur les 9 premiers mois de son année fiscale qui s’achèvera le 29 mars). Le premier MVNO français avait franchi le cap des 2 millions d’utilisateurs fin 2011 : Free Mobile est depuis passé par là. De son côté, Videofutur revendiquait plus de 50.000 abonnés avant le lancement en novembre de la box éponyme qui en compte 20.000. @

L’Arcep ne comprend pas du tout le coup de blues des opérateurs télécoms européens

A grand renfort d’études (ADL, Greenwich, Roland Berger, Idate, …), les opérateurs télécoms ne cessent de se plaindre sur leur sort en Europe : déclin des revenus, moindre marge, sur-fiscalité, surréglementation face aux géants du Net ou sur-concurrence. Mais nouveauté : l’Arcep les contredit.

Par Charles de Laubier

JLSLa Fédération française des télécoms (FFTélécoms), qui représente la plupart des opérateurs de l’Hexagone hormis Free et Numericable, a de nouveau dénoncé le 28 novembre dernier « de très fortes pressions » auxquelles sont soumis ses membres – Orange, SFR et Bouygues Telecom en tête – en s’appuyant sur une troisième étude d’Arthur D. Little (ADL) sur l’économie
du secteur. Leur message est amplifié auprès de la Commission européenne en pleine révision du « Paquet télécom » (1).

Investissement record et historique
Mais lors du DigiWorld Summit à Montpellier, en réponse à Yves Gassot, directeur général de l’Idate sur « les difficultés que rencontrent les opérateurs télécoms en Europe », le président de l’Arcep, Jean-Ludovic Silicani (photo), avait déjà pris le contre-pied de ce discours dominant : « Je vais peut-être vous étonner mais le secteur des télécoms en Europe, en tout cas en France, est en très forte croissance de 6 % par an en volume. C’est le secteur économique qui croît le plus vite, et de très très loin. Il n’y a aucun secteur économique ayant une telle croissance – en volume ».
C’est le secteur économique qui croît le plus vite, et de très très loin. Il n’y a aucun secteur économique ayant une telle croissance – en volume ». En valeur cette fois, le chiffre d’affaires des opérateurs télécoms baisse effectivement dans toute l’Europe (2), mais le régulateur estime que c’est parce que les prix baissent plus vite que les volumes ne s’accroissent. « Mais ce n’est pas une récession car il n’y a pas de baisse de volume. (…) Si les marges ont aussi baissé, elles demeurent quand même importantes. Il y a beaucoup de secteurs dans l’économie qui seraient heureux d’avoir autour de 30 % de marge brut comme pour le secteur des télécoms », a relativisé Jean- Ludovic Silicani,
en rappelant que l’Arcep s’assure que le niveau de marge des opérateurs télécoms leur permettent d’investir pour moderniser les réseaux existants et pour déployer le très haut débit fixe et mobile. « Or, contrairement à ce l’on peut entendre ou lire, le niveau de l’investissement n’a pas baissé en France, mais augmenté pour atteindre un niveau historique record en 2012 de 8 milliards d’euros d’investissements physiques (3). C’est le niveau le plus élevé jamais atteint depuis toujours. C’est historique ! Et au 1er semestre 2013, l’investissement se maintient à un niveau record (4)», a-t-il souligné comme pour tordre le cou aux idées reçues. Face à la sinistrose et aux lamentos des opérateurs télécoms, l’Arcep appelle au contraire à se réjouir de leurs investissements. « Cela veut dire qu’ils ont confiance dans l’avenir. Car ils n’investissent pas pour faire plaisir au gouvernement ou au régulateur ! », a ironisé Jean-Ludovic Silicani.

Amené par Yves Gassot sur « le gap relativement significatif entre le taux d’investissement des grands opérateurs mobile nord-américains et celui constaté en Europe », là aussi le président de l’Arcep a contredit son interlocuteur : « Si l’on fait
la comparaison entre les Etats-Unis et l’Europe, il faut la faire mais bien. Il y avait aux Etats-Unis un retard dans la 3G, qui n’a pas eu le succès qu’elle a eu en Europe, et dans les réseaux haut débit fixe aussi. La situation des Etats-Unis a été de rattraper pour finalement sauter en quelque sorte l’étape de la 3G pour passer de la 2G à la 4G. Cette étape de rattrapage a forcément impliqué un investissement extrêmement important.
Mais si l’on regarde non pas sur deux ou trois ans mais sur dix ans, le niveau global des investissements aux Etats-Unis est strictement identique en France et aux Etats-Unis », at- il nuancé. L’Arcep s’est félicité au passage d’avoir « lâché un lièvre » (dixit) dans la 4G – à savoir Bouygues Telecom (5). Et pour le haut débit fixe d’ajouter : « Est-ce que l’on a envie en Europe d’avoir une offre triple play non plus à 35 euros mais à 70 ou 80 euros ? Est-ce que nous avons envie d’avoir des offres mobile une fois et demie ou deux fois plus chères à qualité égale, faute d’une concurrence suffisante ? Je ne suis pas sûr que cela soit le vœu ni des utilisateurs ni des pouvoirs publics… ». Aux Etats-Unis, la forte concentration du marché télécoms a conduit à détruire plus de 600.000 emplois en dix ans. En Europe, l’Arcep estime qu’il peut y avoir un juste milieu en matière de concurrence des opérateurs télécoms mais en réfutant l’idée qu’il puisse y avoir « un nombre d’or ».

Télécoms : l’Europe a déjà ses « champions »
« Et quand on dit et on répète que l’on aurait des opérateurs nains en Europe et des opérateurs géants aux Etats-Unis, les faits sont faux. A l’heure où nous parlons, les quatre principaux opérateurs européens – Vodafone, Orange, Telefonica et Deutsche Telekom – ont à eux quatre 65 % du marché en Europe. C’est seulement 10 % de moins que les quatre principaux opérateurs télécoms américains. Et Vodafone et Orange ont plus d’abonnés que AT&T et Verizon ! », a-t-il conclu. L’Europe des télécoms a déjà ses
« champions ». @

Charles de Laubier

Jean-Yves Charlier, SFR : « A quoi servent les réseaux très haut débit s’il n’y pas de nouveaux contenus et applications ? »

PDG de SFR depuis août dernier, Jean-Yves Charlier estime que la filiale télécoms de Vivendi, bientôt séparée du groupe, ne doit plus se contenter de déployer de la 4G et de la fibre. L’opérateur doit aussi faire le pari de proposer des contenus et services en « extra » : VOD avec Canal+, musique avec Napster ou encore TV avec Google.

Par Charles de Laubier

Jean-Yves Charlier siteA la question de savoir si SFR pourrait prendre des participations, notamment minoritaires, dans des fournisseurs de contenus, comme l’a fait par exemple Orange dans Deezer, le PDG de la filiale de Vivendi, Jean-Yves Charlier (photo), a clairement répondu à Edition Multimédi@ : « Cela ne fait pas partie de notre stratégie qui consiste à nouer des partenariats forts et innovants comme nous venons de le faire avec Google et le décodeur TV que nous avons lancé le 19 novembre. Il s’agit d’innover et de le faire en partenariat ».
La filiale de Vivendi a en effet annoncé qu’il est le premier opérateur en Europe à proposer un décodeur TV basé sur Android, donnant accès aux services de Google – dont YouTube – sur la télévision. Proposé en option de la box, moyennant 3 euros par mois,
ce décodeur TV est aussi le premier pas de SFR vers un acteur dit Over-The-Top (OTT).

Avec Google, premier grand pas de SFR vers les OTT
« C’est un signe que les opérateurs télécoms sont désormais prêts à signer des partenariats avec de grands OTT, comme a pu aussi l’exprimer Belgacom – mono-pays comme SFR – qui veut se développer à l’international avec des services OTT », nous a confié Gilles Fontaine, directeur général adjoint de l’Idate(1).
Cela montre aussi que l’état d’esprit des opérateurs de réseaux vis à vis des géants du Net commence à changer : ils ne sont plus seulement ceux que l’on doit faire payer pour l’utilisation des infrastructures réseaux, mais ils deviennent désormais des partenaires possibles dans les contenus.

« Nous ne pensons pas chez SFR que notre rôle est de créer des contenus mais de créer les plates-formes qui vont pouvoir accueillir ces contenus. Je crois qu’il faut des partenariats beaucoup plus forts entre les opérateurs mobile et ces acteurs de contenus et de services Over-The-Top. C’est pour cela que les offres 4G que nous déployons avec Canal+ dans la VOD, Naptser dans la musique ou Coyote dans l’aide à la conduite, par exemple, sont des exclusivités. C’est aussi pour cela que nous avons travaillé dix-huit mois avec Google pour amener en France le premier décodeur TV », a expliqué Jean-Yves Charlier, également membre du directoire de Vivendi, lors de son intervention au DigiWorld Summit de l’Idate à Montpellier le 20 novembre dernier. « Car nous pensons qu’il est absolument essentiel d’intégrer dans notre réseau à la fois YouTube de manière ‘’simless’’ et aussi Google Play. Pour un opérateur télécoms comme SFR, ce n’est pas tant de promouvoir ses propres offres que d’intégrer de manière intelligente et sans couture, avec un service impeccable en mobilité comme à la maison, ces nouveaux usages », a-t-il ajouté.

Les « extras » Google, Canal+, Naptser, …
SFR revendique le fait d’avoir été le premier opérateur télécoms en France à lancer la 4G (à Montpellier en 2012 lors du précédent DigiWorld Summit). Il revendique aussi être le premier opérateur à lancer la fibre à 1 Gbit/s. Mais « à quoi servent d’ailleurs ces nouveaux réseaux [très haut débit] si nous n’avons pas de nouvelles applications et de nouveaux contenus à proposer à nos abonnés ? », s’est demandé le nouveau patron de SFR, nommé en août dernier. Pour lui, il ne s’agit plus de déployer déployer des réseaux pour simplement déployer des réseaux. « Nous avons fait le pari de favoriser les usages. C’est pour cela qu’au sein de nos offres 4G, on a inclus des nouvelles applications pour favoriser justement ces usages. On le voit bien avec cette stratégie des ‘’extras’’ : il y a énormément d’intérêt de nos clients pour ces nouvelles applications, comme la VOD avec Canal Play, la musique avec Napster ou encore l’aide à conduite avec Coyote. Résultat, SFR revendique plus de 600.000 abonnés 4G », s’est félicité Jean-Yves Charlier. Participant de la volonté de SFR de se repositionner sur le marché, ces « extras » ont ainsi convaincu le marché. Dans le fixe, l’annonce d’un nouveau décodeur TV avec Google participe également de cette stratégie des « extras ». L’offre d’accès ne se conçoit plus comme une fin en soit ; l’offre de contenus et de services tend à s’imposer si l’on veut séduire les internautes et les mobinautes avec le très haut débit. Au-delà, SFR s’est déjà positionné comme un acteur sur de nouveaux services tels que le cloud avec son investissement dans Numergy – coentreprise avec Bull – ou la domotique avec son offre Home. « Le premier challenge pour l’industrie va être de réussir le pari, sur la 4G notamment, de pouvoir monétiser l’explosion des usages, lesquels sont chez SFR en croissance d’environ 50 % par an. Mais le débat sur la 4G est en fait un débat sur le très haut débit à la fois fixe et mobile, sur la convergence. Car les consommateurs de demain vont vouloir avoir un service sans couture en mobilité ou dans leur foyer. C’est pourquoi nous investissement à la fois sur la 4G et sur la fibre », a-t-il déclaré.

Plus largement, SFR estime que les pouvoirs publics doivent aussi s’engager avec plus de vision dans le développement des usages et promouvoir les nouvelles applications
des technologies à très haut débit. « Il faut dès maintenant développer les services qui donneront à ces réseaux un vrai pouvoir démultiplicateur auprès des citoyens, des entreprises et des collectivités en France, à l’instar de ce que font d’autre pays dans
l’e-learning, l’e-santé ou l’e-administration par exemple. Après avoir passé la dernière décennie à connecter toutes les personnes et tous les lieux, l’opportunité qui s’offre à nous est maintenant de connecter des milliards d’objets, de deuxième ou troisième écrans à ces réseaux, et d’inventer des nouveaux services ».

Et pour favoriser les nouveaux usages et le déploiement de réseaux à très haut débit, SFR renforce les partenariats en France avec les pouvoirs publics comme c’est le cas avec la signature en octobre dernier d’une convention très haut débit avec Lille Métropole. Dans le cadre de cet accord, les collectivités territoriales se sont engagées à faciliter le déploiement de la fibre optique et surtout à contribuer directement aux développements des nouveaux usages numériques. « Les pouvoirs publics doivent jouer un rôle beaucoup plus visionnaires que de simplement dire : ‘’Il faut fibrer’’ ou ‘’Il faut déployer la 4G’’.
Les pouvoirs publics doivent investir eux-mêmes pour favoriser ces nouveaux usages
et ces nouvelles applications », a-t-il insisté. @

Charles de Laubier

ZOOM

« SFR n’a pas besoin de s’adosser à d’autres opérateurs télécoms »
Interrogé en marge de son intervention au dernier DigiWorld Summit sur l’espoir des actionnaires de Numericable, tout juste entré en Bourse, d’opérer un rapprochement avec SFR en 2014, le PDG de SFR, Jean-Yves Charlier, a écarté cette idée : « Nous pensons qu’avec ces accords et de nos 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires, de nos 20 millions de clients mobile et de 5 millions de foyers que nous connectons déjà aujourd’hui, SFR est un des grands opérateurs mono-pays en Europe et a donc tous les atouts pour mener sa stratégie sur le moyen et le long terme sans devoir s’adosser à d’autres opérateurs – aussi bien dans le mobile que dans le fixe ». SFR n’aurait donc besoin de personne pour prendre seul son envol l’an prochain, une fois que l’AG annuelle de Vivendi en juin 2014 aura voté le projet spin-off – scission entre Vivendi et SFR (1). « Nous avons à mener un projet stratégique avec Bouygues Telecom et Orange dans la mutualisation des réseaux mobile et fixe, ainsi qu’un projet ambitieux avec Vivendi de split du groupe. Je pense que c’est un agenda très encadré pour SFR et on s’en tiendra à cet agenda-là », a insisté le nouveau patron, qui se demande quand même s’il y a un modèle économique pour quatre réseaux mobile en France… @

Pourquoi Gaumont pense du bien de la box Videofutur

En fait. Le 1er octobre, Netgem a présenté « La Box Videofutur » en OTT (indépendante des FAI), couplant télé et ciné avec fonctions de time shifting,
pour un forfait sans engagement de 10 euros par mois (+ 2,99 euros pour les
films récents de quatre mois). Parmi les six partenaires cinéma : Gaumont.

JSEn clair. Que pense Jérôme Soulet (photo) – directeur vidéo, télévision et nouveaux médias du groupe Gaumont – de la box de Videofutur sur laquelle sont accessibles les films de son catalogue ?
Gaumont fait partie des six studios de cinéma partenaires (1)
de Netgem. « Venant d’un ancien univers des télécoms [Jérôme Soulet fut directeur des relations institutionnelles à la division contenus du groupe France Télécom jusqu’en mai 2007, après avoir lancé le service de VOD d’Orange, ndlr], je considère que c’est catastrophique la vidéo dans les box ».

Les box des FAI ne sont pas à la hauteur
« Si vous regardez tout le parc, vous avez déjà cinq, six, voire sept générations de box. Ceux qui ont les précédentes générations et en plus sont loin du DSLAM (2), ceux-là n’ont pas le droit d’en changer pour la nouvelle box ou sinon elle ne fonctionne pas bien ».
Pour le groupe Gaumont, qui exploite 900 films à son catalogue, la box de Videofutur n’a rien à voir avec une box de fournisseurs d’accès à Internet (FAI)
« Lorsque j’ai vu la box de Videofutur, j’ai trouvé que c’était un truc de dingue en terme de navigation ! La navigation de découverte est essentielle, surtout lorsqu’il y a 10.000 titres [de films français disponibles en VOD en France, ndlr] », s’est enthousiasmé Jérôme Soulet.

Pour lui, les services OTT (Over-The-Top) apportent « un élément clé » : fluidité et ergonomie de navigation, surtout dès que l’on rentre « dans la profondeur et dans la personnalisation ». « Les opérateurs télécoms sont assis sur un tas d’or [leur clientèle] mais ils ne l’ont pas encore exploité », déploret- il. Alors que « l’OTT va permettre de profiler (je n’aime pas le terme), de mieux connaître les clients et leurs usages ». Gaumont voit donc dans la box de Videofutur le moyen d’approfondir sa relation avec les cinéphiles, « parce que nous avons une meilleure connaissance de notre catalogue et eux [Videofutur] ont une connaissance très fine de leurs clients ». Pour la major du cinéma français, l’OTT est « structurant car nous allons redécouvrir en VOD la relation que l’on
a au niveau de la salle, à savoir donner envie ». Et Jérôme Soulet d’ajouter : « Les films récents doivent avoir un succès en salle et en vidéo à la demande. Mais pour qu’un succès en salle devienne un succès en VOD, il faut travailler dessus. Aussi, nous avons besoin d’éditeurs de services et non pas de ‘’plateformes de mise en ligne’’ » (3). @

Google France : le patron change, les dossiers restent

En fait. Le 5 mars, Carlo d’Asaro Biondo, président de Google Europe du Sud, de l’Est, Moyen-Orient et Afrique, a annoncé la nomination d’un nouveau directeur général pour la filiale française : Nick Leeder, dont la femme est Française, quitte l’Australie pour remplacer le 1er avril Jean-Marc Tassetto.
CAB GoogleEn clair. Le président de Google Europe, Carlo d’Asaro Biondo (photo), reprendrait-il en main la filiale française qu’il ne s’y prendrait pas autrement, en y nommant un nouveau directeur général pour remplacer Jean-Marc Tassetto sur le départ.
Ce dernier, à ce poste depuis moins de trois ans (octobre 2010 (1)), aurait été dépassé par les négociations avec l’Association de la presse IPG (information politique et générale) sous la houlette du médiateur Marc Schwartz nommé fin novembre par le gouvernement.
C’est Carlo d’Asaro Biondo, et non plus Jean- Marc Tassetto, qui avait alors mené la fin du bras de fer jusqu’au bout. Une loi a été évitée par Google.
L’ultimatum du chef de l’Etat n’a pas été respecté
Mais Eric Schmidt lui-même, le patron du groupe Google, a dû signer le 1er février à l’Elysée – en présence de François Hollande – un protocole d’accord « historique », lequel doit encore être finalisé d’ici fin mars avec son fonds de 60 millions d’euros (2) (*) (**).
Avec Jean-Marc Tassetto, les négociations se sont enlisées au-delà de l’échéance du
31 décembre 2012 que le chef de l’Etat avait fixée comme ultimatum en vue d’aboutir à un accord. A défaut de quoi, il menaçait de légiférer en faveur d’une « Lex Google » et de droits voisins que demandait l’association IPG.
Aux yeux de Google, vallait mieux un accord qu’une loi
« Je suis dubitatif sur la signature d’un accord avant la fin de l’année [2012] », avait avoué dès mi-décembre Jean-Marc Tassetto lors d’une intervention à HEC (3).
A-t-il sous-estimé la détermination des trois syndicats de l’AIPG (SPQN, SEPM et SPQR) en parlant de « manque d’unité sur le front des éditeurs » ?
Auparavant, dans une lettre adressée au gouvernement et révélée mi-octobre par l’AFP, Google France avait menacé de ne plus référencer les médias français sur Google Actualités si un droit d’auteur pour la presse était imposé par la loi. Bref, les négociations tournaient au conflit.
Vers un redressement fiscal de 1 milliard d’euros ?
Autre dossier épineux : celui de la fiscalité. Le fisc français réclamerait à Google France 1 milliard d’euros ! « Maintenant, ça n’exonère pas Google de ses autres devoirs, je pense notamment à des devoirs fiscaux (…) Tout le travail ne s’arrête peut-être pas là », avait déclaré Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, le 10 février sur Canal+, après s’être félicitée de l’accord Google-AIPG…
L’Australien Nick Leeder, parlant couramment notre langue et diplômé en France de l’Insead (4), a déjà son comité d’accueil à la française… @