Les signaleurs de confiance veulent des moyens financiers pour agir contre les contenus illicites

Ils sont déjà huit à être agréés par l’Arcom, dans le cadre du règlement européen sur les services numériques (DSA). Ce sont les « signaleurs de confiance ». Sur les suggestions du régulateur, le gouvernement veut les aider financièrement pour mieux lutter contre les « contenus illégaux ».

En un an, depuis la première désignation d’un signaleur de confiance le 6 novembre 2024 (1), l’Arcom en a désignés huit. Ces « signaleurs de confiance » – ou Trusted Flaggers, selon la terminologie anglaise du DSA (Digital Services Act) – sont, selon l’Arcom (2), « des organisations reconnues pour leur expertise dans la détection, l’identification et la notification de contenus illicites », que la plateforme en ligne a l’obligation – « si elle partage l’analyse du signaleur de confiance » – de retirer ou d’en bloquer l’accès, dès lors que ces contenus illégaux lui ont été signalés.

Ligue des droits de l’homme, signaleuse de fait
« Dans l’architecture du règlement européen sur les services numériques, il y a les régulateurs coordinateurs que nous sommes [l’Arcom en France, ndlr (3)]. Mais pour que leur action auprès des plateformes numériques puisse prendre toute leur ampleur, il faut qu’il y ait des acteurs administratifs mais aussi beaucoup de la société civile – associatifs ou chercheurs (4) – qui soient agréés, labellisés. Parmi eux, les “signaleurs de confiance” signalent aux plateformes les contenus qui posent problème », a expliqué le président de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), Martin Ajdari (photo), devant l’Association des journalistes médias (AJM), le 16 octobre 2025.
Ces huit signaleurs de confiance agréés en France sont : (suite)

Molotov TV, Canal TV+, Free TV, … La bataille des agrégateurs TV se corse sous l’œil du régulateur

Près de dix ans après le lancement de Molotov TV et un an et demi après celui de TV+ par Canal+, les opérateurs télécoms – agrégateurs TV via leurs « box » depuis les années 2000 – étoffent leur « bouquet » pour éviter que leurs clients n’aillent voir ailleurs, et conquérir des non-abonnés.

La bataille des agrégateurs TV bouscule le PAF – ce paysage audiovisuel français qui n’en finit pas de se délinéariser en streaming, bien loin des fréquences hertziennes de la TNT dont l’audience décline (1). La plateforme française Molotov TV, créée il y a près de dix ans, et rachetée en novembre 2021 par l’américain FuboTV, et celle lancée il y a un an et demi par le groupe Canal+ sous le nom de TV+ voient monter en puissance leur rival Oqee tout juste rebaptisé Free TV en octobre à l’occasion d’une transformation radicale.

Agrégateurs TV en streaming pour tous
L’opérateur télécoms de Xavier Niel (photo), via sa filiale méconnue Trax, élargit son offre de diffusion de chaînes de télévision et pour la première fois au-delà de sa Freebox. Cette stratégie d’agrégateur TV intégrant des chaînes de la TNT dans une offre accessible à tous – gratuitement et/ou en payant – était jusqu’alors l’apanage de la plateforme pionnière Molotov TV (2) et plus récemment de TV+ lancé en mai 2024 par Canal+. Désormais, il faut compter avec le « nouvel entrant » sur ce marché dit de l’OTT TV (Over-The-Top Television) : Free TV, plateforme opérée par Trax, filiale d’Iliad qui éditait déjà l’application Oqee. Contrairement à Orange TV, B.tv de Bouygues Telecom et SFR TV, qui limitent leur « bouquet » de télévision à leurs seuls abonnés de leur « box », Free TV vient concurrencer frontalement Molotov TV et Canal TV+ en s’adressant à tous publics. Cette offre TV, « sans engagement, sans abonnement et accessible à tous les Français […] abonnés Free ou non », est présentée par Free comme « la plus grande offre TV gratuite de France », en nombre de chaînes incluant TNT et chaînes thématiques en langue française, et pour regarder librement la télévision sur un smartphone, une tablette ou un téléviseur connecté.
Et Iliad via Trax (suite)

L’éclatement de la « bulle IA » que tout le monde croit voir venir mais qui tourne à l’arlésienne

Fin octobre, les Bourses dans le monde étaient au plus haut à la suite du réchauffement commercial entre la Chine et les Etats-Unis, grâce à un deal conclu entre Xi Jinping et Donald Trump – notamment sur les terres rares de la tech. Mais la « bulle IA » tarde encore à éclater.

Les Bourses et les indices boursiers s’en sont donnés à cœur-joie à partir du 24 octobre 2025 en atteignant pour plusieurs d’entre eux des records en clôture. Cette euphorie des investisseurs – bien qu’un recul boursier ait été constaté début novembre – est intervenue dans un climat commercial apaisé entre les Etats-Unis et d’autres pays dans le monde, Chine en tête. Donald Trump (photo de gauche) et Xi Jinping (photo de droite) faisant la pluie et le beau temps sur les affaires, l’accord commercial conclu le 30 octobre (1) entre les deux premières puissances mondiales, y compris sur les terres rares indispensables à l’industrie de la tech, a redonné du baume au cœur aux marchés.

Les terres rares gonflent la « bulle IA »
Comme l’Empire du Milieu est le numéro mondial des terres rares, qui ne sont finalement pas si rares mais qui sont difficiles à extraire et à purifier (minage + raffinage + traitement), elle détient – avec ses près de 70 % de la production mondiale – une carte-maîtresse dans les technologies (électroniques et numériques). Les terres rares sont cruciales pour les aimants puissants (disques durs, moteurs électriques, éoliennes, …), les écrans et smartphones, les composants électroniques et semi-conducteurs, les cellules solaires et l’innovation énergétique, ou encore les technologies militaires. Les terres rares et plus largement les métaux rares (2) constituent donc un enjeu géopolitique majeur en tant que « pétrole du XXIe siècle ». Or l’intelligence artificielle (IA) est devenue l’épicentre de la demande mondiale en terres rares justement.
Si les IA génératives n’ont pas besoin en tant que telles de terres rares, les systèmes informatiques sur lesquels les systèmes d’IA fonctionnent sont véritablement « terravores » – selon le néologisme adapté par Edition Multimédi@. Les GPU (Graphics Processing Unit), ces processeurs à très haute capacité de calculs parallèles, que l’on retrouve sur les supercalculateurs et les serveurs des data centers, intègrent des terres rares. Des composants périphériques en ont aussi besoin pour leurs performances thermique, optique et électrique, que cela soit pour les systèmes de refroidissement, les disques durs, les alimentations et les convertisseurs ou encore les amplificateurs optiques et les interconnexions. En conséquence, (suite)

Le Space Act veut « européaniser » le droit spatial à l’heure des très grandes constellations

Alors que les deux seules gigaconstellations, dont la commercialisation débutera en Europe début 2026, sont américaines (Kuiper d’Amazon avec 3.200 satellites et Starlink de SpaceX avec 6.750), le Parlement européen a commencé à examiner la législation spatiale pour l’UE – le « Space Act ».

Par Mathilde Dubois, collaboratrice, Marta Lahuerta Escolano, associée, Jones Day

Le projet de législation spatiale pour l’Union européenne (UE), le « Space Act » présenté le 25 juin 2025 par la Commission européenne, affiche clairement son ambition de doter l’Europe – avant 2030 – d’un cadre normatif unifié régissant les activités spatiales civiles et commerciales. Attendu depuis plusieurs années, ce texte s’inscrit dans un contexte de profonde mutation du secteur spatial, marqué par l’essor d’acteurs privés, la multiplication des lancements, la congestion des orbites et la montée en puissance de nouvelles nations spatiales hors Europe.

Défragmenter le cadre spatial européen
A travers cette initiative législative, actuellement examinée par les commissions du Parlement européen (1) en vue de l’adoption du règlement en 2026 ou 2027, l’UE s’apprête à franchir un tournant majeur dans la construction de son autonomie stratégique et juridique dans le domaine spatial. Jusqu’à présent, la régulation des activités spatiales au sein des Vingt-sept relevait principalement de la compétence de chaque Etat membre. D’après le registre des Nations Unies listant les législations spatiales des Etats (2), treize législations nationales étaient en vigueur dans l’UE à la fin de l’année 2024. En France, le cadre national repose sur la loi « Opérations spatiales » (3) de 2008. En Italie, la loi « Economie spatiale » (4) est entrée en vigueur le 25 juin 2025 – soit le même jour que la présentation du Space Act. Quelques pays comme l’Espagne ou l’Estonie ont également annoncé préparer des dispositifs législatifs régissant les activités spatiales (5).
Les dispositifs nationaux européens s’adossent aux traités spatiaux des Nations Unies (6). Parmi eux, le Traité de l’Espace (7), entré en vigueur le 10 octobre 1967, ou encore la Convention sur l’immatriculation des objets lancés dans l’espace extra-atmosphérique, entrée en vigueur le 15 septembre 1976. Au niveau de l’UE, (suite)