L’éthique, mode alternatif de régulation de l’IA et vecteur de confiance dans l’innovation

Les intelligences artificielles (IA) fascinent et semblent faciliter nos vies. Pourtant, elles nourrissent aussi des craintes et de véritables questionnements quant à leur impact sur la société, voire l’humanité. L’éthique peut constituer l’un des piliers de la confiance nécessaire au développement de l’IA.

Par Mahasti Razavi, associé gérant, et Laura Ziegler, avocat senior, August Debouzy

Il existe une distinction entre des IA dites « faibles » et des IA dites « fortes ». L’IA faible permet de reproduire, le plus fidèlement possible, à l’aide d’un programme informatique, le résultat d’un comportement spécifique prévu à l’avance, dans la majorité des cas de façon bien plus efficace et rapide que l’homme, mais sans aucune forme d’improvisation. Si elle peut simuler le raisonnement, inclure une dimension apprenante et résoudre des problèmes, ce type d’intelligence artificielle ne permet en aucun cas de reproduire les fonctions cognitives de l’intelligence humaine.

Droit d’auteur : pourquoi la SACD n’a pas cosigné le communiqué à charge contre Google et YouTube

Le communiqué du 4 décembre 2018, cosigné par une trentaine d’organisations et d’entreprises françaises, ne fait pas l’unanimité dans le monde des industries culturelles car il semble fait l’impasse sur la rémunération supplémentaire des auteurs d’œuvres mis en ligne. La SACD ne le cautionne pas.

Edition Multimédi@ a demandé à Pascal Rogard (photo), directeur général de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), laquelle compte plus 50.000 auteurs membres, pourquoi celle-ci n’avait pas été cosignataire le
4 décembre du communiqué commun de 33 organisations, syndicats et entreprises françaises accusant Google et sa filiale YouTube de «campagne de désinformation massive (…) en abusant de leur position dominante » dans le cadre du projet de directive européenne sur le droit d’auteur dans le marché unique numérique.

Comment Google et sa filiale YouTube montrent pattes blanches à l’audiovisuel et au cinéma français

L’intervention d’un GAFA devant un parterre professionnel du tout cinéma français fut un moment suffisamment rare pour que nous revenions sur les 28èmes Rencontres cinématographiques de Dijon (RCD), lesquelles se sont tenues du 7 au 9 novembre. Laurent Samama (Google/YouTube) a relevé le défi.

« Je représente uniquement Google et YouTube, mais pas l’ensemble des GAFA, qui sont des entreprises très différentes, même si l’on est souvent assimilé, a précisé d’emblée Laurent Samama (photo), directeur des partenariats de Google Europe (1). Je suis en charge des partenariats avec l’industrie audiovisuelle et, à venir, de l’industrie du cinéma si nous nous engageons de manière beaucoup plus forte ». La précédente prise de parole d’un GAFA – d’un GAFAN pour être précis – aux Rencontres cinématographiques de Dijon (RCD) remonte à octobre 2014, avec l’intervention de Janneke Slöetjes, directrice des Affaires publiques de Netflix Europe (2). Mais elle avait botté en touche sur les réelles intentions du géant mondial de la SVOD envers le cinéma français. A part Google, dont c’est la troisième prise de parole en plus de dix ans (après Christophe Muller en 2010
et Patrick Walker en 2007), les géants du Net optent plutôt pour la politique de la chaise vide à Dijon afin d’éviter que la moutarde ne leur monte au nez. En général, leurs stratégies mondiales s’accommodent mal des écosystèmes locaux. « Les GAFA sont aujourd’hui les maîtres du monde. De toute évidence, personne de Netflix viendra ici dans ce débat, ni aujourd’hui ni demain, personne d’Amazon, personne de Google [feignant d’ignorer la participation de Google dans la journée, ndlr] », a regretté le cinéaste et vice-président de L’ARP, Pierre Jolivet.

Les kiosques numériques, ne veulent pas être assimilés aux « Google News »

Le groupe Le Monde boude toujours les kiosques numériques qui, selon lui,
« détruisent de la valeur » et présentent « un risque trop important ». Mais ePresse, LeKiosk, SFR Presse ou encore PressReader ne veulent pas être amalgamés aux agrégateurs d’actualités qui, eux, ne paient pas les éditeurs.

« Moi, j’établis une corrélation entre le fait que l’on soit
e premier acteur en termes d’abonnés digitaux, avec la croissance la plus forte et le panier moyen le plus élevé,
et notre absence des kiosques numériques.
Je pense que ces kiosques digitaux détruisent de la valeur »,
a déclaré Louis Dreyfus, président du directoire du groupe Le Monde, devant l’Association des journalistes médias (AJM), le 19 septembre dernier. « Dans la durée, vendre en kiosque numérique, c’est un risque trop important », a ajouté le directeur du quotidien de référence.

Le décret de taxe « Google Images » a été rejeté par le Conseil d’Etat puis retiré par le gouvernement

La loi « Création », promulguée il y a plus de deux ans, prévoyait un décret « Google Images » pour taxer les moteurs de recherche sur les photos mises en ligne. Notifié il y a un an à la Commission européenne, il a été retiré par le gouvernement à la suite de l’avis négatif du Conseil d’Etat.

Selon nos informations, le gouvernement a décidé de ne pas publier ce décret « Google Images » à la suite d’un avis négatif que le Conseil d’Etat a émis en février 2017 sans le rendre public. Contactées par Edition Multimédi@, la haute juridiction administrative et la Cada (1) ont refusé de nous communiquer cet avis.
En revanche, le motif du rejet de la taxe « Google Images » nous a été précisé : ce projet de décret n’était conforme « ni aux exigences constitutionnelles garantissant la protection du droit de propriété, ni à celles du droit de l’Union européenne garantissant le droit exclusif de l’auteur d’autoriser la reproduction et la représentation de son oeuvre » (2).