Haute-qualité musicale : Qobuz fête ses 15 ans et franchit pour la première fois le demi-million de clients

La plateforme de musique en ligne Qobuz, dont la société fut cofondée le 18 septembre 2007 par Yves Riesel et Alexandre Leforestier, a 15 ans. Sa persévérance à se différencier des Spotify, Deezer et autres YouTube – avec du son haute-fidélité – commence à payer : les 500.000 clients viennent d’être dépassés.

Qobuz passe un cap, quinze ans après sa création. « Nous avons dépassé le seuil des 500.000 clients », indique à Edition Multimédi@ le directeur général délégué de Qobuz, Georges Fornay (photo de gauche). La société Qobuz – cofondée le 18 septembre 2007 par Yves Riesel (1) et Alexandre Leforestier en tant que filiale à l’époque de LyraMedia- Group (2) – est devenue en décembre 2015 une division du groupe Xandrie dirigé par Denis Thébaud (photo de droite), à la suite de son rachat (3). C’est la première fois que la plateforme française de musique de haute qualité, dont la toute première mise en ligne date de Noël 2007, franchit le demi-million de clients. Mais là n’est pas l’important pour elle. « En termes de chiffres, nous ne les communiquons pas. Nous sommes sur un marché de niche et nous entendons y rester. Nous ne sommes pas dans la course au volume d’abonnés à n’importe quel prix pour proposer la même offre que les plateformes concurrentes », explique Georges Fornay. Inutile donc de comparer son parc de clients avec les 188 millions d’abonnés de Spotify ou les 9,4 millions de Deezer, car Qobuz s’adresse d’abord aux passionnés de musique et exigeants sur la qualité du son qu’ils écoutent. En revanche, la taille de son catalogue – plus de 80 millions de titres de jazz, de classique, de rock ou de musiques du monde – est comparable à celle des autres grandes plateformes musicales..

Qualité sonore et ARPU : Qobuz en tête
A ceci près que les musiques sur Qobuz sont disponibles – en streaming ou en téléchargement – dans la meilleure qualité sonore possible : soit en haute résolution « Hi-Res » (24 bits jusqu’à 192 Khz), soit en qualité « CD » (16 bits à 44,1 Khz). Rien à voir (ou plutôt à entendre) avec le piètre format MP3 (à 320 Kbits/s). Ce qui fait de Qobuz la plateforme musicale la plus riche en termes de catalogue éclectique de titres musicaux au son « haute-fidélité », devançant sur ce terrain-là les Spotify, Deezer et autres Apple Music. « Plus beau est le son, plus grande est l’émotion musicale », assure-t-elle. Et la généralisation de la fibre optique et bientôt de la 5G plaide en faveur du retour du son hi-fi des années 1980 et 1990 qu’Internet nous a privé (4). « Notre revenu moyen par abonné payant (ARPU) en 2022 est de 155 euros sur l’année, alors que la moyenne du marché mondial est de 25 euros selon les données de l’IFPI l’an dernier. Un abonné à Qobuz rapporte plus de six fois le chiffre d’affaires d’un abonné du marché », se félicite Georges Fornay.

75 % des revenus réalisés à l’international
Ceux qui se sont abonnés à Qobuz savent pourquoi ils paient 12,50 euros par mois (avec un engagement pour un an, sinon 14,99 euros par mois sans), ou jusqu’à 24,99 euros par mois (pour une famille de six comptes). La qualité sonore et la richesse du catalogue sont au rendez-vous et les contenus éditoriaux – plus de 500.000 textes à ce jour – sont produits par une équipe dédiée et experte (chroniques d’albums, nouveautés et talents émergents, bancs d’essai, biographies d’artistes, articles de fond, interviews, rappels historiques, …). Et en plus de streamer en illimité et en hifi, les abonnés peuvent acquérir à l’acte dans la boutique de téléchargement leurs albums préférés en qualité Hi- Res ou CD. Si le client n’est pas abonné à Qobuz, l’audiophile peut quand même se les offrir à l’unité : les prix d’achat des fichiers numérique haute résolution vont de 5 euros à plus de 50 euros. Pour obtenir ces même albums hi-fi jusqu’à 60 % moins cher, Qobuz a prévu un abonnement dit « Sublime » incluant le streaming hi-fi et l’accès à prix préférentiel au téléchargement (de 16,67 euros par mois, jusqu’à 29,17 euros pour une famille). Résultat : les clients de Qobuz sont plus enclins à mettre le prix pour obtenir de la haute qualité sonore et satisfaire leur passion.
La plateforme musicale française, qui nous indique un taux de croissance annuelle moyenne en valeur de 29,7 % sur le streaming payant et de 13,6 % pour le téléchargement (malgré le déclin de ce marché), explique notamment cette performance par son positionnement haut de gamme et par sa présence dans les pays à fort pouvoir d’achat. « Au cours des douze derniers mois, nous avons doublé notre extension dans de nouveaux pays. Ces couvertures se font toujours de manière qualitative en intégrant, en plus de nos 80 millions de titres, les catalogues locaux ». Ainsi, Qobuz est actuellement présent dans vingt-cinq pays. Derniers en date, depuis mai 2022 : Brésil, Mexique, Argentine, Chili, Colombie et Portugal. Un an auparavant : Suède, Norvège, Danemark, Finlande, Australie et Nouvelle-Zélande. En octobre 2021, Xandrie – société éditrice de Qobuz – a fait l’acquisition au Japon du service de téléchargement de musique haute résolution e-onkyo music. Le groupe nippon Onkyo basé à Osaka, vétéran des amplificateurs hi-fi haut de gamme et diversifié dans le home cinema, le lui a cédé après avoir fait faillite en mai dernier (Voxx et Sharp ayant racheté d’autres de ses actifs). La filiale Xandrie Japan, dont Onkyo détient 14,9 % du capital, permet à Qobuz de s’implanter au pays du Soleil-Levant et de viser le marché asiatique, tout en enrichissant son catalogue de musiques japonaises et de genres musicaux tels que la J-Pop. Rappelons que Qobuz est licencié « Hi-Res Audio » depuis 2013 par la Japan Audio Society (JAS), laquelle fut fondée il y a 70 ans (5) par l’écrivain japonais francophile Kenzo Nakajima et Masaru Ibuka, le cofondateur de Sony.
Les premiers pas à l’international de Qobuz ont commencé en mars 2016 avec le Royaume-Uni, l’Irlande, l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse, la Belgique, le Luxembourg et les Pays- Bas, suivis en décembre 2017 par l’Espagne et l’Italie, puis les Etats-Unis à partir de février 2019. « Qobuz réalise 75% de son chiffre d’affaires à l’international, les Etats Unis étant le premier pays en termes de revenus », nous indique Georges Fornay. Au Canada, Xandrie a un partenariat de longue date avec le groupe de médias et de télécoms Québecor, lequel s’appuie sur le savoir-faire technologique de Qobuz pour sa propre plateforme canadienne « Qub musique » lancée en mai 2020 (6) et dirigée par le Québécois Marc-André Laporte. Et l’expansion internationale de Qobuz n’est pas finie, avec à la clé un potentiel de plusieurs millions de mélomanes, de jazzophiles et d’amoureux de musiques du monde par-delà les frontières. La plateforme ne tire-t-elle pas son nom de kopuz (ou kobyz) désignant des instruments de musique traditionnelle d’Asie centrale ?
Également PDG de la société de distribution de produits électroniques et logiciels Innelec Multimédia, Denis Thébaud, et Georges Fornay, fort de plus de quinze ans passés chez Sony Computer Entertainment (1995-2011), sont confiants pour l’avenir de Qobuz au sein de Xandrie. Créée il y dix ans, cette société – dont le nom est un clin d’œil à la bibliothèque d’Alexandrie créée sous l’Antiquité – est contrôlée par Nabuboto, la holding personnelle de Denis Thébaud, et détenu à 0,98 % par son entreprise Innelec Multimédia cotée, elle, en Bourse.

Chiffre d’affaires : 29,2 millions d’euros
Selon le rapport financier 2021/2022 qu’Innelec Multimédia a présenté lors de son assemblée générale le 21 septembre dernier, le chiffre d’affaires de Xandrie était sur cet exercice clos le 31 mars dernier de 29,2 millions d’euros, en forte hausse de 37,8 % sur un an. Son résultat net, lui, reste négatif (8,9 millions d’euros de pertes). « Les perspectives sont favorables et Xandrie poursuit sa marche vers la profitabilité », assure le groupe. Depuis l’acquisition de Qobuz, Xandrie a levé quelque 22 millions d’euros, notamment par augmentations de capital auprès (selon les opérations) de Nabuboto, d’Innelec Multimédia ou encore du canadien Québécor. @

Charles de Laubier

Après Allbrary et Qobuz, Xandrie veut s’enrichir d’autres sites en ligne dans la culture et le divertissement

Déjà opérateur de la bibliothèque digitale Allbrary et nouveau propriétaire de la plateforme de musique en ligne Qobuz, la société Xandrie prévoit d’autres acquisitions « de sites d’information ou de ventes de contenus » pour devenir « le spécialiste international de la culture et du divertissement digital ».

Par Charles de Laubier

Denis Thébaud« Xandrie souhaite adjoindre à son offre d’autres sites dans le domaine de la culture et du divertissement, que ce soit des sites d’information ou de ventes de contenus. Nous prévoyons de nouvelles acquisitions en 2016 et 2017 ; nous avons plusieurs cibles. Notre scope est large, pour autant qu’il serve la stratégie Xandrie de devenir le spécialiste international de la culture et du divertissement », indique Denis Thébaud (photo), PDG de Xandrie, dans un entretien à Edition Multimédi@.
Fondateur de cette société créée en 2012, dont il détient environ 80 % du capital (1), il est aussi PDG du groupe Innelec Multimédia (coté en Bourse) qu’il a créé il y a 32 ans pour la distribution physique de produits tels que jeux vidéo, DVD, logiciels, CD audio, consoles ou encore objets connectés (2). Denis Thébaud a aussi créé il y a 20 ans la société Focus Home Entertainment (aussi cotée en Bourse), le troisième éditeur français de jeux vidéo (3) dont il est actionnaire à plus de 50 %.

Musique : face au streaming, le téléchargement mise sur la qualité sonore, mais avec des tarifs peu lisibles

L’année 2014 aura été celle du « délitement du téléchargement » dans la musique en ligne. Mais la meilleure qualité sonore des fichiers est devenu un nouvel enjeu pour les plateformes. Mais pour l’Observatoire de la musique, cela s’accompagne d’une stratégie commerciale et tarifaire « peu lisible ».

« Le second semestre 2014 confirme le changement de paradigme définitif de l’économie musicale. En effet, semestre après semestre, nous assistons à un délitement du téléchargement. Constaté dès septembre 2013, le recul du téléchargement s’est aggravé au cours de l’année 2014 qui n’a connu en termes de chiffre d’affaires aucune période mensuelle de croissance », constate le rapport semestriel (1) de l’Observatoire de la musique, réalisé avec la collaboration de Xavier Filliol (photo), expert indépendant et par ailleurs trésorier du Syndicat des éditeurs
de services de musique en ligne (ESML), lequel est membre du Geste dont il est coprésident de la commission Musique & Radio.

Yves Riesel, président de Qobuz Music Group : « Le clivage streaming versus téléchargement est déjà caduc ! »

Le cofondateur et président du directoire de Qobuz Music Group (ex-Lyra Media Group), qui comprend la plate-forme de musique en ligne Qobuz.com et la maison de disques Abeille Musique, estime qu’il est temps de passer à la qualité Hi-Fi sur Internet. Et il ne cesse de pester contre la gratuité musicale.

Propos recueillis par Charles de Laubier

Yves RieselEdition Multimédi@ : La holding Lyra Media Group est devenue au 1er février Qobuz Music Group, du nom de votre plate-forme de musique en ligne Qobuz créée il y a cinq ans. Est-ce parce que les ventes numériques de musiques deviennent majeures dans vos activités ?
Yves Riesel :
Lyra regroupe la maison de disques Abeille Musique créée en 1997 et Qobuz créée en 2007. Les deux sociétés font du numérique, lequel génère 60 % du chiffre d’affaires de l’ensemble. Mais Abeille Musique, qui est toujours engagée dans la vente de CD, la production et la distribution, fait essentiellement de la vente aux professionnels (B2B). Tandis que Qobuz fait de la vente aux particuliers (B2C). Ce changement de dénomination ne concerne
pas le clivage physique/numérique. Il vise à donner de la force à la marque Qobuz qui maintenant s’ouvre à l’international et à montrer la totale cohérence du métier de distribution de musique des deux sociétés, que ce soit en B2B ou en B2C. Abeille Musique est maintenant devenue une société de distribution de musique numérique,
avec un catalogue important, elle est positionnée en tant que fournisseur de services
de distribution de haute qualité auprès des labels et des artistes – rien à voir avec tant d’agrégateurs dont le soin apporté aux produits est minime. Qobuz et Abeille, qui partagent le même souci de qualité (son, documentation, métadonnées) font un travail cohérent, qui sera réuni sous la même marque en particulier à l’international. Quant à notre filiale Virgule, elle a une activité de publishing [gestion des droits des compositeurs et des chanteurs, ndlr].

Hi-Fi Nostalgie

Noooooooooon ! Laissez-moi encore un peu mes vinyles. Ma vielle platine Thorens et son fidèle ampli Onkyo, même s’ils n’ont jamais fait partie de la haute aristocratie de la Hi-Fi, ne m’ont jamais trahi et délivrent depuis des dizaines d’années un son chaud, complexe et rond, que les pauvres MP3 n’ont jamais pu égaler. Mais qui s’en soucie encore ? C’est encore un miracle que l’on puisse encore en écouter de nos jours. C’est au tour des CD, après presque 40 ans d’existence, de perdre leur statut de produits de masse. Marginalisés, peu regrettés, leurs cotes commencent néanmoins à monter sérieusement, mais seulement chez les collectionneurs. Le mouvement s’accélère, puisque c’est au
tour du MP3, pourtant devenu le format quasi-universel dix ans seulement après son lancement en 1992, d’avancer vers sa fin. Il est finalement victime des faiblesses qui
ont pourtant fait son succès : les performances de cet algorithme de compression audio, lequel a permis le développement fulgurant du téléchargement puis du streaming, a également des limites en termes de qualité.

« Je profite de l’arrivée à la maison de ma
toute dernière imprimante 3D pour compléter
ma collection de quelques vinyles inédits. »