Le site Deepseek-fr.ai, cheval de Troie du chinois

En fait. Le 9 juin, le site francophone DeepSeek-fr.ai – qui se présente anonymement comme « une équipe indépendante passionnée par l’IA » – a publié sur son blog : « Intégrer DeepSeek dans vos applications via son API ». Et ce, après que DeepSeek eut sorti fin mai la version R1-0528 de son modèle IA.

En clair. « Intégrer DeepSeek dans vos applications via son API : guide complet pour débutants », écrit le 9 juin l’auteur « DeepSeek » sur le blog du site web francophone Deepseekfr.ai, dont l’« équipe indépendante passionnée par l’intelligence artificielle et l’innovation technologique » (ainsi se présente-telle) cultive l’anonymat. Il affirme que « [l]a popularité croissante [de DeepSeek] s’explique par la puissance de ses modèles (DeepSeek V3, DeepSeek R1, etc.) et par sa compatibilité avec l’API d’OpenAI, ce qui facilite grandement son adoption par les développeurs » (1). Le chinois DeepSeek Artificial Intelligence Co., basé à Hangzhou, dans la province du Zhejiang (côte orientale de l’Empire du Milieu), cherche à se déployer partout, y compris en France d’où s’est lancé « Le Chat » de la start-up française Mistral AI (lire en Une).
Ni les mentions légales ni le Whois ne nous renseignent sur l’identité de l’éditeur de Deepseek-fr.ai, dont le nom de domaine a été enregistré le 24 février 2025 par la société islandaise Withheld for Privacy (basée à Reykjavik, donc en dehors de l’Union européenne) pour que son identité soit (suite)

Dailymotion rejoint myCanal dans Canal+ : fusion ?

En fait. Le 22 octobre, Vivendi a publié ses résultats trimestriels qui sont les derniers avant sa scission en trois entités – Canal+, Havas et Louis Hachette – qui, si l’opération était approuvée à l’AG du 9 décembre, seront cotées le 16 décembre et indépendantes du groupe de Vincent Bolloré. Et Dailymotion ?

En clair. Avec les résultats trimestriels de Vivendi, qui ont été les tout derniers à être publiés avant la scission historique du groupe de Vincent Bolloré prévue en décembre, c’est la première fois que sa filiale Canal+ – qui ne le sera plus à partir du 16 décembre – intègre désormais les activités de Dailymotion. La plateforme de partage vidéo – créée il y aura 20 ans en mars prochain – rejoint ainsi la chaîne Canal+ lancée, elle, il y a 40 ans (le 4 novembre) ainsi que sa plateforme de streaming myCanal. Annoncée en septembre, ce transfert de la maison mère à la filiale audiovisuelle (avant éclatement de Vivendi), a eu lieu au troisième trimestre, en même temps que les activités GVA (Group Vivendi Africa) dédiées, elles, au très haut débit en Afrique.
Ces deux activités étaient jusqu’alors fondues dans la ligne comptable « Nouvelles Initiatives » des résultats financiers du groupe Vivendi.

TV : l’Arcom a l’avenir de la TNT entre ses mains

En fait. Du 8 au 17 juillet, l’Arcom auditionne les désormais 24 candidats (au lieu de 25 après le désistement d’Altice Média) à 15 fréquences de la TNT en France, pour des chaînes de télévision nationales. Les 15 chaînes dont l’autorisation d’émettre expire en 2025 sont en lice pour tenter d’être réautorisées.

En clair. Ils étaient 25 candidats déclarés recevables par l’Arcom depuis le 22 mai pour tenter soit pour seize d’entre eux de se maintenir sur leur fréquence de la TNT (TFX, TMC, LCI, BFMTV/Altice Média, BFMTV/CMA CGM, NRJ 12, C8, Canal+, Canal+ Sport, Canal+ Cinémas, CNews, Gulli, Paris Première, CStar, Planète+, W9), soit pour neuf d’entre eux de faire leur entrée en obtenant une fréquence de la TNT (Le Média TV, L’Express TV, RéelsTV, OF TV, Mieux, OP TV, La Chaîne Histoire/LCH, Humour TV, BATV).
Ils ne sont plus que 24 candidats depuis le 3 juillet avec le désistement – auprès de l’Arcom (1) – d’Altice France qui portait le projet de renouvellement de la chaîne d’information en continu BFMTV, dont la filiale du groupe du milliardaire Patrick Drahi était jusqu’au 2 juillet encore propriétaire. Car c’est à cette date là que BFMTV est tombée dans l’escarcelle d’un autre milliardaire, Rodolphe Saadé, dont le groupe maritime CMA CGM a finalisé l’acquisition de 100 % de la société Altice Média (2), éditrice des chaînes BFMTV, RMC Découverte et RMC Story ainsi que des radios RMC et BFM Business.

Le Média, une nouvelle chaîne autorisée par l’Arcom

En fait. Le 20 octobre, soit un peu plus de trois mois après avoir eu le feu de l’Arcom via une convention signée le 12 juillet 2023, la chaîne de télévision Le Média TV peut être diffusée sur les « box » des fournisseurs d’accès à Internet (FAI) en France. Mais pour l’instant, seul Free l’accueil sur le canal 350.

En clair. Le Média veut défier les grandes chaînes d’information en continu que sont BFMTV (détenue par le groupe Altice de Patrick Drahi), LCI (du groupe TF1 de Martin Bouygues), de CNews (du groupe Vivendi de Vincent Bolloré) et de Franceinfo (du groupe France Télévisons/Radio France de l’Etat). Le président de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), Roch-Olivier Maistre, a signé le 12 juillet 2023 une convention de douze pages (1) autorisant la société éditrice Le Média à « diffuser ou distribuer » sa chaîne Le Média TV (son nom officiel) « par les réseaux n’utilisant pas des fréquences assignées par l’Arcom ».
Autrement dit, cette nouvelle venue dans le PAF (2) – au nom du pluralisme (3) – peut-être disponible sur les réseaux IPTV (« box ») et le câble (comme l’ex-Numericable d’Altice/SFR), mais pas sur les fréquences hertziennes de la TNT. Conventionnée par l’Arcom, la chaîne Le Média devait être lancée le 20 octobre sur les « box » des opérateurs télécoms Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free. Or seul ce dernier a bien voulu l’accepter sur sa Freebox où elle est accessible sur le canal 350.

Les Indés Radios et Radioplayer France se développent parallèlement sans fusionner

Le GIE Les Indépendants préside à la fois aux destinées des Indés Radios (129 radios indépendantes) et de Radioplayer France (240 radios privées ou publiques). Ces agrégateurs, édités par deux entités séparées, affichent une audience cumulée reflétant l’ensemble du paysage radiophonique français. Le groupement d’intérêt économique Les Indépendants (GIE Les Indépendants), qui édite l’agrégateur Les Indés Radios, et la société Cosmos, qui édite l’agrégateur Radioplayer France, sont étroitement liés et basés tous les deux rue Lübeck à Paris. Les deux entités – la première créée en novembre 1992 et la second en juillet 2020 – sont présidées chacune depuis le début par Jean-Eric Valli (photo). « Les deux agrégateurs sont édités par deux structures et des partenaires distincts ; ils ont donc vocation à se développer parallèlement sans fusionner », indique-t-il à Edition Multimédi@. Deux structures distinctes, quoique Avec ses 129 radios indépendantes, Les Indés Radios caracole en tête des audiences de la radio en France avec un cumul de 13,4 % de la population en moyenne par jour, bien devant France Inter (12,6 %) et RTL (10,1 %) d’après le dernier relevé de Médiamétrie (1). Cet agrégateur intègre toutes les radios, webradios et podcasts des radios adhérentes au GIE Les Indépendants. De son côté, Radioplayer France n’est pas mesuré en tant qu’agrégateur de radios par Médiamétrie – « Ce n’est pas prévu », nous indique-t-on – mais a revendiqué pour son deuxième anniversaire en avril 900.000 téléchargements de son application, laquelle est en revanche mesurée par Médiamétrie : 217.000 visiteurs uniques en avril 2023, selon nos informations. Cet agrégateur encore en phase de décollage, et édité par la société Cosmos, a vocation à intégrer toutes les radios de France (240 à ce jour, publiques et privées) avec leurs webradios (700) et podcasts (250.000). Comme nous l’a précisé Jean-Eric Valli, Les Indés Radios (2) et Radioplayer France (3) continueront d’évoluer séparément, sans perspective de fusion. Pourtant les deux agrégats radios sont liés à au moins deux niveaux, outre le fait que les deux entités soient domiciliées dans les mêmes locaux parisiens : d’une part, la présidence de la société Cosmos a été confiée aux Indés Radios (le GIE Les Indépendants), et, d’autre part, ce même GIE détient en tant que cofondateur de Cosmos une participation dans cette société d’un montant égale à celle des cinq autres associés : Altice Média, Lagardère News (Europe 1, Europe 2 et RFM), Groupe M6 (RTL, RTL2 et Fun Radio), NRJ Group (NRJ, Chérie FM, Nostalgie et Rire & Chansons) ainsi que Radio France (France Inter, France Info, France Bleu, Fip, …). A part le fait que Jean-Eric Valli, qui est en outre président du groupe radiophonique 1981 (Oüi FM, Voltage, Forum, Latina, Blackbox, Vibration, …), soit président des deux structures, leurs gouvernances sont distinctes. Le GIE Les Indépendant est piloté par un conseil d’administration composé de douze membres, à la présidence duquel Jean-Eric Valli a été réélu le 9 février dernier pour un mandat de trois ans jusqu’en janvier 2026. Tout comme Bertrand de Villiers (président d’Alouette) en tant que premier vice-président du GIE des Indés Radios. Radioplayer France en est encore à ses débuts en comparaison des Indés Radios qui, avec plus de 30 ans au compteur, affiche un chiffre d’affaires publicitaire national de 167,2 millions d’euros en 2022, en progression de 0,5 % sur un an, TF1 assurant la régie. Radioplayer France fait partie de l’organisation à but non lucratif Radioplayer Worldwide (ex-UK Radioplayer Ltd) fondée en GrandeBretagne en mars 2011 par Michael Hill, un transfuge de la BBC. Celui-ci vient de céder en mai dernier sa place de directeur général à Yann Legarson, lequel était jusqu’alors directeur général de Radioplayer France. Le successeur de Yann Legarson en France a été annoncé le 7 juin dernier en la personne de Régis Verbiguié (ancien éditeur numérique du Figaro, puis de Libération, de Elle et de Marianne). « Radioplayer Worldwide est une société à but non lucratif. Il n’y a pas de projet d’introduction en bourse », a répondu Yann Legarson à Edition Multimédi@. Cette « maison mère » n’a pas véritablement d’actionnaires mais plutôt des « membres », comme nous l’avait expliqué Michael Hill en novembre 2020 (4) : la BBC (partenaire à 50 %), Global Radio (28 %), Bauer Media (11 %) et Radiocentre (11 %). Le réseau international de Radioplayer Worldwide (5) compte actuellement « 19 pays unis par le biais d’une plateforme technique et d’une marque commune pour renforcer la place de la radio dans l’univers digital ». Conquêtes : voitures, enceintes et TV « Radioplayer va lancer une nouvelle application dans quelques mois, qui valorisera encore plus l’offre de podcasts et d’écoute de la radio en replay », indique-t-on en France. A l’international, la plateforme – intégrable via une interface de programmation (API) – étend sa zone de diffusion aux voitures connectés (partenariat avec Volkswagen/Audi, BMW, Renault, …, y compris dans Apple CarPlay et Android Auto), aux enceintes connectées (Google Assistant, Alexa d’Amazon, …), et aux Smart TV (Samsung, LG, Apple TV, …). Il y en aura pour toutes les oreilles. @

Charles de Laubier