Pour la première fois en France, plus de la moitié des prises FTTH disponibles ont trouvé un abonné

C’est un point de bascule que l’Arcep relève dans son dernier observatoire du haut et du très haut débit, publié le 9 juin dernier : pour la première fois en France, le nombre d’abonnés à la fibre jusqu’au domicile ou au local correspond à plus de la moitié (50,2 %) des prises FTTH « raccordables ».

« On ne parle pas suffisamment du taux de pénétration de la fibre optique : la différence entre le raccordable et le raccordé (…). Cela doit être un de nos chantiers dans les prochains mois », avait prévenu il y a deux ans – le 2 juillet 2020 aux Assises du Très haut débit (1) – Julien Denormandie, alors ministre de la Ville et du Logement, quelques jours avant d’être nommé ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation (fonction qu’il a quittée le 20 mai dernier).

Les abonnés « FTTH » se sont fait désirer
Car si les prises FTTH – Fiber-To-The-Home – ont été déployées en France à coup de milliards d’investissement pour atteindre au 31 mars 2022 (dernier chiffre en date de l’Arcep) les 30,8 millions de prises, moins de la moitié d’entre elles faisaient jusqu’alors l’objet d’un abonnement. Or – et c’est une première en France – le taux d’abonnés par rapport au parc de prises FTTH raccordables a dépassé le taux des 50 %, à 50,2 % précisément. Autrement dit, sur ces 30,8 millions de lignes de fibre optique de bout-en bout, 15,470 millions d’entre elles ont trouvé preneur. C’est-à-dire que ces dernières ont chacune fait l’objet d’un contrat effectif d’abonnement auprès d’un opérateur télécoms. Pour autant, près de la moitié des autres prises de fibre optique déployées sur le territoire restent inactives, faute de clients. Depuis près de quinze ans que la fibre de bout-en-bout est commercialisée en France, la montée en charge en termes d’abonnements contractés se fait laborieusement. Les Français n’ont pas vu l’intérêt de se précipiter sur le très haut débit optique, puisque la qualité du réseau haut débit ADSL – voire du très haut débit VDSL2 (près de 6 millions de lignes sur les 11,6 millions d’abonnés « xDSL », – leur suffisait amplement. Et ce, au grand dam des opérateurs télécoms (Orange, SFR, Bouygues Telecom et free en tête) qui ont investi ensemble entre 20 et 30 milliards d’euros – voire 35 milliards selon des estimations – pour déployer la coûteuse fibre optique sur tout le territoire national dans le cadre de l’ambitieux plan « France Très haut débit ».
La commercialisation de la fibre optique de bout-en-bout a vraiment commencé courant 2008, l’Arcep faisant état des premiers abonnés FTTH au 30 juin de cette année-là avec les premiers 36.000 clients. Le seuil de 100.000 abonnés FTTH n’est atteint que deux ans plus tard, au 30 juin 2010. Il faudra attendre le 31 décembre 2011 pour voir ce nombre doubler à 200.000 abonnés. Le demi-million d’abonnés à la fibre de bout-en-bout sera franchi seulement deux ans plus tard, au 31 décembre 2013, à 540.000 abonnements. La fibre optique a beau être ultra-rapide en débit ; elle séduit très lentement les clients. La barre du million sera enfin franchie plus d’un an après, soit au cours du premier trimestre 2015 à 1.038.000 abonnés FTTH précisément. Quant à la barre des deux millions, elle sera à son tour franchie mais presque deux plus tard : au quatrième trimestre 2016 à 2.185.000 abonnés FTTH. Ce n’est qu’à partir de l’année 2017 que la fibre optique de bout-en-bout en France commence vraiment à décoller – quoique toujours très progressivement – comme le montre le graphique ci-contre. Bien que la fibre de bout-en bout ait trouvé preneur en termes d’abonnés pour plus de la moitié de ses prises raccordables, ses un peu plus de 15,4 millions d’abonnements représentent encore moins de la moitié (48,9 % au 31 mars 2022) du total de tous les abonnements « haut débit et très haut débit » confondus, lesquels atteignent un global de 31,6 millions d’abonnés. Mais si l’on s’en tient aux abonnements « très haut débits », le FTTH atteint tout de même 80 % dans cette catégorie. « Ainsi, le nombre d’abonnements FTTH représente 80 % du nombre total d’abonnements à très haut débit et 49 % du nombre d’accès Internet (+12 points en un an). L’accroissement du nombre de ces abonnements se fait toujours à un rythme très soutenu avec +1 million d’abonnements en un trimestre. Par ailleurs, la moitié des locaux éligibles à la fibre disposent d’un abonnement actif à fin mars 2022 », relève donc l’Arcep.

Fibre et 5G lorgnent les abonnés du cuivre
Il n’en reste pas moins que près de la moitié des 30,8 millions de prises FTTH raccordables ne le sont toujours pas. Et encore, à ce stade, toutes les prises du plan « France Très haut débit » – lequel vise « la fibre pour tous » d’ici 2025 – ne sont pas encore posées. Le président-candidat de 2022 n’a-t-il pas promis à nouveau d’« achever la couverture numérique du territoire par la fibre d’ici 2025 » (2) ?
Le rythme d’augmentation annuelle des prises raccordables est actuellement de plus de 20 % et devrait atteindre au milieu de la décennie en cours (2025) jusqu’à 44 millions de prises « optiques », d’après l’Association des villes et collectivités multimédias (Avicca). Ce sont les réseaux d’initiative publique (RIP) qui déploient le plus ces prises FTTH, devant les zones d’initiative privée (ZIP). Les RIP sont cofinancés par les collectivités territoriales, avec notamment la Banque des Territoires de la Caisse des Dépôts (CDC), via des appels à manifestation « d’intention d’investissement » (AMII) ou « d’engagements locaux » (AMEL). Ces investissements coûtent très chers aux collectivités locales. D’autant qu’il reste encore beaucoup de prises FTTH à poser pour rester dans les clous « 2025 » du plan France Très haut débit, comme le montre le graphique ci-contre. Les zones moins denses d’initiative publique ont le plus prises « optiques » à poser, suivies par les zones moins denses d’initiative privée. Les abonnés, eux, seront-ils tous au rendez-vous ? Rien n’est moins sûr. Les problèmes récurrents rencontrés par les clients lors de leur raccordement effectif à la fibre optiques ont renvoyé une image dégradée sur le FTTH. Le 4 avril dernier, 28 collectivités locales – parmi les membres de l’Avicca (3) – ont cosigné un avertissement aux opérateurs télécoms et à leurs sous-traitants accusés de « mauvaises pratiques pour raccorder à la fibre optique les Français ». L’Avicca regroupe 15 villes, 72 intercommunalités et syndicats de communes, 112 structures départementales et 22 régionales, représentant 67.000.000 d’habitants. Et début juin, en ouverture de son colloque Territoires et réseaux d’initiative publique (Trip) soutenu par la Banque des Territoires (CDC), l’Avicca a lancé – par la voix de son président et sénateur Patrick Chaize (photo page précédente) : « Il s’agit d’un “mauvais film” ! ».
Le scénario catastrophe peut faire de la fibre optique un cauchemar. Alors que l’extinction progressive du réseau de cuivre « à partir de 2023 », sur lequel prospèrent encore aujourd’hui plus de 11,6 millions d’abonnés ADSL/VDSL2, a été décidé par l’opérateur télécoms historique Orange pour inciter fortement à basculer vers la fibre optique. Car déployer le coûteux FTTH, c’est bien. Mais rentabiliser ces investissements colossaux, c’est mieux. Pour l’heure, le cuivre perd du terrain au profit de la fibre. Pour la première fois, depuis fin 2021, le nombre d’abonnements Internet par la fibre optique de bout-en-bout a dépassé le nombre abonnement Internet sur réseaux cuivre. @

Charles de Laubier

Le ministère de la Culture et l’Arcom (ex-CSA+ Hadopi) scrutent les usages « Google Images »

La nouvelle ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, et l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) se penchent sur les usages de la photographie en ligne, à la lumière d’une étude présentée le 8 juin dernier. Pour relancer le projet de taxe « Google Images » ?

Si l’étude de l’Arcom sur la photographie en ligne – en deux parties, l’une sur le volet économique et l’autre sur les usages des internautes – fait grand cas de Google Images, qui est « de loin le moteur de recherche le plus utilisé pour la recherche d’images », aucune mention n’est cependant faite sur l’ancien projet de redevance sur les images indexées par les Google, Yahoo, Microsoft Bing ou autres Qwant. Cette taxe « Google Images » est bien prévue par la loi « Création » du 7 juillet 2016. Mais depuis six ans, elle n’a jamais vu le jour. A la lumière de l’étude de l’Arcom, le ministère de la Culture va-t-il finalement l’instaurer ?

Demander des comptes aux moteurs Pour mémoire, loi « Création » du 7 juillet 2016 prévoit en effet un « dispositif relatif aux services automatisés de référencement d’images », à la suite d’un amendement déposé par Jean-Pierre Leleux, alors sénateur, et adopté : « Cet amendement vise à instaurer un mécanisme permettant d’assurer la rémunération des auteurs d’œuvres d’art plastiques, graphiques et photographiques ou de leurs ayants droit pour les images que les moteurs de recherche et de référencement s’approprient aujourd’hui sans autorisation et mettent à la disposition du public sur Internet », était-il justifié (1).
Un projet de décret avait ensuite été notifié, le 5 septembre 2016, à la Commission européenne (2). Mais c’était sans compter sur un avis négatif du Conseil d’Etat qui, en février 2017, a pointé « les risques juridiques » (3) au regard notamment d’une décision du 16 novembre 2016 de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Celle-ci estimait qu’un tel mécanisme de gestion collective obligatoire applicable aux moteurs de recherche d’images ne pouvait pas être mis en œuvre à un niveau national sans être expressément autorisé par le droit européen. L’affaire en était restée là, jusqu’à ce que la directive européenne de 2019 sur « le droit d’auteur et les droits voisins dans le marché unique numérique » ne permette ces « licences collectives » – dans son article 12 justement (4). Et depuis un an, en France, la Société des auteurs dans les arts graphiques et plastiques (ADAGP) se verrait bien – avec la Société des auteurs des arts visuels et de l’image fixe (SAIF) – être le gestionnaire de cette taxe « Google Images » (5). Cela fait maintenant un an – depuis le 7 juin 2021 – que la directive « Copyright » est censée être transposée par chacun des Vingt-sept, et la France se fait fort de l’appliquer en premier. Présentée par Raphaël Berger (photo), directeur de la création à l’Arcom et ancien directeur des études et de l’offre légale à l’Hadopi (laquelle a fusionné avec le CSA pour former l’Arcom au 1er janvier 2022), cette étude sur la photographie en ligne a été réalisée dans le cadre de sa mission « d’observation des usages en ligne et d’évaluation des mesures de protection des œuvres sur les plateformes de partage de contenus ». L’un des principaux constats est que « Google est de loin le moteur de recherche le plus utilisé pour la recherche d’images » (83 % des 15 ans et plus, voire 88 % des 50-64 ans et plus), loin devant Yahoo, Microsoft Bing ou Qwant.
Leurs trois premiers avantages : le large choix de photos, la possibilité de trouver des photos libres de droit, et la possibilité de faire une recherche précise par mots-clés. En revanche, relève l’Arcom, « le fait que les photos ne soient pas toujours libres de droit constitue le principal reproche formulé à l’encontre des moteurs de recherche ». Quant aux réseaux sociaux, ils sont aussi utilisés pour rechercher des photos – Facebook (57 % des 15 ans et plus, voire 73 % des 65 ans et plus), Instagram et YouTube étant en tête des usages « photographiques ». Globalement, l’Arcom signale que « plus de la moitié [52 %] de ceux recherchant des photos en ligne ont déjà entendu parler des mesures techniques de protection (MTP) qui permettent de protéger les œuvres en empêchant la copie non autorisée ». En revanche, les métadonnées des photos sont relativement peu connues : seuls 16 % savent de quoi il s’agit (6).

Entre « sites illicites » et droit d’auteur
Autre enseignement : plus d’un tiers des internautes (35 %) qui recherchent des photos en ligne déclarent avoir recours à des « sites illicites » pour rechercher des photos. Mais ce qui saute aux yeux, d’après l’étude de l’Arcep, c’est la « bonnes connaissances relatives » sur le droit d’auteur (7) pour 60 % des internautes. Dommage que l’Arcom n’ait pas saisi l’occasion de cette étude pour demander aux internautes leur avis sur l’éventualité d’une taxe « Google Images » versés par les moteurs de recherche et les réseaux sociaux aux auteurs et photographes via des organismes de gestion collective des droits. @

Charles de Laubier

Lecteur multimédia, Plex se mue en plateforme de streaming personnelle, fort de 15 ans d’existence

Le japonais Rakuten vient de rejoindre la longue liste des partenaires de contenu de l’application multimédia Plex de la société du même nom cofondée il y a quinze ans. Celle-ci veut « sauver le streaming du chaos ». De lecteur multimédia à plateforme de streaming, Plex bouscule TV et SVOD.

Plex aura quinze ans en fin d’année, le développeur Elan Feingold (photo de gauche), aujourd’hui directeur de la technologie, ayant été à l’origine de la création en décembre 2007 d’un lecteur multimédia personnel pour son Mac (Apple) à partir d’un logiciel open source appelé à l’époque XBMC – pour Xbox Media Center, lequel devint de son côté Kodi (1). Elan Feingold a eu la chance d’obtenir aussitôt pour son projet devenu Plex deux investisseurs qui avaient revendu leur entreprise à Cisco, Cayce Ullman et Scott Olechowski (photo de droite). Si le premier a quitté fin 2011 Plex, dont il fut cofondateur et directeur général, le second y est toujours présent en tant que directeur produit (2).

Dans la lignée des « media center »
Aujourd’hui, grâce au duo fondateur restant soutenu par six investisseurs (Intercap, Kleiner Perkin, Tribune Media, StartX, McClatchy et Knight Foundation), Plex est une application-plateforme permettant à des millions d’utilisateurs dans 180 pays, dont la France, de personna-liser leur utilisation du streaming dans une seule médiathèque multimédia. Et ce, quels que soient les terminaux et appareils qu’ils utilisent. Plex fonctionne aussi bien sur téléviseurs (Roku, Amazon Fire TV, Chromecast, Android TV, Apple TV, Samsung, …) que sur smartphones, consoles de jeu (PSP, Xbox, …) ou ordinateurs. Plex s’est imposé face à d’autres « media center » tels que Kodi, MediaPortal ou encore Emby (ex-Media Browser). « Pour les fans de films et de spectacles qui sont submergés par le chaos de l’univers fragmenté du streaming, Plex offre une expérience plus personnalisée et intuitive dans une application facile à utiliser, puissante et belle. Que vous soyez intéressé par la gestion de votre médiathèque personnelle ou à regarder gratuitement la télévision en direct ou à visionner des milliers de films gratuits en streaming, Plex est la maison pour tous vos divertissements », résume l’entreprise suisse.
Domiciliée dans le canton de Nidwald, cette holding chapeaute sa filiale californienne Plex basée à Los Gatos mais enregistrée fiscalement dans l’Etat du Delaware. C’est fin 2019 que Plex – jusqu’alors connu aux Etats-Unis pour son lecteur multimédia intuitif – s’est diversifié dans le streaming en proposant sur Plex.tv séries, films, documentaires et clips vidéo en accès libre mais avec de la publicité (3) : un pionnier de l’AVOD (Advertising Supported Video on Demand), marché que convoitent des géants comme Amazon Studios et Netflix (4). Le catalogue actuel de Plex est conséquent : 50.000 titres, des dizaines de programmes de télévision et une centaine de chaînes TV diffusées en live streaming. Et ce, grâce à une liste de « partenaires de contenu » digne d’un inventaire à la Prévert, parmi lesquels Metro Goldwyn Mayer (MGM, entre les mains d’Amazon), Warner Bros. Discovery, Paramount (Paramount Global, ex-ViacomCBS), Sony Pictures Television. Lionsgate, Sinclair Broadcast Group, A+E, AMC, Crackle Crown Media Family Networks ou encore Fremantle (RTL Group/M6). Pour la musique en streaming, Plex a intégré en novembre 2018 les contenus de Tidal, l’ex-plateforme « hi-fi » du rappeur Jay-Z, laquelle est contrôlée depuis mars 2021 par Square, la société fondée par Jack Dorsey (cofondateur et ancien patron de Twitter).
Dernier arrivé parmi cette trentaine de fournisseurs de contenus (5) : le japonais Rakuten, qui a fêté ses 25 ans cette année (6). Sa plateforme « Rakuten TV » a annoncé le 15 juin dernier un accord pour diffuser 91 chaînes, dont des chaînes thématiques cinéma, sur « la plateforme de divertissement » de Plex. Déjà disponibles via les téléviseurs connecté (Smart TV), sur le Web et les applications mobiles, elles seront aussi disponibles désormais en streaming via Plex en France, en Espagne, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Autriche, en Suisse, en Italie, aux Pays-Bas, en Suède, en Finlande et en Norvège. Le japonais sera aussi présent sur Plex avec sa propre chaîne gratuite « Rakuten Stories » financée par de la publicité, selon le mode FAST (Free Ad-supported Streaming TV). Le japonais y diffuse des contenus originaux et exclusifs.

Diffusion massive de Rakuten TV
Plex étoffe ainsi son offre télévisuelle qui compte plus de 250 chaînes accessibles gratuitement. « Rakuten TV est disponible dans 43 pays européens et regroupe plus de 110 millions de foyers qui se connectent via l’installation de l’application sur certaines Smart TV ou grâce à des télécommandes où figurent le bouton “Rakuten TV” », précise la filiale Rakuten TV Europe, basée à Barcelone (Espagne) et dirigée par le Français Cédric Dufour. Dans la ligné des « media center », Plex entend résoudre le casse-tête des internautes qui aspirent à plus de simplicité et de fluidité dans l’accès à tous leurs contenus multimédias. C’est le défi que devrait relever tous les fournisseurs de contenus. @

Charles de Laubier

Nafstars veut devenir le « Sorare » de la musique

En fait. Le 17 juin, a été lancée la plateforme Nafstars, permettant de gagner des cartes ou des jetons en jouant selon le principe du « play-to-earn ». A l’instar de la plateforme Sorare dédiée aux fans de foot et de ses joueurs, Nafstars propose aux fans de musiciens de « gérer leur propre label avec de véritables artistes sous forme de NFT ».

En clair. Malgré l’effondrement du marché mondial des NFT ces derniers mois (1), les industries culturelles restent attirées par l’écosystème de ces jetons non-fongibles gérés et authentifiés par la blockchain. La musique n’y échappe pas. Après Audius, Bolero Music, Limewire, Pianity ou encore Tamago qui sont les pionniers de la « NFTéisation » de l’industrie musicale (2), voici un nouvel entrant : Nafstars, société niçoise cofondée par Romain Delnaud, ancien directeur de label chez Universal Music où il fut auparavant directeur des opérations internationales, Cyril Braun, producteur d’artistes à succès (Aldam Production), et Jean-David Pautet qui préside l’entreprise dont il est l’un des coactionnaires.
Ce dernier est par ailleurs coactionnaire de Sorare, plateforme française lancée en 2019 et cofinancée par Softbank pour collectionner des cartes et des jetons NFT autour de footballeurs préférés des fans. Nafstars s’en inspire pour se développer dans le domaine de la musique avec ses tokens « $Nstars » et ses cartes NFT. Attendue depuis le début de l’année, la plateforme basée sur la blockchain Polygon a été lancée officiellement le 17 juin lors d’une rencontre organisée sur la croisette à Cannes, une semaine après le Midem – Marché international du disque et de l’édition musicale – qui s’y tenait. Il s’agit d’un jeu dit « play-to-earn » (P2E), catégorie qui monte en puissance dans le Dixième art (3), « qui permet aux joueurs de gérer leur propre label avec de véritables artistes sous la forme de NFT ». Le joueur peut notamment collectionner des cartes NFT sous licence exclusive afin de constituer son propre label. Plusieurs artistes ont signé avec Nafstars (d’Eva Queen à Jacky Brown en passant par Bolemvn, Blaya et Calema), qui compte parmi ses partenaires NRJ (groupe de Jean-Paul Baudecroux), Fun Radio (groupe M6), Trace (Modern Times Group) et Universal Music (spin-off de Vivendi).
La première des majors mondiales « du disque » permet la vente de cartes physiques avec code lors des tournées des artistes. La start-up Nafstars a obtenu le soutien de la banque d’investissement publique Bpifrance, notamment pour « le paiement des minimums garantis demandés par certains ayants droits internationaux », et a annoncé en avril dernier avoir levé 1,7 million de dollars. L’ambition de la plateforme est de s’imposer dans le secteur du divertissement. @

Avec sa gamme Pixel de plus en plus étoffée, Google prend des airs de grand fabricant de smartphones

Près de six ans après avoir lancé ses premiers smartphones Pixel, Google va-t-il enfin s’imposer en 2022 comme un grand fabricant de ces téléphones intelligents ? La filiale d’Alphabet semble avancer à pas comptés, sans doute pour ne pas gêner ses clients « Android », Samsung et Xiaomi en tête.

« Pixel 6 est un énorme pas en avant pour la gamme Pixel, et il a été formidable de voir la réponse des utilisateurs. C’est le Pixel qui se vend le plus vite et nous sensibilisons les consommateurs à la marque. Nous faisons de bons progrès. Je suis emballé par les produits que nous avons à venir », s’était félicité Sundar Pichai, PDG d’Alphabet et de sa filiale Google. C’était le 26 avril dernier, lors de la présentation des résultats du premier trimestre 2022. Quinze jours après, lors de la conférence annuelle des développeurs Google I/O, il intervenait à nouveau pour vanter les atouts de la gamme Pixel qui s’étoffe.

Avec les prochains Pixel 7, le décollage ?
Plus de cinq ans et demi après avoir lancé ses premiers smartphones, en l’occurrence les modèles Pixel et Pixel X, Google est toujours loin d’apparaître dans le « Top 5 » des fabricants mondiaux de ces téléphones intelligents. La filiale d’Alphabet ne divulguant aucun chiffre de ventes de ces appareils, elle reste noyée dans la ligne « Autres », comme dans les classements des ventes de smartphones 2021 de Gartner (1) et de IDC (2). Mais avec les modèles Pixel 6 et Pixel 6 Pro lancés en octobre dernier, ses smartphones « les plus vendus à ce jour », Google semble vouloir accélérer sur ce marché hyperconcurrentiel, quitte à grignoter des parts de marché – si minimes soient-elles pour l’instant – à ses propres clients de son système d’exploitation pour mobile Android. A savoir : le sud-coréen Samsung, éternel numéro un mondial des smartphones (3), les chinois Xiaomi, Oppo et Vivo, et d’autres.
La conférence Google I/O des 11 et 12 mai derniers a été l’occasion de dévoiler le smartphone Pixel 6a qui sera lancé en pré-commande le 21 juillet prochain (le 28 juillet dans les rayons) à un tarif 30 % moins cher que son aîné, le Pixel 6, grâce à un compromis qualité-prix. Mais il est doté de la même puce maison – la Google Tensor dopée à l’intelligence artificielle – que l’on retrouve depuis l’an dernier sur les modèles haut de gamme Pixel 6 et Pixel 6 Pro. Jusqu’aux Pixel 5, la firme de Mountain View utilisait des puces de Qualcomm jugée moins performantes. Avec Tensor, les Pixel se font plus rapides et réactifs – notamment dans la reconnaissance vocale ou le traitement des images, photos et vidéos. Et ce, sans compromettre l’autonomie de la batterie. Autre point commun : le recours à une autre puce propre à Google, la puce de sécurité Titan M2, chargée de la gestion des tâches comme la protection par mot de passe, le cryptage et les transactions sécurisées dans les applications. « Et comme avec les autres appareils de la gamme, Pixel 6a sera parmi les premiers à recevoir la prochaine mise à jour Android 13 », a précisé le 11 mai Soniya Jobanputra (photo de gauche), directrice de la gestion de produit chez Google (4). De son côté, le même jour, le vice-président des appareils et services de Google, Rick Osterloh (photo de droite), a donné un avant-goût de ce que seront les Pixel 7 qu’il a annoncés pour « cet automne » : « Notre prochaine version de Google Tensor alimentera ces appareils destinés à ceux qui veulent la dernière technologie et les performances les plus rapides », a-t-il assuré.
Rick Osterloh inscrit les smartphones de Google dans l’écosystème Pixel qui, outre des écouteurs (Pixel Buds) et d’ordinateurs portables (Pixelbook, ex-Chromebook Pixel), va s’étoffer avec des montres intelligentes (Pixel Watch) à partir de l’automne prochain et des tablettes avec puce Tensor prévues en 2023 pour succéder aux tablettes Pixel Slate (anciennement Pixel C). « Nous construisons la gamme Pixel pour vous donner plus d’options selon les différents budgets et besoins. J’ai hâte que tout le monde voie par lui-même à quel point ces appareils et ces technologies peuvent être utiles, qu’il s’agisse des appareils portables, des téléphones et des tablettes, ou encore de la technologie audio et de la maison intelligente », a expliqué Rick Osterloh (5).

Google mise aussi sur la réparabilité
Google entend aussi jouer la carte de la réparabilité de ses smartphones, après s’être allié en avril dernier avec la société californienne iFixit. Des pièces de rechange d’origine Pixel commencent à être disponibles à l’achat sur Ifixit.com pour les modèles de Pixel 2 à Pixel 6 Pro (piles, écrans de rechange, caméras, kits de réparation avec tournevis et broches). Il en sera de même des futurs modèles Pixel 7. « Si vous ne voulez pas faire des réparations vous-même, nous travaillons déjà en partenariat avec des fournisseurs de réparation indépendants comme uBreakiFix », a signalé Ana Corrales, directrice du hardware grand public chez Google (6). La réparabilité sera étendue à d’autres appareils comme les Chromebook, sans parler du recyclage des matériaux composant tous les produits de Google, et des objectifs de neutralité carbone. @

Charles de Laubier