Numérique soutenable : l’Arcep collecte les données

En fait. Le 6 mars, trois ministres ont reçu de l’Arcep et de l’Agence de la transition écologique (Ademe) leur étude prospective sur l’empreinte environnementale du numérique en France à l’horizon 2030 et 2050 (1). Une façon aussi de justifier la collecte des données environnementales auprès de tout l’écosystème.

En clair. Pendant que le gouvernement appelle à « un effort collective » pour réduire l’empreinte carbone du numérique, voire à « un changement radical » (dixit le ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, Jean-Noël Barrot), l’Arcep, elle, généralise la collecte des données environnementales auprès de tous les acteurs du numérique. Non seulement les opérateurs télécoms et fournisseurs d’accès à Internet – au premier rang desquels Orange, Bouygues Telecom, Free et SFR – doivent montrer pattes blanches depuis un an pour tendre vers « un numérique soutenable », mais aussi – depuis cette année – les fabricants de terminaux (smartphones, ordinateurs, télés connectés, …), d’équipements (box, répéteur wifi, décodeur, prise CPL, …) et les centres de données (data center, cloud, hébergeur, …).
Ces derniers ont jusqu’au 31 mars prochain pour transmettre à l’Arcep leurs données environnementales : émissions de gaz à effet de serre, terres rares et métaux précieux utilisés, nombre de terminaux neufs et reconditionnés vendus, consommation électrique et énergétique, volumes d’eau consommés, etc. Les opérateurs télécoms, eux, ont commencé avec une première édition 2022 (2) avec trois catégories de données fournies à l’Arcep (émissions de gaz à effet de serre, énergie consommée, sort des téléphones mobiles). La deuxième édition, toujours limitée à Orange, Bouygues Telecom, Free et SFR (données 2021), paraîtra au printemps prochain.
La troisième édition – prévue, elle, à la fin de cette année 2023 – portera sur les « telcos » (données 2022) mais aussi sur les autres acteurs de l’écosystème numérique. Cette quantité d’indicateurs à fournir au désormais « régulateur environnemental du numérique » est un vrai casse-tête annuel pour tous les professionnels, d’autant qu’ils ont l’obligation de fournir aux agents assermentés de l’Arcep ces informations et documents dès lors qu’ils concernent de près ou de loin « l’empreinte environnementale du secteur des communications électroniques ou des secteurs étroitement liés à celui-ci ». Et ce, sans pouvoir opposer le secret des affaires ni la confidentialité à l’Arcep (3), laquelle est dotée de ces nouveaux super-pouvoirs d’enquête depuis la loi « Chaize » du 23 décembre 2021 (4). Une décision dite « de collecte », prise par le régulateur le 22 novembre dernier (5), a précisé les données attendues. @

Rien ne va plus à la Fédération française des télécoms, dont l’avenir reste incertain

La FFTélécoms, née en 2007 pour porter le lobbying des opérateurs télécoms,
va-t-elle disparaître ? Son budget a été réduit de moitié, ses effectifs aussi ; son directeur général Yves Le Mouël est donné partant ; Iliad-Free n’y adhère toujours pas. Le conseil d’administration du 14 décembre sera décisif.

Selon nos informations, le directeur général de la Fédération française des télécoms (FFTélécoms) depuis
sa création en 2007, Yves Le Mouël (photo), va partir.
Il quitterait ses fonctions d’ici la fin de l’année et cet organisme de lobbying des opérateurs télécoms qu’il a contribué à créer il y a huit ans. Son sort devrait être scellé lors de la prochaine réunion du conseil d’administration de la fédération prévue le 14 décembre. En a-t-il été question à Bercy le 27 novembre durant l’entretien entre la secrétaire d’Etat au Numérique, Axelle Lemaire, et le président de la fédération,
Didier Casas ?

2015 : une annus horribilis
Contacté par Edition Multimédi@, Yves Le Mouël s’est contenté de nous dire que
« les doutes ne sont plus de mise sur la pérennité de la fédération ». Ancien élève de l’ENSPTT et ayant exercé l’ensemble de sa carrière au sein de l’ancienne Direction générale des Télécommunications des années 1980, puis de l’ancien monopole
d’Etat France Télécom dans les années 1990, avant de devenir secrétaire général
de Wanadoo au début des années 2000, Yves Le Mouël n’aura pas résisté à la crise existentielle de la FFTélécoms. L’année 2015 aura été une annus horribilis pour cette fédération qui ne représente plus que dix-sept membres : trois grands opérateurs télécoms que sont Orange, Numericable-SFR, et Bouygues Telecom, ainsi que des acteurs de moindre taille : Auchan Telecom, Blancheporte Mobile (EI Telecom), CIC Mobile, Cofidis Mobile, Colt, Crédit Mutuel Mobile, La Poste Mobile, Legos, M6 Mobile by Orange, Naxos (RATP), NRJ Mobile, Prosodie (Capgemini), Worldline (Atos) et Verizon (1).
De plus, les montants des cotisations à la FFTélécoms ont été revus à la baisse en début d’année à la demande de Numericable-SFR qui avait envisagé il y a un an de
ne pas renouveler pour 2015 son adhésion – ayant racheté quelques mois plus tôt les membres SFR et Virgin Mobile. Ce qui avait provoqué une crise de représentativité à la fédération, ainsi que le risque d’un manque à gagner de plusieurs centaines de milliers d’euros par an. En outre, Numericable-SFR a obtenu la vice-présidence de la FFTélécoms en la personne de Jérôme Yomtov, secrétaire général de Numericable-SFR, sous la nouvelle présidence de Didier Casas, secrétaire général de Bouygues Telecom.

En début d’année, son prédécesseur Pierre Louette (2) avait lancé un appel au secours: « Il faut très vite des manifestations de la part de Numericable et de Free. Si aucun des deux ne revient, la FFTélécoms ne peut pas survivre » (3). Si Numericable-SFR a finalement adhéré en traînant des pieds, il n’en va pas de même de Free qui n’est plus membre de la fédération depuis 2009. Le groupe Iliad de Xavier Niel y a renoncé en justifiant il y a six ans que « les conditions de concurrence rendent difficile l’expression de positions communes sur des sujets structurants ». Le lancement de Free Mobile début 2012 n’avait pas arrangé ses relations avec les autres opérateurs télécoms, avec lesquels il n’était déjà pas sur la même longueur d’onde en matière de déploiement de la fibre optique. « Je lance aujourd’hui un appel aux dirigeants de Free. Il n’y a pas un bon et trois méchants dans les télécoms en France », avait déclaré Didier Casas en mai dernier (4), une fois élu président de la FFTélécoms. « Pas de commentaire », nous répond-on aujourd’hui chez Free, ce qui continue de fragiliser la légitimité de la fédération. Tandis que son budget de fonctionnement – 1,6 million d’euros en 2015
– a été réduit de moitié, les effectifs aussi. Ont ainsi dû quitter l’instance de lobbying : Dominique Martin, qui fut directrice de la communication puis la directrice générale adjointe ; Jean- Marie Danjou, qui a été son directeur général délégué après avoir été délégué général de l’Afom fusionnée en 2011 avec la FFTélécoms (5) ; Pierre-Yves Lavallade, qui fut directeur général adjoint en charge des relations avec le parlement
et les collectivités territoriales.

Perte d’influence et sous-effectif
Aujourd’hui, Yves Le Mouël est entouré d’une petite équipe de cinq personnes : deux assistantes (Ingrid Gibaut et Leila Daifi) et deux collaborateurs (Alexandre Galdin, responsable des études économiques et affaires parlementaires, et Jean-Marie Le Guen, directeur délégué aux contenus). Quant à la gouvernance de la FFTélécoms,
elle a été simplifiée et compte – outre le président Didier Casas et le vice-président Jérôme Yomtov – un secrétaire, Emmanuel Tricaud (directeur des affaires réglementaires et du développement de Colt) et un trésorier (Jérome Birba, directeur exécutif d’EI Telecom). La FFTélécoms est membre du Medef, mais ne figure plus à son comité exécutif. Sa perte d’influence pourrait lui être fatale. @

Charles de Laubier

Quatre ans après l’accord de l’Elysée, Nicolas Sarkozy s’impatiente sur le filtrage et le streaming

Depuis l’accord dit « de l’Elysée » du 23 novembre 2007, les FAI n’ont toujours
pas expérimenté le filtrage. Tandis que Nicolas Sarkozy menace le streaming
d’une « Hadopi 3 », le cinéma (APC, FNDF) et la vidéo (SEVN) demandent au
juge de bloquer quatre sites de streaming, comme l’a déjà fait Google.

« Il faut aller plus loin parce qu’il y a les sites de streaming (…).
Sur les sites de streaming, l’idéologie du partage, excusez-moi,
c’est l’idéologie de l’argent : je vole d’un côté et je vends de l’autre. Qu’on ne me demande pas de soutenir ça ; personne ne peut soutenir ça. (…) On m’a présenté comme fanatique d’Hadopi. L’Hadopi… Mais Hadopi c’est un moyen, c’est pas une fin. (…)
Et certains d’entre vous se sont inquiétés lorsque j’ai dit que j’étais prêt à Hadopi 3. Pourquoi, parce que, j’ai bien conscience que la technologie évolue. Ce qui compte dans notre esprit – à Frédéric [Mitterrand] comme à moi –, c’est de protéger les droits d’auteur : si la technologie nous permet une nouvelle évolution,
eh bien on adaptera la législation. Pourquoi en rester là ? A partir du moment où l’on respecte cette question du droit de propriété [intellectuelle] ». Ainsi s’est exprimé le 18 novembre le chef de l’Etat lors du Forum d’Avignon, lequel accueillait également – à sa demande – un sommet élargi (G8/G20) de la culture. Ainsi, quatre ans après l’« accord pour le développement et la protection des oeuvres et programmes culturels sur les nouveaux réseaux » – accord dit « de l’Elysée » ou « Olivennes », signé par les opérateurs télécoms, les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) et les ayants droits de
la musique, du cinéma et de l’audiovisuel –, Nicolas Sarkozy s’est dit prêt à une loi
« Hadopi 3 » pour combattre le streaming illégal.

Orange, Free, SFR, Bouygues Télécom, Numéricable, …
Autrement dit, l’Etat français est prêt à filtrer le streaming. Car, contrairement aux réseaux peer-to-peer d’échange de fichiers téléchargés, le streaming – permettant de visionner un flux audio et/ou vidéo sans téléchargement préalable – nécessite une autre technique que celle mise en oeuvre par la société TMG dans le cadre de la « réponse graduée » de l’Hadopi. Cette fois, le filtrage du Net est nécessaire. Depuis quatre ans, l’accord de l’Elysée le prévoit. Il a bien abouti en 2009 à la promulgation des deux lois Hadopi (1) qui se focalisent sur le peer-to-peer, avec identification des œuvres et des adresses IP des internautes pris en flagrant délit de piratage en ligne. En revanche, cet accord n’a pas du tout été respecté par les FAI et les ayants droits quant à
l’« expérimentation des technologies de filtrage des réseaux disponibles », qui devait être menée avant fin 2009, en vue de bloquer les sites proposant des œuvres piratées.

Livre vert sur le filtrage avant fin décembre
« A ce jour, nous n’avons entamé aucune discussion, ni aucun travaux sur les techniques de filtrage sur Internet au sein de la fédération, sur le streaming illégal comme sur les autres formes d’accès aux contenus illégaux. Je n’ai pas connaissance que certains membres expérimentent ces dispositifs s de filtrage » (2), indique Yves Le Mouël, directeur général de la Fédération française des télécoms (FFT), à Edition Multimédi@. Or, France Télécom (Orange), Iliad (Free qui n’est pas toujours membre de la FFT), SFR (Neuf Cegetel à l’époque) ou encore Numéricâble s’y étaient engagés dans l’accord « Olivennes ».
Même son de cloche du côté de l’Hadopi, à qui le code de la propriété intellectuelle (3) confie le soin d’évaluer les expérimentations conduites dans le domaine des technologies de reconnaissance des contenus et de filtrage. « Nous ne sommes pas
au courant d’éventuelles expérimentations de filtrage. Et s’il devait y en avoir, nous devrions être obligatoirement tenus informés. En tout cas, ce n’est pas à l’Hadopi de les mener », nous répond un porte-parole de la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet. Tout juste a-t-elle prévu, toujours selon nos informations, de publier d’ici fin décembre 2011 « une première version stable du livre vert sur le filtrage d’Internet et le blocage des accès », ouvrage qui est actuellement rédigé par le « Lab Réseaux et techniques » et qui sera réactualisé par la suite. Lors d’une réponse la députée Laure de La Raudière le 12 octobre dernier, le gouvernement a affirmé qu’« à ce jour, aucune expérimentation, qu’elle porte sur les technologies de type Deep Packet Inspection (DPI) ou sur toute autre technologie de reconnaissance des contenus et de filtrage, n’a été portée à la connaissance de l’Hadopi ou du ministre de la Culture et de la Communication. Lorsque de telles expérimentations seront menées, la Haute autorité a fait savoir qu’elle devra en être informée au plus tôt pour pouvoir mener à bien sa mission d’évaluation ». Pourtant, Nicolas Sarkozy y tient toujours et s’impatiente. Sa déclaration en faveur d’une loi pour le streaming le montre. Elle est dans le prolongement de ses vœux au monde la culture le 7 janvier 2010 :
« Mieux on pourra “dépolluer“ automatiquement les réseaux et les serveurs de toutes les sources de piratage, moins il sera nécessaire de recourir à des mesures pesant sur les internautes. Il faut donc expérimenter sans délai les dispositifs
de filtrage », avait-il lancé (4). Nicolas Sarkozy rêverait – comme beaucoup d’industries culturelles – de généraliser des radars sur le Net pour flasher les pirates en ligne, comme il a été l’artisan – comme ministre de l’Intérieur, puis chef de l’Etat – de la multiplication des radars routiers et des amendes automatiques associées, qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Dès 2004 et le rapport Kahn-Brugidou, les majors du disque via le Snep ont recommandé au gouvernement de placer sur différents points du réseau des réseaux ?
y compris chez les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) ? « plusieurs milliers » de radars – fixes pour les uns, mobiles pour les autres – dans le cadre d’« actions de prévention ou juridiques » (5).
En répondant aux questions lors du Forum d’Avignon, Nicolas Sarkozy a encore insisté : « On est prêt à faire une Hadopi 3, voire une Hadopi 4 », tout en se redisant hostile à l’idée de licence globale. Le 27 avril dernier, lors de son discours d’intronisation du Conseil national du numérique (CNN) à l’Elysée, il lance : « On me dit “est-ce que vous êtes prêts à un Hadopi 3 ?“ Bien sûr que j’y suis prêt. (…) Je prends d’ailleurs ma part de l’erreur [Hadopi 1 et 3] ». Et d’ajouter dans sa lancée : « Je suis même prêt à un Hadopi 4 qui serait la fin d’Hadopi parce qu’on aurait trouvé (…) un système [garantissant] la juste rétribution [des ayants droit] ». Lors d’un déjeuner à l’Elysée – décidément – avec des acteurs de l’Internet le 16 décembre 2010, il a déjà été question d’une « Hadopi 3 ». Deux lois françaises, respectivement de lutte contre les sites illégaux de jeux d’argent en ligne et de sécurité intérieure contre notamment les sites pédopornographiques, permettent déjà le filtrage et le blocage de sites web sur décision du juge. Alors pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? C’est par exemple le raisonnement de la Haute cour de Justice en Grande-Bretagne qui, le 26 octobre,
a ordonné à l’opérateur télécoms BT de bloquer l’accès au site web Newzbin en recourant à une technologie DPI (6). Reste à savoir si Nicolas Sarkozy sera en mesure de mener à bien, au-delà de mai 2012, sont projet « Hadopi 3 ».

Quand Nicolas répond aux attentes de Nicolas
En tout cas Nicolas Seydoux – président du Forum d’Avignon, président de Gaumont et président de l’Association de lutte contre la piraterie audiovisuel (Alpa), laquelle a identifié quatre sites de streaming pirates qu’elle souhaite voir bloqués comme l’a fait Google avec notamment Allostreaming – est sur la même longueur d’onde que le chef de l’Etat. « Les textes de loi autorisent d’envisager des systèmes de filtrage. Ce sera à la Hadopi de les mettre en place (…) », a-t-il dit à Edition Multimédi@ (EM@45, p. 1 à 3) dans une interview exclusive avant le Forum d’Avignon. @

Charles de Laubier

Avec sa télé, Allociné vise la TNT pour ses 20 ans

En fait. Le 20 septembre, Allociné – première plateforme d’information en ligne consacrée au Septième Art – a présenté sa chaîne de télévision diffusées sur
les box (Free, Bouygues, Orange et SFR), le câble (Numericable) et le satellite (CanalSat). Soit un potentiel de 35 millions de téléspectateurs.

En clair. La chaîne Allociné TV, gratuite, a vocation à être distribuée par tous les
moyens, y compris par voie hertzienne via la télévision numérique terrestre (TNT).
Alain Le Diberder – directeur général adjoint TV, VOD et nouveaux médias d’Allociné –
l’a précisé à EM@ mais à un horizon de deux ans : « Nous seront présent sur la TNT, mais pas avant 2013 si l’on se réfère au rapport Boyon. L’avenir de la TNT avec de nouvelles normes de diffusion est un sujet très politique. Pour l’heure, avec l’ADSL,
le câble et le satellite, nous atteignons un potentiel de 35 millions de téléspectateurs. S’il faut investir 4 millions d’euros dans une nouvelle chaîne sur la TNT pour gagner
1 million de personnes supplémentaires, c’est cher payer ». Le rapport sur le futur de
la TNT du président du CSA, Michel Boyon, préconise au gouvernement d’imposer la norme de diffusion DVB-T2 aux nouvelles chaînes de la TNT, ce qui renvoie à 2013 d’éventuels lancement le temps que les équipements soient disponibles (1). Avec la télé, qui a nécessité 6 à 8 millions d’euros d’investissement, il s’agit d’« aller vers une diffusion totale ». Grégoire Lassalle, président d’Allociné (2), prévoit que « la chaîne sera à l’équilibre dans trois ans ». En attendant Allociné TV sur la TNT en DVB-T2, voire en haute définition (HD) avec la norme de compression Mpeg4, Alain Le Diberder reste très satisfait de l’audience potentielle que lui offrent l’IPTV (3), le câble et le satellite.
« La diffusion sur les box est forte et le sera de plus en plus, tandis que la TNT deviendra un mode de diffusion d’appoint », prévoit-il. L’ADSL en France compte plus de 11,3 millions d’abonnés regardant la télévision via une offre triple play (4). Et leur nombre progresse de plus de 20 % par an !
Seul bémol, Allociné TV ne sera pas en HD sur les box. Explication : « Il n’y aura pas
de HD à court terme car les opérateurs [les fournisseurs d’accès à Internet, ndlr] nous
ont dissuadé de le faire. Ils nous ont dit que cela n’était pas une priorité si l’on voulait toucher un public large ». Créé en 1993 par Jean-David Blanc et Patrick Holzmann (5), Allociné dépasse aujourd’hui sur le Web les 8 millions de visiteurs uniques par mois
et les 2,5 millions d’applications mobiles. @

Numericable pourrait être mis en échec par Free

En fait. Le 11 mai, Numericable a lancé sa « révolution du mobile » : deux abonnements mobile avec appels illimités pour moins de 25 (à ses clients)
ou 50 (aux autres) euros par mois (pas de terminal subventionné). Le câblo-opérateur ne craint-il pas que Free ne lui porte un coup fatal en 2012 ?

En clair. Le pire concurrent de Numericable n’est pas France Télécom mais le groupe Iliad. La maison mère de Free pourrait dès 2012 prendre en étau le câblo-opérateur,
entre son activité Free Mobile et le déploiement de son réseau de fibre optique. Pour sa quatrième licence UMTS obtenue en 2009 et validée par la Commission européenne le
10 mai dernier (après avoir été contestée par Orange, SFR et Bouygues Telecom), Iliad
a déjà créé 2.000 emplois et vise les 5.000 emplois (directs et indirects) d’ici à cinq ans. Son réseau mobile, qui s’appuie sur celui d’Orange grâce à un accord d’itinérance signé en octobre 2010, nécessitera 1 milliard d’euros (1). Pour son réseau de fibre optique, Il faudra 1 milliard d’euros supplémentaire à Iliad pour achever sa mise en place. Pour l’heure, Free vise les 100.000 abonnés FTTH (2) à fin 2011. « Free investit chaque année 40 % de son chiffre d’affaires (de 2 milliards d’euros en 2010, soit 800 millions d’euros), contre 10 % pour les opérateurs historiques et 20 % pour les autres acteurs existants », a précisé Xavier Niel lors du colloque de l’Arcep le 4 mai (lire p. 7). Pour financer le tout, Iliad table sur un flux de trésorerie (free cash flow) de 1,1 milliard d’euros entre 2010 et 2012 et une ligne de crédit de 1,4 milliard contracté l’an dernier auprès de huit banques (3). Face à un Iliad très ambitieux qui revendique le fait d’être
« l’un des opérateurs télécoms les moins endettés en Europe », Numericable fait pâle figure en tant que l’un des opérateurs les plus endetté de la place : 3,3 milliards d’euros, « avec une grosse échéance en 2014 » (4). La holding Ypso France – détenue par les fonds Carlyle (38 %), Cinven (38 %) et Altice (24 %) – représente même l’un des plus lourds LBO (Leveraged Buy-Out) de France auprès notamment de BNP Paribas et de Alcentra. Numericable revendique 3,3 millions d’abonnés à la télévision par câble, 1,17 million à Internet et moins de 900.000 à la téléphonie (chiffres à septembre 2010). Il s’agit pour l’essentiel de liaisons coaxiales (fils de cuivre blindés) que Numericable modernise à la norme Docsis 3.0 : près d’une quarantaine de villes basculeront cette année. Pour la seule fibre optique, Numericable compte 322.000 abonnés. Ce qui est peu par rapport aux 4 millions de prises en fibre (sur 10 millions de logements câblés). A cela s’ajoute le désabonnement qui, bien que passé de 20 % en 2008 à 16 % en 2010, reste encore élevé. Free apparaît dès lors comme une sérieuse menace. @