Télévision de rattrapage : les producteurs de cinéma s’apprêtent à renégocier avec Orange

Les organisations du cinéma français doivent rencontrer avant fin septembre France Télécom pour renégocier leur accord sur la catch-up TV, lequel arrivera
à son terme en novembre prochain – deux ans après sa signature le 10 novembre 2009. Le sort des mobinautes sera au cœur des discussions.

Selon nos informations, c’est fin septembre que les organisations du cinéma français
– le Bloc (1), l’ARP (2) et le Blic (3) – engagent de nouvelles négociations sur la
télévision de rattrapage avec France Télécom. Le premier accord, en vigueur depuis
le 10 novembre 2009, avait été signé pour deux ans, dans le cadre des engagements d’investissement d’Orange Cinéma Séries dans le cinéma français. Bien que les obligations de France Télécom visà- vis du Septième Art aient été signées sur cinq ans (jusqu’en décembre 2013), l’accord sur la télévision de rattrapage avait été limité à deux ans (jusqu’en novembre 2011).

AFP sur web et mobiles : Hoog ronge son frein

En fait. Le 6 août, l’Agence France Presse (AFP) et son homologue indonésien Antara ont signé un protocole d’accord pour lancer d’ici fin 2011 des services multimédias directement auprès des mobinautes. Son PDG en rêve toujours
pour la France, malgré l’hostilité des éditeurs et son statut.

En clair. La proposition de loi du sénateur Jacques Legendre sur la réforme de
« la gouvernance de l’AFP » pourrait emprunter soit la voie législative, soit la voie réglementaire (1). Déposé depuis 17 mai 2011 au Sénat, le projet de modification du
statut de l’AFP – ce dernier datant de 1957 – n’avait pas pu être examiné au printemps. Les syndicats de l’agence avaient appelé à la grève en juin contre le changement de statut (2), puis – après une motion de défiance voté début septembre à l’encontre du
PDG à près de 90 % des votants septembre – une nouvelle fois les 14 et 15 septembre.
« La configuration du conseil d’administration de l’AFP et ses principes de gouvernance sont désormais obsolètes et inadaptés aux nouvelles réalités commerciales de
l’agence », avait expliqué Jacques Legendre, estimant néanmoins « inconcevable toute transformation de la relation historique “fournisseur/client“ entre l’AFP et la presse quotidienne en une relation “concurrent/client“, en adressant directement le grand public.
L’ordonnance du 2 novembre 1945 le lui interdit d’ailleurs ». Reste que cela fait un an que le PDG de l’AFP, Emmanuel Hoog, a déclaré dans une interview au « Monde » – paru le 2 septembre 2010 – qu’il entendait « sortir d’un système strict où les agences vendent des contenus aux journaux, qui les vendent au grand public ». Les éditeurs de presse, eux, sont opposés à la tentation « grand public » de l’AFP. Or le texte prévoit
de réduire de 10 à 4 le nombre des représentants des éditeurs de presse et de services audiovisuels, lesquels ne pèsent plus que 10 % des revenus de l’AFP. Le 27 janvier 2011, Emmanuel Hoog avait fait du Web et des mobiles une de ses priorités pour la période 2010-2020 : « La présence de l’AFP sur Internet est une question légitime et notre marque doit se développer à l’extérieur sur les modèles de croissance comme l’iPad, l’iPhone et Internet ». L’AFP pourrait ainsi proposer au grand public « une centaine de dépêches par jour ». A peine trois mois après avoir été nommé à la tête de l’AFP (3), l’ex-président de l’INA avait déjà prévenu dans « La Correspondance de la Presse » en juillet 2010 : « Il serait absurde que la troisième agence mondiale n’ait pas une application sur iPad, sur les smartphones, ainsi qu’un site Internet. (…) Comment imaginer qu’Associated Press (AP) et Reuters lancent des applications en français sur les appareils mobiles et pas l’AFP ? ». @

Le quadruple play risque de rigidifier le marché

En fait. Le 8 septembre, l’Arcep a lancé une consultation publique jusqu’au
10 octobre en prévision de son analyse du marché de la terminaison d’appel
mobile et de l’arrivée « d’ici début 2012 » de Free Mobile, LycaMobile et Oméa Télécom. Après le triple play, le quadruple play préoccupe le régulateur.

En clair. Le nombre d’opérateurs mobile va croître d’ici le début de l’année prochaine
en France, avec le lancement du quatrième opérateur de réseau mobile Free Mobile et
de deux opérateurs mobile virtuels quasiment autonome ou full-MVNO (LycaMobile et Oméa Télécom/Virgin Mobile). Les trois opérateurs mobile historique – Orange, SFR
et Bouygues Telecom – se préparent déjà à la bataille concurrentielle en lançant des offres low cost (respectivement Sosh, Carrées et B&You). Mais, paradoxalement, le marché français des communications électroniques dans son ensemble – fixe et mobile – pourrait être encore moins concurrentiel qu’il ne l’est aujourd’hui ! Car après le succès du triple play (Internet-télévision-téléphone), dont sont très friands les Français grâce
à l’accès ADSL à environ 30 euros par mois (1), l’année 2012 s’annonce comme celle du quadruple play. Free Mobile et Virgin Mobile préparent l’offensive sur ce terrain- là, même si Bouygues Telecom a été le premier dès mai 2009 à jouer ce « quarté
gagnant » (2).
Or l’Arcep met en garde contre les « risques potentiels » que cela représente pour la concurrence malgré les avantages que ces packages procurent aux consommateurs.
« L’avènement des offres multiservices (Internet+téléphone fixe+télévision+téléphone mobile) risquerait d’entraîner une propagation réciproque des freins au changement d’opérateur entre les services triple play et mobile », prévient le régulateur. D’autant
qu’il s’agit à plus de 67 % d’abonnements post-payés, dont 92 % avec « des durées d’engagement longues, voire rigides ».
L’Arcep n’a pas été la première à évoquer ce risque. Le 14 juin 2010, l’Autorité de la concurrence a permis à France Télécom l’utilisation croisée de ses bases de clientèles (ou cross selling) comme le faisaient déjà SFR et Bouygues Telecom, mais en prévenant : « Ces offres groupées de convergence pourraient d’abord accroître les coûts de changement d’opérateur pour les consommateurs et l’intensité des effets “club” au sein des foyers, au détriment de la fluidité du marché, (…) même de conduire à l’éviction des opérateurs. (…). La généralisation des offres de convergence pourrait distordre la concurrence au bénéfice des trois opérateurs mobiles en place [Orange, SFR et Bouygues Telecom, ndlr] » (3). Autrement dit, d’après l’Arcep, le quadruple play et le post-payé avec ses engagements longues durée constituent des obstacles et des entraves pour le marché. @

Internet+ et MPME donnent naissance à « Internet+ Box » et « Internet+ Mobile »

Les FAI et les opérateurs mobile français fusionnent leurs kiosques de micro-paiement sur facture – respectivement Internet+ et MPME – pour donner
naissance à « Internet+ Box » et à « Internet+ Mobile ». Objectif : simplifier
en « 2 clics » les transactions et résister face à iTunes et Paypal.

Des fournisseurs d’accès à Internet (FAI) et les trois opérateurs mobile français
– en l’occurrence Free, Alice, SFR, Bouygues Telecom et Orange – ont décidé de fusionner leurs solutions de paiement sur facture sous une seule marque : Internet+,
qui se décline désormais en « Internet+ Box » pour les premiers et « Internet+ Mobile » pour les seconds.

Google veut faire d’Android l’iPhone de demain

En fait. Le 15 août, Google a annoncé qu’il rachetait le fabricant américain de téléphones portable Motorola Mobility pour 12,5 milliards de dollars (8,7 milliards d’euros). Cette acquisition, la plus grosse jamais réalisée par le géant du Net, devrait être finalisée d’ici fin 2011 ou début 2012.

En clair. Si les autorités de concurrence et les actionnaires de Motorola Mobility donnent leur feu vert à cette méga acquisition, Google aura alors les coudées franches pour rivaliser pleinement avec Apple et contrer l’alliance Nokia-Microsoft. La firme de Mountain View, dont le cofondateur Larry Page a repris la direction générale en avril dernier, espère ainsi ouvrir un second front – avec ses propres « Google Phone » cette fois – pour renforcer sa place de leader dans les smartphones déjà acquise grâce à son système d’exploitation Android.
Selon le cabinet d’études Gartner, ce dernier devrait équiper près de 50 % des téléphones multimédias dans le monde (49,2 % précisément) d’ici la fin de l’année prochaine, contre moins de 20 % pour Apple (18,9 %), loin devant Microsoft et son Windows Phone (1). Mais c’est surtout l’écosystème iPhoneiTunes – fermé mais dominant – que Google entend concurrencer frontalement en misant plus que jamais sur un système matériel-logiciel ouvert. « Android est encore ouvert », a d’ailleurs tenu à assurer Larry Page. Autrement dit, Android devrait continuer à être disponible librement et gratuitement pour tous les fabricants de mobiles qui le souhaitent comme HTC, Samsung, LG Electronics
ou encore Sony Ericsson – Motorola étant également déjà client. Encore faut-il que les 17.000 brevets qu’apporte la mariée Motorola Mobility dans la corbeille n’amènent Google à faire du « protectionnisme technologique » et à être tenté de créer son propre walled garden. L’avenir le dira. Pour l’heure, les brevets sont là pour protéger Android des attaques d’Apple et de Microsoft sur le terrain de la propriété intellectuelle. Mais à terme,
si la marque défraîchie Motorola devait laisser la place aux « Google Phone », le géant
du Net pourrait se mettre à dos ses fabricants de mobiles, clients aujourd’hui qui deviendraient ses concurrents.
Ce parachutage du numéro 1 mondial des moteurs de recherche et de la publicité en ligne sur le marché mondial de la fabrication de mobiles en a surpris plus d’un. Il est un autre marché sur lequel la firme de Mountain View s’apprête à jouer les trouble-fêtes, celui des infrastructures en fibre optique : aux Etats-Unis, Google avait en effet lancé en février 2010 un appel à candidature auprès des collectivités locales souhaitant accueillir son propre réseau très haut débit. En mars dernier, c’est Kansas City que Google a retenu pour le tester. @