Piratage : l’Hadopi se dit prête a gérer la liste noire

En fait. Le 10 septembre, Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication, a lancé le « Comité de suivi des bonnes pratiques dans les moyens de paiement en ligne pour le respect des droits d’auteur et des droits voisins ». La charte des acteurs du e-paiement tarde, mais l’Hadopi est prête.

Marie-Françoise-MaraisEn clair. « L’Hadopi est en mesure techniquement et opérationnellement, compte tenu de son expertise et des réflexions engagées avec les ayants droit, de prendre une part active dans le suivi et la mise en oeuvre du recensement des sites contrevenants », a indiqué Marie-Françoise Marais (photo), présidente de l’Hadopi, à Edition Multimédi@.
Il s’agit de dresser une « liste noire » des sites web incriminés.
« Les ayants droits pourront ainsi signaler aux professionnels des moyens de paiement les sites qui contreviennent massivement aux droits d’auteurs et aux droits voisins, et réciproquement, chacun selon ses compétences et ses instruments. Autrement dit,
des listes seront faites, les professionnels du secteur sensibilisés, et le retrait effectif sera suivi de près », a expliqué la ministre de la Culture et de la Communication, Fleur Pellerin, le 10 septembre.

Follow the money, en attendant la charte « paiement en ligne »
La charte « anti-piratage » que devaient signer avant la fin du mois de juin dernier les professionnels du paiement sur Internet pour « assécher » financièrement les sites web liés au piratage d’oeuvres culturelles sur Internet n’a finalement pas été présentée le
10 septembre dernier. A l’instar de la charte signée le 23 mars par les professionnels de la publicité en ligne (1), cette seconde charte de type Follow the money devait cette fois impliquer PayPal, Visa, Mastercard, le GIE Cartes bancaires, le Geste (2), l’AFMM (3) ou encore la FBF (4).
A défaut de charte « paiement en ligne » dans l’immédiat, Fleur Pellerin a demandé à Thierry Wahl, inspecteur général des Finances, et à Julien Neutre, nommé cet été directeur de la création, des territoires et des publics au CNC, de poursuivre leurs travaux pour aboutir à une charte d’engagements signée. Le lancement du Comité
de suivi dans les moyens de paiement en ligne – où sont présents les ayants droits
de la culture (Alpa, Adagp, SNE, Sell, SNJV, Sacem, SCPP et SPPF – n’est donc qu’une « étape ». Le plus dur reste à venir : sur le modèle du premier comité de suivi mis en place avec les professionnels de la publicité, le second comité de suivi vise – comme le premier – à mieux partager l’information, mieux identifier les sites pirates, les exclure des relations commerciales et partager les bonnes pratiques. Ce que craignent les opposants, tels que La Quadrature du Net, à ces mesures privées de lutte contre le piratage est qu’elles « contournent à la fois le juge et le législateur ». @

Cyril Zimmermann, PDG de Hi-Media : « Taxer tous les acteurs du Net sans distinction risque d’être peu efficace »

Alors que le groupe Hi-Media – régie Internet européenne et opérateur de e-paiement – a présenté le 30 août ses résultats semestriels, son PDG fondateur, Cyril Zimmermann, répond à EM@ sur le développement de ses activités et le ralentissement du marché publicitaire online, ainsi que sur la fiscalité numérique en vue.

Propos recueillis par Charles de Laubier

Edition Multimédi@ : Il y a un an exactement, vous décidiez de ne pas céder votre activité micro-paiement en ligne (Allopass et Hipay). Avec le recul, était-ce la bonne décision sur un marché dominé par iTunes ou Paypal et l’abandon de One Pass par Google ? Comment évolue cette activité ?
Cyril Zimmermann :
Nous n’avions pas à l’esprit de céder notre activité de paiement en ligne, mais nous avions reçu des marques d’intérêt quant au rachat de celle-ci par des tiers. Et pour respecter notre devoir fiduciaire, nous avons examiné toutes les options. Mais cela ne correspondait en rien à une volonté de la société de céder ce pôle. D’ailleurs, la décision de continuer notre stratégie de développement autour de deux plateformes de monétisation de l’audience (publicité et paiement) a été prise unanimement par tous les membres de notre conseil d’administration, où siègent nos principaux actionnaires. L’activité évolue très bien, avec une forte croissance des volumes de transaction et de nombreux nouveaux contrats signés – notamment avec le Leparisien.fr, Lequipe.fr et le GIE ePresse. Nous travaillons également sur l’extension de notre offre vers le paiement par carte bancaire, en plus du micro-paiement (Allopass) et du porte-monnaie électronique (Hipay).

EM@ : Le groupe Hi-Media que vous avez créé il a 16 ans, est devenu l’une des plus importantes régies publicitaires online en Europe, dont les recettes devraient dépasser en 2012 la moitié de vos revenus 2012. Confirmez-vous la baisse d’activité observée en début d’année ? Ad-Exchange, lancé il y a un an, porte-t-il ses fruits ?
C. Z. :
L’activité publicitaire et l’activité paiement sont des pôles équilibrés en terme de chiffre d’affaires depuis quelques années. Cette année, les recettes publicitaires sont en baisse pour deux raisons. La première est que nous avons effectué des changements de périmètre en adossant nos activités néerlandaises et anglaises à des partenaires locaux, et nous ne consolidons plus le chiffre d’affaires de ces entités. La deuxième est que les marchés publicitaires du sud de l’Europe sont en forte contraction et que cela pèse sur notre activité, alors que les autres pays ont de meilleures performances, mais sont également touchés par la crise économique.Ceci étant dit, l’examen plus détaillé de nos flux d’activités montre une croissance très forte de notre plateforme Ad- Exchange et de ses ventes d’espaces en RTB (real time bidding) [comprenez enchères en temps réel d’espaces publicitaires en ligne, ndlr], qui représentent déjà en juin 9 % du chiffre d’affaires du groupe huit mois après que nous l’ayons lancée. C’est donc très encourageant audelà des questions ponctuelles de ralentissement du marché dans un contexte économique dégradé. Par exemple, Seloger.com, Overblog et Skyrock en France, Filmstart [groupe Allociné, ndlr] et StayFriends en Allemagne, ou encore Kapaza, Aufeminin ou Allocine en Belgique, ont rejoint Ad-Exchange.

EM@ : Que pensez-vous de la « taxe Google 2.0 » proposée depuis juillet par le sénateur Philippe Marini dans son projet de fiscalité numérique ? Qu’avez-vous dit à la ministre Fleur Pellerin avec laquelle vous avez eu un entretien le 29 août ?
C. Z. : Je pense que la proposition de loi de Monsieur Marini ne répond pas au but recherché. Les pouvoirs publics veulent trouver des solutions pour que les acteurs Internet, qui opèrent sur le sol français à partir de sièges sociaux et de centres de facturation localisés dans des pays à plus faible taxation, paient tout de même de l’impôt en France. Et ce, comme les sociétés françaises dont les sièges sociaux sont
en France. La taxation de tous les acteurs de l’Internet sans distinction ne corrige pas cette asymétrie et risque d’être assez peu efficace en terme d’impôt collecté. Il y a d’autres solutions plus spécifiques aux problèmes identifiés par Monsieur Marini et l’ensemble des pouvoirs publics. Nous avons avec d’autres acteurs de l’Internet quelques idées sur le sujet et les portons à la connaissance des décideurs publics.

EM@ : Craignez-vous que Viviane Reding rende obligatoire le consentement explicite des cookies ? Par ailleurs, les Etats-Unis (PIPA/SOPA) et l’Europe envisagent de faire contribuer les « intermédiaires » – dont les régies Internet – à la lutte contre le piratage en coupant tout lien avec des sites pirates : y seriez-vous favorable ?
C. Z. : Il y a beaucoup de discussions entre les services de la Commission européenne et les différentes associations représentant les acteurs de l’Internet en Europe, dont l’IAB Europe où Hi-Media est membre du conseil d’administration. Et j’ai tendance
à penser que les projets supprimant ou réduisant très fortement la pertinence des cookies, ne résistent pas à la phase de mise en oeuvre pratique par des textes d’application précis. Ce sont des sujets aux ramifications multiples et, au-delà de la position d’ordre général, l’application concrète est extrêmement complexe. Cela dit, pour répondre à votre question sur les intermédiaires, je suis tout à fait favorable à
plus de transparence vis-à-vis de l’utilisateur final et plus de responsabilité des acteurs économiques au regard de leurs pratiques et du choix de leurs partenaires.

EM@ : Au-delà de vos deux sites web, Jeuxvideo.com et Toutlecine.com, comment se répartissent vos activités entre les différents médias online,
jeux vidéo, sites d’information, sites audiovisuels ou encore réseaux sociaux ? La publicité vidéo est-elle en progression ?

C. Z. : Nos offres sont structurées autour de trois thématiques : information, féminin
& lifestyle, jeux vidéo-cinémusique. Cette segmentation se retrouve dans notre offre
de régie, dans notre portefeuille client dans le paiement et dans les sites dont nous sommes propriétaires ou actionnaires (Latribune.fr, Vivat.be, Psychonet.fr, Actustar.com, Jeuxvideo.com ou Toutlecine.com). Le jeu vidéo et l’information sont
les domaines où nous sommes clairement les plus développés. Concernant les formats et les types de média, nous avons lancé pendant l’été « Plein Ecran » qui est une offre publicitaire sur la vidéo avec une « business unit » et des équipes dédiées. Nous sommes déjà un acteur important de la vidéo en France, notamment avec Jeuxvideo.com qui diffuse plusieurs dizaines de millions de streams [visionnages de vidéos, ndlr] chaque mois, et dans certains pays étrangers grâce, par exemple, à nos accords de régie avec Dailymotion. Nous avons pour ambition d’aller encore plus loin.

EM@ : Hi-Media a investi, en janvier dernier, 800.000 euros dans La Tribune
(27,8 % du capital) reprise avec France Economie Régions via Hima (66 %) et
JCG Médias (6,2 %). Etes-vous confiants dans l’avenir du concurrent des Echos ? Comment le site Latribune.fr, dont l’audience a augmenté de 41 % depuis la reprise (1.779.000 VU en avril 2012), va-t-il encore évoluer ?

C. Z. : Comme vous le soulignez, les chiffres d’audience sont bons. Le site a très
bien évolué en qualité et en audience, et ce n’est pas fini. Une nouvelle version est
en préparation pour le début de l’année prochaine avec des zones premium, de la
vidéo et des fonctionnalités communautaires. La reprise de la régie publicitaire s’est, par ailleurs, très bien passée. Donc, nous sommes très satisfaits. @

NDLR Le 30 août 2012, le groupe Hi-Media a publié pour le premier semestre un bénéfice net en hausse de 7 % à 5,5 millions d’euros et un chiffre d’affaires en recul de 4,6 % à 100,8 millions d’euros.

Internet+ et MPME donnent naissance à « Internet+ Box » et « Internet+ Mobile »

Les FAI et les opérateurs mobile français fusionnent leurs kiosques de micro-paiement sur facture – respectivement Internet+ et MPME – pour donner
naissance à « Internet+ Box » et à « Internet+ Mobile ». Objectif : simplifier
en « 2 clics » les transactions et résister face à iTunes et Paypal.

Des fournisseurs d’accès à Internet (FAI) et les trois opérateurs mobile français
– en l’occurrence Free, Alice, SFR, Bouygues Telecom et Orange – ont décidé de fusionner leurs solutions de paiement sur facture sous une seule marque : Internet+,
qui se décline désormais en « Internet+ Box » pour les premiers et « Internet+ Mobile » pour les seconds.

Micro-paiements sur factures opérateurs
C’est ainsi que le signe abscons de MPME – pour Micro Paiement Mobile & Enablers – est abandonné à peine plus d’un an après avoir été lancé, durant le premier trimestre 2010. Internet+, lui, est plus ancien puisqu’il a été lancé en juin 2005 par l’Association
pour le commerce et les services en ligne (Acsel) et les FAI. Ces kiosques de paiement en ligne permettent de faire payer l’internaute ou le mobinaute directement en débitant la somme de la transaction sur la facture fixe ou mobile de son (ou ses) opérateur(s). Cette facturation peut porter sur des achats à l’acte allant jusqu’à 30 euros ou des abonnements plafonnés à 5 euros par semaine, voire 30 euros par mois ou par trimestre. Lorsque l’utilisateur choisit Internet+ Box ou Internet+ Mobile, son FAI ou son opérateur mobile est automatiquement identifié. Ces derniers reversent ensuite jusqu’à 90 % du montant des transactions aux fournisseurs de services ou aux éditeurs de contenus. Et ça marche ! En dehors des achats effectués sur des App Stores, ces solutions de paiement sur facture sont encore largement utilisées par les consommateurs français : selon l’Association française du multimédia mobile (AFMM (1)), 58,2 % des mobinautes et
62,1 % des internautes les préfèrent aux autres paiements en ligne (cartes bancaires ou comptes Paypal, iTunes, Amazon Payments, Google Checkout, …). Et selon une étude de l’Acsel réalisée avec le Geste (2) par PriceWaterhouseCoopers en début d’année,
« les moyens de paiement les plus proposés sont les paiements sur facture opérateurs
et la carte bancaire. La césure entre les deux se situe à environ 3 euros ». Résultat : le paiement en ligne sur facture d’opérateur est le premier mode de paiement sur l’Internet mobile et le second sur l’Internet fixe. Les micros montants se situent en moyenne autour de 4 euros, les petits montants autour de 10 euros et les montants moyens autour de
30 euros. Les petits montants représentent en moyenne 58 % des transactions.
En 2010, le paiement sur facture en France a franchi la barre des 500 millions d’euros
de chiffre d’affaires – à 540 millions précisément – grâce à une croissance sur un an
de 15,3 % (3). Mais le paiement par SMS+, ces textos mobiles surtaxés pour payer notamment services ou contenus, occupe à lui seul un peu de plus de 70 % de ces revenus. Les 30 % restants se partagent entre MPME/Gallery (4) (94 millions d’euros)
et Internet+ historique (66 millions d’euros). Internet+ Box et Internet+ Mobile fonctionnent de la même manière en « 2 clics », à ceci près que sur les téléphones portables une étape supplémentaire par SMS (comprenant un « code web » à indiquer lors du paiement) est nécessaire lorsque la transaction se fait hors connexion 3G (via WiFi ou sur ordinateur connecté à une box).
Avec l’explosion des smartphones, Internet+ Mobile devrait continuer à progresser et même à rogner sur l’usage des SMS+ encore largement dominant dans les transactions sur téléphones portables. Cette solution de m-paiement remplace MPME qui était en
fait issu de la plateforme Gallery lancée en juillet 2003 par les trois opérateurs mobiles. Cette galerie marchande, qui référence aujourd’hui plus de 2.000 sites mobiles édités
par 400 entreprises, a donc été scindée en deux début 2010 : d’un côté le moteur de référencement Gallery, de l’autre la partie micro-paiement sans ne plus avoir forcément
à être référencé sous Gallery. Les éditeurs de services réunis au sein du Geste avaient en effet exigé « moins de contraintes éditoriales ». Avec MPME, les niveaux tarifaires
sont plus élevés que le kiosque SMS+ lancé au printemps 2002 et complété au printemps 2006 par les MMS+ (messages courts surtaxés pour les images et les vidéos). Internet+ Mobile.

Mobile versus carte bancaire
Mais les trois opérateurs mobile ne veulent pas se cantonner au micro-paiement. Ils lancent ensemble le 8 septembre Buyster, une nouvelle solution pouvant aller jusqu’aux macro-paiements après avoir associé son numéro de mobile à sa carte bancaire.
La société commune créée au début de l’année avec la SSII Atos Origin a même été agréée en avril dernier par l’Autorité du contrôle prudentiel de la Banque de France en qualité d’établissement de paiement. Est-ce le début de la fin de la carte bancaire ? @

Charles de Laubier

Le mécénat pour les nuls

Le croirez-vous, mais après avoir crié au loup pendant des années parce que des millions d’internautes déboulèrent, telle une horde de Huns, dans les vastes plaines de l’Internet pour piller les œuvres et leurs auteurs, certains découvraient qu’une des voies de sortie de cette impasse était… de faire payer les internautes. Bien sûr, il n’est plus question de leur vendre de simples morceaux de musique mp3, désormais facilement accessibles librement et légalement, mais de donner accès à une part de l’univers de leur artiste préféré sous des formes très variées : certaines étant bien connues comme les concerts ou les produits dérivés, d’autres étant plus innovantes. L’une d’entre elle, qui est venue renforcer les diverses sources de revenus qui financent à présent le travail des auteurs, s’est d’abord fait connaître au début des années 2000 sous le terme de crowdfunding. Véritable mot valise qui recouvre en fait une réalité diverse mais qui se réfère à des pratiques très anciennes,il se définit simplement comme le recueil de fonds destinés à financer un nouveau projet par l’appel au plus grand nombre seulement permit par une collecte de très nombreuses petites sommes. Apparemment, rien de nouveau : la souscription, qui fût en effet une pratique très utilisée durant tout
le 19e siècle pour financer des monuments ou éditer des ouvrages d’art, correspond à une forme de démocratisation du mécénat jusqu’alors largement dominant.

« Les majors et les maisons de production les mieux structurées n’ont pas voulu laisser passer ce nouveau train, en reprenant des sites déjà existant ou en créant leur propre activité de crowdfunding. »

Il y eu bien dans les années 90 des groupes d’amateurs qui mirent leurs moyens en commun pour acheter des œuvres à de jeunes artistes en devenir, sur le principe
d’une propriété partagée et d’un accrochage tournant des tableaux chez les membres du club. Mais rien de comparable à ce qui a été rendu possible par la puissance du réseau numérique. C’est en effet la force du Net que de donner un élan nouveau à des pratiques existantes grâce à l’accès simplifié à de multiples réseaux, à la démultiplication du message par les réseaux sociaux et à l’utilisation des outils de micro-paiement. Parfois traduite par le terme de « colinvestissement », la pratique du crowdfunding ne semblait pas avoir de limite et paraissait pouvoir s’appliquer à tous les domaines. La musique a lancé le mouvement dès 1997, par habitude sans doute des chemins de traverse défrichés par les labels indépendants, avec une tournée aux Etats-Unis du groupe britannique Marillion financée par une levée de fond auprès des fans sur Internet.
Le cinéma, a suivi en 2004, avec la production du film Demain la Veille, grâce à une souscription organisée par la jeune société de production française Guyom Corp. Tout s’est ensuite accéléré : de nombreux sites de production de musique comme Sellaband aux Pays-Bas ou MyMajorCompany en France ; l’édition de livres ou de bandes dessinées avec Sandawe ; le journalisme avec Spot.Us. Des sites à vocation généraliste ont aussi vu le jour comme le New-Yorkais Kickstarter ou Indiegogo.com
de San Fransisco. qui aident au financement de toute sorte de projets, de la danse au théâtre, de la peinture à la photo. Les modèles économiques et les motivations de ses nouveaux modes de financement donnèrent lieu à des services mariant à des degrés divers les deux modèles initiaux. D’un côté, un mécénat populaire apporte son écot à des projets en devenir avec, comme seule rétribution, la satisfaction d’avoir été partie prenante d’une aventure artistique mais également de recevoir en retour des gratifications de plus en plus variées : éditions et objets collector, rendez-vous avec l’auteur, invitation à un concert, … De l’autre, l’investissement collectif répond à une logique financière, en permettant de caresser un espoir de revenus futurs, comme on mise en Bourse, mais avec un supplément d’âme.
Après une période pionnière qui vit se multiplier les initiatives isolées, une professionnalisation a rendu nécessaire une organisation progressive des entreprises. Les majors et les maisons de production les mieux structurées n’ont pas voulu laisser passer ce nouveau train, en reprenant des sites déjà existant ou en créant leur propre activité de crowdfunding. Cette année, j’ai pu participer au financement d’un reportage d’investigation d’un jeune reporteur parrainé par « Le Monde », au défilé d’une jeune créatrice de mode et apporter ma part au bouclage du budget de production du dernier album de Philippe Katerine que nous aidons modestement à faire son retour sur scène après une trop longue traversée du désert. @

Jean-Dominique Séval*
Prochaine chronique « 2020 » : La ville, média du futur
*Depuis 1997, Jean-Dominique Séval est
directeur marketing et commercial de l’Idate.