Le numérique pèse à peine 7 % du plan « France Relance » sur deux ans (2020-2022) : décevant

Etant donné que le numérique – télétravail, e-commerce, école à distance, téléconsultations ou encore administrations en ligne – a permis à la France de sauver les meubles lors des trois mois du confinement, il aurait été logique que le chef de l’Etat fasse du digital une priorité pour résorber la fracture numérique. Hélas.

Le président de la République Emmanuel Macron (photo), qui fut il n’y a pas si longtemps ministre de l’Economie, de l’Industrie et… du Numérique, aurait été bien inspiré de consacrer à ce dernier une part de son plan de relance bien plus grande que les à peine 7 % des 100 milliards d’euros annoncés en grandes pompes le 3 septembre. A titre de comparaison : l’écologie s’arroge à elle toute seule 30 % de cette même enveloppe « France Relance » sur la période 2020- 2022. Le numérique devra donc se contenter de 6,8 milliards d’euros environ sur deux ans, lorsque la transition écologique bénéficiera d’au moins 30,3 milliards d’euros. « France Relance », c’est donc deux poids, deux mesures. Cette disparité budgétaire pour reconstruire le monde d’après n’a pas échappé à France Digitale, une association créée en 2012 à la suite du mouvement des Pigeons et forte aujourd’hui de plus de 1.800 entrepreneurs et investisseurs du numérique français. « On s’attendait à ce qu’il y ait un peu plus d’effort sur le numérique. Le numérique n’est pas oublié du plan de relance, mais il n’est pas non plus la priorité et c’est dommage parce que justement il remplit la case emploi, la case souveraineté », a confié à l’AFP Frédéric Mazzella (Blablacar), coprésident de France Digitale, qui organise son France Digitale Day le 15 septembre.

« France Relance » numérique déçoit France Digitale
Dans son communiqué où elle prend acte, l’organisation des startup est plus policée et « invite le gouvernement à renforcer le plan de relance selon trois axes forts : envisager une politique inédite en matière de commande publique, visant à attribuer au moins 50 % des marchés publics technologiques aux entreprises européennes ; encourager la sobriété numérique, alors que la transition environnementale est une part essentielle du plan de relance ; accentuer les efforts sur les marchés stratégiques (IA, quantique, cyber et e-santé, … ». France Digitale appelle en outre les parlementaires à améliorer en faveur du numérique ce plan de relance dont ils seront bientôt saisis, en s’inspirant de ses quinze propositions présentées au sortir du confinement. Dans son rapport « Alternatives », l’association professionnelle estime « l’effort à 20 milliards d’investissement sur deux ans, à répartir entre secteurs public et privé » (2). C’est bien plus que l’enveloppe digitale du plan gouvernemental « France Relance ».

Cédric O ne tarit pas d’éloges
Quant à la fédération Infranum (3), qui espérait des pouvoirs publics 7 milliards d’euros sur les 11,2 milliards d’euros estimés indispensables, selon elle (4), pour relancer la filière (5), elle a réagi en pointant d’autres « questions de financement » qui restent en suspens (6). Du côté de la Fédération française des télécoms (FFTélécoms), pas de communiqué mais seulement un tweet satisfait : « #FranceRelance va booster les investissements des opérateurs télécoms » (7). Enthousiaste, le secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, Cédric O, ne tarit pas d’éloges sur le volet numérique du plan de relance. « La transition numérique de notre économie et de notre société est une obligation si la France veut sauvegarder ses emplois, tenir son rang et continuer à faire société. Elle est au coeur de #FranceRelance, qui lui consacre des moyens inédits ! », a-t-il assuré sur Twitter (8). Et dans une tribune publiée sur Medium, il place « la transition numérique au cœur de la relance et de notre pacte social » (9). Même si le digital semble réduit à une portion congrue dans le plan de relance présenté par le Premier ministre, Jean Castex (photo de droite), et par son ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire, le gouvernement veut se mettre en quatre. Cédric O a cependant indiqué qu’Emmanuel Macron s’exprimera « dans les semaines à venir » pour parler de numérique et de plans spécifiques.
D’ici à la fin du quinquennat (2020-2022), le plan « France Relance » prévoit, lui, d’injecter dans le digital :
• 3,7 milliards pour le soutien aux start-up et aux technologies stratégiques. Le Programme d’investissements d’avenir (PIA), qui fête d’ailleurs ses dix ans cette année, consacrera une augmentation de 60 % des aides à l’innovation destinées annuellement à la French Tech, pour un total de 800 millions. A quoi s’ajouteront 500 millions qui seront consacrés en plus au soutien des levées de fonds. Mais ce sont surtout 2,4 ,milliards d’euros qui seront consacrés aux « technologies numériques de rupture » où la France entend ne pas être en rupture de ban justement sur ces marchés-clés mondiaux : informatique quantique, cybersécurité, intelligence artificielle, cloud, edtech, santé digitale, fintech, etc. « Le plan de relance a vocation à accélérer la croissance de l’écosystème de la French Tech et à renforcer notre souveraineté numérique, tant par le soutien au développement de nos start-up que par une plus grande maîtrise des technologies numériques stratégiques », a expliqué Cédric O. Il s’agit aussi de faire émerger des licornes (10) et des champions capables de rivaliser avec les Big Tech.
• 2,3 milliards d’euros à la transformation numérique de l’Etat, des territoires et des entreprises. Pour l’Etat et les territoires, il est prévu sur cette somme 1,7 milliard d’euros de crédits qui permettront notamment de « financer le déploiement d’une identité numérique de niveau élevé, la modernisation et la sécurisation des infrastructures numériques de l’Etat, et l’utilisation de technologies numériques de pointe par les administrations ». Cédric O assure en outre que l’amélioration de la qualité du service public sera au cœur des préoccupations, tant au niveau de l’Etat, avec 1 milliard pour les démarches en ligne, et des territoires, avec près de 300 millions d’euros pour « les projets les plus prometteurs ». Quant à la santé, dans le cadre du « Ségur de la Santé » (11), 200 millions d’euros seront consacrés à la numérisation du système de santé. Pour les entreprises, cette fois, 400 millions d’euros seront injectés pour accompagner la transformation numérique des TPE, PME et ETI, ou accélérer l’adoption de technologies liées à l’industrie du futur et à l’intelligence artificielle. Tandis que 200 millions d’euros serviront à accélérer la numérisation des filières aéronautique et automobile.
• 500 millions d’euros consacrés au numérique du quotidien, partout et pour tous. C’est ce que le plan de relance va rajouter aux efforts non seulement pour contribuer à « la généralisation de la couverture fibrée du territoire à l’horizon 2025 » avec « 240 millions d’euros supplémentaires », mais aussi – « effort inédit et historique de 250 millions d’euros » – pour lutter contre la fracture numérique et l’illectronisme. « La fibre [optique] doit être aujourd’hui considérée comme une infrastructure essentielle (12) et l’accès à une bonne connexion Internet comme un service universel auquel l’Etat doit garantir l’accès. (…) Aujourd’hui encore, un Français sur six n’utilise pas Internet et plus d’un sur trois manque de compétences de base », affirme Cédric O. Là aussi, Emmanuel Macron devrait détailler un plan d’action dans les prochaines semaines.
• 300 millions d’euros pour la formation aux métiers du numérique. Il s’agit de tirer parti de l’opportunité pour l’insertion des jeunes que représentent les métiers du digital, lesquels font partie des « métiers prioritaires d’avenir » auxquels le gouvernement promet de former 100.000 jeunes. Sont également concernés tous ceux dont les métiers seront affectés par la crise et les mutations économiques. « Donner l’accès pour tous aux emplois du numérique contribue à l’effort de démocratisation du numérique », assure le gouvernement.

Notification en vue à Bruxelles
Il reste maintenant à la France à notifier son plan « France Relance » à la Commission européenne – a priori en octobre – et à obtenir l’approbation des autres Etats membres de l’Union européenne. Si ça passe, la France pourra espérer de l’Europe 40 milliards d’euros pour son plan à 100 milliards. De son côté, le Conseil national du numérique (CNNum) a remis le 8 septembre au gouvernement un avis (13) appelant « la France numérique » à inclure plus de talents « issus de la diversité ». @

Charles de Laubier

L’éclatement possible de la bulle des start-up pourrait être salvateur pour l’innovation

La crise historique pourrait provoquer l’éclatement de la bulle des start-up. Beaucoup d’entre elles brûlent du cash sans encore générer de chiffre d’affaires. Sans argent frais ni débouché, c’est asphyxie. La spéculation sur l’hypercroissance de l’innovation a ses limites, surtout lorsque les fonds sont publics.

L’année 2020 sera-t-elle celle de l’éclatement de la « bulle start-up » comme l’année 2000 fut celle de l’éclatement de la « bulle Internet » ? La question mérite d’être posée, tant la crise sanitaire sans précédent que nous traversons crée une récession économique et financière qui pourrait être fatale à bon nombre start-up biberonnées à l’argent frais et au crédit d’impôt. La Grande-Bretagne, jusqu’alors paradis – s’il en est – des start-up des technologies et des sciences de la vie, a lancé le 20 avril dernier un plan d’aide à ses jeunes pousses d’un montant de près de 1,5 milliard d’euros (1).

Des centaines de milliards de prêts et d’aides
En France, la « start-up nation » chère à Emmanuel Macron, les jeunes pousses sont en réalité sous perfusion permanente d’argent frais. Or la pandémie du coronavirus et le confinement généralisé ont perturbé cet afflux de cash par intraveineuse financière, lorsque ce n’est pas le cathéter lui-même qui a été retiré. A l’instar de toutes les entreprises basées en France, les start-up peuvent recourir au prêt garanti par l’Etat (PGE) pour faire face aux conséquences économiques du coronavirus. En s’appuyant sur la banque publique d’investissement Bpifrance, détenue à parts égales par l’Etat et la Caisse des Dépôts (CDC), le gouvernement a lancé le 23 mars dernier le dispositif de PGE (2) afin de garantir jusqu’à 300 milliards d’euros de prêts d’ici la fin de l’année 2020. Cela faisait suite au discours de déclaration de « guerre » contre le coronavirus du président de la République, lequel avait annoncé la mise en place d’« un dispositif exceptionnel de report de charges fiscales et sociales, de soutien au report d’échéances bancaires et de garanties de l’Etat à hauteur de 300 milliards d’euros pour tous les prêts bancaires contractés auprès des banques ». Et le chef de l’Etat avait alors promis : « Pour les plus petites d’entre elles et tant que la situation durera, celles qui font face à des difficultés n’auront rien à débourser, ni pour les impôts, ni pour les cotisations sociales. Les factures d’eau, de gaz ou d’électricité ainsi que les loyers devront être suspendus ». Emmanuel Macron était déterminé à y mettre le prix : « Nous n’ajouterons pas aux difficultés sanitaires la peur de la faillite pour les entrepreneurs, l’angoisse du chômage et des fins de mois difficiles pour les salariés. Aussi, tout sera mis en œuvre pour protéger nos salariés et pour protéger nos entreprises quoi qu’il en coûte ». Toutes les start-up de la French Tech en difficulté auront-elles accès au PGE à 300 milliards d’euros ? Nicolas Dufourcq (photo), directeur général de Bpifrance, a indiqué à Challenges que près de la moitié des PGE est attribué à de très petites entreprises (TPE) dans la mesure où chacun de ces prêts est inférieur à 50.000 euros. De plus, à fin avril, quelque 1,4 milliard d’euros de prêts ont été accordés « selon un critère de masse salariale, prévu pour les entreprises réalisant peu ou pas de chiffre d’affaires » – à savoir « les entreprises très jeunes, dont une partie sont des start-up » (3). Mais ces sommes paraissent dérisoires au regard de la crise financière et de la récession économique historiques qui pourraient détruire une partie du tissu de la « start-up nation ». Certes, il y a eu une mesure complémentaire prise le 25 mars en faveur des jeunes pousses « du fait de leur fragilité » : le gouvernement – toujours en cheville avec Bpifrance, mais aussi avec le secrétaire d’Etat au Numérique, Cédric O, et le secrétariat général pour l’investissement (4), Guillaume Boudy – a lancé en plus « un plan d’urgence exceptionnel de près de 4 milliards d’euros pour aider les jeunes entreprises à traverser cette période difficile ». Car il y a péril dans la French Tech. Ces 4 milliards d’euros dédiés aux start-up se déclineront notamment en un « French Tech Bridge » pour faire le lien financier « entre deux levées de fonds ». Ces crédits-relais peuvent aller de 100 000 euros à 5 millions d’euros, « sous la forme d’obligations convertibles avec un accès possible au capital », cofinancés par des investisseurs privés.

La French Tech chère à Emmanuel Macron
Ce « pont » financier permettra d’injecter un total de 160 millions d’euros en fonds propres pour les startup françaises, dont 80 millions d’euros financés par l’Etat, lequel garantira également des prêts de trésorerie distribués par Bpifrance et des banques privées à hauteur de 2 milliards d’euros. « A cela s’ajoute le remboursement accéléré par l’Etat des crédits d’impôts sur les sociétés restituables en 2020, dont le crédit impôt recherche (CIR) pour l’année 2019 et des crédits TVA », a précisé le gouvernement (5). Ces aides financières empêcheront-t-elles la bulle spéculative des start-up d’éclater. Rien n’est moins sûr. Car covid-19 ou pas, beaucoup de start-up de la génération « French Tech » voulue par Emmanuel Macron ont besoin de brûler beaucoup d’argent pour honorer leur promesse de forte croissance, voire d’hypercroissance.

Plan d’urgence et fonds de solidarité
Si ces ambitieuses jeunes pousses, dévoreuses de capitaux et de cash, n’arrivent plus à lever des fonds – privés ou publics – ni à trouver leur marché, donc leurs (futurs clients), elles risquent d’être menacées de faillite, avant même d’avoir pu dégager des revenus pour nombre d’entre elles. En outre, le chômage partiel, financé par l’Etat, et le report des charges fiscales et sociales des entreprises – pour un total de 100 milliards d’euros supplémentaires (6) en guise de « plan d’urgence économique » (au lieu des 45 milliards d’euros initialement prévus) – pourraient ne pas suffire là aussi à les maintenir à flot et à éviter les licenciements économiques. Le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, avait aussi annoncé la création d’un fonds de solidarité doté de 6 milliards d’euros (au lieu 1 milliard d’euros à ses débuts), « afin d’aider les plus petites entreprises, les indépendants, les micro-entreprises », pour peu que chacune de ces entités affiche une perte de 70 % entre mars 2019 et mars 2020. Les start-up fragilisées, dont la promesse de croissance rapide nécessite de brûler beaucoup plus d’argent que les autres TPE, présentent un risque « létal » plus élevé dans ce contexte de chamboulement économique et financier provoqué par cette crise sans précédent. En temps normal, le taux de mortalité chez les start-up est déjà élevé. L’année 2020 pourrait s’annoncer comme une hécatombe, au point que l’on pourrait assister à l’éclatement de la « bulle start-up ». Les entreprises membres du Syntec Numérique ont fait part de leurs inquiétudes. Dans un « baromètre covid- 19 du secteur numérique » publié le 9 avril dernier par ce syndicat professionnel rassemblant quelque 2.000 sociétés de toutes tailles (start-up, TPE, PME, ETI et grands groupes), elles estiment que la reprise de leur activité « s’étale[ra] jusqu’au deuxième trimestre 2021 ». Il leur faudra un an pour refonctionner normalement. Or « 46 % des dirigeants qui expriment leur inquiétude quant à la pérennité de leur entreprise si la reprise de l’économie ne se fait pas à un rythme normal dans trois mois ». Ils sont même 79 % à penser qu’il y a un risque de devoir mettre la clé sous la porte si leur activité n’est pas repartie dans six mois. Autrement dit, il y a aura de la casse dans la « start-up nation ». Les trésoreries fondent comme neige au soleil, alors même que les investisseurs, les capital-risqueurs et les business angels sont pris d’une frilosité bien compréhensible. Ces grands argentiers de la French Tech ont tendance à sauver les meubles de leurs start-up en portefeuille, plutôt que de continuer à débloquer des fonds pour de nouvelles pousses. L’écosystème financier des start-up est mis à mal, le coronavirus l’ayant grippé. Les liquidités se sont asséchées et les business plan sont tous à revoir. « C’est une crise qui va faire des dégâts considérables ; il n’y a aucune raison pour que les start-up soient épargnées », a estimé François Véron, fondateur de Newfund, selon ses propos rapportés par l’AFP le 27 mars. Le secrétaire d’Etat au Numérique, lui, a appelé le 26 mars les fonds d’investissement à dépasser leur frilosité en prenant « leur part de responsabilité » et « leur part de soutien aux start-up » en cette période d’« unité nationale ». Cédric O avait rappelé la veille qu’« une biotech peut mettre 10 ans de recherche à sortir son produit, sans réaliser de chiffre d’affaires », tout en prévenant : « Si on détruit ce tissu au cœur de notre stratégie, de la compétitivité et de la souveraineté française, le risque est qu’on mette des années à le reconstituer ».
De son côté, l’association France Digitale – qui veut « faire de la France le hub des start-up en Europe » – estime que « les mesures prises par le gouvernement et adoptées le Parlement ont été rapides, utiles, mais peuvent nécessiter encore quelques adaptations pour être parfaitement calibrées à destination des start-up et des VC [venture capital, ou capital-risqueurs en français, ndlr] ». Aussi, en cette période de pandémie et de récession, France Digitale propose un pack de mesures complémentaires appelé le « Covid-19 Startup Rescue Kit » (7). Qui qu’il en soit, force est de constater que les start-up continuent d’absorber plus de cash qu’elles ne génèrent de revenus.

Récupérer plusieurs fois sa mise initiale ?
Selon Avolta Partners, un cabinet de conseil spécialiste des fusions et acquisitions dans la French Tech, 4,7 milliards d’euros ont été investis en 2019 dans les start-up françaises (+ 36 % sur un an) par des fonds de capital-risque. En revanche, les « sorties » n’ont atteint que 3,7 milliards d’euros (+ 4 %). Et ce « retour sur investissement » espéré par les investisseurs (8), lesquels souhaitent récupérer plusieurs fois leur mise initiale (revente à d’autres fonds, à de grandes entreprises, ou cession à l’occasion d’une introduction en Bourse), pourrait continuer de stagner, voire décroître en raison de la crise « covid-19 ». @

Charles de Laubier

Cédric O, porte-voix « French Tech » d’Emmanuel Macron, est secrétaire d’Etat chargé du Numérique depuis 6 mois

Cédric O fut le coorganisateur de la soirée « French Tech » à Las Vegas en 2016, événement qui donna le coup d’envoi de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron. Depuis plus de 6 mois maintenant, l’ancien trésorier d’En marche (devenu LREM) est au pouvoir et pousse les feux sur le numérique et surtout les start-up.

Six mois maintenant qu’il est à Bercy où il a remplacé Mounir Mahjoubi. Cédric O (photo) est l’un des plus jeunes (36 ans) membres du gouvernement, secrétaire d’Etat chargé du Numérique auprès du ministre de l’Economie et des Finances (Bruno Le Maire) et du ministre de l’Action et des Comptes publics (Gérald Darmanin). Ce portefeuille « par délégation », il l’a remporté à la faveur de l’élection présidentielle d’Emmanuel Macron, qui fut lui-même ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique (août 2014 à août 2016). Comme Mounir Mahjoubi, Cédric O a été désigné par le locataire de l’Elysée en raison de son engagement politique à ses côtés lorsque ce dernier était candidat aux plus hautes fonctions de l’Etat. Proche conseiller d’Emmanuel Macron, Cédric O a remplacé le 31 mars dernier Mounir Mahjoubi, lequel venait de quitter le gouvernement en vue de se porter candidat aux élections municipales à Paris en 2020 – la macronie ayant finalement préféré investir Benjamin Griveaux. Mais Mounir Mahjoubi avait entre temps retrouvé son siège de député de Paris (1) où il avait été élu en juin 2017, avec comme suppléante une certaine… Delphine O, la soeur cadette de Cédric O. Celle-ci est devenue députée au moment où Mounir Mahjoubi fut de mai 2017 à mars 2019 le « Monsieur numérique » du gouvernement.

Celui qui murmure « digital » à l’oreille de Macron
Redonnant alors son siège de députation à Mounir Mahjoubi en avril 2019, Delphine O intègre le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et est nommée le mois suivant ambassadrice, secrétaire générale de la conférence mondiale de l’Organisation des Nations unies (ONU) sur les femmes depuis juin dernier. Son frère, lui, a profité de ce jeu de chaises musicales en étant nommé secrétaire d’Etat chargé du Numérique. Concours de circonstance ou népotisme ? Quoi qu’il en soit, les deux O, nés d’une Française et d’un Coréen, ne manquent pas d’entregent. Diplômé de HEC Paris en 2006, Cédric O est attiré par la politique et fera partie – avec notamment Benjamin Griveaux – de l’équipe de campagne de Dominique Strauss-Kahn pour la primaire PS de 2006 en vue de l’élection présidentielle à l’époque. Il participe en outre à la création du think tank Terra Nova. Après l’affaire « DSK » en 2012, il se rallie à la campagne présidentielle de François Hollande.

5 milliards d’euros pour les start-up : assez ?
Cédric O aurait pu alors être ministre mais, poussé par Pierre Moscovici dont il fut le conseiller parlementaire en 2010, il préfère être embauché par le groupe d’aéronautique Safran où il restera jusqu’à son entrée au cabinet de la présidence à l’Elysée en 2017. Il y devient à l’époque conseiller technique « participations et économie numérique » à la fois du nouveau président de la République et du non moins nouveau Premier ministre (3). On le dit alors plus influent auprès du chef de l’Etat Emmanuel Macron que ne l’aurait été Mounir Mahjoubi au poste de secrétaire d’Etat au Numérique. Il serait même meilleur défenseur des « lobbys du numérique » (4). Sur BFM Business, le 11 septembre dernier, Cédric O affirme même que « les GAFA sont une brique essentielle de notre compétitivité », alors même que les géants du Net sont dans le collimateur de l’Europe et des Etats-Unis (5). Avec la question de leur démantèlement éventuel comme épée de Damoclès au-dessus d’eux. « Si on décide de réduire, de tailler les GAFA pour des raisons économiques et pour des raisons démocratiques, alors il faudra se poser la question de notre politique commerciale », a prévenu le secrétaire d’Etat au Numérique.
Une semaine après, Cédric O faisait le service après-vente des mesures en faveur de la French Tech annoncées le 17 septembre par le président Emmanuel Macron : financement des start-up technologiques françaises à hauteur de 5 milliards d’euros provenant, sur trois ans, d’investisseurs institutionnels, d’établissements bancaires et de compagnies d’assurance. Assez ambitieux ? Les besoins seraient plutôt de 20 milliards d’euros si l’on en le rapport rendu en juillet par Philippe Tibi. Et encore, sur l’enveloppe française des 5 milliards, 60 % seront alloués à des fonds d’investissement pour des entreprises de la French Tech cotées en Bourse. Il ne reste plus que 2 milliards d’euros, toujours sur trois ans, pour le financement des start-up non-cotées – en vue notamment d’en faire des « licornes » (entreprises non-cotées valorisées au moins 1milliard d’euros). La banque publique d’investissement Bpifrance a répondu le lendemain à l’appel du chef de l’Etat en annonçant la création d’un « fonds de fonds privé pour le compte d’investisseurs institutionnels privés français » de 500 millions d’euros pour financer des jeunes pousses technologiques. Par ailleurs, sur les fonds propres et pour le compte du Programmes d’investissements d’avenir (PIA) de l’Etat français, Bpifrance met sur la table 1 milliard d’euros supplémentaires sur trois ans pour le financement d’entreprises technologiques en forte croissance. Au salon France Digitale qui se tenait à Paris le surlendemain de l’annonce présidentielle, la déception était palpable. En Grande-Bretagne, la « British Tech » est financée à près de 10 milliards, presque le double… Le 3 octobre dernier, Bruno Le Maire, a tenté de redonner du baume au coeur à la French Tech en annonçant que « la France investira ces prochaines années 1,5 milliard d’euros dans l’intelligence artificielle ». Comptable des deniers publics, Bercy veut éviter de financer la French Tech bourse déliée, afin sans doute pour ne pas créer une nouvelle « bulle Internet » près de 20 ans après l’éclatement de la première. Qui trop embrasse mal étreint. Il ne reste plus qu’à l’hyperprésident de la French Tech d’espérer que ses 5 milliards d’euros prévues d’ici à la fin de son quinquennat provoquent un effet de levier en attirant de nombreux investisseurs étrangers. En déplacement justement à Londres le 19 septembre dernier, Cédric O a déclaré à l’AFP sur place : « Notre objectif est de devenir le premier écosystème technologique en Europe. Nous pouvons considérer qu’aujourd’hui nous sommes numéro deux puisque nous venons de dépasser les Allemands, mais les Britanniques sont encore devant nous. (…) Pour être parmi les meilleurs du monde, les entreprises françaises doivent être internationales ».
Dans la foulée de l’annonce d’Emmanuel Macron à 5milliards, le gouvernement dévoilait une « sélection des 40 entreprises technologiques dont l’avenir est européen et mondial » pour constituer ce qu’il appelle le Next40. « Le Next40, c’est le CAC40 français des entreprises technologiques, a expliqué Cédric O. Dans cette bataille internationale de l’innovation, elles seront la tête de proue de la French Tech pour faire de notre écosystème le premier européen et le positionner sur la scène internationale. Il en va de notre souveraineté [lire p. 3] et des emplois de demain ». Le gouvernement promet à la clé 25.000 emplois directs qui seront créés par les start-up dans les douze prochains mois. Là aussi, à l’instar des 5milliards pour la French Tech, il risque d’y avoir de la déception dans l’air de la… French Jobs (6).

Résorber le retard « innovation » de la France
Mais c’est déjà un premier pas, quoiqu’un peu tardif. C’est du moins ce qu’a reconnu en creux Bruno Le Maire le 18 septembre à l’occasion de la présentation des pépites françaises (heureuses) élues (7) du Next40 : « Dans la course aux leaders technologiques, la France a pris du retard. Nous devons faire émerger des géants du numérique français ou européens comparables aux géants américains ou aux géants chinois ». Selon un indice mondial de l’innovation 2019 publié cet été (8), la France n’arrive qu’en 16e position. Décevant. @

Charles de Laubier

Le CSA n’est pas compétent pour mettre d’accord Radio France (Sibyle Veil) et Majelan (Mathieu Gallet)

C’est une polémique dont se serait bien passé l’ancien président de Radio France, Mathieu Gallet, pour le lancement le 4 juin de sa plateforme de podcasts Majelan. Surtout qu’il s’oppose à sa successeure à Radio France, Sibyle Veil,
vent debout contre la reprise des podcasts gratuits du groupe public.

« Contrairement aux services de VOD, les podcasts ne sont pas aujourd’hui dans le champ de la régulation audiovisuelle. Donc pas de possibilité de saisine du CSA en règlement des différends », indique Nicolas Curien, membre du CSA à Edition Multimédi@. A Mathieu Gallet (photo de gauche) qui estime pouvoir reprendre les podcasts gratuits de Radio France – déjà disponibles librement sur Internet via des flux de syndication publics dits RSS (1) – et les proposer à son tour gratuitement sur sa plateforme Majelan, Sibyle Veil (photo de droite) a fait savoir le 6 juin sur France Inter qu’elle s’y opposait.

Question d’« équité » ou de must offer ?
C’est un bras de fer engagé par la présidente de Radio France contre son prédécesseur devenu président fondateur de Majelan. « Les contenus gratuits du service public ne sont pas destinés à attirer des futurs clients sur des offres payantes,
a expliqué la présidente de la Maison Ronde. Donc, ceux qui aiment les contenus de Radio France peuvent les écouter sur l’application Radio France, sur nos sites. (…)
Ces plateformes sont en train d’utiliser nos contenus pour se faire connaître du public, c’est ça le vrai sujet ». Les hostilités, faute d’accord, se sont retrouvées sur la place publique le jour même du lancement de Majelan, le 4 juin. Le lendemain, Mathieu
Gallet lui répondait sur France Info : « Il faut regarder tout ce qui se passe sur toutes
les plateformes américaines. Il n’y en a pas beaucoup qui ont demandé une autorisation à une radio privée ou publique parce que c’est une technologie gratuite.
Ce sont des flux publics, et ce qui est gratuit partout doit être gratuit sur Majelan. C’est une histoire d’équité ». Mais le groupe de radio publique ne l’entend pas de cette oreille – c’est le cas de le dire ! Par la voix de son directeur du numérique et de la production, Laurent Frisch, la présidente de Radio France a opposé à son prédécesseur les
« conditions générales d’utilisation des sites (2) de Radio France », en mettant en garde sur Twitter le 5 juin : « Les RSS de podcasts sont une techno qui rend les contenus accessibles à tous. (…) Les pages web sont une techno qui rend les contenus accessibles à tous. Exact. Mais ça ne donne pas le droit de les reproduire librement. Cf les conditions générales d’utilisation [ndlr : https://lc.cx/CGU-RF]». Sur le respect des droits de propriété intellectuelle, il y est stipulé : « Tous les contenus présents sur les sites sont protégés par les législations françaises et internationales sur le droit de la propriété intellectuelle et/ou le droit de la presse, ainsi que les droits de la personnalité (droit à l’image). Par conséquent, l’utilisateur des sites s’engage à ce qu’aucun de ces contenus ne soit reproduit, modifié, rediffusé, traduit, exploité ou réutilisé à titre promotionnel ou commercial, de quelque manière que ce soit sans l’accord écrit préalable de Radio France et/ou des titulaires de droits concernés ». Et Laurent
Frisch d’ajouter dans un second tweet : « Google Podcasts avait pris les podcasts @radiofrance sans autorisation ; ils sont revenus en arrière. Amazon/Audible et Spotify ne l’ont pas fait. Nous choisissons, nous, ce que nous publions sur Apple Podcast,
et ce dans un cadre établi. Apple ne vient pas se servir ». Dans Les Echos du 4 juin,
le « Monsieur numérique » de Radio France se faisait un peu plus menaçant : « Nous leur avons demandé le retrait immédiat de nos podcasts et attendons leur réponse, nous aviserons en fonction ». Mais la Maison Ronde est-elle disposée à négocier et
à donner son autorisation à la reprise gratuite par des plateformes de podcasts telles que Majelan, Tootak ou encore Sybel (3) ? D’après ces trois start-up de l’audio, les négociations sont soit au point mort, soit dans l’impasse, soit sans lendemain. Reste
à savoir si le groupe public de radios financé par les Français via la redevance audiovisuelle peut s’opposer à toute reprise de ces contenus gratuits par des plateformes numériques qui les proposent gratuitement à leur tour. C’est la question
du must offer qui s’impose à l’audiovisuel public, jusque sur la TNT par exemple.

« Média ouvert » : manifeste du 10 juin 2019
« Le CSA a exprimé le vœu (4) que cette asymétrie réglementaire entre le non-linéaire visio et le non-linéaire audio soit corrigée dans la future loi audiovisuelle. S’agissant
du must offer, il ne peut s’appliquer à ma connaissance qu’entre un éditeur et un distributeur », nous précise Nicolas Curien. Pour l’heure, aucune plateforme à qui
Radio France a demandé le retrait de ses podcasts n’a obtempéré. Par ailleurs, des producteurs indépendants de podcasts ont mis en ligne le 10 juin un manifeste (5)
pour « un écosystème ouvert du média podcast » mais opposé « à toute intégration automatique, sans accord préalable, de nos contenus sur une plateforme ». C’est la bataille des oreilles… @

Charles de Laubier

Le groupe AWPG, présidé par l’animateur Arthur, a-t-il une stratégie après la vente de Oüi FM ?

Arthur World Participation Group (AWPG), holding de l’animateur et producteur Arthur (Jacques Essebag, de son vrai nom), a cédé fin avril, la radio Oüi FM qu’il avait achetée dix ans plus tôt à Richard Branson. Arthur Essebag se retrouve de fait recentré sur la production télé et le spectacle.

C’est sans doute le fait que la radio Oüi FM n’ait pas été retenue par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) pour l’obtention
de fréquences nationales, en vue de diffuser en mode numérique DAB+, qui a fait déborder le vase. La station de radio rock, que détenait depuis dix ans le groupe AWPG d’Arthur (photo), était candidate au sésame national de la RNT (1). Mais le régulateur
n’a pas retenu le dossier en mars dernier parmi une quarantaine
de candidatures pour les 24 fréquences du DAB+ métropolitain (2).

Premier employeur d’Arthur : « Méluche » !
Après des années de doutes et d’hésitations, la holding AWPG s’est finalement délestée de Oüi FM en la cédant – avec Radio Life et Collector Radio présentes en DAB+ local et en webradio – au Groupe 1981, propriétaire de Latina, Swigg, Voltage, Forum, Vibration, Blackbox et Wit (3). Le CSA a donné son feu vert mi-avril. « Ceux
qui écrivent que je “jette l’éponge” me connaissent bien mal… On ne jette pas l’éponge lorsque l’on vend une radio en pleine forme », s’est défendu Arthur Essebag (comme
il se nomme). Il se félicite d’être passé de 220.000 auditeurs et 3 émetteurs en Ile-de-France il a dix ans, lors du rachat auprès du milliardaire Richard Branson (4) pour
plus de 5 millions d’euros (chiffre non confirmé par Arthur), à 507.000 auditeurs et
28 émetteurs aujourd’hui. « Je regrette néanmoins que le CSA n’ait pas attribué plus
de fréquences dans des villes importantes », a-t-il confié. La radio Oüi FM, dirigée jusqu’alors par Emmanuel Rials, s’est approché du 1 % d’audience nationale sans
pour autant l’atteindre. Cela ne l’empêche pas de dépasser une nouvelle fois en Ile-
de- France RTL2, Virgin Radio, Fun Radio et Radio Nova, d’après Médiamétrie sur la période janvier-mars. Mais globalement, « la belle endormie » (dixit Artur) a perdu de son âme et la rumeur de sa vente a couru durant… dix ans. Emmanuel Rials a même adressé un droit de réponse à Télérama à la suite d’un article assassin (5) paru il y a
un an. Et le CSA n’a eu de cesse d’épingler Oüi FM pour non-respect des quotas francophones.
Arthur a fait ses débuts à Radio Nord-Essonne que dirige, au début des années 1980
et à l’ère des radios libres, un certain… Jean-Luc Mélenchon. « J’ai été le premier employeur d’Arthur, qui se garde bien de le rappeler ! », avait rappelé, dans la revue Charles (6) en octobre 2013, l’actuel président du groupe France Insoumise à l’Assemblée nationale. S’enchaîneront ensuite pour Arthur : RFM, Kiss FM, Skyrock, Fun Radio, Europe 1, Europe 2, et Oüi FM en 2017. Parallèlement, à partir des années 1990, il creuse son sillon à la télévision (TF1, France 2), tout en devenant producteur d’émissions (7). Il entame aussi dans les années 2000 une carrière théâtrale. Entrepreneur, Arthur a en outre créé avec Stéphane Courbit la société Case Productions qui devient ASP (8) avant d’être revendue à Endemol (9), dont il devient
en 2001 vice-président de la filiale française (« Loft Story »/M6, « Star Academy »/TF1, « Les Enfants de la télé »/France 2 puis TF1). En 2018, sa fortune professionnelle est estimée par Challenges à 400 millions d’euros dans le classement des 500 personnes les plus fortunées de France – à la 220e position (10). Il y a six ans, le fondateur d’AWPG transférait son siège social au Luxembourg où la fiscalité est plus clémente. Dans la foulée, fin 2013, Jacques Essebag devenait résident fiscal en Belgique – jusqu’à son retour fiscal en France début 2016. Cet aller-retour lui a valu à partir de 2017 un contrôle fiscal de Bercy, qui s’est terminé en 2019 par un léger redressement (11).
Judith Aboulkheir, l’associée d’Arthur et ancienne attachée de direction d’Endemol France, était la présidente de la filiale française AW Radio qui détenait la radio Oüi
FM depuis 2009. Elle demeure présidente des autres filiales françaises de la holding luxembourgeoise AWPG : Serenity Films Company (cinéma), Satisfaction-The Television Agency (production, achat et vente de programmes, dont le tout nouveau
jeu d’aventure « District Z »), ainsi que la société de spectacles Arthur World ou AW (spectacles vivants). Elle présidait aussi Serenity Fiction (oeuvres pour la télé), qui a été radiée en février 2018. Satisfaction-The Television Agency a acquis il y a un an la société de Ah! Production.

Un nouveau business angel du Net ?
Arthur se fait aussi business angel sur le Net, en devenant en 2017 un des investisseurs de la chaîne « Chefclub » présente sur Facebook, YouTube, Instagram, Snapchat et sur mobiles. Par ailleurs, la même année, Arthur et trois anciens de Dailymotion – dont Martin Rogard – lancent en grandes pompes « We Are TV » qui est présenté comme une application de réalité augmentée pour smartphone et télévision. La start-up newyorkaise du même nom n’a pas fait long feu. Quel sera le prochain investissement ? @

Charles de Laubier