LeGuide.com plombe le digital de Lagardère Active

En fait. Le 8 mars, Lagardère a présenté ses résultats 2015 : bénéfice net de 74 millions d’euros (+80 %), pour un chiffre d’affaires stable (+ 0,3 %) à 7,1 milliards d’euros. Lagardère Active, branche médias du groupe, cherche à améliorer coûte que coûte sa rentabilité. LeGuide.com, lui, a plombé le numérique.

En clair. Lagardère Active, l’une des quatre branches du groupe Lagardère, dédiée celle-ci aux médias, poursuit non sans mal sa stratégie de « rééquilibrage » ou de
« recentrage » (c’est selon) de son portefeuille d’activités vers l’audiovisuel – principalement grâce aux acquisitions de Gulli en novembre 2014 et de Boomerang TV en mai 2015. Ce qui permet à cette branche – où l’on retrouve Europe 1 engagé dans un rapprochement avec Le JDD (1) pour 2017 – d’afficher un chiffre d’affaires stable de 962 millions d’euros. Mais sa rentabilité reste insuffisante (2) et sa croissance n’est pas au rendez-vous : à périmètre constant, les revenus « médias » sont en recul de – 5,8 %. Les acquisitions permettent donc de faire bonne figure (+ 0,5 %). « La contraction de l’activité provient principalement de la baisse de la presse magazine (- 3,9 %) et d’un effet de comparaison défavorable pour les activités TV (- 8,9 %) avec de moindres livraisons de productions internationales chez Lagardère Studios », avait expliqué en février le groupe d’Arnaud Lagardère. La diffusion des magazines enregistre un recul de – 5,3 % : un plan de départs volontaires est lancé (220 postes en 2016), tandis que Télé 7 Jours, Ici Paris, France Dimanche et Public sont à vendre depuis l’an dernier – seuls Elle, Paris Match et Le JDD étant « sanctuarisés ».
Quant aux revenus des activités numériques, ils sont en chute (libre ?) de – 19,5 %. C’est LeGuide.com, le comparateur de prix acquis mi-2012 (3), qui plombe la croissance numérique, laquelle serait sans lui de + 4,9 % ! pour expliquer cette déconvenue, le groupe a déjà déploré l’an dernier que les changements d’algorithme
de Google – lui-même éditeur de Google Shopping – avait fait reculer la place de tous les comparateurs d’achats dans les résultats de recherche du numéro un des moteurs. LeGuide.com a même été radié de la Bourse en septembre dernier, le groupe Lagardère détenant maintenant la quasi-totalité du capital de cette filiale qui a été dépréciée l’an dernier à 35 millions d’euros. Lagardère, membre cofondateur de la coalition Open Internet Project (OIP) contre Google, était même prêt à demander à ce dernier des dommages et intérêts conséquents avant d’y renoncer, préférant signer avec lui en octobre dernier un « partenariat stratégique de long terme » (4)… Créé en 1998, LeGuide.com n’en reste pas moins un boulet pour Lagardère. @

Presse écrite : l’abandon du papier par certains éditeurs se poursuit au profit du tout-numérique

Il y a ceux qui disparaissent corps et biens ; il y en a d’autres qui résistent en se délestant du papier. Les journaux – quotidiens en tête – ont tendance à tourner la page du papier, dont les ventes déclinent, pour miser sur le numérique. Et ce, afin d’alléger leurs coûts – mais aussi leur revenus…

Bien que la presse magazine résiste le mieux à la baisse continue des ventes
« papier », les quotidiens, eux, accuse le coup. En France, selon l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias (ex-OJD/Audipresse), la presse quotidienne a vu ses ventes baisser de -1,4 % en 2015 par rapport à l’année précédente. A elles seules, les ventes en kiosque ont même chuté de – 8,6 %. Les abonnements « papier » sont eux aussi en baisse. Ce déclin de la presse quotidienne papier touche tous les titres
(Le Monde, Le Figaro, Libération, Le Parisien, …).

Affaire « New Media Online » : comment la CJUE a pris à revers son avocat général

Selon l’arrêt « New Media Online » du 21 octobre 2015 rendu par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), l’offre de vidéos sur le site Internet d’un journal peut relever de la réglementation des services de médias audiovisuels. Dans cette hypothèse, cette offre est soumise au contrôle du CSA et aux obligations associées.

Par Katia Duhamel, experte en droit et régulation des TICs, K. Duhamel Consulting

C’est à la suite d’une demande de décision préjudicielle, dont elle a avait été saisie par une juridiction autrichienne afin de déterminer si le site web d’un quotidien sur lequel figure des vidéos relève de la directive européenne « Services de médias audiovisuels » (SMA) (1), que la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a rendu son arrêt « New Media Online » (2). La Cour a ainsi rejeté les conclusions de l’avocat général Maciej Szpunar datant de juillet 2015, selon lesquelles ni le site web d’un quotidien qui comporte des vidéos, ni aucune partie d’un tel site, ne constitue un « service de médias audiovisuel » au sens de la directive SMA (3).

« Erreur », « hold-up », … Le fonds Google d’aide à certains journaux divise toujours la presse française

Carlo d’Asaro Biondo, président de Google Europe (EMEA), chargé des partenariats stratégiques, a dû encore défendre le fonds – toujours contesté – d’aide à la presse française d’« information politique et générale », signé en 2013 sous la houlette de François Hollande et prolongé jusqu’au 31 décembre 2016.

Propos recueillis par Charles de Laubier

Les deux dernières attaques en règle contre le fonds Google pour l’innovation numérique de la presse française sont venues de Hervé Rony, directeur général de la Société civile des auteurs multimédias (Scam), et de Laurent Bérard- Quelin, président du Syndicat de la presse économique, juridique et politique (SPEJP). C’était le 9 décembre dernier lors d’un dîner-débat au Sénat organisé par le Club audiovisuel de Paris, qui avait comme invité d’honneur Carlo d’Asaro Biondo (photo), président de Google pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique (EMEA), en charge des partenariats stratégiques. « Je pense que la presse française a commis une erreur monumentale (en 2013), parce que Google a fait un chèque de 60 millions d’euros. C’est comme si
je sortais de mon porte-monnaie 15 euros ! Quand on fait 60 milliards de dollars de chiffre d’affaires au niveau mondial… », a lancé Hervé Rony. Et le directeur général de la Scam d’enfoncer le clou : « La presse n’a rien résolu du problème du partage de la valeur sur l’échange de données. Le fait est qu’une large part des oeuvres protégées par le droit d’auteur circulent sur Google par le biais d’un lien avec une adresse URL. Cette question-là du partage de la valeur doit être traitée. Or elle ne l’est pas car on
n’a pas trouvé d’issue à ce problème. Il y a un moment où Google ne peut pas s’affranchir… ».

La presse en ligne peut avoir à financer le cinéma !

En fait. Le 9 décembre prochain, se réunit la commission « Enjeux réglemen-taires » du Groupement des éditeurs de contenus et services en ligne (Geste). Seront notamment abordées les conséquences de la décision « New Media Online » rendue par la CJUE le 21 octobre sur les vidéos des sites web de la presse.

En clair. Les sites de presse en ligne, qui recourent de plus en plus à de la vidéo, pourraient être amenés à contribuer au financement de cinéma français ! Cela pourrait être l’une des conséquences de l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), daté du 21 octobre dernier (1), qui a rend applicable aux éditeurs de presse en ligne la directive européenne sur les services de médias audiovisuels – SMA (2) – de 2010. Cet arrêt « New Media Online », du nom d’une société autrichienne qui édite un journal en ligne (Tiroler Tageszeitung via www.tt.com) et qui proposait un accès à un catalogue de vidéos, fait jurisprudence dans toute l’Europe.