Philippe Levrier, président de la SEPN : « Le projet R+ espère réconcilier les grandes radios avec la RNT »

Ancien membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), Philippe Levrier vient de créer la Société d’études et de participations dans le numérique (SEPN) pour son projet de radio numérique en mobilité baptisé R+. Il entend y rallier les grandes radios privées et publiques, maintenant que l’arrêté « DAB+ » a été publié le 28 août.

Propos recueillis par Charles de Laubier

Edition Multimédi@ : Vous avez été auditionné par le CSA le 15 juillet pour votre projet de radio numérique R+ : pourquoi pourrait-il réussir là où la RNT peine à convaincre ?
PLPhilippe Levrier :
Le scénario RNT antérieurement adopté par le CSA reposait sur un pari selon lequel il devait être possible de remplacer rapidement la bande FM par la RNT, comme on
a substitué en quelques années la TNT à la télévision analogique. Ce pari est d’ores et déjà perdu.
Entre radio et télévision, les circonstances sont très différentes : en radio l’offre est abondante, le taux de renouvellement des récepteurs est faible, les fréquences éventuellement libérées (la bande II) n’ont pas une grande valeur, le bénéfice pour l’auditeur est faible.
Les grands groupes de radio n’ont donc pas trouvé leur intérêt dans cette démarche risquée et coûteuse. R+ est né de l’interrogation suivante : peut-on construire, dans le contexte français, un modèle de diffusion de la radio numérique qui rencontre l’adhésion des radios nationales privées et publiques ?

• A l’origine du projet : Société d’études et de participations dans le numérique (SEPN). • Objectif : diffusion numérique hertzienne, en complément de la FM, de radios nationales et régionales vers les automobilistes ayant choisi l’option DAB+ et les récepteurs DAB+. • Lancement : 2016 • Coût du projet : 35 millions d’euros. • Couverture : 45 millions d’habitants. • Technologie : DAB+ (arrêté daté du 16 août 2013 et paru le 28 août au J.O.)

EM@ : NRJ, RTL, Europe 1 ou encore RMC, hostiles à la RNT, pourraient-ils changer d’avis et devenir partenaires de R+, de même que Radio France pour lequel le gouvernement n’a pas préempté de fréquences pour la RNT ?
P. L. : Nous avons engagé avec les radios nationales un dialogue approfondi pour mieux cerner les conditions de leur possible engagement dans le projet. Nous sommes également en relation avec les radios régionales indépendantes. Ces échanges ont déjà permis de tirer quelques conclusions très positives. En particulier, si l’objectif de viser une couverture en mobilité est partagé, les radios souhaitent une couverture « surfacique » plus large, ce que nous sommes en train d’étudier. Sans les radios qui cumulent plus de 80 % de l’auditoire, la radio numérique terrestre est vouée à l’échec. Il faut comprendre que ces groupes ne sont pas contre la RNT par principe. Simplement, on ne leur a pas encore proposé de scénario qui tienne la route économiquement. R+ peut être ce modèle vertueux.

EM@ : Quelle population visez-vous et pour quel investissement ? Quand espérez-vous une autorisation dans la bande 3 et le feu vert pour lancer le service ?
P. L. :
La piste que nous suivons est simple : la radio numérique peut offrir la continuité
de réception de ces radios en mobilité sur les grands axes et les grandes agglomérations, ce que la FM ne parvient pas à faire véritablement. Les réseaux nécessaires sont moins coûteux – 35 millions d’euros d’investissements environ – et l’équation économique est donc facilitée. En outre, nous proposons que les fréquences soient attribuées à un distributeur qui composerait contractuellement le bouquet de radios, sous le contrôle
du CSA. Une partie de l’audition du 15 juillet a été consacrée à cette question de la composition du bouquet. R+ n’entend évidemment pas se substituer au régulateur. Le réseau que nous avons envisagé à l’origine couvre 45 millions d’habitants. Les terminaux sont bien sûr disponibles : au-delà des voitures avec option DAB+, ce sont les récepteurs DAB+ déjà vendus aujourd’hui en Allemagne par exemple. Et demain, pourquoi pas les smartphones intégrant une puce DAB+. Le calendrier du projet est du ressort du CSA. Mais selon nos prévisions actuelles, les diffusions pourraient vraisemblablement débuter en 2016.

EM@ : En quoi votre projet R+ est-il différent de la RNT gratuite prévue fin 2013
à Paris, Marseille et Nice, ainsi que du projet de RNT payante (Onde numérique), voire du projet IP Broadcast soutenu par Pierre Bellanger ?
P. L. :
R+ est complémentaire du processus RNT. Le projet occuperait, au plus, la moitié de la bande 3. Ce qui laisse une place suffisante pour la diffusion des radios locales privées et associatives, à condition toutefois que la norme DAB+ soit généralisée. Nous ne sommes pas concurrents d’Onde numérique, qui ambitionne de créer un marché de
la radio payante avec des formats inédits sans publicité. R+ prolonge l’offre gratuite des radios existantes, avec en plus des données d’informations routières et d’assistance aux automobilistes diffusées selon la norme TPEG, voire des données associées à définir. Quant à l’IP hertzien, il existe déjà nous semble-t-il et cela s’appelle la 4G. Un tel modèle suppose un financement par les opérateurs mobiles, très improbable si l’on se souvient
de la tentative avortée de la télévision mobile personnelle (TMP).

EM@ : La pub suffira-t-elle à financer la gratuité ?
P. L. :
Sur l’économie globale, il appartiendra aux radios de porter le jugement final, comme elles le font chaque fois qu’elles envisagent une extension de leur couverture FM. Toutefois, pour faciliter l’arrivée à l’équilibre, nous étudions la possibilité de recourir à une autre source de financement. Chaque acheteur d’automobile choisissant l’option DAB+ verserait une contribution « cachée » unique – de quelques dizaines d’euros – rétrocédée par les constructeurs à R+. Ce dispositif fonctionne aujourd’hui pour le financement des services d’informations routières. Michel Reneric, toujours président de Mediamobile [filiale de TDF dont il est retraité, ndlr], a rejoint le projet et va nous faire bénéficier de
sa grande expérience en la matière.

EM@ : Qu’attendez-vous des Assises de la radio qui se tiendront fin octobre ? Quelles évolutions législatives espérez-vous pour la radio dans le projet de « grande loi audiovisuelle » prévue en 2014 ?
P. L. :
Au plan institutionnel, maintenant que l’arrêté instituant la norme DAB+ a été publié au J.O. du 28 août, ce dont nous nous réjouissons, nous attendons d’abord que deux autres étapes importantes soient franchies prochainement : un arbitrage gouvernemental sur les fréquences qui maintienne l’affectation de la bande III à la radio et la sortie du rapport sur la radio numérique annoncé par le CSA. Nous espérons vivement que ce rapport laissera sa chance au projet. R+ est compatible avec les dispositions législatives actuelles et nous ne sommes demandeurs d’aucun aménagement particulier. Si les Assises de la radio pouvaient être l’occasion de donner le feu vert final, nous en serions bien sûr comblés.

EM@ : DAB+ peut-il être un déclencheur ?
P. L. :
Le DAB+ est une condition nécessaire mais pas à proprement parler un déclencheur. La norme est neutre, elle ne détermine pas l’usage. Cependant, l’arrêté DAB+ daté du 16 août est pour nous un signe très positif de la volonté des pouvoirs publics d’encourager notre démarche.

EM@ : Le 8 août, Google a lancé en France un service de musique alliant streaming et smart radios, sur les traces de Spotify et de Deezer. Apple lancera iTunes Radio cet automne. Il y a des milliers de webradios. Risque-t-on la surabondance de radios numériques et l’émiettement du média radio ?
P. L. :
Radio numérique hertzienne ou pas, ces évolutions sont inéluctables. Pour les radios, la question n’est donc pas seulement économique, elle est proprement stratégique. Veulent-elles conserver, dans le monde numérique, un vecteur de distribution hertzien qu’elles contrôlent ? Si oui, R+ leur offre la possibilité de commencer à s’installer dans cette bande III, à des conditions raisonnables et donc de sécuriser cet important actif immatériel, mais essentiel à leur activité. Sinon, l’avenir numérique des radios sera placé sous le signe de la dépendance vis-à-vis des grands acteurs du mobile et d’Internet.
C’est dans les prochains mois que ce choix capital doit être effectué. @

Marc Jalabert, Microsoft : « Sur la Xbox One, les jeux, la TV et les divertissements coexisteront sans barrières »

Le directeur de la division Grand public et Opérateurs de Microsoft France explique à Edition Multimédi@ en quoi la Xbox One est « une nouvelle génération » de console. Il parle aussi du « succès français » de Xbox Music et de la mobilité
de Windows 8, ainsi que de la régie digitale Microsoft Advertising.

Propos recueillis par Charles de Laubier

MJEdition Multimédi@ : Microsoft a dévoilé, mardi 21 mai, sa nouvelle Xbox One qui se présente comme une plateforme multimédia « tout en un ». Comment allez-vous convaincre les près de 3 millions de foyers en France détenteurs de la Xbox 360 de passer à la One ?
Marc Jalabert :
Le président de la division Interactive Entertainment de Microsoft (1), Don Mattrick, a annoncé que la Xbox One serait disponible dans le monde en 2013. En attendant, le groupe s’exprime le 10 juin, dans le cadre de l’E3 [le premier salon américain des jeux vidéo, ndlr]. Il y a plus de trois ans, nous avons lancé le développement d’une nouvelle Xbox.
Nous ne voulions pas créer une « prochaine génération » de console, qui aurait juste proposé une évolution. En fait, nous avons voulu créer une « nouvelle génération » de console de divertissement. Depuis le tout début, nous avons voulu concevoir une console qui soit simple, instantanée, et qui rassemble le meilleur de toutes les expériences de divertissements !
La Xbox One est précisément cette console qui proposera à la fois une nouvelle génération de jeux plus beaux, plus immersifs que jamais, mais aussi une expérience TV révolutionnaire. Elle a donc été conçue avant tout pour répondre à tous les possesseurs de Xbox 360 actuels, ainsi qu’à tous ceux qui souhaitent consommer leurs divertissements différemment.

Marc Jalabert est entré depuis plus de 20 ans chez Microsoft. Il a commencé sa carrière au siège de
Microsoft à Redmond en 1989, au sein des équipes
R&D, puis rejoint Microsoft France fin 1992 à des
postes marketing et ventes. Il est directeur de la
division Grand public et Opérateurs, créée en 2011.

EM@ : Depuis janvier 2013, la Xbox 360 propose le service de SVOD Canal Plus Infinity. Depuis octobre 2012, MyTF1VOD y est aussi. La TV d’Orange également : quels autres services vidéo en France prévoyez-vous sur les Xbox 360 et One ?
M. J. : La Xbox 360 est aujourd’hui la console de jeu vidéo qui propose le plus de contenus VOD et SVOD disponibles sur le marché. Nous continuons à travailler avec
nos partenaires pour rendre le service encore plus attractif, mais nous n’avons pas plus d’informations à partager à ce stade. En ce qui concerne la Xbox One, notre objectif est de proposer une console où les jeux, la TV et les divertissements peuvent coexister sans barrières, ni complications. Simple et de manière instantanée !

EM@ : Xbox Music, conçu mondialement par une équipe basée à Issy-les-Moulineaux, a été lancé en octobre 2012. Quel bilan faites-vous en France six mois après l’intégration de cet écosystème dans la console de jeu ?
M. J. :
En effet, Xbox Music est un service qui a été développé au cœur de Microsoft France, par une équipe de près de 130 personnes. En fait, Xbox Music est le fruit d’une stratégie d’investissement en R&D ambitieuse, qui vise à tirer profit des talents basés
à l’extérieur des Etats- Unis pour proposer les meilleures innovations couplées à la meilleure expérience utilisateur possible. Et c’est un pari réussi par l’équipe française,
car le service a été déployé avec succès à travers 35 pays sur plus de 48 millions de consoles Xbox 360 connectées au Xbox Live et, potentiellement, sur des centaines de millions de PC et tablettes sous Windows 8 et Windows RT, mais aussi sur les Windows Phone 8 vendus à travers le monde. Maintenant, il est encore tôt pour tirer tous les enseignements de ce lancement. Nous vous donnons rendez-vous à la fin de l’année
pour en reparler.

EM@ : Les FAI pourraient craindre de voir leurs propres services court-circuités par la « 2e box » connectée à leur réseau. Par exemple, Orange commercialise les abonnements Xbox Live et considère la Xbox 360 comme « box secondaire » : avec la Xbox One, va-t-on vers une bataille des « box » ?
M. J. :
Nous travaillons en étroite collaboration avec les opérateurs et FAI depuis plusieurs années. Notre stratégie de partenariat ne changera pas avec l’arrivée de la Xbox One.

EM@ : Comparé aux écosystèmes d’Apple (iOS/iTunes Store) et de Google (Android/Google Play), Microsoft semble avoir du mal à percer le marché des smartphones et tablettes terminaux mobiles, malgré le lancement de Windows 8
il y a six mois et le partenariat avec Nokia. Comment expliquer ce retard ?
M. J. :
Avec les lancements de Windows 8 et Windows Phone 8, en octobre dernier, nous sommes de retour sur le marché de la mobilité et cela se voit. Nous passons à la vitesse supérieure car nous entrons dans une nouvelle ère, celle d’une interface unique sur tous les écrans de la vie numérique avec Windows 8 et Windows Phone 8, ainsi que de nouveaux scénarios sur PC, tablettes et TV. Avec Windows 8, d’une part, nous avons fait le pari de la mobilité : de l’interface utilisateur, à la création du Windows Store avec ses applications, en passant par le chipset, nous avons intégralement réinventé Windows pour la mobilité, quitte à créer nos propres équipements, comme la tablette Surface, pour aller encore plus loin. En six mois à peine, 100 millions de licences Windows 8 ont été vendues dans le monde, et 1,7 million de personnes sont déjà passées à Windows 8 en France. Avec Windows Phone 8, d’autre part, nous présentons une offre « devices & services » de plus en plus attractive, notamment avec la ligne de Nokia Lumia qui se déploie à un rythme plus que satisfaisant sur le marché français. Notre dynamique de ventes est exceptionnelle : nous sommes passés en un an de 2,8 % à 7,2 % de parts de marché, selon Kantar Worldpanel Comtech datant de mars 2013. En France, nous sommes désormais le troisième système d’exploitation et nous gagnons 1,5 point de part de marché par mois !
C’est une bataille de long terme, mais nos résultats dépassent nos objectifs, qu’il s’agisse du grand public comme de l’entreprise, dans un contexte concurrentiel où les lignes bougent.

EM@ : Combien d’applications mobiles proposez-vous par rapport aux boutiques d’Apple et de Google ?
M. J. :
Les développeurs plébiscitent notre écosystème puisque le nombre d’applications sur le Windows Store a été multiplié par 6 en six mois, et nous comptons déjà 145.000 applications sur le Windows Phone Store, soit plus de 90 % du top 50 des applications des plateformes concurrentes.

EM@ : En France, Microsoft Advertising est la première régie pub online, d’après Médiamétrie//NetRatings, avec 31,3 millions de visiteurs uniques en décembre 2012. Que représente cette activité pour Microsoft France ?
M. J. :
Microsoft Advertising est rattachée à la division Online Services de Microsoft,
qui a réalisé en 2012 une croissance de 10 % au niveau mondial pour atteindre plus de
2,8 milliards de dollars de chiffre d’affaires. En France, Microsoft Advertising est la première régie publicitaire digitale. Elle monétise auprès des annonceurs et des agences média l’ensemble des marques de l’écosystème Microsoft, à commencer par le portail MSN.fr, marque phare de notre offre, ainsi que Skype et Xbox, qui connaissent une forte croissance de leur audience. En combinant les environnements premium (MSN, Xbox, Skype, Outlook.com, Windows Phone, Bing, applications Windows 8) et une expertise
sur tous les leviers de communication publicitaires (display, search, performance, brand content), Microsoft permet aux marques de proposer aux internautes de véritables expériences immersives.

EM@ : La pub vidéo est-elle en forte croissance ?
M. J. :
Les opérations spéciales et les formats vidéo représentent, en effet, des leviers de croissance. @

Marc Héraud, délégué général du SNSII : « Vouloir taxer les terminaux connectés n’est pas la solution »

Le délégué général du Syndicat national des supports d’image et d’information (SNSII) revient pour EM@ sur les propositions du rapport Lescure qu’il juge – avec cinq autres organisations professionnelles (Fevad, Secimavi, Sfib, Simavelec et Gitep Tics) – « inacceptables ». Il met en garde les industries culturelles.

Propos recueillis par Charles de Laubier

Edition Multimédi@ : C’était une revendication du Bureau de liaison des organisations du cinéma (Bloc) depuis 2009 : le rapport Lescure propose de taxer les terminaux connectés à hauteur de 1 % du prix de vente. Comment accueillez-vous cette nouvelle taxe et quel impact aurait-elle en France ?
Marc Héraud :
Nous ne pensons pas qu’une nouvelle taxe, en plus de celles existantes, ne soit la solution pour aider l’industrie culturelle à se réformer. Doit-on créer une nouvelle taxe sur l’essence pour aider l’industrie automobile française à se restructurer ? De plus, cette nouvelle taxe – sur les ordinateurs, smartphones, tablettes, téléviseurs connectés, consoles de jeux, etc. – vient se superposer à la rémunération pour copie privée (RCP), dont le périmètre serait élargi avec la prise en compte du cloud computing et aux droits déjà réglés aux ayants droit dans le cadre de l’offre légale. Cette nouvelle taxe est estimée, dans le rapport Lescure, à environ 85 millions d’euros par an, soit 1 % des
8,579 milliards d’euros qu’a généré le marché français des terminaux connectés en 2012.
En taxant localement toujours plus l’industrie numérique, il y a un vrai risque à freiner le développement de celle-ci, alors que tout le monde s’accorde à dire qu’elle constitue un des principaux relais de croissance de notre économie. Ce type de nouvelle taxe n’aidera sûrement pas notre pays à améliorer son classement dans la prochaine édition du rapport du World Economic Forum qui vient de situer la France à la 26e position mondiale, pour ses infrastructures numériques, perdant trois places par rapport à la même analyse menée en 2012…

Lors du Conseil des ministres du 15 mai dernier, Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication,
a indiqué que « la contribution sur les terminaux connectés [que le rapport Lescure propose à “un taux très modéré (par ex. 1 %)”] fera l’objet d’un arbitrage dans le cadre de la préparation du projet de loi de finances pour 2014 ». Reste à savoir si le président de la République, François Hollande, arbitrera en faveur de cette nouvelle taxe.

EM@ : Craignez-vous que cette nouvelle taxe censée « corriger un transfert de valeur » ne soit, comme le suggère le rapport, fusionnée à terme avec la taxe pour copie privée supposée « compenser le préjudice lié à la copie privée », les recettes de cette dernière étant amenée à diminuer au profit de l’accès en streaming ou en cloud aux œuvres ?
M. H. :
La fusion de la taxe des terminaux connectés avec celle de la copie privée
est sans doute ce qui va se passer à moyen terme… Il est cependant à craindre que,
d’ici là, une bonne partie des achats des consommateurs soient réalisés sur des sites Internet étrangers afin d’échapper aux différentes taxes (TVA, RCP, taxe équipements connectés,…). Seule une rapide harmonisation fiscale européenne permettra de limiter cette évolution.

EM@ : Quel est le montant total de la taxe copie privée perçue les terminaux de stockage ? Quelle est la taille de ce marché gris justement pour y échapper ?
M. H. :
En 2012, selon Copie France, la perception de la RCP en 2012 a été de
173,8 millions d’euros, dont 52,1 millions d’euros sur les smartphones (téléphone mobile multimédia), 32,4 millions sur les disques durs externes, 17,9 millions sur les clés USB non dédiées et 16,3 millions sur les DVD data. Quant aux tablettes tactiles multimédias, elles ont subi un prélèvement de 6,4 millions d’euros.
L’importance du marché gris est difficile à évaluer précisément (GfK ne le mesure pas) mais elle est directement proportionnelle à la part de la RCP dans le prix de vente au consommateur. Nous estimons le marché gris à plus de 70 % sur les DVD data (la RCP représente près de 50 % du prix de vente TTC de ce produit). Sur les disques durs externes, le marché gris est en pleine progression (plus de 30 % du marché total, sans doute) du fait de la baisse des prix et de l’augmentation des capacités. Ce marché gris
est particulièrement destructeur pour les distributeurs locaux avec une incidence directe sur l’emploi.

EM@ : Après la médiation Vitorino, la Commission européenne veut harmoniser les dispositifs de la RCP entre les différents Etats membres, notamment dans le cadre du réexamen en cours de la directive sur le droit d’auteur, ce qui pourrait remettre en cause du système français. Qu’attendez-vous du commissaire Michel Barnier ? M. H. : Nous souhaitons que les conclusions du rapport Vitorino soient le plus rapidement possible traduites dans des textes règlementaires européens. Ce qui permettra de mieux harmoniser les pratiques de RCP entre les Vingt-Sept, notamment la définition du préjudice qui est centrale pour imaginer des barèmes cohérents dans les différents pays.

EM@ : Les six organisations professionnelles, que sont le SNSII, la Fevad,
le Secimavi, le Sfib, le Simavelec et le Gitep Tics, ont souligné que le rapport Lescure ne reprend aucune de leurs sept pistes de réformes proposées lors
de différentes auditions : quelles sont ces sept propositions ?
M. H. :
Une refonte de la RCP en France est nécessaire aussi bien sur le plan juridique qu’économique. Ces objectifs ne pourront être remplis que si le nouveau système répond aux conditions suivantes :
1) Le préjudice, rien que le préjudice, tout le préjudice. Conformément à la directive européenne du 22 mai 2001 [sur l’harmonisation de certains aspects du droit d’auteur et des droits voisins dans la société de l’information, ndlr] et la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), le système de copie privé doit correspondre uniquement au préjudice subi par les ayants droit – pour les actes de copie privée qui échappent à une autorisation préalable. Ce préjudice devra être déterminé dans le cadre d’une expertise juridique et économique neutre.
2) Réévaluation régulière du montant du préjudice. Nous proposons qu’elle ait
lieu tous les deux ans pour tenir compte de l’évolution des nouveaux usages et du développement des nouveaux services numériques.
3) Offre légale. Le nouveau système doit être moteur, et non frein, pour le déploiement
de l’offre légale d’œuvres numériques en s’assurant que les ayants droit bénéficient directement des revenus issus de l’innovation numérique : plates-formes de téléchargement direct d’œuvres musicales, services en streaming, télévision de rattrapage et vidéo à la demande (VOD)
4) Exclusion des usages professionnels. La directive du 22 mai 2001 indique que le système de copie privée n’est applicable qu’aux seules personnes physiques pour un usage privé et non aux personnes morales, ce qui a été rappelé par l’arrêt Padawan
rendu par la CJUE. Il ne s’agit pas de faire payer une personne morale et/ou une personne achetant à des fins professionnelles. De ce fait, le système de remboursement doit être aboli.
5) Harmonisation européenne. L’évaluation du préjudice doit se faire selon des critères harmonisés au sein de l’Union européenne, seul marché pertinent à prendre en compte. Le nouveau système permettra ainsi la décroissance du marché gris et la réduction de la distorsion des prix de vente des supports au sein du marché européen, causés par une RCP irréaliste et exorbitante en France.
6) Traitement légitime des 25 % pour les manifestations culturelles. Nous préconisons la dissociation de la RCP, destinée uniquement à la compensation
d’un préjudice, et de la contribution aux événements culturels en France.
7) Transparence. La transparence doit être assurée non seulement par la gouvernance équilibrée, au travers d’une représentativité identique entre ayants droit, consommateurs et industriels (1/3 chacun), mais aussi par la méthodologie utilisée, le calcul du préjudice et les tarifs appliqués en compensation de ce préjudice. @

 

Neelie Kroes, Commission européenne : « Avec la convergence, l’audiovisuel n’a plus besoin d’autant de régulation »

La vice-présidente de la Commission européenne, en charge de l’Agenda numérique, nous explique la raison d’un nouveau livre vert sur l’audiovisuel
et la télévision connectée, et dit ce qu’elle attend de la consultation publique.
Des décisions seront prises dès 2014 pour prendre en compte la convergence.

Propos recueillis par Charles de Laubier

NKEdition Multimédi@ : La Commission européenne lance
une consultation publique sur la convergence audiovisuelle.
En juillet 2011, elle mettait en route un précédent livre vert sur l’audiovisuel en ligne. En mars 2012, elle initiait une consultation publique sur les aides d’Etat au cinéma à l’heure de la VOD : ces sujets ne sont-ils pas liés et quand prendrez-vous des mesures ?

Neelie Kroes : Le livre vert de 2011 sur la distribution en ligne
d’œuvres audiovisuelles dans l’Union européenne (sous-titré
« Vers un marché unique du numérique : possibilités et obstacles ») portait sur le copyright et les droits de retransmission, dont les résultats devraient être publiés cette année.
En décembre 2012, la Commission européenne a réaffirmé ses engagements pour travailler à un cadre moderne du droit d’auteur dans l’économie du numérique. Il s’agit
de mener deux types d’actions parallèles : instaurer en 2013 un dialogue des parties prenantes et achever des études de marchés, des évaluations d’impact et des travaux d’élaboration juridique, en vue d’une décision en 2014 en fonction des propositions de réforme législative qui seront sur la table.
Le livre vert que nous avons adopté le 24 avril dernier concerne la convergence audiovisuelle mais pas le droit d’auteur ni les aides d’Etat au cinéma. Les travaux
sur ces différents sujets sont donc complémentaires.

« La convergence dans le secteur audiovisuel apporte
des opportunités pour tous les acteurs du marché.
(…) Face à d’éventuelles pratiques anticoncurrentielles,
la Commission européenne pourra intervenir. »

EM@ : La TV connectée bouscule les paysages audiovisuels historiques nationaux et abolit les frontières entre Internet et la télévision : soumettre les nouveaux acteurs OTT aux mêmes exigences réglementaires (diversité, protection des enfants, publicité, …) que les chaînes nationales ne reviendrait-il pas à réguler Internet, ce qui semble impossible car mondial ?
N. K. : La directive sur les services de médias audiovisuels (SMA) s’applique aux fournisseurs de services média, dont ceux distribuant des contenus sur Internet. Tant qu’un fournisseur a la responsabilité du choix du contenu et détermine la manière dont il est organisé, il tombe sous la juridiction de la directive SMA et doit respecter les règles audiovisuelles de l’Union européenne. Cette directive traite les services linéaires (les émissions de télévision) et ceux non-linéaires (les services à la demande) de différentes façons.
Le raisonnement est le suivant : puisque les consommateurs ont de plus en plus de choix et un contrôle plus grand sur ce qu’ils voient sur les services de médias audiovisuels à la demande (SMAd), il y a un besoin moindre de régulation dans les services à la demande. Cependant, la convergence et la TV connectée brouillent les lignes. Les consommateurs peuvent parfois avoir beaucoup de mal à faire la différence entre le linaire et le non-linéaire. Le livre vert sur « un monde audiovisuel totalement convergeant » cherche à savoir, et en demande la preuve, si le traitement différencié actuel ne provoque pas des distorsions de concurrence sur le marché de l’audiovisuel.

EM@ : Les fabricants de téléviseurs (Samsung, Toshiba, Philips, …) veulent
eux aussi conquérir l’écran de télévision et proposer des bouquets audiovisuels, mais ils sont confrontés aux éditeurs de chaînes de télévision qui veulent garder
– avec l’aide des ISP et de leur box IPTV – le contrôle de l’écran : les chaînes et les box IPTV sont-elles des freins à la concurrence ?
N. K. :
La convergence dans le secteur audiovisuel apporte des opportunités pour
tous les acteurs du marché. Pour les fabricants d’équipement et les développeurs technologiques, c’est l’occasion d’appréhender un marché en croissance avec des terminaux innovants, y compris avec des interfaces conviviales et des solutions d’accessibilité. Les opérateurs de réseau verront une demande accrue de bande passante avec un impact positif sur les investissements dans le très haut débit. Les créateurs de contenus peuvent trouver de nouvelles façons de maximiser leur audience, monétiser leurs œuvres et expériences avec des façons créatives de produire et de proposer les contenus. Les producteurs audiovisuels peuvent trouver plus de plates-formes pour distribuer leurs contenus et améliorer leurs offres interactives. Si certains facteurs gênent les possibilités de profiter de ces opportunités, alors nous espérons
en avoir un feedback durant la consultation publique.
Autrement, face à d’éventuelles pratiques anti-concurrentielles, la Commission européenne pourra intervenir, au besoin, en faisant usage des compétences que le
Traité de l’UE lui confère en matière de politique de la concurrence.

EM@ : Le 14 juin, le Conseil de l’Union européenne doit examiner le projet de mandat de négociation que la Commission européenne a adopté le 12 mars pour
un accord de libre-échange entre l’UE et les Etats-Unis : faut-il vraiment en exclure, comme le demande la France, les services audiovisuels, alors que l’audiovisuel en ligne s’affranchit des frontières ?
N. K. :
La culture n’est pas une marchandise, loin de là. Elle bénéficie d’un statut spécial dans la loi de l’Union européenne. La Commission est garante de ce principe et est même légalement obligée de défendre ce statut, conformément aux Traités européens. L’Europe ne mettra pas son exception culturelle en danger par des négociations commerciales.
Je suis d’accord avec les commentaires récents de mon collègue Karel De Gucht [commissaire européen en charge du Commerce, dans « L’exception culturelle ne sera pas négociée ! », le 22 avril (lire page suivante), ndlr].

EM@ : Le retard pris dans la révision de la directive IPRED sur les droits de propriété intellectuelle n’est-il pas un frein au développement de l’audiovisuel
en ligne sur le « marché unique numérique » que vous souhaitez rapidement ? Comment la chronologie des médias, qui accorde une exclusivité de plusieurs
mois à la salle au détriment de la VOD, doit-elle être réformée ?
N. K. :
La Commission européenne avait pris la décision d’ouvrir la procédure de la consultation publique pendant quatre mois, afin de permettre aux différents acteurs de donner leurs avis dans ce domaine qui est très sensible d’un point de vue politique. La décision sur l’éventuelle révision de la directive IPRED requiert une réflexion approfondie de la part du législateur européen. Quant à la question des fenêtres de diffusion dans
la chronologie des médias, elle est toujours en réflexion en interne à la Commission européenne et n’est donc pas explicitement reprise dans le livre vert. Cependant, nous sommes conscients qu’il y a différentes voix dans l’industrie. Par exemple, à la table ronde « Financement et distribution de films européens sur le marché numérique
européen : distribution transfrontalière et chronologie des médias » qui s’est tenue à Cannes le 9 octobre 2012 [à l’occasion du Mipcom, ndlr], plusieurs participants ont mentionné que le maintien rigide de l’actuel système de « fenêtrage » met l’innovation
en danger, et ils ont apporté leur soutien à des expérimentations de sorties simultanées
ou quasisimultanées de films – en salle de cinéma et en vidéo à la demande (VOD) –
qui ont lieu dans quelques pays. Avec ma collègue Androulla Vassiliou [commissaire européenne en charge Education et Culture, ndlr], nous avons pris ce jour-là une position communication. @

 

Joseph Haddad, président de Netgem et de Videofutur : « La box des FAI ne doit plus être un bundle forcé Internet-TV »

Président fondateur de Netgem, Joseph Haddad nous explique pourquoi son entreprise a lancé sur Videofutur – dont il est aussi président du conseil d’administration – une OPA qui s’est achevée le 23 avril. En outre, pour lui,
l’offre liée Internet-TV des box n’est plus tenable à l’heure de la TV connectée.

Propos recueillis par charles de laubier

JH

Edition Multimédi@ : Vous avez créé il y a 17 ans Netgem pour « ouvrir la télévision à la puissance de l’Internet »,
en fabricant des box et décodeurs pour les FAI et leurs services gérés IPTV. Aujourd’hui, les OTT et la TV connectée remettent en cause ces walled gardens : Netgem est-il un fabricant de mondes fermés ou d’écosystèmes ouverts ? Joseph Haddad :
Netgem est un « facilitateur » de la nouvelle télévision, un « enabler », c’est-à-dire une entreprise innovante dont le métier est d’inventer les solutions technologiques et les services permettant
d’offrir aux consommateurs de nouvelles formes d’usage de la télé et de la vidéo. Ce qui contribue à offrir aux ayants droits de nouveaux outils de monétisation de leurs œuvres. On assiste aujourd’hui à une nouvelle étape de la révolution de la télévision avec l’Over-The-Top (OTT) et la télévision connectée. Nous nous inscrivons et nous reconnaissons entièrement dans ce nouveau modèle qui ouvre de nouvelles opportunités pour le groupe.

« La marque Videofutur sera maintenue, mais l’activité de Videofutur sera totalement intégrée au sein de l’activité France de Netgem. (…) Et nous comptons lancer dès cette année une nouvelle offre innovante de télé connectée »

EM@ : En devenant la maison mère de Videofutur (après l’avoir été de 2008 jusqu’en 2010), Netgem va intégrer le cloud développé par Videofutur dans
son offre internationale : Videofutur aura-t-il les reins assez solides, notamment
sur l’acquisition de droits de diffusion, pour concurrencer dans le monde Netflix, Amazon ou Hulu ?
J. H. :
Nos objectifs en France sont raisonnables et en fonction de nos moyens, et
nous avons un contrôle complet de notre destinée (technologie, contenus, distribution, financement). Au-delà, Netgem est et reste plus que jamais une entreprise internationale : l’expertise technologique et les produits que nous développons en France ont toujours
été la base de ce que nous avons exporté dans le monde entier : 100 % de nos ventes à l’exportation aujourd’hui sont la directe conséquence de notre expérience acquise lorsque nous avons accompagné le marché français du temps de la période Neufbox. Tandis qu’une part importante de ce que nous vendrons dans les prochaines années dans le monde sera directement issue de notre déploiement Videofutur qui commencera à être intégré dans nos offres internationales dès 2014.

EM@ : La société Videofutur Entertainment Group restera-t-elle une filiale de Netgem ? En outre, comptez-vous lancer une nouvelle offre Videofutur en France ? J. H. : La marque Videofutur sera maintenue, mais l’activité de Videofutur sera totalement intégrée au sein de l’activité France de Netgem. Le patron de Videofutur (Mathias Hautefort, directeur général, ndlr) devenant le patron de Netgem France. Et nous comptons lancer dès cette année une nouvelle offre innovante de télé connectée,
qui marie l’expertise de Netgem et les services de Videofutur.

EM@ : Ayant transformé son modèle économique, en passant de l’activité de location de DVD à la SVOD pour la TV connectée, Videofutur est devenu un
OTT avec son offre passant outre les « box IPTV » des FAI. En vous emparant du
« Netflix » français, n’allez-vous pas vous-mêmes contourner les box et set-top-box que Netgem fournit à ces mêmes FAI ?
J. H. :
Comme vous le savez, Netgem n’est plus aujourd’hui un fournisseur actif sur le marché français (l’entreprise y a réalisé 28,1 millions de chiffre d’affaires en 2012, soit 34,6 % du total, et seulement 25,7 % au 1er trimestre 2013, ndlr). Il n’y a donc aucune
« concurrence » entre cette démarche et les opérateurs. De plus, le marché visé par
nos nouvelles offres vise très précisément les clients qui ne sont pas accessibles par
les offres des FAI, soit environ 35 % à 40 % des foyers en France ne sont pas éligibles par ces FAI. Ils sont beaucoup plus nombreux si l’on calcule en éligibilité HD et en éligibilité multi-écrans HD. La technologie de TV connectée, à la base des nouvelles
offres du groupe, permet d’étendre considérablement l’éligibilité audelà de la TV ADSL. C’est bien cela l’innovation !

EM@ : En France, Netgem fut, jusqu’en 2010, principal fournisseur de SFR – dont vous avez perdu le contrat en 2011 pour la Neufbox Evolution – et depuis juin 2011 de Virgin Mobile pour sa box, laquelle offre le Club Vidéo de SFR pour la VOD : comment va évoluer votre contrat avec Omea Telecom ? Allez-vous proposer d’intégrer Videofutur dans la Virgin box ?
J. H. :
Il est vrai que les opérateurs français ont fait le choix – unique au niveau mondial – de développer en interne leur box, alors que partout ailleurs dans le monde les FAI préfèrent mutualiser les investissements en ayant recours à des acteurs technologiques externes comme nous. Ce qui nous permet de multiplier par près de dix nos ventes internationales ces trois dernières années (à 53,1 millions d’euros de chiffre d’affaires
en 2012, soit 65,3 % du total, ndlr). Pour ce qui concerne les MVNO (opérateurs mobile virtuels), nous pensons qu’ils peuvent être les premiers bénéficiaires de nos nouvelles offres OTT, puisque ces offres leur permettent d’adresser des foyers qui ne sont pas complètement desservis par les opérateurs de réseau. Et nous pouvons leur apporter, grâce à notre rapprochement avec Videofutur, un service opéré de bout en bout, ne réclamant aucun investissement particulier de leur part.

EM@ : Videofutur n’a réalisé que 7,4 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2012, avec 50.000 abonnés, plus de 10 ans (novembre 2002) après sa création sous le nom de Glowria Entertainment Group : êtesvous déçu et quels revenus visez-vous ? Quels freins à la SVOD souhaiteriez-vous voir levés en terme de réglementation : faut-il un « must offer » de la VOD ?
J. H. :
Durant ces 17 ans chez Netgem, j’ai souvent pensé que beaucoup de choses iraient plus vite, mais la force de l’entreprise est d’avoir su mûrir et se renforcer, sans perdre sa capacité d’innovation. Le débat qui m’intéresse aujourd’hui va un peu au-delà
du « must-offer ». Il est plutôt celui du « bundle forcé », c’est-à-dire de la « vente liée », pour ne pas dire « forcée » : pourquoi est-il impossible en France d’acheter un accès Internet sans se voir imposer une box TV ? Si Free a révolutionné le marché du mobile
en dissociant le forfait et le téléphone, qui osera offrir un accès Internet sans imposer sa box ? Ce découplage des offres ferait beaucoup plus pour les éditeurs de contenus que de tenter de réglementer une nouvelle fois les conditions d’un éventuel « must offer ». Offrir vraiment le choix au consommateur est au cœur de la promesse de la nouvelle télévision connectée ! EM@ : La chronologie des médias, qui relègue en France la SVOD à 36 mois après la salle, doit-elle être réformée ? Est-ce un frein pour Videofutur ? J. H. : Nous n’avons aucune prétention à demander à changer les règles du jeu. Nous souhaitons seulement qu’elles restent les mêmes pour tous. @

Edition Multimédi@ : Videofutur n’a réalisé que 7,4 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2012, avec 50.000 abonnés, plus de 10 ans après sa création : êtes-vous déçu et quels revenus visez-vous ? Faut-il un « must offer » de la VOD ?
Joseph Haddad :
Durant ces 17 ans chez Netgem, j’ai souvent pensé que beaucoup de choses iraient plus vite, mais la force de l’entreprise est d’avoir su mûrir et se renforcer, sans perdre sa capacité d’innovation. Le débat qui m’intéresse aujourd’hui va un peu audelà du « must-offer ». Il est plutôt celui du « bundle forcé », c’est-à-dire de la « vente liée », pour ne pas dire « forcée » : pourquoi est-il impossible en France d’acheter un accès Internet sans se voir imposer une box TV ?
Si Free a révolutionné le marché du mobile en dissociant le forfait et le téléphone, qui osera offrir un accès Internet sans imposer sa box ? Ce découplage des offres ferait beaucoup plus pour les éditeurs de contenus que de tenter de réglementer une nouvelle fois les conditions d’un éventuel « must offer ». Offrir vraiment le choix au consommateur est au coeur de la promesse de la nouvelle télévision connectée !