Bernard Tapie se serait bien vu aussi en magnat de la presse française (La Provence, Corse-Matin, …), hélas

L’homme d’affaire et ancien ministre Bernard Tapie, qui est à nouveau devant la justice pénale jusqu’au 18 novembre dans l’affaire « CDR-Tapie » (sauf renvoi du procès), risque aussi de perdre La Provence et Corse- Matin devant la justice commerciale. Cet été, il avait tenté de reprendre La Marseillaise avec Xavier Niel.

(Juste après la parution de cet article dans le n°243 de Edition Multimédi@, le 26 octobre 2020, le procès en appel a été renvoyé au 10 mai 2021, précédé d’une audience le 29 mars)

Bernard Tapie (photo), en faillite personnelle depuis 1994, se bat non seulement contre un double cancer mais aussi pour laver son honneur devant la justice. Malgré la relaxe générale qui avait été prononcée le 9 juillet 2019 par le tribunal correctionnel de Paris dans l’affaire de l’arbitrage « CDR-Tapie » (1), lequel avait abouti en 2008 à lui verser 403 millions d’euros pour régler son litige avec le Crédit Lyonnais, l’homme d’affaires (77 ans) est rejugé. Et ce, à nouveau aux côtés de Stéphane Richard, l’actuel PDG du groupe Orange, qui était à l’époque des faits le directeur de cabinet de la ministre de l’Economie, Christine Lagarde. Car le parquet de Paris avait fait appel de cet arbitrage privé, sur des soupçons de « fraudes », d’ »escroquerie » et « détournement de fonds publics » au détriment de l’Etat. Autrement dit, Bernard Tapie aurait volé le contribuable. Stéphane Richard avait été mis en examen en juin 2013 pour « escroquerie en bande organisée » et à nouveau en mai 2015 pour, cette fois, « complicité de détournement de fonds publics par une personne privée ». Entre ces deux prononcés de mises en examen, Christine Lagarde avait été mise en examen, elle aussi, pour « négligence » mais sans aucune peine, alors que son ex-directeur de cabinet n’a de cesse de clamer depuis son innocence en assurant « n’avoir fait qu’exécuter la décision ministérielle d’aller à l’arbitrage ».

Des affaires à ministre, puis de la politique aux médias
Quinze mois après la relaxe des six prévenus prononcée en faveur de Bernard Tapie, celui-ci doit à nouveau se défendre devant la cour d’appel de Paris des suites politico-financières d’une affaire qui remonte aux années 1990, celle de la revente d’Adidas par le Crédit Lyonnais en 1994 avec une confortable plus-value. L’homme d’affaire, qui avait vendu le fabricant d’articles de sport à l’ex-banque publique l’année précédente, l’accuse de l’avoir floué. Il était alors député national, avant d’être nommé ministre de la Ville par François Mitterrand, puis il deviendra député européen. A l’affaire « Adidas », s’était ajoutée au même moment l’affaire « VA-OM » (corruption dans le football) pour laquelle le président de l’Olympique de Marseille (OM), à l’époque Bernard Tapie, sera déchu de son mandat de député (et purgera six mois de prison ferme), ce qui le détournera à jamais de la politique malgré son éligibilité retrouvée en 2003.

« Nanard », héritier partiel du « papivore »
Après une reconversion personnelle dans le cinéma, le livre, la musique, le théâtre et la télévision (1995-2008), « Nanard » s’était relancé dans les affaires qui l’amèneront fin 2012 à entrer à 50 % dans le capital du Groupe Hersant Média (GHM), lequel possède alors La Provence, Nice- Matin, Var-Matin et Corse-Matin. GHM était le premier groupe de presse de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA). C’est là que Bernard Tapie se sent pousser des ailes dans la presse française, repreneur d’une partie de l’héritage laissé par Robert Hersant, surnommé, dans les années 1970-80, « le papivore ». Son nouveau dada est désormais les médias, malgré ses relations tumultueuses avec les journalistes ; fini la politique. Quoique les deux ont souvent des rapports consanguins… Ce serait Claude Bartolone, alors président de l’Assemblée nationale, qui aurait convaincu le président de la République François Hollande (4) – lequel aurait préféré y voir François Pinault (Le Point) – de laisser Bernard Tapie s’emparer en 2013 d’une partie des journaux PACA cédés par Philippe Hersant. GHM est mort, vive GBT : Groupe Bernard Tapie est devenu l’actionnaire majoritaire, à hauteur de 89 % aujourd’hui, du groupe marseillais éditant La Provence et alors détenteur de la moitié de Corse-Matin. Et ce, grâce à une hypothèque sur son hôtel particulier de la rue des Saints-Pères à Paris (hôtel de Cavoye), qu’il possède depuis 32 ans maintenant (en plus de sa villa Mandala à Saint-Tropez).
Le fils aîné de Bernard Tapie, Stéphane Tapie (demi-frère de Laurent, de Sophie et de Nathalie), a été nommé il y a plus de cinq ans – en février 2015 – à « la direction des activités numériques » du groupe La Provence. Sa mission : « Accélérer les développements web autour des marques La Provence et Corse Matin, notamment en rapprochant plus encore les problématiques internet de celles des journaux », et développer « l’utilisation de la vidéo, comme outil de développement des audiences » (5). Stéphane Tapie (51 ans), qui n’a pas répondu aux questions de Edition Multimédi@, est actionnaire du groupe La Provence depuis six ans maintenant, après avoir été producteur de télévision (6), dont douze ans pour TF1 grâce aux bonnes relations de son père avec l’ancien patron de la chaîne du groupe Bouygues, Patrick Le Lay. Il est par ailleurs gérant de la société Conseil Média Numérique. C’est en 2014 que Stéphane Tapie fait ses premiers pas dans le groupe de son père, en commençant par être administrateur du quotidien insulaire Corse- Matin, dont le Groupe Nice-Matin (GNM) venait de céder à GBT ses parts. Cette même année, le fils de Nanard (7) lance « La Provence TV », au slogan « 100 % vidéo/100 % magazine », avec notamment une émission baptisée « Tapie se met à table ». Mais la chaîne, où le patriarche avait lui-même payé de sa personne en annonçant le 24 mars 2014 son ambition de « transformer La Provence en groupe multimédia », sera rapidement abandonnée (8). Aujourd’hui, Bernard Tapie risque de tout perdre. Le 30 avril dernier, le tribunal de commerce de Bobigny a prononcé la liquidation judiciaire de ses sociétés, dont GBT et FIBT (9) , qui pourraient être vendues pour payer ses dettes : environ 461 millions d’euros, d’après le SNJ (10). Sentence dont il a fait appel. Ce verdict reste à venir. A cela s’ajoute donc le procès en cours au pénal où il risque sept ans de prison et 375.000 euros d’amende.
Quoi qu’il en soit, la vente du groupe La Provence semble inéluctable. Cet actif de poids, mais déficitaire (pertes de 3 millions d’euros en 2019), pourrait tomber dans l’escarcelle de Xavier Niel qui le détient déjà à hauteur de 11 %, et ce depuis que le groupe belge Nethys lui a vendu au printemps 2019 sa participation dans La Provence. Le milliardaire fondateur de Free – déjà copropriétaire du journal Le Monde depuis novembre 2010, de L’Obs depuis janvier 2014, de France-Antilles depuis mars 2020 et de Paris-Turf depuis juillet 2020 – est en bonne place dans la PQR (11) pour l’emporter. Xavier Niel a en effet pris en début d’année – via sa holding NJJ Presse – le contrôle du groupe Nice-Matin (12) bien implanté dans les Alpes- Maritimes (Nice-Matin, Var-Matin et Monaco-Matin). Tapie et Niel se connaissent bien, et s’apprécient, au point d’avoir voulu racheter ensemble l’été dernier le quotidien historique La Marseillaise dont la société éditrice Les Fédérés avait été placée en liquidation judiciaire le 13 juillet. Mais l’opposition des salariés à ce projet de rachat jugé hostile fut telle que les deux hommes d’affaires ont dû jeter l’éponge le 14 août dernier (13).

Concentration de la presse française
Dans ces circonstances médiatico-judiciaires, Bernard Tapie aura fréquenté de très près les actuels patrons d’Orange et de Free, respectivement Stéphane Richard et Xavier Niel. Ce dernier a comme beau-père Bernard Arnault, propriétaire, lui, du Parisien, des Echos et bientôt de Challenges, tout en étant actionnaire de L’Opinion. L’ancien ministre de la Ville aura ainsi contribué à la concentration de la presse en France. Le site web du quotidien Le Monde et la chaîne de télévision de L’Equipe avait annoncé, respectivement le 31 octobre 2019 et le 28 août 2020, sa mort… Procès, cancers, nécrologies : rien ne lui aura été épargné. L’ancien président de l’OM résiste en jouant les prolongations. @

Charles de Laubier

Fini la convergence entre les télécoms et les médias chez Altice, qui se sépare aussi de ses titres de presse

La filiale française du groupe de Patrick Drahi le déclare toujours dans ses communiqués, et ce depuis plus de deux ans que l’intégration de NextRadioTV est effective : « Altice France est le premier acteur de la convergence entre télécoms et médias en France ». Mais dans les faits, cette stratégie a fait long feu.

Cinq ans après avoir initié le rapprochement entre les télécoms et les médias, avec l’acquisition par Altice en juillet 2015 de 49 % à l’époque de NextRadioTV, le groupe de Patrick Drahi (photo) en est aujourd’hui à détricoter cette velléité de stratégie de convergence. Il y a deux ans, en avril 2018, l’intégration de la société d’Alain Weill avait finalement obtenu le feu vert du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), lequel avait préalablement validé la prise de contrôle par NextRadioTV de la chaîne Numéro 23 – rebaptisée par la suite RMC Story. Avec NextRadioTV (RMC, BFM TV, BFM Business, BFM Paris, RMC Découverte, …), le pôle médias d’Altice France – maison mère de SFR, deuxième opérateur télécoms français – rajoutait l’audiovisuel à son portefeuille déjà constitué alors de la presse écrite avec Libération et L’Express, rachetés respectivement en juin 2014 et février 2015. Depuis lors, la filiale française ne manque pas d’affirmer dans ses communications : « Altice France est le premier acteur de la convergence entre télécoms et médias en France ». Même la holding – néerlandaise depuis près de cinq ans, après avoir été luxembourgeoise – y va encore aujourd’hui de son couplet sur la convergence : « Altice Europe, cotée sur Euronext Amsterdam (2), est un leader convergent dans les télécommunications, le contenu, les médias, le divertissement et la publicité ». La maison mère chapeaute aussi Altice Portugal (Meo, Fastfiber), Altice Israel (Hot) et Altice Dominicana (République dominicaine).

Altice n’est plus un groupe multimédia convergent
Pourtant, la convergence télécoms-médias – avec laquelle Altice se sentait pousser des ailes – a du plomb dans l’aile justement. Patrick Drahi tourne le dos à son ambition de créer un groupe « convergent » et « multimédia ». Car si les télécoms lui permettent de rembourser progressivement sa lourde dette (31,2 milliards d’euros au 31 mars) avec d’importantes échéances d’ici 2025, il n’en va pas de même des médias qui lui coûtent plus qu’ils ne rapportent à Altice Europe. La convergence télécoms-médias était sérieusement bancale, en plus de ne pas être bankable. Et la récession économique historique provoquée par l’état d’urgence sanitaire a aggravé la situation, au point que certains se demandent si le groupe de Patrick Drahi ne pourrait pas faire faillite (3).

Magnat des télécoms, mais plus de la presse
Le désenchantement de Patrick Drahi vis-à-vis des médias ne date pas d’hier, du moins il remonte bien avant la pandémie. Certes, le coronavirus a précipité la chute des recettes publicitaires dans les médias, presse en tête, et creusé des pertes financières – tous les titres et supports sont touchés de plein fouet. Mais, au sein d’Altice France, les déficits chroniques de certains médias comme L’Express perdurent depuis bien plus longtemps. L’hebdomadaire d’actualité créé en 1953 par Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud, n’est plus que l’ombre de lui-même : Patrick Drahi s’est délesté à l’été 2019 de ce titre historique de la presse française en le cédant à son bras droit Alain Weill qui en est devenu le PDG et l’actionnaire majoritaire via sa société News Participations (4), en plus d’être le PDG d’Altice France et le directeur général d’Altice Europe. Les pertes sont abyssales (20 millions d’euros en 2018 et 2019) et le covid- 19 a compromis l’objectif d’atteindre l’équilibre financier et les 200.000 abonnés numériques pour les 70 ans du journal en 2023. Une nouvelle formule a pourtant été lancée par Alain Weill en janvier, assortie de certains articles disponibles aussi en podcasts. Mais les effectifs du journal doivent passer de quelque 170 collaborateurs à 120 (dixit Alain Weill le 28 octobre 2019 sur Franceinfo), dont environ 80 départs de la rédaction.
Depuis cette saignée-express, c’est aujourd’hui au tour de Libération d’être cédé. Le quotidien fondé sous l’impulsion de Jean-Paul Sartre en 1973 fut racheté en 2014 par Patrick Drahi, moyennant 18 millions d’euros pour le renflouer. Ce serait Emmanuel Macron, alors secrétaire général adjoint de l’Elysée, qui lui aurait demandé – de la part de François Hollande – de sauver Libé. Ce que fit le milliardaire franco-israélien, en confiant les rênes du quotidien au banquier franco-libanais Bernard Mourad, lequel deviendra conseiller du candidat à la présidentielle de 2017. Ce qui aurait permis à Altice s’emparer de SFR (5), au nez et à la barbe de Bouygues… Mais depuis ce sauvetage politico-médiatique d’il y a cinq ans, les pertes de Libération se sont accumulées et sa dette a atteint presque 50 millions d’euros. Pour sortir le journal de la faillite, la direction d’Altice France – Alain Weill en tant que PDG et Arthur Dreyfuss comme secrétaire général d’Altice France et, depuis janvier, DG d’Altice Médias France (6) – ont annoncé le 14 mai aux employés, par e-mail en interne, la cession de Libération à un « Fonds de dotation pour une presse indépendante » créé pour l’occasion (avec sa filiale Presse Indépendante). Patrick Drahi, qui « continuera, personnellement, d’accompagner l’avenir de Libération », s’inspire ainsi de ce qu’a fait Mediapart en octobre 2019 avec son « Fonds pour une presse libre » (7), le site web d’information d’Edwy Plenel ayant lui-même pris en exemple le modèle du « Scott Trust Limited » du quotidien britannique The Guardian. Désormais, le magnat des télécoms n’est plus magnat de la presse. « Voilà, une évolution en apparence très positive de la structure de Libération mais un futur tout à fait incertain », a tweeté le jour même de l’annonce surprise Gerald Holubowicz, chef de produit digital de Libération (8). « Nos actionnaires ne veulent pas être propriétaire du tonneau des Danaïdes ! », avait prévenu Laurent Joffrin, le 16 septembre 2014, devant l’AJM (9). Le directeur de la rédaction et de la publication Libération, dont il cessera d’être le cogérant à la fin de l’année, ne croyait pas si bien dire (10).
Cinq jours après l’annonce de la cession de Libé, ce fut au tour de NextRadioTV de faire l’objet de mesure de redressement via un « plan de reconquête post-covid et de transformation ». Là aussi, le coronavirus n’est pas la seule raison du remède de cheval avec suppressions de postes possibles sur un effectif de 1.600 personnes (11). Depuis quelques années, NextRadioTV était déjà aux prises avec « la concurrence des plateformes à la fois inéquitable et d’une ampleur encore sous-estimée, et aux nouveaux modes de consommation des auditeurs et téléspectateurs » (12). Cette fois, le covid-19 a provoqué « l’écroulement des recettes publicitaires » – tant sur BFM TV et BFM Business que sur RMC, malgré des records d’audiences télévisées durant la crise. La chaîne payante d’information sportive RMC Sport News n’a, elle, pas eu droit à des arrêts de jeu : elle est définitivement fermée depuis le 2 juin. Fini aussi les droits sportifs sur un marché « imprévisible et inflationniste ». Les chaînes RMC Découverte, RMC Story et Altice Studio sont, elles, sur la sellette.

Altice Studio déclare forfait
La grande convergence des télécoms et des médias, tant promise il y a cinq ans par Patrick Drahi (13), est réduite à « une stratégie plurimédia » (télé, radio et digitale, replay et podcasts compris) et au recours à SFR pour la publicité adressée et la data. Quant à la filiale de production audiovisuelle Altice Studio, installée en grande pompe (mais sans paillettes) le 3 octobre 2018 – dans l’immeuble d’Altice Campus, « symbole de la convergence réussie entre les médias et les télécoms en France », disait alors Alain Weill (14) –, elle aura fait long feu. @

Charles de Laubier

Déjà copropriétaire du Monde et de L’Obs, Xavier Niel s’empare de Nice-Matin, tout en se renforçant dans Iliad

Le milliardaire Xavier Niel (21e fortune française) devient patron de presse régionale, nouveau propriétaire exclusif du groupe Nice-Matin. La Provence sera-t-elle la prochaine à passer sous son contrôle ? Par ailleurs, fin janvier, le fondateur de Free est monté de 52 % à environ 70 % dans le capital d’Iliad.

Le patron de Free, Xavier Niel (photo), devient plus que jamais papivore : il est déjà copropriétaire à la fois du journal Le Monde depuis novembre 2010 et de L’Obs depuis janvier 2014. Et voilà qu’il va posséder la totalité du capital du groupe Nice- Matin (GNM), lequel comprend les titres de presse quotidienne régionale Nice-Matin, Var-Matin et Monaco-Matin, assortis de leurs différents sites web – Nicematin.com, Varmatin.com et Monacomatin.mc – ainsi que de leurs applications mobiles. Sa holding personnelle NJJ va en prendre le contrôle. Et ce, grâce à un pacte d’actionnaires scellé en mai 2016 entre la société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), actuellement détentrice de 66 % du capital du groupe Nice-Matin pour le compte de salariés actionnaires, et le groupe belge Nethys qui possède encore les 34 % restants via sa filiale L’Avenir Développement. En effet, ce pacte d’actionnaires prévoit qu’à partir du 1er février 2020 L’Avenir Développement doit acquérir les 66 % de la SCIC pour près de 1 million d’euros (1). Or Xavier Niel possède déjà 51 % du capital de la société L’Avenir Développement que lui avait cédés l’été dernier Nethys, aussi d’accord pour lui vendre ses 49 % restants. Contacté par Edition Multimédi@ sur le calendrier de l’opération, Xavier Niel nous a renvoyé vers le groupe belge. « Ces parts seront cédées à NJJ dans les prochains mois », nous a répondu Renaud Witmeur, directeur général par intérim de Nethys.

Le groupe belge Nethys cède à NJJ toutes ses parts
Le fondateur de Free, qui sera alors à titre individuel l’unique propriétaire de GNM, devient ainsi patron de presse régionale, dans les Alpes-Maritimes et le Var, en Provence-Alpes-Côte d’Azur (région PACA). L’Autorité de la concurrence, elle, a donné son feu vert à cette prise de contrôle exclusif de NJJ sur GNM – sans conditions ni engagements – par une décision datée du 17 janvier. Après Lagardère (1998-2007), Hersant (2007-2014), et un redressement judiciaire en mai 2014 suivi d’une reprise par les salariés via la SCIC (avec l’aide à l’époque d’un crowdfunding sur Ulule et du soutien de Bernard Tapie), le groupe Nice-Matin change de main. C’est la plus grosse coopérative de presse en France qui va disparaître, au profit d’une société anonyme. Xavier Niel avait prévenu l’été dernier qu’il comptait bien siéger personnellement au conseil d’administration du groupe de presse niçois, aux côtés de nouveaux administrateurs nommés par lui pour remplacer ceux désignés par le belge Nethys.

Après Nice-Matin : La Provence ?
Dans un courrier du 17 juillet 2019 adressé aux représentants du Syndicat national des journalistes (SNJ), au sein du groupe Nice-Matin, le milliardaire (2) des télécoms et des médias avait en outre indiqué qu’il avait « pour seuls objectifs de contribuer à son redressement tout en préservant l’indépendance éditoriale des rédactions ». Si les journalistes lui ont réservé un accueil favorable, il n’en va pas de même pour Jean-Marc Pastorino, le PDG du groupe depuis septembre 2015, président du directoire de GNM, après avoir été directeur général de Nice-Matin. Cet ancien délégué syndical CGT, entré en 1978 à Nice- Matin à l’imprimerie (3), va devoir céder sa place. Il était hostile à l’offre de Xavier Niel, lui préférant – avec une majorité de salariés du groupe – celle du milliardaire franco-libanais Iskandar Safa, lequel est propriétaire depuis 2015 du groupe Valmonde – éditeur de Valeurs Actuelles – qu’il détient via sa holding Privinvest Médias (4). Mais rejeté par les rédactions du groupe Nice- Matin et mis en échec par Xavier Niel, Iskandar Safa a déclaré forfait fin juillet – alors qu’il prévoyait de nommer à la présidence du conseil de surveillance de GNM l’ex- PDG du groupe Les Echos-Le Parisien, Francis Morel. L’assemblée générale du 20 décembre a encore montré la divergence entre les rédactions et les autres salariés du groupe Nice-Matin : les journalistes ont voté à 94 % pour le plan de rachat des 66 % de la SCIC par Xavier Niel (par sa holding personnes NJJ via L’Avenir Développement) pour 5 millions d’euros, soit cinq fois plus que la somme prévue par le pacte d’actionnaires ; les administratifs bien plus nombreux ont, eux, voté contre l’offre de Xavier Niel qui a donc alors été rejetée.
Le coactionnaire du Monde et de L’Obs devrait donc s’en tenir aux conditions initiales (5) prévues par le pacte d’actionnaires de 2016. « Le verdict offre à NJJ une économie de 4 millions » s’est désolé le SNJ, tout en rappelant que le groupe Nice-Matin accuse un passif de 35 millions d’euros. Xavier Niel, qui vient par ailleurs de monter à environ 70 % dans le capital d’Iliad (qu’il contrôlait déjà à 52 % jusqu’alors) à l’issue d’un rachat d’actions suivi d’une augmentation de capital, avait promis de renflouer les journaux du groupe de la Côte d’Azur à hauteur de près de 30 millions d’euros. Et après ? En plus de ses titres nationaux (Le Monde, L’Obs, Télérama, …), le trublion des télécoms et désormais magnat de la presse serait-il épris d’autres titres de presse régionale, surtout à l’approche des élections municipales de mars 2020 ? Le prochain quotidien de la PQR (6) susceptible de tomber dans l’escarcelle de l’homme d’affaires pourrait être La Provence qu’il détient déjà à hauteur de 11 %, depuis le groupe Nethys, encore lui, lui a vendu au printemps 2019 sa participation. L’actionnaire majoritaire depuis près de sept ans de ce quotidien marseillais n’est autre que Bernard Tapie, qui détient aussi Corse-Matin depuis que ce quotidien insulaire lui a été cédé en 2014 par… le groupe Nice-Matin. GBT (Groupe Bernard Tapie), qui risque la liquidation (audience le 4 mars), cèdera-til La Provence à Xavier Niel ? L’avenir nous le dira. Tandis qu’à l’autre bout de l’Hexagone, il y a Paris- Normandie : rien à voir a priori avec le patron d’Iliad, si ce n’est que le producteur audiovisuel Pierre-Antoine Capton (PAC) va devenir l’actionnaire majoritaire de ce quotidien normand. Les deux hommes sont amis et cofondateurs avec Matthieu Pigasse du groupe audiovisuel Mediawan, créé en avril 2016. Depuis cette année-là, ils sont aussi tous les trois parmi les coactionnaires du site web d’information Les Jours (Xavier Niel détenant 4,86 %). PAC est-il le « Troisième OEil » (7) de Niel dans Paris-Normandie ? L’avenir nous le dira aussi. Quant au groupe de presse régionale Ebra, filiale du Crédit Mutuel qui possède Les Dernières nouvelles d’Alsace (DNA), Le Progrès, L’Est républicain ou encore Le Dauphiné libéré, il intéresserait Bernard Arnault (8), le père de Delphine qui vit avec Xavier Niel. Le PDG du groupe LVMH (propriétaire des Echos et du Parisien) partageait d’ailleurs sa passion de la musique classique avec Michel Lucas, l’ancien président du Crédit Mutuel. Ce dernier était le cofondateur d’Ebra et en avait cédé la présidence en septembre 2017 à Philippe Carli (ancien dirigeant du groupe Amaury). Xavier Niel et son beau-père feront-ils un jour cause commune dans la presse régionale ? L’intéressé n’en dit mot.

Pas de risque de « vente liée »
Si l’Autorité de la concurrence a estimé le 17 janvier que « l’opération ne donne lieu à aucun chevauchement d’activité dans le secteur de la presse écrite » entre GNM (presse quotidienne régionale) et NJJ (presse quotidienne nationale et magazines), elle trouve qu’« en revanche, l’opération donne lieu à des chevauchements d’activités très limités sur les marchés de l’exploitation de sites éditoriaux en ligne et de la vente d’espaces publicitaires en ligne ». Mais, après analyse, les sages de la rue de L’Echelle ont finalement écarté tout « risque de “vente liée” » et de « couplage » entre les titres régionaux et nationaux. @

Charles de Laubier

Pourquoi le groupe de médias allemand Axel Springer sort son joker « KKR » face aux GAFAM

C’est le plus grand groupe de médias en Europe. Créé il y a 73 ans par Hinrich Springer et son fils Axel, le groupe Axel Springer réalise aujourd’hui les trois-quarts de son chiffre d’affaires dans le numérique, lequel contribue pour près de 90 % à sa rentabilité. Mais la pression des GAFAM se fait plus forte.

« Le journalisme est l’âme et l’esprit de la société Axel Springer. Notre mission : l’établissement réussi du journalisme indépendant dans le monde numérique. Nous voulons devenir l’éditeur numérique le plus prospère au monde. (…) Environ 16.000 employés travaillent avec passion chez Axel Springer SE : l’éditeur leader du digital en Europe ». Le ton est donné sur le site web Axelspringer.com. Le groupe allemand – encore détenu à 42,6 % par Friede Springer (photo), la veuve du cofondateur Axel Springer (1), et à 9,8 % par les petits-enfants de ce dernier (Axel Sven et Ariane) – est « actif dans plus de 40 pays dans le monde, avec des holdings et des licences sur six continents ». Pourtant, le journalisme – si indépendant soit-il – est passé au second plan sur fond de déclin de la presse papier, derrière les petites annonces. Ce ne sont plus ses quotidiens allemands Die Welt (fondé en 1946) et Bild (lancé en 1952) que le plus grand conglomérat médiatique européen met en avant, mais désormais ses sites web de petites annonces – les fameuses classifieds : SeLoger (numéro un en France de l’immobilier en ligne), Logic- Immo (également leader en France), LaCentrale (là aussi présent en France dans l’automobile), Immowelt (immobilier en Allemagne), Autobazar.eu (en Slovaquie), ou encore StepStone, Jobsite et Totaljobs (dans les annonces d’emplois).

Devenir une méga-plateforme de petites annonces
La presse n’est finalement plus vraiment le leitmotiv du groupe allemand, basé à Berlin, mais bien les petites annonces en ligne. Ces classifieds sont devenues son premier relais de croissance et ont généré à elles seules 41 % du chiffre d’affaires d’Axel Springer en 2018, soit 1,3 milliard d’euros sur le total des revenus du groupe (plus
de 3,1 milliards), et même 61 % de son résultat brut d’exploitation. Les titres de presse de référence Die Welt et Bild devenant marginaux financièrement dans cette stratégie du « total-digital », c’est ce marché des petites annonces que va continuer à exploiter prioritairement le groupe de Friede Springer, avec l’idée de mieux rivaliser avec les GAFAM en devenant une méga-plateforme de petites annonces couvrant les besoins de la vie de tous les jours (logements, emplois, voitures, vacances, etc).

Impacté par la « taxe GAFA » en France
Mais ce marché des classifieds subit néanmoins de plein fouet la crise économique et la baisse du pouvoir d’achat, tandis que les GAFAM sont en embuscades sur fond de consolidation. Google et Facebook investissent déjà le marché en position de force. Le chiffre d’affaires généré par ces petites annonces – via ses filiales StepStone (emplois) et Aviv (immobilier) – devrait rester, selon la firme de Berlin, « au niveau de l’année précédente ou indiquer une augmentation dans la fourchette d’un pourcentage à un chiffre ». Il faut donc réinvestir sans tarder.
C’est là qu’intervient l’aide financière du fonds américain de capital-investissement KKR (2), qui lance – à la suite d’un accord signé le 12 juin avec Friede Springer et le PDG Mathias Döpfner (photo de droite), détenteur, lui, de 2,8 % du capital – une offre de 6,8 milliards d’euros en vue d’acquérir au moins 20 % d’Alex Springer (3). Mais que l’on ne s’y méprenne pas : Friede Springer et Mathias Döpfner, qui contrôlent conjointement le groupe avec les petitsenfants du fondateur, ne comptent pas vendre leur participation
et encore moins céder leur place de dirigeants. Aucune décision ne pourra en tous cas être prise sans l’aval de Friede Springer, qui revendique le titre de « vice chairwoman » en tant que vice-présidente du conseil de surveillance (4). Ce sont les 44,8 % restants des actions, actuellement sur le marché boursier, qui sont à vendre en vue de retirer Axel Springer de la cote à Francfort – où le titre avait fondu d’un quart l’an dernier. Revigoré par l’accord avec KKR, le groupe berlinois est aujourd’hui valorisé plus de
6,7 milliards d’euros.
Face aux GAFAM, le groupe veut surtout prendre le temps de devenir un géant du
Net sans tomber sous la contrainte financière court-termiste. L’autre groupe allemand Bertelsmann, de la famille Mohn, s’est toujours refusé pour cette raison à être côté en Bourse (à part sa filiale RTL Group, maison mère de M6). « Axel Springer vise à devenir le premier fournisseur mondial de contenus numériques et de petites annonces numériques », ambitionne la direction. L’argent frais du fonds KKR, lequel s’est engagé à rester au moins cinq ans, va lui permettre de maintenir les investissements prévus sur l’année 2019, « bien que (…) le développement du chiffre d’affaires [soit] plus faible, en particulier dans les annonces d’emplois ». De plus, prévient le groupe allemand, « avec la taxe numérique [la taxe GAFA (5)] qui a été introduite en France, cela se traduira par un ajustement partiel de l’orientation des revenus et bénéfices pour 2019 ». Axel Springer s’attend donc à ce que son chiffre d’affaires global diminue cette année entre – 1 % et – 5 %. Le nouvel actionnaire financier servira-t-il de levier pour procéder à des acquisitions ? « KKR serait un bon partenaire (…) avec lequel Axel Springer pourrait franchir les prochaines grandes étapes de croissance », veut espérer Friede Springer dans l’une de ses rares prises de parole. KKR a l’expérience des fusions-acquisitions dans le monde numérique (Scout24, GetYourGuide, ByteDance/TikTok, …). Le marché des annonces classées en ligne en Europe entre justement dans une phase de consolidation. Dans une conférence téléphonique du 12 juin, Mathias Döpfner, qui connaît bien le cofondateur de KKR Henry Kravis depuis des années, a été plus explicite en parlant de « faire des acquisitions ». La maison mère du français LeBonCoin (Adevinta, spin-off du norvégien Schibsted) serait dans le viseur. Après l’acquisition en début d’année du spécialiste allemand du paiement en ligne CeleraOne, Axel Springer a annoncé début juin porter à 26,6 % sa participation dans le capital
de l’agence hybride immobilière Purplebricks en Grande-Bretagne. Au même moment, le groupe a vendu les 51 % qu’il détient dans @Leisure (maisons de vacances). Axel Springer a aussi revendu l’an dernier à TF1 le site AuFeminin.
PDG du groupe depuis 2002, Mathias Döpfner – ce journaliste dans l’âme et voisin
de Friede Springer à Potsdam (le « Versailles » de Berlin) – est l’artisan de la transformation du groupe de presse en grand acteur du numérique. Les activités digitales pèsent 74 % du chiffre d’affaires 2018 d’Axel Springer et 87 % de son résultat d’exploitation. Les sites web de presse comptent plus de 500.000 abonnés au total ! Au-delà de Welt.de et de Bild.de, Axel Springer édite Politico.eu en Europe (via une coentreprise créée en 2014 avec l’éditeur américain), Businessinsider.com (racheté en 2015), ou encore eMarketer.com (site newyorkais d’informations marketing acquis en 2016) (6). En Europe, Mathias Döpfner a été un ardent défenseur de la directive sur le droit d’auteur et a même convaincu Mark Zuckerberg de payer pour la presse utilisée sur Facebook (7).

Google et Adblock Plus, ses deux bêtes noires
Google reste la bête noire. Idealo, le comparateur de prix qu’Axel Springer a racheté en 2006, a porté plainte au printemps contre Google à qui il demande 500 millions d’euros de dommages et intérêts. En 2014, Axel Springer avait accusé le moteur de recherche dominant de piller ses titres de presse. La même année, la firme de Berlin entrait à 18,4% dans le capital de Qwant (8) (*) (**). En revanche, Axel Springer n’a eu gain de cause contre la société allemande Eyeo (9), éditrice du fameux logiciel Adblock Plus. @

Charles de Laubier

Presse en ligne : les journalistes veulent 50 % des recettes du futur « droit voisin »

Google News, Facebook, MSN, Yahoo News et autres agrégateurs d’actualités vont devoir payer leur écot à la presse en ligne qu’ils utilisent. Mais, en Europe, les éditeurs seront titulaires de ce droit voisin – pas les journalistes qui recevront « une part appropriée » de ces revenus. La moitié ?

« Le principal syndicat des journalistes, le SNJ (1), d’abord hostile à l’instauration d’un droit voisin, y est aujourd’hui favorable », rappelle la députée (LREM) Fannette Charvier, membre de la commission des affaires culturelles et de l’éducation à l’Assemblée nationale, selon ses propos rapportés dans le rapport du député (Modem) Patrick Mignola (photo) du 30 avril sur la proposition de loi sur la création
d’« un droit voisin au profit des agences de presse et des éditeurs de presse ».

Une « part égale » comme « part appropriée »
C’est sans compter sur le fait que le SNJ et la Fédération européenne des journalistes (FEJ), dont il est membre, ne veulent pas que ce droit voisin soit versé entièrement aux éditeurs de presse, lesquels devront reverser leur quotepart à leurs journalistes dans le cadre d’accords d’entreprises. Les journalistes – ils sont 35.047 dotés d’une carte de presse en France – sont déçus par l’article 3 de la proposition de loi qui prévoit en effet un « droit à une part appropriée et équitable de la rémunération », mais dont « les modalités de sa répartition entre les auteurs concernés sont fixées dans des conditions déterminées par un accord d’entreprise ou, à défaut, par tout autre accord collectif ».
Le compte risque donc de ne pas y être.
Avec le SNJ-CGT et la CFDT-Journalistes, la FEJ – représentant pas moins de 320.000 journalistes en Europe et elle-même membre de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) – et le SNJ appellent à « aller plus loin, en prévoyant dans la loi un partage égal entre les éditeurs et les auteurs du revenu administré dans le cadre d’un système de gestion collective ». Les organisations de journalistes demandent que soient « concomitantes (…) la détermination des clés de répartition de la rémunération entre plateformes et éditeurs d’une part, et entre éditeurs et journalistes d’autre part » (2). De son côté, le député (LFI) Michel Larive met en garde le 9 mai : « L’article 3 ne pose aucune condition permettant aux journalistes de percevoir un seuil minimal de
20 %, 30 % ou encore 50 % de rémunération » (3). Sur la même longueur d’onde,
la Société civile des auteurs multimédias (Scam) a regretté le même jour que « le Parlement [soit] sur la mauvaise voie ». Elle « s’inquiète vivement du sort que ce texte s’apprête à réserver aux journalistes, photographes, dessinateur-rices de presse ». Cette société de gestion collective, qui rassemble 40.000 auteurs, dénonce le fait que ce futur droit voisin ne soit envisagé qu’au profit des éditeurs de presse. « La part réservée aux journalistes serait, quant à elle, renvoyée à des accords collectifs (ou accords d’entreprise). Ce choix fragilise la situation des journalistes alors que les organismes de gestion sont les plus à même de gérer la part de rémunération qui leur revient », regrette la Scam présidée par Hervé Rony. Qui garantira aux journalistes un paiement équitable et en toute transparence d’une juste rémunération ? D’autant que la directive européenne sur le droit d’auteur dans le marché unique numérique (4), publiée au JOUE du 17 mai 2019, prévoit que « les auteurs dont les œuvres sont intégrées dans une publication de presse devraient avoir droit à une part appropriée des revenus que les éditeurs de presse perçoivent des prestataires de services de la société de l’information pour l’utilisation de leurs publications de presse » (considérant 59).
Pour éviter que les journalistes ne soient les dindons de la farce, la député (LR) Constance Le Grip avait déposé le 26 avril un amendement pour éviter un « décalage » entre la proposition de loi française et la directive européenne. Elle a proposé que « la part des journalistes soit liée au niveau de la rémunération perçue par les entreprises de presse » et que « cette “part appropriée” [soit déterminée en prenant] en considération le montant des droits d’auteur perçus par les journalistes », et enfin
qu’« en l’absence d’accord, le pouvoir réglementaire pourrait fixer les niveaux de rémunération » (5). Mais lors de l’examen en commission des affaires culturelles et
de l’éducation de l’Assemblée nationale, le 30 avril, Patrick Mignola lui a demandé de retirer son amendement.

Journalistes : quel « mécanisme de secours » ?
Le rapporteur de la proposition de loi « Droit voisin » lui a expliqué que Laurence Franceschini – ex-directrice de la DGMIC du ministère de la Culture, actuelle médiatrice du cinéma et l’auteure du rapport de février 2018 remis au CSPLA (6) sur l’application du droit voisin des éditeurs de publications de presse – avait évoqué « la possibilité
que ce mécanisme de secours dans la négociation [entre les journalistes et leurs employeurs] s’insère dans le cadre de la Commission des droits d’auteur des journalistes (CDAJ) ». Le dialogue avec elle devrait donc se poursuivre. A suivre… @

Charles de Laubier