A propos Charles de Laubier

Rédacteur en chef de Edition Multimédi@, directeur de la publication.

Comment la Cnil a contourné le RGPD pour pouvoir elle-même mettre à l’amende Amazon et Google

La Cnil a invoqué la directive « ePrivacy » et non le RGPD. Et si Amazon et Google n’avaient pas modifié en septembre 2020 leur site web (amazon.fr et google.fr) pour être en conformité – mais partiellement – avec les règles françaises sur les cookies, leurs amendes auraient été plus salées.

Par Mélanie Erber, avocate associée, et Sacha Bettach, avocate, cabinet Coblence

Publicité TV segmentée : 2021 sera l’année du décollage, si les téléspectateurs le veulent bien

Depuis début janvier, TF1 propose aux annonceurs ses offres de publicité ciblée grâce à un partenariat avec l’opérateur Orange. Ce dernier est aussi allié à France Télévisions, tandis que Bouygues Telecom accompagne Canal+. Reste à savoir si les téléspectateurs donneront leur consentement.

La publicité ciblée sur le petit écran fait son apparition en France, soit près de six mois après la publication du décret « Télévision segmentée » autorisant « la possibilité pour les services de télévision de ne pas proposer sur leur zone de service les mêmes messages publicitaires à l’ensemble des téléspectateurs mais au contraire de diffuser des messages publicitaires mieux adaptés aux zones de diffusion et aux téléspectateurs » (1).

Altice Europe est valorisé 6,7 milliards d’euros à la Bourse d’Amsterdam, mais plus pour longtemps

Le 21 janvier est la date limite de l’offre de rachat du solde d’Altice Europe par son actionnaire majoritaire, Patrick Drahi. La maison mère de SFR et BFM TV sera ensuite retirée de la cote pour ne plus être pénalisée par les investisseurs inquiets de sa dette, bien que ramenée à 28,5 milliards d’euros.

Après l’assemblée générale extraordinaire d’Altice Europe, qui s’est tenue le 7 janvier dernier, Patrick Drahi (photo) a obtenu l’autorisation des actionnaires pour racheter les dernières actions de son groupe coté à la Bourse d’Amsterdam depuis près de sept ans. Le milliardaire franco-israélien veut fuir les marchés financiers volatiles qui ont joué au yoyo avec son titre en fonction des humeurs versatiles des investisseurs, plus ou moins inquiets par le quasi-surendettement d’Altice Europe.

Racheté par Xandrie il y a 5 ans, Qobuz croît encore

En fait. Le 4 janvier, Georges Fornay, directeur général délégué de Qobuz, a répondu aux questions de Edition Multimédi@ à l’occasion des cinq ans depuis le rachat par le distributeur numérique Xandrie de la plateforme française de musique en ligne de haute-qualité. Il mise sur la croissance plutôt que sur la rentabilité.

En clair. Rachetée en décembre 2015 par Xandrie (société contrôlée par Nabuboto, la holding personnelle de Denis Thébaud), la plateforme française de musique en ligne de haute-qualité Qobuz poursuit sa croissance en France et à l’international. Alors que des analyses court-termistes y voient « un échec français qui a déjà coûté 60 millions d’euros » (1), elle s’inscrit au contraire dans la durée. « La rentabilité n’est pas la priorité et, par ailleurs, quel service de streaming est à ce jour profitable ? Le marché du streaming est et sera en forte croissance à deux chiffres dans les prochaines années, il est donc clef de capter la croissance plutôt que de chercher à être profitable », nous confie Georges Fornay, directeur général délégué de Qobuz depuis l’été dernier.
Avec pour l’instant ses 60 millions de titres streamables et/ou téléchargeables en haute définition, c’est-à-dire en qualité «CD» (16 bits/44,1 Khz) ou « Studio » (Hi-Res 24 bits), la plateforme de la musique de haute-qualité continue de jouer la partition du « marché de niche » face aux géants Spotify, Apple Music, Deezer, YouTube ou encore au discret Amazon Music Unlimited. Ayant tourné le dos au format de qualité médiocre MP3 depuis juin 2020 (sauf si vraiment le haut débit de l’abonné est insuffisant…), Qobuz poursuite sa croissance auprès des mélomanes, audiophiles et autres discophiles exigeants. « Qobuz est présent dans 12 pays (2) et nous couvrons à peine un tiers de notre marché potentiel ; notre marge de progression à l’international est énorme. Après la phase de remise à niveau du service, qui a demandé d’importants investissements techniques, nous nous concentrons sur le développement commercial et marketing », explique Georges Fornay, qui apporte à la plateforme créée en 2007 son expérience d’une quinzaine d’années chez Sony (1995-2011). En outre, une licence « Qobuz » a été signée avec le groupe de médias et de télécoms canadien Québecor pour sa plateforme « Qub musique » (3). Alors que Qobuz revendiquait début 2019 plus de 100.000 abonnés, la musique de haute qualité en a convaincu bien d’autres depuis. « Nous ne sommes pas dans la course au volume ; nous ne souhaitons donc pas communiquer de chiffres. Sachez simplement que Qobuz a quasiment doublé son chiffre d’affaires depuis début 2019 et que nous avons aujourd’hui plusieurs centaines de milliers de clients », nous indique Georges Fornay. @

Arcep : ce sera de La Raudière, n’en déplaise à Niel

En fait. Le 5 janvier, Emmanuel Macron a déclaré qu’il « envisage de nommer » Laure de La Raudière à la présidence de l’Arcep. Pour Xavier Niel, « ce serait aberrant pour la concurrence ». Fin 2020, la députée avait évoqué devant lui « un deuxième New Deal Mobile » et l’absence de Free sur le marché des entreprises.

En clair. La députée Laure de La Raudière (1) et le milliardaire Xavier Niel ont des désaccords sur la couverture télécoms des territoires jusque dans les zones blanches non rentables, comme l’a notamment montré l’audition du second (2) par la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale le 17 novembre 2020. L’élue a même suggéré « un deuxième New Deal Mobile »… Sur le marché des entreprises, où Free tarde à se lancer pleinement, Xavier Niel avait fustigé « le monopole » d’Orange.
Ce fut la dernière fois qu’ils se sont parlés. Jusqu’à ce que le patron de Free lance le 4 décembre dernier sur BFM Business, à l’évocation de Laure de La Raudière (LDLR) comme future présidente de l’Arcep : « Ce serait aberrant pour la concurrence. Nommer à la tête d’une autorité indépendante quelqu’un qui a bossé 15 ans chez Orange, cela me paraît assez surprenant ». En réalité, LDLR a passé un peu plus de 10 ans chez France Télécom, pas encore rebaptisé Orange. Avant d’être élue députée de la 3e circonscription d’Eure-et-Loir en 2007 (UMP), où elle fut réélue en 2012 (UMP) puis en 2017 (LR), LDLR a été directrice départementale d’Eure et Loir de l’opérateur télécoms historique (1997-2001) après avoir été directrice « grands comptes » de l’ancien monopole d’Etat des télécoms (1994-1997). Auparavant, cette ingénieure des télécoms, diplômée en 1990 de Télécom ParisTech (3), et normalienne (4), a commencé sa carrière chez France Télécom en tant que responsable du département « clientèle d’affaires » à la direction régionale de Paris-Sud (1990-1994). LDLR a donc vécu l’avant et l’après-libéralisation des télécoms datée du 1er janvier 1998 (ouverture à la concurrence). L’ancien monopole, devenu société anonyme aux mains de l’Etat (1996) puis cotée en Bourse (1997), ne deviendra Orange qu’à partir du 1er juillet 2013. Après un intermède dans une start-up, Pertinence Data Intelligence (2001-2002), Laure de La Raudière revient à ses premiers amours : les télécoms et les réseaux, d’abord comme fondatrice-gérante de la société de conseil Madisy (2003-2006), puis comme directrice générale Navigacom (2006-2010) où elle s’était associée à une ancienne directrice « grands comptes » de France Télécom (comme elle), Catherine Lucas, fondatrice de cette société de services et d’infogérance en infrastructures, réseaux et télécoms pour les entreprises. @