La greffe TNT- IPTV

Lorsqu’il s’agit de télévision, nous avons tous des souvenirs, des nostalgies : programmes de notre enfance, avènement de la couleur, multiplication progressive des chaînes, ….
Il en est un autre qui m’est revenu en me repassant le film
de l’aventure de la télévision hertzienne. L’électricien de notre village de Lozère était régulièrement mobilisé pour régler, souvent au plus fort de l’hiver, la frêle et fragile antenne qui délivrait à la population les trois chaînes alors disponibles. Ce Mike Giver de nos campagnes a depuis longtemps disparu, le village recevant désormais la télévision par satellite, en mode IPTV sur ligne téléphonique ou via la TNT (télévision numérique terrestre). Cette dernière devint le seul mode de réception hertzien à la suite de l’extinction du signal analogique en 2011. Fin d’une aventure qui aura traversé tout le XXe siècle. Mais ce ne fut pas la mort de la diffusion hertzienne car la promesse de la TNT a été en grande partie tenue : permettre
à tous, et sur tout le territoire, de recevoir un bouquet de télévision gratuite d’une vingtaine de chaînes, avec un enrichissement progressif de programmes en haute définition et de services interactifs.

« La TV connectée a encore bousculé les règles du jeu,
en ouvrant grande la porte à la diffusion délinéarisée
et en s’affranchissant des grilles des chaînes »

 

Lancée en 2005 en France après quelques tâtonnements, après les précurseurs britanniques et espagnols, la TNT française a freiné l’érosion de la télé hertzienne qui représentait encore le mode de réception dominant pour plus de moitié des ménages.
La concurrence déjà ancienne du satellite et du câble, confrontée à une lente érosion
de leur part de marché, eut un renfort de poids avec le développement rapide de l’IPTV – dopé par la nouvelle montée en débit permise par le déploiement combiné de la fibre et
du VDSL2 à 100 Mbits/s – qui passa à plus de 30 % des foyers équipés en 2015 pour dépasser les 50 % aujourd’hui. Dans de nombreux pays européens où ne dominent ni
le câble ni le satellite, ce succès doit beaucoup au couplage de la distribution de l’accès d’Internet et de la télévision. Ce fut la stratégie privilégiée des fournisseurs d’accès des pays où il n’existait pas, ou peu, d’offres de télévision multi-chaînes gratuites, comme en France, en Italie ou en Espagne.
Cependant, la performance du réseau ne fait pas tout, loin s’en faut, comme l’a montré
le succès mitigé rencontré par les services de contenus distribués par les opérateurs télécoms, du moins en Europe : difficulté pour accéder aux chaînes premium des grands éditeurs de télévision à péage, très faible profitabilité des services de vidéo à la demande (VOD), gratuité des services de TV de rattrapage, absence d’attractivité des services de VOD par abonnement. Ces difficultés à valoriser les offres de télévision n’est cependant pas une fatalité. La télévision à péage britannique Sky a su conjuguer enrichissement du service et croissance des revenus grâce au « multi room », c’est-à-dire la distribution du service de télévision sur plusieurs téléviseurs et, surtout, à un décodeur haute définition équipé d’un disque dur. C’est cette voie que les opérateurs télécoms ont tenté d’explorer par le développement des set-top-boxes haut de gamme, facturées en option au-delà
du service d’accès de base. Ce ne fut pas le moindre des paradoxes de voir un Free,
« inventeur » du triple play à prix unique, sortir en 2010 l’IPTV de son package de base, quitte à perdre des abonnés.
La télévision connectée a encore bousculé les règles du jeu, en ouvrant grande la porte à la diffusion dite OTT (services over the top de TV délinéarisée par opposition aux services managés fournis via les box des opérateurs) et en s’affranchissant des grilles de programmes des chaînes.
Une troisième voie a été ouverte par l’apparition de décodeurs hybrides TNT-Internet
haut débit. Ces offres, aujourd’hui très populaires, combinent un bouquet de chaînes de télévision linéaires et des services à la demande OTT. Ce modèle économique repose
sur la vente ou la location du décodeur, une commission de distribution des services VOD apportant un complément de revenus. Une évolution qui soulage le réseau de la bande passante réservée à l’IPTV et renforce encore l’attrait pour le consommateur des box multi-fonctions. @

Jean-Dominique Séval*
Prochaine chronique « 2020 » : Terminal ouvre-toi !
* Directeur général adjoint de l’IDATE.
Sur le même thème, étude « Future Television : Les
scénarios de la migration Internet », par Gilles Fontain

Hadopi : premiers résultats rendus publics et nouvelles difficultés en vue

La Hadopi vient de publier un bilan de son activité et de boucler sa première année de réponse graduée. Mais c’est maintenant l’heure de vérité, face à la justice (peut-être les premières condamnations d’internautes) et face aux nouveaux défis (streaming).

Par Christiane Féral-Schuhl*, avocate associée, cabinet Féral-Schuhl/Sainte-Marie.

L’année 2009 avait été marquée par l’adoption des deux lois Hadopi (1). En octobre 2010, l’envoi par la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi) des premiers emails d’avertissement contre le téléchargement illégal a également été largement médiatisé. En juillet 2011, cette autorité administrative indépendante établissait son premier bilan d’activité. Fin septembre, elle a publié son tout premier rapport d’activité – au titre de l’année 2010.

Offres légales et mesures techniques
La Hadopi, si elle est majoritairement connue du grand public pour l’envoi d’emails d’avertissement en cas de téléchargement illicite, exerce parallèlement une fonction
de promotion de l’offre légale auprès des utilisateurs. Pour ce faire, elle délivre des
labels « PUR » (Promotion des Usages Responsables) aux plateformes de téléchargement ou de streaming qui garantissent la qualité et l’authenticité des contenus mis en ligne. La procédure d’attribution fait intervenir les ayants droits concernés par les titres proposés, qui sont fondés à formuler des observations. Lorsque le label est accordé, il est publié par la Hadopi et figure sur le site qui a obtenu le sésame, valable pendant un an renouvelable. L’Autorité se réserve cependant le droit de le retirer à tout moment s’il est établi que l’autorisation des titulaires de droits n’a
pas été recueillie (2).
La Hadopi exerce également une mission de régulation des mesures technique de protection et veille à ce que leur utilisation ne soit pas détournée à des fins anticoncurrentielles (par exemple en interdisant toute interopérabilité) ou aboutissent à instaurer des limitations aux utilisateurs, contraires à la législation (par exemple la copie privée). Cette attribution fait débat puisque la société Apple a formé, en juillet 2010, un recours devant le Conseil d’Etat contre le décret du 29 décembre 2009. Apple conteste
le droit de la Haute Autorité à intervenir dans la régulation de ces mesures et d’en exiger l’interopérabilité, en se fondant sur l’irrégularité de la procédure d’adoption du texte.
La firme américaine fait ainsi valoir que le décret publié au Journal Officiel n’est pas le même que celui validé par le Conseil d’Etat et invoque l’absence de notification à la Commission européenne, qui doit intervenir chaque fois qu’un texte porte sur des points de réglementation technique. Le 14 septembre dernier, le rapporteur public (3) du Conseil d’Etat s’est prononcé en faveur du rejet des arguments soulevés par Apple.
On rappellera que le rapporteur public propose en toute indépendance la solution qui lui paraît la plus appropriée mais que les magistrats membres de la formation de jugement ne sont pas obligés de suivre son avis.
Concernant le dispositif dit « pédagogique » mis en place par les lois Hadopi et destiné
à informer l’internaute contrefacteur avant de le sanctionner, le bilan est mitigé.
La mise en oeuvre du dispositif de riposte graduée ne s’est en effet pas faite
sans difficultés. En octobre 2010, Free refusait de procéder à l’envoi des emails d’avertissement aux internautes (4). Cette levée de boucliers a conduit le gouvernement à prendre un décret (5) obligeant les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) à transmettre les courriels d’avertissement aux internautes, dans un délai de vingt-quatre heures à compter de la transmission de leur identité par l’Hadopi. Le défaut d’envoi constitue une contravention de cinquième classe sanctionnée par une amende de 1500 euros par refus (6).

Réponse graduée : bilan mitigé
Ensuite, les chiffres publiés par la Haute autorité le 29 septembre dernier font apparaître un manque de moyens puisque sur 22 millions de constats d’infractions effectués par les organismes habilités, des demandes d’identification des adresses IP ont été effectuées pour 1 million (sélectionné au hasard), dont un peu plus de 900.000 ont pu être identifiés (soit moins de 5 %). D’après le rapport d’activité, au 30 juin 2011, l’Hadopi a ensuite procédé à l’envoi de 470.935 courriels d’avertissements en un an d’activité, tandis que seulement 20.598 secondes recommandations ont été expédiées pour récidive. En moyenne, près de 72.000 adresses IP sont transmises chaque jour à l’Hadopi par les ayants droits.
Un projet de loi sur la répartition du contentieux et l’allègement de certaines procédures juridictionnelles, adopté au début du mois de juillet par l’Assemblée nationale, pourrait également permettre aux ayants droits victimes de téléchargements illicites de demander réparation aux internautes. Le texte modifie le régime de l’ordonnance pénale et accorde aux parties civiles la possibilité de demander des dommages et intérêts (7).

Du bilan mitigé aux difficultés
Selon les chiffres dévoilés fin septembre (8), une soixantaine d’internautes ont été
« convoqués » par la Hadopi afin de venir s’expliquer devant la Commission de protection des droits (CPD). C’est à l’issue de cet entretien que la décision de transmettre leur dossier aux autorités judiciaires sera prise (9).
Des difficultés apparaissent quant à la mise en oeuvre des poursuites judiciaires
à engager à l’encontre de l’internaute contrevenant. D’abord, la contravention de négligence caractérisée sanctionne le défaut de sécurisation de l’accès à Internet et non la contrefaçon constatée par la Hadopi. Aussi, pour en arriver à ce niveau dans la procédure, l’utilisateur doit avoir été sommé de sécuriser son accès à Internet par la CPD. Ensuite, il n’existe pas de moyens pour la Hadopi de rapporter la preuve de l’absence de diligence dans la sécurisation de l’accès Internet. Si les procès-verbaux recueillis permettent de constater la mise à disposition d’une oeuvre protégée sur un réseau peer-to-peer (P2P), action qui peut avoir été effectuée alors même qu’un dispositif de sécurisation existe, ils n’établissent en aucun cas l’existence d’une négligence caractérisée de l’utilisateur.
Pour remédier à cette problématique, le ministère de la Justice a publié en août 2010
une circulaire précisant que les procès-verbaux dressés par la Hadopi « font foi jusqu’à preuve du contraire » (10). Ce raisonnement apparaît contestable dans la mesure où établir une présomption de négligence sur le fondement de ces documents semble
porter atteinte au principe de la présomption d’innocence, dès lors qu’il est très difficile de rapporter, a posteriori, la preuve de l’existence d’un moyen de sécurisation de la connexion. Il convient alors d’attendre le déroulement des premières procédures judiciaires pour pouvoir répondre à ces interrogations.
La Hadopi n’oeuvre pas seule dans sa lutte contre le téléchargement illicite puisqu’elle bénéficie de l’action coordonnée des sociétés de perception et répartition des droits d’auteur. Pour ce faire, la SCPP, la SACEM, la SDRM, la SPPF et l’ALPA ont mandaté
la société TMG (Trident Media Guard) pour procéder aux opérations de détection des échanges illégaux sur les réseaux P2P. Cependant le 16 juin dernier, à la suite de contrôles effectués dans les locaux de la société, la Commission nationale informatique
et libertés (Cnil) a mis en demeure les sociétés de perception et de répartition des droits d’auteur, responsables du traitement, de s’assurer que leur sous-traitant se conformait bien aux dispositions de la loi informatique et liberté et garantissait la sécurité des données traitées (11).
La Hadopi continue de mener des actions, notamment de prévention, par l’intermédiaire
de ses Labs (12), qui, à l’heure actuelle, se penchent sur les questions du streaming et
du direct download. La réflexion porte sur la possibilité de sanctionner le visionnage d’œuvres protégées ou le téléchargement direct dans le cadre des lois Hadopi. Pour l’instant, on rappellera que seuls les échanges de fichiers sur les réseaux de P2P peuvent être juridiquement sanctionnés, à l’exclusion donc de ces deux procédés qui, de plus, ne permettent pas la collecte d’adresses IP sur des réseaux publics, connues uniquement par l’hébergeur et le FAI. Le streaming, quant à lui, il est plus difficile à appréhender car si le code de la propriété intellectuelle sanctionne la « diffusion, représentation ou reproduction, par quelques moyens que ce soit, d’une oeuvre de l’esprit » (13), il ne mentionne pas leur simple consultation. La Hadopi pourrait décider de s’orienter vers les procédés de filtrage pour bloquer ces pratiques.

Les présidentielles de 2012 et après ?
Neuf mois après sa création, la Hadopi est toujours d’actualité et les réflexions qu’elle suscite tendent à renforcer l’effectivité de ses actions. L’avenir, à l’approche des présidentielles de 2012, semble cependant plus incertain puisque de futurs candidats
se sont prononcés en faveur de la création d’une licence globale ayant pour conséquence la suppression de la Haute autorité. A suivre donc… @

 

Manuel Alduy, directeur du cinéma de Canal+ : « La catch up TV revalorise les films »

Alors que Canal+ annonce le lancement en novembre sur SFR de son offre de VOD par abonnement, CanalPlay Infinity, le directeur du cinéma de la chaîne cryptée répond aux questions de EM@ : préfinancement, TV de rattrapage, Orange Cinéma Séries, SVOD, chronologie des médias, ou encore concurrence venant du Web.

Propos recueillis par Charles de Laubier

Edition Multimédi@ : Le groupe Canal+ est historiquement le premier pourvoyeur de fonds du cinéma français avec environ 200 millions d’euros investis par an dans le pré-achat de films : quel est montant exact à ce jour et comment a-t-il évolué ?
Manuel Alduy :
Conformément à ses accords avec le cinéma français, Canal+ préachète pour environ 200 millions d’euros par an de films français et européens. Ces acquisitions de droits incluent les droits de télévision de rattrapage, qui n’est qu’une nouvelle forme de la multidiffusion déjà pratiquée depuis vingt-sept ans par Canal+. Concernant l’évolution de nos investissements, nous devrions acquérir environ 115 films d’expression originale française cette année, soit un volume inférieur à l’an passé qui était exceptionnelle (130), mais supérieur à la moyenne des 6 dernières années (112), parmi les 500 projets qui nous ont été présentés.

EM@ : Concernant la catch up TV, l’accord signé pour trois ans par Canal+ avec le cinéma français en juillet 2008 avait été abrogé par l’accord global sur cinq ans du 18 décembre 2009. Cependant, l’accord catch up TV avec Ciné+, CinéCinéma et Star arrive à échéance en décembre 2011 : la TV de rattrapage est en hausse, les droits doivent-ils l’être aussi ?
M. A. :
La question ne se pose pas tout à fait en ces termes : si la consommation des films en télévision de rattrapage a bel et bien progressé, l’audience globale des films auprès de nos abonnés est plus stable. Pour une chaîne payante, la TV de rattrapage permet d’enrayer la baisse d’audience linéaire. Un film génère moins d’urgence télévisuelle à être vu quand il est programmé que d’autres programmes de télévision. Depuis son lancement, Canal+ à la demande a permis de réduire nos désabonnements. Ce qui est très bénéfique pour le cinéma français. Concernant Canal+, les droits de TV rattrapage sont inclus dans nos obligations de production. Ils représentent contractuellement 1,33 % des droits linéaires. Pour Ciné+, l’accord avait été conclu pour palier l’absence totale de régulation en la matière. Cette lacune a été réparée par le décret sur les services de médias audiovisuels à la demande (SMAd), en vigueur depuis janvier dernier. L’intérêt d’un éventuel nouvel accord serait d’inclure la TV de rattrapage dans nos obligations comme nous l’avons fait pour Canal+. Continuer la lecture

Newsroom

14 octobre
• France Soir présente en comité d’entreprise l’abandon du papier pour ne garder qu’un site web.

13 octobre
• Le CNC « appelle régulièrement – sans trop de succès je dois le dire… – les (…) fournisseurs d’accès, chaînes TV, sites VOD, …, à (…) former un ou plusieurs portails communs, réunissant l’ensemble des catalogues », déclare son président Eric Garandeau.
• Wan-Ifra (association mondiale des journaux) indique que les quotidiens imprimés ont 2,3 milliards de lecteurs dans le monde, contre 1,9 milliard d’internautes d’informant en ligne.
• Le Sirti (radios et TV Indépendantes) demande la création d’un Fonds pour la radio numérique et la délivrance par le CSA des autorisations RNT à Paris, Marseille et Nice.
• Le CSA indique que l’appel à candidatures pour les 6 nouvelles chaînes de la TNT sera lancé le 18 octobre.
• Canal+ prévoit de lancer le 8 novembre de CanalPlay Infinity (lire p. 2).
• Netflix signe un accord avec Warner Bros et CBS pour diffuser des séries durant quatre ans.
• MyMajorCompany s’associe à la Fnac pour faire financer par les internautes musiques et BD.

12 octobre
• La copie privée va faire l’objet d’un projet de loi qui sera examiné en novembre, selon « PCINpact ».
• Apple est en discussion avec des studios d’Hollywood pour proposer des films sur iCloud, selon le « Los Angeles Times ».
• Le Parisien présente son plan de relance de 30 millions d’euros : un « desk plurimédia » (48 postes supprimés, grève).
• Google serait intéressé par Akamai, selon « Business Insider ». Il a un an, c’était Apple (EM@23, p. 5).
• Nintendo met en ligne pour la console 3DS la bande-annonce 3D et un extrait du film « Un monstre à Paris » produit par EuropaCorp.
• Eutelsat lance des démonstrations d’Internet haut débit par satellite dans 12 départements : accès Tooway sur Ka-Sat, jusqu’à 10 Mbits/s en réception et 4 Mbits/s en émission.

11 octobre
• Warner Bros. lance le film « Horrible Bosses » sur le site web UltraViolet, alliance entre studios et industriels (EM@18, p. 3).
• François Fillon annonce le lancement d’appels à candidatures pour 6 nouvelles chaînes de la TNT, sans passage immédiate à la norme DVB-T2 (les chaînes « bonus » de TF1, M6 et Canal+ sont abrogées).
• La Fnac, qui vend déjà le Fnacbook, annonce un partenariat avec la société canadienne Kobo pour une liseuse de eBooks.
• Le Simavelec déclare le DVB-T2 « incontournable » mais que son « intégration massive » dans les terminaux interviendra « fin 2013 ».
• Gartner évalue à 10,3 milliards de dollars en 2011 le chiffre d’affaires mondial des médias sociaux et prévoit 14,9 milliards l’an prochain.
• L’Arcep : licences 4G (2,6 Ghz) à Orange, SFR, Bouygues et Free.
• Facebook lance son application pour tablettes iPad.
• Zynga dévoile son projet « Z » de site communautaire de jeux, indépendant de Facebook.

10 octobre
• Le Monde et le Huffington Post (AOL) s’allient pour lancer d’ici fin 2011 lehuffingtonpost.fr, dont la société éditrice sera codétenue par les deux journaux et la holding de Matthieu Pigasse.
• Cedexis, « aiguilleur du Net », s’allie à Juniper pour « optimiser » le flux des fournisseurs de contenus et des médias en ligne.
• Netflix renonce à scinder son site web entre location de films sur DVD et streaming.
• La Commission européenne exhorte Inmarsat Ventures et Solaris Mobile d’accélérer le lancement de services mobiles par satellite paneuropéens dans les 2 Ghz.

9 octobre
• Yahoo n’est plus intéressé par Hulu, Google, Dish Network et Amazon étant candidats, selon le «WSJ ».

7 octobre
• Amazon lance en France sa liseuse Kindle de livres numériques (99 euros), donnant accès sur Kindle Store à 800.000 ouvrages dont 35.000 en français, ainsi qu’à des quotidiens.
• YouTube (Google) lance en Grande-Bretagne son service de VOD payante (location) en streaming, sur Youtube.com/movies.
• Albin Michel annonce avoir signé un accord avec Amazon pour diffuser des livres numériques.
• Free se voit reproché par les ayants droit de la musique et du cinéma d’intégrer BitTorrent dans la Freebox, selon « L’Express ».

6 octobre
• Steve Jobs, le cofondateur d’Apple dont il fut le PDG, décède. Tim Cook lui succède.
• France Télévisions rend disponible sur SFR son service de TV de rattrapage Pluzz.
• Mondadori France dit vouloir réaliser 10 % des revenus dans le numérique d’ici deux ans.

5 octobre
• L’Hadopi, auditionnée à l’Assemblée nationale : « Des modifications législatives pourront être proposées », indique sa présidente, Marie-Françoise Marais.
• Eric Walter, secrétaire général de l’Hadopi, à l’Assemblée nationale : « Les labs travaillent sur le streaming, le livre numérique, et (…) le statut de l’auteur ». Résultats avant fin 2012. « Le lab Réseaux et techniques [rédige] un livre vert sur le filtrage d’internet et le blocage des accès » et les DPI (Deep Packet Inspection).
• Dailymotion lance la chaîne d’info vidéo Dailysport.
• Arte lance Codebarre.tv, le premier webdocumentaire mobile.

4 octobre
• Le Berec lance consultation publique pour un projet de lignes directrices sur la neutralité du Net.
• INA/De Boeck publient « Pirates audiovisuels : les voies souterraines de la mondialisation culturelle », par Tristant Mattelart.
• Microsoft cesse la fabrication de son baladeur Zune.

3 octobre
• L’OMPI, par la voix de son DG Francis Gurry, affirme que les journaux papier auront disparus en 2040.

BitTorrent lance dès janvier 2012 un protocole de streaming sur réseau peer-to-peer

La société américaine BitTorrent, dont le célèbre protocole peer-to-peer a été créé
il y a maintenant dix ans pour s’affranchir de tout serveur au profit des ordinateurs interconnectés des internautes, va lancer au CES 2012 un streaming fonctionnant en peer-to-peer !

Les industries culturelles se sont méfiées de BitTorrent, soupçonné de favoriser le piratage sur les réseaux peer-to-peer (P2P). Elles vont peut-être être terrifiées à l’idée
que cette société américaine va lancer, lors du prochain Consumer Electronics Show (CES) de janvier 2012 à Las Vegas, un nouveau protocole sur Internet baptisé P2P Live Streaming Protocol. Il permettra aux internautes de s’échanger entre eux des contenus (films, programmes, vidéos, …) comme ils le font actuellement en téléchargement sur réseau peer-to- peer, mais cette fois en streaming.

S’allier à des fournisseurs de contenus
Comme pour le téléchargement, le flux audio ou vidéo sera véhiculé entre les terminaux des utilisateurs via le réseau peer-to-peer, sans avoir à passer par les fourches Caudines d’un serveur centralisé ni d’un site web. Après avoir dépassé cette année les 100 millions d’internautes actifs chaque mois, BitTorrent génèrerait aujourd’hui à lui seul entre un quart et la moitié du trafic Internet mondial selon les régions. Dix ans après avoir créé ce protocole « pair-à-pair », Bram Cohen, le cofondateur de BitTorrent Inc. – aujourd’hui
« scientifique en chef » (1) – a lui-même mis au point ce P2P Live Streaming. Une démonstration en avait été faite en janvier dernier. Actuellement en fin de « phase Alpha », ce nouveau protocole est prêt à révolutionner la gestion de trafic et l’optimisation de la bande passante sur Internet. Son secret de fabrication : un temps de latence optimisé grâce à des algorithmes de « contrôle des congestions ».
Edition Multimédi@ a tenté en vain de joindre Eric Klinker, le directeur général de BitTorrent, Inc. Dans un entretien réalisé par le groupe britannique Informa, organisateur du Broadband World Forum 2011 fin septembre à Paris, ce dernier laisse entendre que le streaming live sur réseau peer-to-peer sera lancé lors du prochain CES. Et d’expliquer :
« Nous travaillons depuis environ un an sur ce protocole live qui la plupart des mêmes avantages que BitTorrent aujourd’hui. C’est réellement basé sur du peer. Aucun serveur n’est nécessaire ». Pour illustrer la puissance du P2P Live Streaming Protocol, il donne une indication : « Un simple téléphone portable peut desservir une audience de millions [d’utilisateurs], sans infrastructure et en moins de 5 secondes de [temps de] latence ». Avec le streaming pair-à-pair, le patron de BitTorrent entend séduire les opérateurs télécoms, les fournisseurs d’accès à Internet (FAI), les médias et les industries culturelles – cinéma et télévision en tête. « C’est un protocole que nous sommes en train d’implanter pour les télévisions linéaires et les événements en direct », précise Eric Klinker. Il vante aussi les mérites d’une « technologie fondamentale qui est parfaite pour les lourds fichiers des films ». Car BitTorrent veut convaincre les fournisseurs de contenus de s’allier avec lui comme c’est le cas de la société américaine Pioneer One qui produit une web-série diffusée gratuitement avec BitTorrent. En mai dernier, le film The Tunnel a aussi été diffusé sur le réseau peer-to-peer avant sa projection en salles et sa vente en DVD par le géant d’Hollywood Paramount Pictures. Cette quête de reconnaissance mondiale passe aussi par un programme de certification de terminaux (téléviseurs connectés, lecteurs DVD/Blue-ray, box, set-top-boxes, serveurs NAS ou disques durs multimedia, etc).
Lors de l’IFA de septembre, la foire internationale de l’électronique à Berlin, BitTorrent
a présenté avec le fabricant turc Vestel un premier téléviseur connecté estampillé
« BitTorrent Certified ».
Mais Eric Klinker reconnaît que le plus grand challenge est moins technologique que marketing. Le plus dur sera de faire comprendre que BitTorrent n’est pas un protocole pour pirater sur Internet mais « une méthode fantastique de distribution de contenus légaux ». « Le défi, c’est le comportement des utilisateurs. Tenir pour responsables les FAI pour les infractions à la propriété intellectuelle (…), ce n’est pas là que le problème
se trouve. Ce sont plutôt les gens qui l’édite [notre logiciel BitTorrent], qui le rendent disponible et donc le consomment », estime Eric Klinker.

Convaincre opérateurs télécoms et FAI
BitTorrent veut convaincre les FAI d’adopter le nouveau protocole comme l’a fait le britannique Virgin Media devenu Partner. Encore faut-il que les opérateurs de réseaux
et les FAI ne bloquent pas le protocole d’échange, comme l’a fait le câblo-opérateur Comcast aux Etats-Unis avant d’être condamné en 2007 par la FCC (2). En France,
Free fait polémique depuis que les ayants droit viennent de découvrir BitTorrent dans
la Freebox (3) … @

Charles de Laubier