Les opérateurs télécoms veulent une meilleure rémunération pour le trafic Internet

Les opérateurs historiques, font du lobbying au niveau mondial – via leur association ETNO – pour que les échanges de trafic Internet soient mieux rémunérés. Mais une « terminaison data » semble impossible, tant qu’il n’existe
pas de levier réglementaire au niveau européen.

Avertissement : cet article est paru dans EM@ n°64 daté du 17 septembre, soit quatre jours avant la décision « Cogent contre Orange »de l’Autorité de la concurrence datée du 20 septembre.

Par Winston Maxwell, avocat associé Hogan Lovells LLP

Cet été la ministre déléguée en charge de l’Economie numérique, Fleur Pellerin, a mis en garde contre une interprétation de la neutralité du Net qui favoriserait trop les acteurs américains de l’Internet, au détriment des opérateurs télécoms français. Implicitement, elle soutient l’idée d’une rémunération équitable pour les opérateurs français dans le cadre de leurs relations avec des acteurs de l’Internet. Ce commentaire « ministériel » fait écho de la proposition de l’association ETNO (1), laquelle souhaite voir inclure dans le traité de l’Union internationale des télécommunications (UIT) un principe de rémunération raisonnable en faveur des opérateurs de réseaux qui acheminent du trafic en provenance du Net. Il s’agit d’un tarif de « terminaison data » similaire au tarif de terminaison pour les appels téléphoniques.

Vers une régulation des contenus ?
La proposition de l’ETNO, qui réunit depuis 20 ans la plupart des opérateurs télécoms historiques européens, a déclenché de vives réactions. Les opérateurs américains, et même le gouvernement américain, s’opposent à toute modification du traité de l’UIT qui légitimerait l’idée d’une régulation de l’Internet. Ils craignent en effet la généralisation d’une régulation économique de l’Internet – notamment par l’instauration d’un régime de « terminaison data » dans certains pays – et encore plus l’idée d’une régulation fondée sur les contenus pouvant conduire à de la censure.

L’idée d’une régulation de l’Internet fondée sur les contenus n’est pas totalement exclue en France. Le CSA (2) examine des moyens pour appliquer à certains acteurs de l’Internet la réglementation de l’audiovisuel en vigueur dans l’Hexagone. La Commission européenne conduit, elle aussi, une étude sur la télévision connectée (3). L’idée d’une régulation économique de l’Internet est également à l’étude. L’Arcep (4), l’ORECE (5) et la Commission européenne examinent les pratiques de différenciation du trafic mises en oeuvre par les opérateurs de réseaux, ainsi que les mesures de transparence pouvant aider le consommateur à mieux comprendre ces pratiques.
En exposant les pratiques au grand jour, les régulateurs espèrent que la pression du marché sera suffisante pour empêcher l’émergence de pratiques abusives, évitant ainsi une régulation plus contraignante. La Commission européenne étudie également les problèmes des barrières au changement d’opérateur (switching costs). Les offres composites, de type « multi play » incluant la télévision, rendent le changement parfois difficile (6). Les régulateurs étudient également les conditions d’échange de trafic entre opérateurs pour savoir s’il faut réguler l’accès aux grands « tuyaux » du réseau des réseaux. C’est le cas en France de l’Arcep, dont la démarche est contestée par deux opérateurs – AT&T et Verizon – qui estiment que cette collecte d’informations dépassent la compétence de l’Arcep et qu’elle est disproportionnée compte tenu de l’absence de problèmes, et de l’absence de régulation, dans ce secteur. Il est vrai que très peu de problèmes se sont manifestés.
En France, la société Cogent a saisi l’Autorité de la concurrence concernant un différend dans la négociation de son accord « peering » avec France Télécom. Mais France Télécom s’est engagé à rendre les relations avec son activité « Open Transit » plus transparentes (7). Hormis cet incident, les conditions d’échange de trafic Internet en amont n’ont jamais fait l’objet de procédures ou de régulation en France.

Deux voies possibles en Europe
En Europe, le régulateur polonais a tenté de réguler les conditions d’échange de trafic Internet, mais il a aussitôt essuyé un refus de la part de la Commission européenne qui lui a opposé son veto. Aux Etats- Unis, la Federal Communications Commission (FCC) n’a jamais tenté de réguler ces échanges, lesquels s’effectuent dans la grande majorité de cas sans contrat écrit, sur la base d’une « poignée de main ». Est-ce que ces échanges peuvent faire l’objet d’une régulation ? En Europe, il n’existe que deux voies pour une régulation de l’interconnexion de trafic Internet, et aucune de ces deux voies n’est ouverte : • La première voie exige de démontrer l’existence d’un opérateur « puissant sur le marché ». La puissance signifie que l’opérateur est incontournable. Or, dans le cadre d’accords d’échange de trafic Internet, personne n’est incontournable (8). Dans l’affaire Cogent, France Télécom a refusé d’augmenter la capacité d’un lien de peering avec Cogent sans contrepartie financière. Que s’est-il passé ? Le trafic excédentaire a emprunté d’autres chemins pour entrer dans le réseau de France Télécom. Le service n’a été que peu impacté.
En théorie, un opérateur de boucle local comme France Télécom pourrait fermer toutes les portes et exiger un paiement de tous les prestataires en amont. S’il s’agissait de France Télécom, les abonnés Orange ne pourraient plus accéder aux sites web de leurs choix. Ce serait impensable commercialement pour France Télécom. En d’autres termes, aucun acteur – même l’opérateur en bout de chaîne qui contrôle l’accès à l’abonné final – ne semble remplir les critères d’ »opérateur puissant ».
La seconde voie de régulation nécessite la présence, non pas d’un opérateur puissant, mais d’un problème de connectivité de bout en bout. Si la connectivité est menacée, l’Arcep et d’autres régulateurs peuvent intervenir au titre d’une régulation dite « symétrique » (9). Mais dans le contexte de l’échange de trafic Internet, la connectivité ne semble jamais menacée en raison des milliers de noeuds d’interconnexions qui permettent au trafic et aux paquets de données de contourner tous les obstacles. La mise en place d’un tarif réglementé pour une « terminaison data » semble donc impossible car il n’existe pas de levier réglementaire dans le cadre européen.

Les opérateurs deviennent des CDN
Mais les opérateurs télécoms ne semblent pas démunis pour autant. Dans le monde Internet, le nerf de la guerre est le temps d’affichage d’une page web, et les opérateurs télécoms commencent à faire concurrence aux CDN (10) globaux tels que Akamai (11), Edgecast ou Highwinds pour offrir des services de stockage de contenus en local, dans des « points bas » du réseau, proche de l’abonné (12). L’Arcep fait état de ce développement dans son rapport au parlement sur la neutralité de l’Internet (p. 43).
La Commission européenne touche à ces questions dans son questionnaire de juillet portant sur le même thème (p. 12), dans le cadre de sa consultation publique jusqu’au 15 octobre 2012. C’est peut-être là la rémunération raisonnable souhaitée par l’ETNO, et indirectement par la ministre française en charge de l’Economie numérique.
Faut-il s’en inquiéter sur le plan réglementaire ? Les principes de Net neutralité exigent un traitement nondiscriminatoire des contenus, du moins pour la prestation de l’accès à l’Internet. Un accord exclusif entre un opérateur de réseau et un fournisseur de contenus pour stocker le contenu de ce fournisseur en des « points bas » du réseau serait problématique car éventuellement contraire au principe de nondiscrimination. Mais si l’opérateur offrait cette prestation à l’ensemble des fournisseurs de contenus sur une base non-discriminatoire, la situation ne serait pas différente de celle d’aujourd’hui.
Un fournisseur de contenu peut en effet aujourd’hui améliorer le temps d’affichage en s’adressant à de nombreux prestataires. Il existe même une start-up française, Cedexis, dont le métier est d’aiguiller en temps réel le trafic des fournisseurs de contenus entre les différents prestataires selon leur performance à un instant T. Il existe déjà un écosystème de CDN, dont l’objectif est de réduire le temps d’affichage des pages web de leurs clients, et il paraît normal qu’un opérateur télécoms puisse également devenir acteur dans cet écosystème. A moins que l’opérateur local, en offrant un stockage en « points bas » du réseau, n’offre une prestation que personne d’autre ne peut répliquer.

La question de l’ « opérateur puissant »
Cet opérateur deviendrait dès lors « puissant » pour cette prestation, et une régulation pourrait se justifier (13). Le remède réglementaire serait alors classique : obliger l’opérateur puissant à offrir à ses concurrents une prestation de gros permettant aux concurrents de répliquer sur le plan technique et tarifaire la prestation de détail offerte par cet opérateur puissant aux fournisseurs de contenus (14).
Il est trop tôt pour juger si une telle réglementation sera souhaitable, ou même possible compte tenu des difficultés de définition du marché. Il faudrait démontrer que la prestation en « points bas » du réseau n’est pas substituable à une prestation CDN classique. Si du point de vue des fournisseurs de contenus les prestations sont substituables, les prestations appartiennent au même marché, et l’opérateur local ne sera plus considéré comme étant seul sur le marché. Il ne sera pas « puissant » et la régulation sera impossible. @

YouTube a maille à partir avec ses partenaires

En fait. Le 13 août, le site « Univers Freebox » a révélé que de nombreux abonnés Free Mobile font part de « difficultés » pour utiliser YouTube ou pour télécharger des applications sur l’AppStore. A « PC INpact », Free indique que « ses rapports difficiles avec Google étaient bien la cause des lenteurs ».

En clair. Ce n’est pas la première fois que YouTube (Google) a maille à partir avec un opérateur de réseau. Il y a un an déjà, au mois d’août 2011, l’Autorité de la concurrence confirmait avoir été saisie par la société Cogent (dont le métier de Content Delivery Network) accusant France Télécom de restreindre ou bloquer ses flux (1). Google/YouTube est l’un des gros clients de Cogent… Bien qu’Orange se soit engagé
le 3 avril auprès du gendarme de la concurrence à plus de transparence dans l’acheminement du trafic, l’affaire « Cogent » reste sous surveillance au nom de la neutralité du Net. L’Arcep a d’ailleurs recueilli jusqu’au 3 mai dernier les observations
(non publiés à ce jour) des acteurs du Net et des FAI sur les propositions de France Télécom. Il n’en reste pas moins que l’ensemble de ce que nous appelons « GooTube » pose de plus en plus de problèmes de « déséquilibre » dans les relations traditionnelles dites de peering, y compris pour Free Mobile, tant la vidéo est dévoreuse de bande passante. Est-ce à Google d’investir plus dans le réseau ou bien cela relève-t-il du
métier d’opérateur télécoms ? Tout le débat sur le financement des réseaux et la neutralité du Net, est là.Mais, en France, YouTube n’a pas que des difficultés de peering avec les fournisseurs d’accès à Internet (FAI). Dans le domaine de la lutte contre le piratage, le site de partage vidéo de Google est également montré du doigt par les producteurs de cinéma qui fustigent le retour sur YouTube de longs métrages piratés, depuis l’arrêt de Megaupload. Et ce, malgré la multiplication des accords avec des ayants droits, le dispositif de protection Content ID sur YouTube et le dé-référencement des sites pirates sur le moteur de recherche. « C’est une tendance récente, que nous avons vraiment constatée au début de l’été. Mais la situation ne peut pas durer. C’est très grave et cela appelle des réponses très nettes [notamment judiciaires, ndlr] de notre part », a déclaré Frédéric Goldsmith, délégué général de l’APC (2), dans « Les Echos » du 17 août. Pour l’heure, l’audience de YouTube en France s’érode à 39,246 millions de visiteurs uniques en juin (selon ComScore) contre 40,200 millions le mois précédent.
Autre épine dans le pied de Google : le 6 août, Apple a annoncé que YouTube ne sera plus intégré dans les iPhone et iPad à partir de la prochaine version iOS 6, attendue à
la rentrée. @

Remise en cause du modèle historique du peering : vers une recomposition du marché de l’Internet

Le litige opposant Cogent à France Télécom sur le refus d’interconnexion pourrait aboutir, à la remise en cause de l’intégralité du modèle économique
de la circulation des flux sur Internet, un marché jusqu’à aujourd’hui auto-régulé et basé sur le peering gratuit.

Par Katia Duhamel, avocat, cabinet Bird & Bird

L’affaire « Cogent contre France Télécom » pourrait avoir
des retombées sans précédent sur l’avenir du marché de
gros d’Internet. En effet, dans l’attente de sa décision finale, l’Autorité de la concurrence (1) semble, d’ores et déjà, légitimer la récente politique de peering de l’opérateur historique consistant à faire payer l’ouverture de nouvelles capacités en cas de déséquilibre maximum de 1 à 2,5 entre les flux sortants et entrants sur son réseau.

L’affaire pourrait faire boule de neige
Pour le monde d’Internet, organisé autour d’un modèle de peering gratuit et dans un cadre souvent informel, c’est une véritable révolution.
La perspective de voir bouleverser le paradigme de la gratuité et, par ricochet, d’ouvrir
la voie à une régulation économique des flux sur Internet, réjouit les uns et désespère
les autres. Pour mémoire, le différend opposant Cogent à Orange prend son origine dans une affaire antérieure, survenue au début de l’année 2011. Dans ce dossier, Megaupload – un des principaux clients de Cogent – reprochait à France Télécom de brider intentionnellement le débit des utilisateurs pour l’accès aux contenus du site de téléchargement. Megauplead avait alors choisi d’afficher sur sa page d’accueil un pop up informant l’internaute des restrictions d’accès pratiquées par son fournisseur d’accès à Internet (FAI). Et ce, en visant expressément Orange : « La plupart des utilisateurs
qui ont ce problème ont accès à Internet via France Télécom, souvent sous la marque Orange ». En guise de réponse, Orange se retournait vers Cogent en incriminant la mauvaise qualité des infrastructures de ce dernier et menaçait de poser une plainte pour dénigrement. Piqué au vif, Cogent décidait alors de saisir l’Autorité de la concurrence sans se laisser intimider. C’est ainsi que l’opérateur de transit Cogent demandait au gendarme de la concurrence de considérer comme un refus d’interconnexion le fait qu’Orange ne veuille pas prendre en compte, sur la base des accords de peering initiaux, l’ouverture de nouvelles capacités d’interconnexion. Mal lui en prit car, dans son communiqué du 3 avril dernier, l’Autorité de la concurrence a non seulement écarté le motif de refus d’interconnexion mais elle a ouvert la voie à un modèle payant du peering, précisant ainsi que : « France Télécom n’a pas refusé l’accès de Cogent à ses abonnés mais a seulement demandé à être payé, conformément à sa politique de peering, pour l’ouverture de nouvelles capacités ».
Dès lors, la solution qui sera apportée à ce litige particulier (voir encadré p. 9) pourrait avoir de lourdes conséquences pour l’ensemble des acteurs du monde d’Internet.
C’est ainsi qu’on peut se demander si au lieu du scabreux débat sur la neutralité d’Internet (2), le litige Cogent/France Télécom n’est pas plus à même d’apporter une réponse satisfaisante aux opérateurs de réseaux, lesquels cherchent à faire évoluer
le modèle économique existant. Il s’agit en effet pour eux de trouver des ressources propres à financer la mise à niveau de leurs réseaux, cette dernière étant nécessaire pour répondre aux développements des usages numériques et multimédias dévoreurs de bande passante.
A l’origine, Internet était dépourvu de toute logique commerciale ou d’objectif de QoS (Quality of Service). Le raccordement à ce réseau public universitaire était ouvert à tout acteur remplissant des missions de recherche et d’enseignement. Avec le développement de réseaux privés, les points d’échange ont vu le jour sur la base d’une obligation de peering avec les autres réseaux (3) afin se prévenir le cloisonnement des réseaux publics et privés, et notamment la discrimination de ces derniers.

Nouveau modèle économique du Net ?
Mais aujourd’hui, il est clair que l’évolution des pratiques et des applications numériques a profondément modifié le fonctionnement de l’Internet des débuts. L’asymétrie croissante entre les flux sortant et entrant – ceux générés par l’opérateur
de réseau et ceux qu’il accueille sur son réseau – fait que le peering n’est plus forcément un jeu à somme nulle. De ce fait, les opérateurs de réseau et les opérateurs de transit supportent les investissements importants dans le réseau pour suivre la courbe exponentielle des usages et des débits. En conséquence, ils reprochent aux
« prestataires de la société de l’information » (PSI), tels que Google/YouTube, Facebook, Dailymotion ou encore Akamai, appelés aussi OTT (Over-The-Top),
de ne pas participer aux investissements, alors qu’ils engrangent des profits importants grâce aux réseaux utilisés. A contrario, le peering « payant » permettrait de trouver des moyens de financer de façon équitable ces investissements.
Par ailleurs, la réciprocité de services sans aucun aspect financier contraste avec les pratiques d’interconnexion dans les télécommunications. Les opérateurs de téléphonie comptabilisent en effet les durées des appels entrants et sortants de leur réseau, et le réseau déficitaire (le réseau ayant plus d’appels entrants que sortants) reçoit une compensation. A l’instar de ce système, l’opérateur de transit pourrait être indemnisé
par son partenaire générant le plus de trafic.
Reste qu’il ne faut pas négliger les effets secondaires d’un peering payant. Tout d’abord, la taxation des flux de données « supplémentaires » provoquerait un désavantage compétitif du marché français. Si dans un contexte d’offres d’abondance (forfait illimités), l’usager final ne devrait pas être pénalisé par le nouveau modèle, les IXP (Internet Exchange Point) français seraient grands perdants de l’affaire en prenant le risque de voir fuir leurs clients à l’étranger.

Risque pour la compétitivité française
Or, les infrastructures d’Internet, en particulier les nœuds d’interconnexion entre les réseaux, constituent un enjeu de compétitivité non négligeable. Cela est particulièrement vrai dans la perspective de l’arrivée à Marseille de nouveaux câbles sous-marins reliant l’Afrique et le Moyen- Orient. La France pourrait ainsi aspirer au rôle de carrefour numérique de l’Europe vers ces destinations, à l’instar de la Grande-Bretagne et des Pays-Bas qui assurent les liaisons transatlantiques et de l’Allemagne qui dessert l’Europe centrale et la Russie. Par ailleurs, les tarifs de compensation seraient très probablement encadrés et soumis à la surveillance de l’Arcep et/ou de l’Autorité de la concurrence. Un marché jusqu’à présent autorégulé se verrait donc imposer des obligations réglementaires spécifiques susceptibles, diront certains, de brider l’innovation et d’augmenter les coûts de transaction. @

FOCUS

Transparence : les engagements de France Télécom
Bien que le grief de refus d’interconnexion ait été écarté, l’Autorité de la concurrence
a identifié d’autres pratiques anticoncurrentielles de l’opérateur historique. En effet, Orange fournit à divers prestataires de la société de l’information (PSI) – tels que Google/YouTube, Facebook, Dailymotion, Akamai, etc, générant un trafic très important – une prestation d’accès aux abonnés d’Orange. Et ce, via ses offres « Open transit » à
un prix qui apparaît sensiblement inférieur aux pratiques du marché. France Télécom est ainsi en concurrence direct avec des opérateurs de transit comme Cogent. Or, le faible niveau du tarif de ses offres est susceptible de générer un effet de ciseaux tarifaire dans les hypothèses où un opérateur de transit tiers souhaiterait « répondre à la demande du site (i.e. un PSI) d’accéder aux abonnés d’Orange ». Par ailleurs, « le prix plus attractif facturé au site client par France Télécom est susceptible de favoriser indûment ce site dans son activité par rapport à ses concurrents ». Autrement dit, c’est le grief de position dominante de l’opérateur historique sur le marché des offres d’accès direct ou indirect aux abonnés français du FAI Orange qui est ici soulevé par le gendarme de la concurrence (4). A titre de pare-feu, Orange a donc proposé des engagements pour rendre les relations internes avec « Open transit » plus transparentes. Il propose de formaliser un protocole interne entre Orange et « Open transit » encadrant les conditions techniques, opérationnelles et financières de la fourniture de service de connectivité. Par ailleurs, il mettrait en place un suivi de ce protocole. L’affaire n’est pourtant pas tranchée. L’Autorité de la concurrence s’était donnée jusqu’au 3 mai pour apprécier les engagements de France Télécom. @