Allociné sera cédé cet été par le fonds Tiger Global

En fait. Le 28 juin, Frédéric Krebs, directeur général du groupe Allociné depuis l’année 2000, a quitté ses fonctions. Contacté par EM@, il indique que « le process de vente [d’Allociné par son actionnaire Tiger Global] est toujours
en cours et qu’il devrait aboutir dans le courant de l’été ».

En clair. Le fonds d’investissement américain Tiger Global, acquéreur d’Allociné
en 2007 pour 120 millions de dollars, va céder cet été les 80 % qu’il détient depuis maintenant six ans. « A ce stade, je ne peux que vous confirmez que le process de vente est toujours en cours et qu’il devrait aboutir dans le courant de l’été, selon toute vraisemblance », nous a répondu Frédéric Krebs, qui fut directeur général du groupe Allociné depuis le début de l’année, après avoir rempli ces fonctions pour la France depuis septembre 2010. Dans une lettre datée du 18 juin et adressée à ses interlocuteurs professionnels, il annonçait son départ en évoquant une cession imminente d’Allociné : « Nous allons peut-être changer d’actionnaire dans les prochaines semaines (…) ». Mais sur le blog de l’entreprise, cette petite phrase n’apparaît plus… Explication de l’intéressé : « L’autre [version de ma lettre] a été postée sur le blog Allociné Insider avec une intention de diffusion beaucoup plus large, voire grand public et j’ai décidé de supprimer la phrase en question, en pensant qu’elle n’était pas appropriée ».
Vingt ans après sa création (1), le site web dédié à l’information sur les films de cinéma s’apprête à nouveau à changer de main. Cette vente intervient un an après l’arrêt de la chaîne thématique Allociné TV qui aura coûté au groupe 5 millions d’euros pour à peine plus de six mois d’existence. Une chaîne sur la TNT avait été un temps envisagée (2).
« Ma seule erreur a été de penser que je pouvais atteindre un équilibre en trois ans, alors qu’il m’en aurait fallu sept, pour des raisons structurelles et conjoncturelles », avait alors expliqué le président du groupe, Grégoire Lassalle. Et c’est à ce moment-là que le fonds Tiger Global se serait décidé à lancer un processus de vente, alors évoqué le 28 mars 2012 par Le Figaro qui avançait un prix de vente de 200 millions d’euros.
La holding Financière Allociné, créée il y a dix ans, fait apparaître un chiffre d’affaires
de 14,5 millions d’euros en 2011 pour un résultat net de 1,2 million. Sur l’Internet mobile, Allociné a reçu plus de 2,8 millions de visiteurs uniques en avril 2013 (Médiamétrie).
En vidéo en ligne, le site du cinéma affiche 5 millions de visiteurs uniques en avril 2013 (ComScore). Et tous supports confondus (web, mobiles, tablettes, consoles et TV connectées), Allociné est fréquenté chaque mois par 11 millions d’utilisateurs. @

Pourquoi Rupert Murdoch a cassé en deux son groupe News Corp, sur fond d’échecs numériques

Depuis le 1er juillet, est cotée en Bourse chacune des deux nouvelles sociétés issues de la scission intervenue le 28 juin de l’empire News Corp de Rupert Murdoch : d’un côté les activités de presse et d’édition (nouveau News Corp),
de l’autre celles de télévision et de cinéma (21st Century Fox).

Par Charles de Laubier

RMLe magnat américano-australien des médias Rupert Murdoch (photo), 82 ans, divise pour… mieux régner encore un peu. Alors que son conglomérat News Corp, constitué au cours
des 60 dernières années, vient de terminer pour la dernière
fois une année fiscale « intégrée » au 30 juin 2013, le divorce
est désormais consommé entre les deux branches.
Fini le géant des médias aux actifs valorisés 68 milliards de dollars et au méga chiffre d’affaires annuel de 35 milliards de dollars. Désormais, il faudra compter avec deux entités présidées par le patriarche milliardaire : le nouveau News Corp réunissant les activités presse et édition (Dow Jones/The Wall Street Journal, The New York Post, The Times, The Sunday Times, The Sun, The Australian, The Daily Telegraph, HarperCollins Publishers, Amplify, …), et 21st Century Fox regroupant les activités télévision et cinéma (Fox, FX cable networks. Fox broadcasting, 20th Century Fox, BSkyB, Sky Italia, Sky Deutschland, …).

TVR,VOD,TVC : recommandation contre programmation

En fait. Le 14 juin, la commission TV connectée du Groupement des éditeurs de contenus et de services en ligne (Geste) s’est réunie sous la présidence d’Eric Scherer, directeur de la prospective, de la stratégie et des relations internationales de France Télévisions. Vers la fin de la programmation ?

En clair. La télévision de rattrapage (TVR), la vidéo à la demande (VOD) et la télévision connectée (TVC) sont en train de bousculer les grilles de programmation des chaînes. Les télénautes, de plus ne plus nombreux, prennent le contrôle de « leur » télévision sur
le mode « Atawad » (1) pour une consommation en mobilité. « Il y a de moins en moins de vrais directs. Nous sommes au début d’un point d’inflexion. La VOD devient une chaîne. Le public se moque du tuyau, peu importe que cela soit de la télévision, de l’Internet ou
de la vidéo », constate Eric Scherer. Les fonctions de replay, de time-sharing, de reprise de programme en cours depuis le début (2), la navigation en avance et retour rapide ou
la mise en pause sont autant de ruptures dans l’usage que des utilisateurs se font de la télévision. Et l’on est qu’au début de cette dé-linéarisation qui prendra une autre dimension avec le cloud et l’enregistrement vidéo numérique, ou DVR (Digital Video Recorder).
Alors que l’innovation pour le second écran relègue au second plan le téléviseur, les moteurs et les algorithmes deviennent de vrais programmateurs de chaînes personnalisées. Face à cette fragmentation des programmes et de l’audience, les chaînes sont en train de perdre leur pouvoir de contrôle audiovisuel. C’est là que tout se joue :
la recommandation prend le pas sur la programmation. Netflix n’a-t-il pas plus de 900 développeurs pour améliorer sans cesse la pertinence de ses recommandations et en y consacrant un budget de 350 millions de dollars par an ? Des sociétés se sont spécialisé dans la recommandation « content centric » comme le français Spideo, l’israélien Jinni ou l’américain Fanhattan. Fondée en 2010 et en cours de levée de fonds, la start-up Spideo
a déjà apporté son savoir-faire en moteurs de recommandations à CanalPlus Infinity, le service de SVOD de Canal+. « Avec le “content centric”, nous offrons une pertinence à 100 % des recommandations là où les recommandations par statistiques n’obtiennent
que 90 % », affirme Gabriel Mandelbaum, fondateur de Spideo. Mais son ambition est de s’imposer sur toutes les plates-formes avec sa propre application Spideo, s’appuyant sur les catalogues iTunes et Netflix aux Etats-Unis, seulement iTunes en France et bientôt Lovefilm. Apple l’apprécie beaucoup. Au point de le racheter à terme ? « C’est envisageable ! », répond sans rire Gabriel Mandelbaum. @

La TST-D est morte, vive la taxe « culture numérique » ?

En fait. Le 24 mai, l’hebdomadaire « Le Film Français » a publié une interview
du président du CNC, Eric Garandeau, dans laquelle il plaide en faveur du
« financement de la création par l’ensemble des plateformes de diffusion des œuvres », comme le préconise le rapport Lescure qui a repris ses propositions.

En clair. « Nos propositions ont été reprises par le rapport Lescure et sont aussi discutées au sein d’un groupe de travail lancé à Cannes par le CNC sur le financement
de la création à l’heure numérique, dans le cadre des EFAD [European Film Agency Directors, c’est-à-dire les directeurs des ‘CNC’ européens, ndlr] : neuf CNC européens
y participeront. Les premières proposition seront présentées cet automne au Forum d’Avignon », a indiqué le président du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). Constitué lors du Festival de Cannes, le 20 mai dernier, ce groupe de travail consacré au financement des films à l’ère digitale, a été présenté par Eric Garandeau comme « l’extension de la mission Lescure aux 28 Etats membres » (1). Pas moins.
Le sujet numéro un sera de porter au niveau européen l’idée d’une nouvelle taxe qui remplacerait, du moins en France, la fameuse taxe sur les services de télévision payée par les distributeurs – la fameuse TST-D – dont l’« assiette élargie » à l’ensemble des abonnements à Internet et à la téléphonie mobile par la loi de Finance 2012, n’a toujours pas été validée par la Commission européenne. La France souhaite, en effet, élargir l’assiette de la TST-D à tous les abonnements fixe et mobile, quel que soit le mode de commercialisation des services de télévision, pour ne pas limiter cette taxe aux offres triple play et afin d’empêcher des pratiques d’« optimisation fiscale » de la part de FAI (Free, SFR). « Ce qui est important, c’est de préserver la cohérence des systèmes fiscaux et l’intégrité des principes de financement de la création par l’ensemble des plateformes de diffusion des œuvres. Il faut aussi d’urgence fiscaliser les offres de rattrapage télé et des opérateurs de vidéo à la demande, financés par la publicité ou par abonnement », a expliqué Eric Garandeau.
Autrement dit, tous les acteurs du numérique donnant accès aux œuvres culturelles doivent être, selon le CNC, mis à contribution. Si le rapport Lescure suggère de
« maintenir constant le niveau de pression fiscale pesant, au titre de la TST-D, sur les opérateurs de télécommunications » (2), il propose d’« élargir la notion de distribution »
au-delà des « services gérés » (IPTV) pour taxer tous les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) et opérateurs mobile qui donnent, par exemple, accès aux sites et appli des chaînes. @

Pourquoi Sony tient vraiment à garder ses contenus

En fait. Le 14 mai, Sony a dû affirmer que sa division Entertainment n’était « pas
à vendre » après que le fonds d’investissement new-yorkais Third Point ait appelé le géant japonais à s’en séparer et à mettre en Bourse ses activités de contenus musicaux et cinématographiques. Car la croissance est là.

En clair. Un an après avoir pris les rênes de Sony en tant que directeur général, Kazuo Hirai n’entend pas se faire dicter sa stratégie par Third Point – quand bien même ce fonds américain se déclare premier actionnaire du japonais (1). Depuis sa prise de fonction le 1er avril 2012, le patron de Sony généralise à tout le groupe la convergence entre terminaux connectés et contenus en lignes, sur le modèle de ce qu’il avait réussi à faire dans sa division Sony Computer Entertainment avec la console PlayStation et son écosystème de jeux vidéo en ligne (2). La major mondiale de la musique, Sony Music Entertainment, et l’un des grands studios de cinéma d’Hollywood, Sony Pictures Entertainment, sont à la même enseigne. Sur ses 162,700 employés dans le monde, 7.200 travaillent dans le film et 6.400 dans la musique.
A l’instar d’un opérateur télécoms qui n’entendrait pas se limiter à son seul réseau historique, le groupe japonais ne veut pas se recentrer sur l’électronique qui est son métier d’origine. Or, c’est justement ce que lui demande de faire Daniel Loeb, le fondateur de Third Point, dans une lettre adressée à Kazuo Hirai (et révélée par le New York Times). Ce dernier lui a opposé une fin de non recevoir en affirmant en substance que « les activités de Sony dans les médias sont importantes pour sa croissance et ne sont donc pas à vendre ». Avec des solutions convergentes entre terminaux connectés et contenus en ligne, le japonais s’estime ainsi mieux armé pour résister à la nouvelle concurrence que constituent l’américain Apple ou le sud-coréen Samsung.
Third Point fustige surtout la chute de l’action Sony en Bourse, tombée à son plus bas niveau historique depuis plus de trente ans, bien qu’elle ait plus que doublé ces six derniers mois. En tant que premier actionnaire, le fonds américain souhaite un siège au conseil d’administration de Sony. Kazuo Hirai doit-il s’inquiéter ? Toujours est-il que le fonds américain s’est déjà distingué dès 2011 en provoquant le départ de Carol Bartz
de la direction générale de Yahoo, dont il est aussi un des principaux actionnaires, et
en recrutant l’été dernier Marissa Mayer… chez Sony. Quoi qu’il en soit, Sony a terminé le 31 mars dernier son exercice annuel 2012/2013 en redevenant bénéficiaire (à 458 millions de dollars) après quatre ans de pertes, pour un chiffre d’affaires (3) en hausse de 4,7 % à 72,3 milliards de dollars. @