La nouvelle loi « militaire » relance le débat entre sécurité renforcée et liberté sur Internet

La loi de programmation militaire, promulguée le 19 décembre 2013 sans avis
de la Cnil, élargit considérablement – voire trop – le périmètre d’accès aux données numériques. Mais les interceptions des communications sur les réseaux, par les autorités publiques et judiciaires, ne datent pas d’hier.

Par Christiane Féral-Schuhl*, avocate associée, cabinet Féral-Schuhl/Sainte-Marie

L’article 20 de la loi du 18 décembre 2013 relative à la programmation militaire (LPM (1)) intitulé « Accès administratif aux données de connexion » a, à lui seul, suscité une polémique largement relayée par les médias et les réseaux. Selon eux, cet article – qui prendra effet à compter du 1er janvier 2015, en élargissant le régime et les modalités d’accès des services de renseignement de l’Etat aux informations ou documents ainsi qu’aux données de connexion et de géolocalisation – instituerait un contrôle des pouvoirs publics sans précédent, augmentant ainsi les risques d’atteintes aux libertés individuelles.

Vers un « Big Brother » étatique ?
Au nombre des indices troublants, il y a l’absence de consultation de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) en principe interrogée sur tout projet
de loi ou de décret relatif à la protection des personnes à l’égard des traitements automatisés (article 11, al. 4 de la loi du 6 janvier 1978 modifiée). La Cnil a publiquement déploré cette situation, un peu plus de trois semaines avant la promulgation le 19 décembre 2013 de cette loi (2), précisant qu’elle entendait se prononcer sur les actes réglementaires créant les traitements de données personnelles envisagés et opérer des « contrôles sur place inopinés ». De leur côté, de nombreuses associations de protection et défense des droits des internautes ainsi que plusieurs acteurs du Net ont réagi vivement, dénonçant la mise en place d’un Big Brother étatique d’envergure.
En fait, il faut d’abord constater que la législation préexistante à la LPM permettait déjà aux autorités publiques et judiciaires d’accéder aux communications électroniques et aux données de connexion. Le code de procédure pénale consacre en effet plusieurs dispositions permettant d’ordonner l’interception, l’enregistrement et la transcription des correspondances sous certaines conditions dans le cas d’une instruction (art. 100),
d’une enquête de flagrance (art. 60-1) ou préliminaire (art. 77-1-2) et dans certains cas particuliers (par exemple en matière de criminalité organisée). Les interceptions administratives de sécurité ont été quant à elles prévues par la loi du 10 juillet 1991relative au secret des correspondances par la voie des communications électroniques. L’ordonnance du 12 mars 2012 a intégré à droit constant ces dispositions dans le Code de la sécurité intérieure (art. L 241-1 à L 245-3). Ainsi, toute interception
« ayant pour objet de rechercher des renseignements intéressant la sécurité nationale, la sauvegarde des éléments essentiels du potentiel scientifique et économique de la France, ou la prévention du terrorisme, de la criminalité et de la délinquance organisées et de la reconstitution ou du maintien de groupements », peut être autorisée pour une durée de quatre mois, par une décision écrite et motivée du Premier ministre (art L 241-2).
En quelque sorte, pour alimenter les autorités publiques en informations, le législateur
– au plan national et européen – a créé une obligation de conservation de données à la charge de plusieurs intermédiaires techniques sous peine de sanctions prévues par la loi Confiance dans l’économie numérique (LCEN (3)). Sont ainsi directement concernés les opérateurs de communications électroniques et les fournisseurs d’accès à Internet (FAI). Sont également visés « les personnes qui, au titre d’une activité professionnelle principale ou accessoire, offrent au public une connexion permettant une communication en ligne par l’intermédiaire d’un accès au réseau, y compris à titre gratuit » (CPCE, art. L. 34-1, I, al. 2).

Données de connexion stockées un an
Tous ces acteurs sont tenus de stocker pendant un an les données de connexion,
c’est-à-dire les données d’identification de l’auteur d’un contenu (art. 6-II de la LCEN et décret du 25 février 2011), les données d’identification de l’utilisateur d’un service de communication électronique (art. L 34-1 du CPCE), et les données techniques (décret
du 24 mars 2006 et du 30 juillet 2007). Ils doivent également les rendre accessibles à certaines autorités publiques habilitées depuis la loi du 15 novembre 2001 relative à la sécurité quotidienne, ainsi qu’aux services de la police judiciaire et à certains services
de police administrative depuis la loi du 23 janvier 2006 (art.6) relative à la lutte contre
le terrorisme.

De l’anti-terrorisme à la « sécurité »
A ces dispositions préexistantes succède donc désormais un régime visant à unifier
et clarifier le droit s’agissant de l’accès « administratif » à ces données. La refonte consacrée par la LPM vise à rapprocher ce cadre juridique avec celui précédemment décrit du régime des interceptions de sécurité prévu par la loi de 1991. Il est indiscutable que la nouvelle loi de programmation militaire élargit considérablement
le périmètre d’accès aux données numériques. Le régime antérieur avait pour finalité première la lutte contre le terrorisme. Désormais, il connaît le même périmètre d’application que pour les interceptions de sécurité (cf. art. L 241-2 précédemment cité). Les catégories de données concernées ne sont plus limitées aux données de connexion et techniques. En effet, sont visées dans une formulation très large les
« informations ou documents traités ou conservés par leurs réseaux ou services
de communications électroniques, y compris les données techniques relatives à l’identification des numéros d’abonnement ou de connexion à des services de communications électroniques, au recensement de l’ensemble des numéros d’abonnement ou de connexion d’une personne désignée, à la localisation des équipements terminaux utilisés ainsi qu’aux communications d’un abonné portant sur
la liste des numéros appelés et appelants, la durée et la date des communications » (art. L 246-1 du CSI abrogeant l’art. L. 34-1-1 du CPCE). Sont donc concernées les données de géolocalisation et certains y voient la possibilité d’accéder aux contenus. Point important, les informations et documents pourront être recueillis
« sur sollicitation du réseau et transmis en temps réel » (art. L 246-3 du CSI). Certains considèrent que cela revient à autoriser les agents des services de renseignement à se raccorder directement aux réseaux des opérateurs, un accès direct (dit « back door »)
à l’image du programme américain PRISM (4). Le sénateur PS Jean-Louis Carrère, rapporteur du texte de loi LPM a précisé que cela « viserait uniquement à prendre en compte le cas spécifique de la géolocalisation en temps réel ». Les bénéficiaires du
droit d’accès à ces informations incluent désormais, outre les services de police et de gendarmerie, les agents habilités des services des ministères de la Sécurité intérieure,
de la Défense nationale, de l’Economie et du Budget. Les demandes d’accès doivent être désormais soumises à une autorisation spécifique du Premier ministre (ou des personnes spécialement désignées par lui) et non plus du ministre de l’Intérieur. Si les conditions d’accès aux données peuvent paraître renforcées, l’autorisation reste limitée à un contrôle « administratif » – à l’heure où de nombreuses voix poussent pour la mise en oeuvre d’un contrôle judiciaire a priori. Cette autorisation peut être délivrée pour une durée de 30 jours renouvelable. Un contrôle a posteriori est prévu, chaque décision d’autorisation devant être communiquée au président de la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS), autorité administrative indépendante (5).

Faut-il pour autant parler de dictature du numérique ? Selon le baromètre Orange/Terrafemina publié le 25 février 2014, 57 % des Français considèrent que
la surveillance des réseaux est « justifiée ». Toutefois, plus de la moitié d’entre eux soutiennent que « une volonté politique forte peut protéger la confidentialité des
échanges privés sur Internet ».
Suite à deux arrêts rendus par la Cour de cassation le 22 octobre 2013, considérant que le recours à la géolocalisation en temps réel lors d’une procédure judiciaire devait être exécutée sous le contrôle d’un juge, un projet de loi a été présenté en procédure accélérée afin d’éviter toute condamnation de la France par la Cour européenne des Droits de l’homme (CEDH). Deux députés avaient alors profité des débats de ce projet
de loi sur la géolocalisation pour revenir sur l’article 20 de la LPM en déposant des amendements afin de limiter explicitement l’accès administratif aux seules « données de connexion ». Ces amendements n’ont pas été acceptés. La loi Géolocalisation (6) vient d’être adoptée le 24 février 2014 en commission mixte paritaire (CMP) et le périmètre d’accès demeure aujourd’hui incertain.

Une loi inconstitutionnelle ?
Les débats ne semblent toutefois pas clos. Suite à la promulgation de la LPM, Laure de La Raudière, députée UMP, a déclaré vouloir présenter une proposition de loi visant à clarifier le champ d’application dudit article 20. Par ailleurs, le Conseil national du numérique (CNNum) s’est saisi de la question : dans son avis du 6 décembre 2013 sur les libertés numériques, il estime que « des réflexions transversales, à la fois au niveau parlementaire et auprès du public » sont nécessaires. Faudra-t-il aller jusqu’à la saisine du Conseil constitutionnel, dans le cadre d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) ? @

Concentration des télécoms : pas une bonne nouvelle

En fait. Le 5 mars à 20 heures était la limite fixée par Vivendi à laquelle les
candidats au rachat de sa filiale SFR devaient présenter une offre préliminaire. Altice (Numericable) et le groupe Bouygues (Bouygues Telecom) sont officiellement en lice. SFR vaudrait entre plus de 10 et 15 milliards d’euros.

En clair. C’est le retour annoncé de l’oligopole ! La France a mis en place au cours
des quinze dernières années une concurrence dans les télécoms, après avoir aboli le monopole d’Etat de France Télécom. Et voilà que le marché s’apprête à détricoter, en deux temps trois mouvements, ce que les pouvoirs publics – gouvernements successifs et les régulateurs, l’Arcep et l’Autorité de la concurrence – ont élaboré depuis 1er janvier 1998 (date officielle de l’ouverture du marché français de la téléphonie à la concurrence). La fusion absorption de SFR avec Numericable ou Bouygues Telecom
– la holding Altice et le groupe Bouygues étant les deux candidats officiels – serait un mauvais signal pour les consommateurs qui bénéficient depuis le début des années 2000 de tarifs attractifs dans le fixe (autour des fameux 29,90 euros par mois). De plus, depuis l’arrivée de Free Mobile début 2012, les tarifs mobiles sont à leur tour devenus
« meilleur marché ». Mais depuis quelques temps, les opérateurs télécoms historiques (Orange, SFR, Bouygues Telecom) se plaignent du « trop de concurrence » que leur imposerait l’Arcep et la Commission européenne accusées de mener une politique
« consumériste ».

Ce qui les auraient poussés dans une bataille tarifaire, certes profitable aux consommateurs mais, affirment-ils, désastreuse pour leurs marges (1) et donc de leur capacité à investir. Et ce, au moment où le gouvernement leur demande de le faire dans la coûteuse fibre optique jusqu’à domicile et dans la 4G. Objectif fixé par le chef de l’Etat François Hollande : « 100 % des Français » connectés au très haut débit d’ici à 2022.
Le rachat de SFR, qui sera suspendue à la décision de l’Autorité de la concurrence, pourrait en entraîner d’autres comme par exemple un rapprochement entre Iliad-Free
et l’un des deux candidats malheureux au rachat de SFR (2).
Et qu’adviendrait-il de l’accord signé le 31 janvier dernier entre SFR et Bouygues Telecom pour mutualiser une partie de leurs réseaux mobiles d’ici à 2017 ? Contacté par EM@,
le gendarme de la concurrence n’a pas souhaité commenter ce mouvement de concentration. Même s’il n’a pas à donner son aval, le gouvernement a fait comprendre, par la voix de sa porte-parole Najat Vallaud-Belkacem qu’il sera vigilent sur l’emploi.
A moins que Vivendi ne décide au dernier moment de faire entrée en Bourse SFR… @

L’Icann : 15 ans de règne américain sur l’Internet

En fait. Le 18 novembre, l’Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), l’organisme américain qui coordonne la gestion des adresses IP et des noms de domaine sur Internet, a annoncé la constitution d’un groupe de réflexion sur l’avenir de la gouvernance du réseau des réseaux.

En clair. Une nouvelle gouvernance d’Internet, plus internationale et moins américaine, pourrait voir prochainement le jour. Mais l’Icann, organisation de droit californien sans but lucratif née en septembre 1998, tente de garder la main sur la régulation du Net face aux critiques qui lui sont de plus en plus adressées. C’est l’Icann qui autorise par exemple VeriSign ou l’Afnic à vendre respectivement les noms de domaines « .com» et « .fr ». Basé à Playa Vista en Californie, l’Icann a décidé de créer « un groupe de réflexion
de haut niveau » (1) avec plusieurs parties prenantes (pouvoirs publics, société civile, secteur privé, communauté technologique et organismes internationaux) pour préparer
« l’avenir de la coopération internationale pour Internet ».
La première réunion du groupe, présidé par le président estonien Toomas Ilves et vice-présidé par Vinton Cerf, cofondateur d’Internet (avec le Français Louis Pouzin) et vice-président de Google, se tiendra les 12 et 13 décembre prochains à Londres, pour
ensuite rendre un rapport début 2014. Il s’agit pour l’Icann de donner des gages sur
des « principes d’une coopération mondiale pour Internet ».

Il y a urgence, car l’Icann voit son autorité de plus en plus contestée à travers la planète quant à son rôle très américain de régulateur mondial d’Internet.
Le rapport du groupe de travail devra tenter de désarmer les critique à son égard, avant que la gouvernance de l’Internet soit débattu dans deux haut lieux internationaux : le Forum économique mondial à Davos du 22 au 25 janvier prochain et – à l’appel de la présidente brésilienne Dilma Rousseff – le sommet international sur la gouvernance mondiale d’Internet prévu par le Brésil en avril 2014. C’est que la déclaration de Montevideo « sur l’avenir de la coopération pour Internet », daté du 7 octobre dernier, marque un tournant. En Uruguay, les dix dirigeants des organisations responsables
de la coordination technique d’Internet au niveau mondial (2), ont en effet « appelé à l’accélération de la mondialisation des fonctions de l’IANA (3) et de l’Icann vers un environnement dans lequel toutes les parties prenantes, y compris tous les gouvernements, participent sur un pied d’égalité ». Mais ils ont aussi mis en garde
contre une fragmentation du Net au niveau national. Une vraie gouvernance internationale de l’Internet reste à inventer. @

L’enquête de Bruxelles plane sur Numericable coté

En fait. Le 8 novembre, l’action Numericable à 24,80 euros (au prix fort) a réussi son départ à la Bourse de Paris en gagnant près de 15 % au cours de cette première journée. Ce qui valorise le câblo-opérateur 3,5 milliards d’euros, lui permettant de lever plus de 650 millions d’euros pour se désendetter.

En clair. On est loin du bond de 92 % enregistré la veille à New York par l’action de Twitter le premier jour de cotation, mais quand même ! Si Numericable fait bonne figure malgré ses 2,75 milliards d’euros d’endettement (1) et la tendance baissière après la dégradation le jour même de la note souveraine de la France (2), c’est que les actionnaires du câblo-opérateur espèrent une fusion avec le groupe SFR l’an prochain lors de l’introduction en Bourse de ce dernier à la fin du premier semestre 2014. A moins que Bouygues Telecom ne se décide à lancer une offre sur Numericable… Quoi qu’il en soit, cet état de grâce, auquel contribuent Vodafone et Liberty Global qui s’emparent de deux autres câblo-opérateurs européens (respectivement Kabel Deutschland pour 7,7 milliards d’euros et Virgin Media pour 17 milliards), pourrait ne pas faire long feu. Une épée de Damoclès est en effet au-dessus de la holding Ypso du câblo-opérateur que détiennent les fonds Altice du fondateur Patrick Drahi (30 % contre 24 % avant l’introduction), Carlyle (26 % contre 37,5 %) et Cinven (18 % contre 37,5 %), le flottant étant à ce stade de 24 %.

Cette épée s’appelle la Commission européenne, laquelle a lancé le 17 juillet une enquête approfondie sur la possible aide d’Etat dont a bénéficié Numericable lors de la « cession à titre gracieux [au câblo-opérateur français entre 2003 et 2006] de réseaux câblés et de fourreaux opérée par 33 municipalités françaises » (3). C’est France Télécom, bien qu’il ne soit pas nommé, qui a porté plainte à Bruxelles par courrier du 26 janvier 2009 contre cet « avantage économique » donné à Numericable. Il s’agirait bien d’une aide d’Etat dans la mesure où la France n’a confié aucune obligation de service public au « câblo ». Bruxelles, qui a recueilli jusqu’au 17 octobre les observations des parties intéressées, doit encore rendre son verdict. « Le groupe conteste fermement l’existence d’une quelconque aide d’Etat », se défend Numericable dans son prospectus publié par l’AMF le 18 septembre. Et de prévenir plus loin : « Si le groupe perd une partie de son statut d’opérateur sur une partie de son réseau, (…) ou s’il doit donner accès à son réseau à ses concurrents à des conditions économiquement non satisfaisantes, cela pourrait avoir une incidence défavorable significative sur son activité, ses résultats d’exploitation et sa situation financière ». @

La culture pèse presque autant que les télécoms

En fait. Le 7 novembre, France Créative – soit treize organisations professionnelles représentant neuf industries culturelles (musique, cinéma, presse, livre, jeux vidéo, arts graphiques et plastiques, spectacle vivant, télévision, radio) – et EY (ex-Ernst & Young) publient leur 1er Panorama économique.

En clair. Ce premier « Panorama économique des industries culturelles et créatives »
a été commandé par le collectif France Créative (1) auprès du cabinet d’études EY et réalisé sous le haut patronage de François Hollande. A ce titre, l’étude a été présentée
à l’Elysée et à Matignon. Elle a le mérite de démontrer que la culture et la création sont devenues des « industries » à part entière. Les neuf analysées pèsent ensemble 61,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires direct sur l’année 2011 considérée, soit presque autant que l’industrie des télécoms et ses 62,2 milliards. Bien que l’étude ne s’y attarde pas, cette comparaison est plutôt saisissante dans la mesure où elle révèle que ces
deux grandes industries – culture et télécoms – sont deux géants économiques de tailles comparables. Mais si elles se regardent en chiens de faïence, c’est que le numérique a quelque peu bouleversé leurs modèles économiques respectifs sur le mode de destruction créatrice.
Ce premier panorama de France Créative confirme, si besoin était, que les industries culturelles ne sont pas le Petit Poucet menacé par l’ogre des télécoms. L’économie numérique est loin d’avoir spolié les industries culturelles. « Les nouvelles formes de création et de distribution de biens et services culturels constituent des relais de croissance importants pour les industries culturelles et créatives françaises », constate l’étude. Rien ne dit qu’il y a ou pas transfert de valeur entre les industries culturelles et
les télécoms, alors que le Snep et l’UPFI estiment « nécessaire de rééquilibrer le partage de la valeur » (lire page 3).
Dans leur avant-propos, les cinq dirigeants (2) de la Confédération internationale des sociétés d’auteurs et de compositeurs (Cisac), comme la Sacem en France, préviennent : « Tout recul [de l’Europe] sur le soutien à la diversité culturelle, sur le combat pour la juste rémunération des créateurs et des artistes, sur les questions de partage de la valeur, aurait un impact direct et défavorable sur les millions de créateurs » (3). Avec Universal Music (Vivendi), Hachette (Lagardère), TF1 (Bouygues), Ubisoft ou Deezer, la France a ses grands acteurs. Reste que l’étude d’EY est quelque peu biaisée car elle considère comme « chiffre d’affaires » les subventions, dont bénéficient certaines industries culturelles en France. Dans ce cas, les télécoms ne peuvent plus soutenir la comparaison. @