Concentration des télécoms : pas une bonne nouvelle

En fait. Le 5 mars à 20 heures était la limite fixée par Vivendi à laquelle les
candidats au rachat de sa filiale SFR devaient présenter une offre préliminaire. Altice (Numericable) et le groupe Bouygues (Bouygues Telecom) sont officiellement en lice. SFR vaudrait entre plus de 10 et 15 milliards d’euros.

En clair. C’est le retour annoncé de l’oligopole ! La France a mis en place au cours
des quinze dernières années une concurrence dans les télécoms, après avoir aboli le monopole d’Etat de France Télécom. Et voilà que le marché s’apprête à détricoter, en deux temps trois mouvements, ce que les pouvoirs publics – gouvernements successifs et les régulateurs, l’Arcep et l’Autorité de la concurrence – ont élaboré depuis 1er janvier 1998 (date officielle de l’ouverture du marché français de la téléphonie à la concurrence). La fusion absorption de SFR avec Numericable ou Bouygues Telecom
– la holding Altice et le groupe Bouygues étant les deux candidats officiels – serait un mauvais signal pour les consommateurs qui bénéficient depuis le début des années 2000 de tarifs attractifs dans le fixe (autour des fameux 29,90 euros par mois). De plus, depuis l’arrivée de Free Mobile début 2012, les tarifs mobiles sont à leur tour devenus
« meilleur marché ». Mais depuis quelques temps, les opérateurs télécoms historiques (Orange, SFR, Bouygues Telecom) se plaignent du « trop de concurrence » que leur imposerait l’Arcep et la Commission européenne accusées de mener une politique
« consumériste ».

Ce qui les auraient poussés dans une bataille tarifaire, certes profitable aux consommateurs mais, affirment-ils, désastreuse pour leurs marges (1) et donc de leur capacité à investir. Et ce, au moment où le gouvernement leur demande de le faire dans la coûteuse fibre optique jusqu’à domicile et dans la 4G. Objectif fixé par le chef de l’Etat François Hollande : « 100 % des Français » connectés au très haut débit d’ici à 2022.
Le rachat de SFR, qui sera suspendue à la décision de l’Autorité de la concurrence, pourrait en entraîner d’autres comme par exemple un rapprochement entre Iliad-Free
et l’un des deux candidats malheureux au rachat de SFR (2).
Et qu’adviendrait-il de l’accord signé le 31 janvier dernier entre SFR et Bouygues Telecom pour mutualiser une partie de leurs réseaux mobiles d’ici à 2017 ? Contacté par EM@,
le gendarme de la concurrence n’a pas souhaité commenter ce mouvement de concentration. Même s’il n’a pas à donner son aval, le gouvernement a fait comprendre, par la voix de sa porte-parole Najat Vallaud-Belkacem qu’il sera vigilent sur l’emploi.
A moins que Vivendi ne décide au dernier moment de faire entrée en Bourse SFR… @