Webradios : vers l’extension de la licence légale ?

En fait. Le 16 juillet, l’OJD a publié pour la première fois les audiences de webradios, 6 .261 au total pour mai. Avec 5.980 webradios, le réseau Radionomy arrive en tête en terme d’écoutes actives cumulées : 63,9 millions, contre 45,5 millions pour les 174 du groupe NRJ. Après la mesure, les revendications ?

En clair. Même si le webcasting linéaire y est bien moins développé en France qu’aux Etats-Unis ou en Allemagne, la France franchit un cap important dans la reconnaissance des webradios comme nouveau média à part entière.

Tableau OJD-WebradiosAvec la publication de la mesure d’audience certifiée par l’OJD portant sur pas moins de 6.261 flux audio « live » (voir tableau ci-contre). Les webradios s’engagent sur la voie de la monétisation par la publicité en ligne.

Rapport Lescure
Mais il leur reste à obtenir des avancées réglementaires.
Bien que les producteurs de musique n’y soient pas favorables, le rapport Lescure préconise d’étendre la rémunération équitable au webcasting linéaire comme pour les radios traditionnelles
de la bande FM relèvent du régime dit de « rémunération équitable », qui les dispense d’obtenir l’autorisation des détenteurs de droits, en contrepartie d’une rémunération calculée en fonction des recettes – soit de 4 % à 7 % du chiffre d’affaires – et répartie à parts égales entre les producteurs et les artistes interprètes par les sociétés de gestion collective SCPP et la SPPF.
En revanche, les webradios ne bénéficient pas de cette « licence légale » et doivent
donc obtenir l’autorisation des ayants droits, puis acquitter 12,5 % de leurs revenus
pour rémunération ces derniers. « Discrimination ! », dénonce le Syndicat des éditeurs
de musique de services en ligne (ESML) (1). Sans parler des « minima garantis » qui constituent, selon lui, des barrières à l’entrée. Ce « deux poids, deux mesures » paraît d’autant plus injustifié que les webradio sont elles aussi soumises à des quotas de musiques françaises depuis le décret daté du 27 avril 2010. Pour l’heure, seules 150 webradios sont soit déclarées (140 d’entre elles), soit conventionnée (soit 10 générant plus de 75.000 euros par an) auprès du CSA.
A l’instar du rapport Zelnik (Création et Internet) de janvier 2010, suivi par l’échec de la mission Hoog sur ce point, le rapport Lescure (Acte II de l’exception culturelle) de mai 2013 a recommandé l’extension du régime de la rémunération équitable aux webradios linéaires au nom du principe de neutralité technologique (2). « Rien ne justifie l’expropriation des droits de propriété des producteurs de [musique] que constituerait l’extension de la licence légale au webcasting. Cette exploitation est déjà gérée collectivement par les producteurs », a répondu la SCPP le 26 juin dernier. @

Pouvoirs publics : il est temps d’écouter les webradios !

En fait. Le 22 octobre, EM@ a obtenu auprès du CSA la liste des webradios déclarées : 144 webradios y sont ainsi référencées. Elles étaient au coeur des
2e Rencontres Radio 2.0, organisées le 18 octobre par ActuOnda et AdsRadios. Elles se sont aussi fait entendre auprès de la mission Lescure.

En clair. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) totalise 144 webradios déclarées depuis la toute première inscription il y a six ans maintenant, avec Radio Sorbonne Nouvelle. Dernière déclaration en date : Radio Curie. Selon nos informations, le groupe NRJ – dont la station éponyme est devenue la première radio de France (Médiamétrie) – est aussi le numéro un de la webradio avec 55 webradios déclarées auprès du CSA :
20 pour NRJ, 11 pour Chérie FM, 10 pour Nostalgie et 4 Rire & Chansons. Il est suivi en nombre par le groupe Lagardère avec les 16 webradios de Virgin Radio et les 7 de RFM. Tandis que Hotmix Radio (fondée par Olivier Riou, président du Syrol (1)) en compte 12, et MFM (LV & Co) 3, les autres webradios déclarées étant indépendantes. Mais toutes les webradios ne sont pas déclarées auprès du CSA, loin s’en faut. Jean-Paul Baudecroux en revendique 150 dans son interview à EM@ en avril dernier – dont 119 autour de NRJ, comme la dernière née NRJ My Major Company.
Toujours selon nos informations, seulement une dizaine auraient signé une convention avec le CSA dans la mesure où leur chiffre d’affaires dépasse les 75.000 euros. Or, soumises à des quotas de musiques françaises depuis le décret daté du 27 avril 2010,
les webradios se sentent toujours discriminées par rapport aux radios hertziennes de la bande FM (2) qui, elles, bénéficient – jusque sur Internet – d’une licence légale obligatoire (contre un reversement de 4 % à 7 % de leur chiffre d’affaires). Les artistes-interprètes et les producteurs ne peuvent s’y opposer, d’après l’article L214-1 du Code de la propriété intellectuelle. Xavier Filliol, cofondateur de la régie publicitaire AdsRadios – co-organisatrice des Rencontres Radio 2.0 – et président de la commission Musique en Ligne du Geste (3), l’a rappelé le 16 octobre devant la mission Lescure : « Il y a deux poids deux mesures entre les radios FM et les webradios, lesquelles entrent dans la définition de la radio au sens de la loi de 1986 [sur la liberté de communication], dès lors qu’elles diffusent un programme reçu collectivement par l’ensemble du public et sans interactivité ». Les webradios seront-elles enfin entendues par les pouvoirs publics ?
En décembre 2010, Xavier Filliol nous avait indiqué qu’un recours auprès de la DGCCRF (4) n’était pas exclu si rien n’avançait… La balle est dans le camp de Pierre Lescure. @

Jean-Paul Baudecroux, groupe NRJ : « D’ici à trois ans, la télévision pèsera autant que la radio »

C’est l’une des rares fois que le président fondateur du groupe NRJ s’exprime
dans la presse sur l’avenir audiovisuel de son groupe, sur la 2e radio de France,
sur Chérie HD prévue fin 2012, sur la RNT et sur le potentiel des 150 webradios.
Il évoque aussi pour EM@ ses 30 ans de « radio libre ».

Propos recueillis par Charles de Laubier

Edition Multimédi@ : La libéralisation de la bande FM a
30 ans et vous avez, à l’époque, créé la radio libre NRJ dans une chambre de bonne du XXe à Paris : quel regard portezvous sur ces trois décennies ?
Jean-Paul Baudecroux :
Je n’ai pas l’impression que cela fait 30 ans, mais plutôt 10 ans ! Car tout s’est enchaîné très vite et, pris par l’action, je n’ai pas vu le temps passer. J’éprouve une relative satisfaction, parce que mon analyse s’est révélée exacte. Au début, personne ne croyait en l’avenir des radios libres. C’est vrai que, lorsque la publicité était interdite au début, cela n’était pas évident. Il fallait d’abord survivre. Puis, tout est allé très vite. Il a fallu développer l’entreprise – avec beaucoup de difficultés quand même. J’ai dû me battre évidemment contre les concurrents, les grandes radios RTL et Europe 1 de l’époque, qui faisaient tout pour nous écraser dans l’œuf, me battre aussi contre les autorités qui n’ont pas toujours été très visionnaires… Mais je ne pensais pas en arriver à un groupe de cette taille-là (1), car chaque jour était une victoire. Pour finir, la ténacité, ça paye toujours. Comme quoi, si c’est une leçon qui peut servir à de jeunes entrepreneurs, il faut croire en ses idées, « Never give up ! », comme disent les Américains, ne jamais abandonner, ne jamais lâcher prise et puis se battre.

EM@ : Aujourd’hui, la station NRJ – 2e radio de France – réalise la plus forte progression des radios (nov.-déc. 2011, selon Médiamétrie) : comment expliquez-vous la croissance de la radio malgré les CD, le MP3, les podcasts et le streaming ?
J-P. B. :
Avec 6 millions d’auditeurs par jour, la radio NRJ talonne la première [RTL, ndlr]. Vous savez, la radio a plus de 100 ans. Et à chaque fois qu’il y a eu une nouvelle évolution technologique, on a dit : « C’est fini, la radio va mourir » ! A l’époque, ce fut avec les K7. Puis, dans les années 80, avec les Walkman. Plus récemment, au début des années 2000, il a eu les iPod. A chaque fois, on a dit que c’était la mort de la radio.
Je crois au contraire que la radio – vieux média – n’a jamais été aussi moderne avec
un tel potentiel de croissance. Grâce à ce que l’on appelle la « génération S », comme « Smarphone », grâce à Steve Jobs, la radio est aujourd’hui dans la poche de 40 % des Français et de 100 % demain (2). Cela crée de nouvelles opportunités d’écoute, que cela soit sur l’Internet fixe ou sur l’Internet mobile. La radio est irremplaçable, car elle
ne diffuse pas seulement de la musique, mais aussi de l’information, de la proximité,
du local, et de l’entertainement. Et ça, un iPod ne le remplacera jamais ! L’Internet est
le meilleur ami de la radio. Il crée de nouvelles audiences, comme au travail où l’écoute de la radio n’existait pas. Grâce au Net, on voit très bien que la radio a un deuxième prime time à partir de 9 heures du matin, jusqu’à 17 heures. Je suis très optimiste, à condition que la radio reste elle-même, qu’elle n’essaie pas de copier des Deezer ou autres.

EM@ : NRJ Group est le 1er groupe radiophonique privé français, mais est
aussi groupe de télévision. La télévision (plus forte croissance des activités avec + 24,3 % sur un an) va-t-elle supplanter à terme la radio ?
J-P. B. :
Nous sommes encore aujourd’hui un petit groupe de télévision, avec trois chaînes, une nationale avec NRJ 12, une locale avec NRJ Paris et la première chaîne musicale du câble, du satellite et de l’ADSL avec NRJ Hits. Cela représente environ
20 % du chiffre d’affaires du groupe en 2011, mais l’équivalent de la moitié de celui des radios nationales. Avec Chérie HD, la chaîne gratuite en haute définition que le CSA vient de retenir (3), mon souhait est qu’à terme – le plus vite possible d’ailleurs, dans
un horizon de trois ans – la télévision représente 50 % du chiffre d’affaires du groupe. Cela nous donnera alors deux moteurs, deux jambes. Le pôle de télévisions nationales (NRJ 12 et NRJ Hits) a déjà atteint l’équilibre financier en 2011. Chérie HD sera lancée avant la fin de l’année et nous prévoyons qu’elle sera à l’équilibre financier dans quatre à cinq ans. Elle nécessitera des investissements supplémentaires, mais nous allons faire jouer des synergies (plateau, régie finale, full-HD, …).

EM@ : Les deux autres projets de chaînes HD, My NRJ et Nosta la TV n’ont, en revanche, pas été retenus par le CSA : allez-vous en faire des webTV ?
J-P. B. :
Non, parce que l’on a vu – avec les quatre webTV que nous avons déjà (NRJ Pop Rock, NRJ Dance, NRJ Pure et NRJ Groove) – que cela ne marche pas très fort
en termes d’audience. Comparé aux webradios, c’est marginal. Il n’y a donc pas de projet pour l’instant de faire de My NRJ et de Nosta la TV des webTV.

EM@ : En revanche, les webradio marchent fort : combien avez-vous de radios sur le Net ? Doivent-elles bénéficier de la licence légale comme les radios hertziennes ? Leur faut-il un accord de gestion collective des droits musicaux ?
J-P. B. :
Nous avons maintenant plus de 150 webradios sur les quatre marques que sont NRJ, Chérie FM, Nostalgie et Rire & Chansons. Elles se développent bien. Cependant, la « radio premium » – c’est-à-dire le simulcast de la FM (4) – reste évidemment archi-dominant. Pour la licence légale étendue aux webradios, je n’ai pas un avis tranché aujourd’hui. C’est encore très nouveau ; il faut peut-être attendre que le marché de la radio sur Internet se décante. Faut-il atomiser le paysage radiophonique ? Je ne sais pas. Quant aux sociétés de gestion collective des droits musicaux, elles doivent être pragmatiques et laisser « la poule pondre »… Il ne faut pas compter les œufs dans le cul de la poule ! L’industrie musicale et les ayants droits doivent laisser ces nouveaux usages se développer avant de les taxer. En 1981, lorsque j’ai démarré
NRJ, la Sacem a été très intelligente et pragmatique. Au lieu de me taxer tout de suite, elle a au contraire laissé la FM se développer et les radios libres trouver leur modèle économique. Cela a pris plusieurs années, d’autant que la publicité était interdite les trois premières. Et bien lui en a pris : la Sacem perçoit aujourd’hui beaucoup d’argent des radios [52 millions d’euros en 2011, +9,8 % sur un an, ndlr]. Il faudrait que toutes les « caisses de perceptions » (Adami et les autres) cessent de vouloir taxer des entreprises en devenir.

EM@ : Le 13 mars, le CSA a annoncé le lancement de la RNT en 2012 à Paris, Marseille et Nice (reportée depuis 2009). NRJ fut un des grands perdants avec NRJ Dance, Chérie Zen et Nostalgie Classiques 80 : croyez-vous encore en la RNT ?
J-P. B. :
Autant nous n’avions malheureusement pas bénéficié de « chaînes bonus » sur la TNT, contrairement aux opérateurs historiques de télévision (comme W9 pour M6), autant la loi prévoit que les radios analogiques existantes aient un droit de priorité sur
la radio numérique hertzienne NRJ Dance, Chérie Zen et Nostalgie Classiques 80 n’avaient, en effet, pas été retenues en 2009 pour la RNT, mais nous les avons transformées en webradios. Aujourd’hui, la RNT ne marche nulle part, parce qu’elle arrive trop tard sur une norme obsolète [le T-DMB, ndlr]. Elle a été lancée par certains pays avec des subventions publiques, comme en Grande-Bretagne avec la BBC, ou privées, comme en Allemagne où les fabricants d’autoradios ont financé à hauteur de 80 %. Depuis que la RNT a été lancée en Grande-Bretagne il y a 15 ans, seulement 15 millions de récepteurs numériques ont été vendus (seuls 2 % des voitures équipées) et l’audience n’atteint que de 20 %. Est-ce un succès ? Avec les radios sur IP, la RNT est déjà un peu démodée.
En France, tous les formats de radio sont satisfaits (musiques, information, rire, etc). Quel est alors l’intérêt d’aller s’équiper d’un appareillage qui fera à peine mieux que la FM ? Cependant, cela ne nous empêche pas de regarder de façon pragmatique : de nouvelles normes sont apparues [le DVB-T en particulier, ndlr] qui permettrait de faire de la RNT en France à des coûts moindres.

EM@ : Serez-vous présents en RNT dans la bande L, qui a fait l’objet d’un appel
à candidatures pour la distribution de services de RNT avec données associées
au programme, navigation en mobilité ou téléchargement de fichiers audio ?
J-P. B. :
Oui. Nous avons discuté avec les deux opérateurs candidats de bouquets de radios – la société toulousaine Onde Numérique et la filiale de TDF, Mediamobile. Nous serons présents sur celui qui sera sélectionné. En tant que passager, ce n’est pas nous qui assumerons les coûts de diffusion.

EM@ : Quant à la TMP, pour laquelle NRJ 12 a été retenu en mai 2008, sera-t-elle lancée ?
J-P. B. :
Je l’ignore à ce jour.

EM@ : La radio NRJ est la 11e application mobile avec 3,5 millions de visiteurs
en février 2012, selon l’OJD. Qu’en est-il de la catch up radio ? Les applications « Watch » (NRJ 12 et NRJ Paris) et « Listen » sur Facebook démarrent-elles bien ?
Et la TV connectée ?
J-P. B. :
A ce jour, l’application mobile NRJ a été téléchargée plus de 5 millions de
fois sur smartphone (5). En revanche, la catch up radio ne concerne que les radios généralistes et leurs programmes parlés, car il est difficile pour les radios musicales
de faire de la radio de rattrapage pour des problèmes de droits d’auteur. Sur la TV connectée, nous avons été parmi les premiers à y croire avec la chaîne NRJ 12, qui
est désormais présente [avec NRJ Replay, ndlr] chez tous les fabricants de téléviseurs connectés. Son audience augmente sur tous les canaux de distribution, TV connectée comprise. NRJ Hits et NRJ Paris y sont présentes aussi. Sur le réseau social Facebook, où nous avons lancé en janvier dernier nos applications, ce fut une première pour un média français. Mais il est trop tôt pour avoir un retour d’expérience. Tous ces nouveaux médias nécessitent des investissements qui, pour l’instant, sont à perte. On est encore loin d’être à l’équilibre pour les webradios qui coûtent très cher en programmateurs, bande passante, serveurs et informatique. On vise quand même un équilibre financier à un horizon de trois ou quatre ans.@

La gestion collective des droits en faveur du webcasting pourrait s’étendre au streaming

Les webradios, qui s’écoutent en flux linéaire sans téléchargement, se multiplient. Dans le prolongement de la mission Hoog, un accord devrait intervenir d’ici fin juillet sur une gestion collective des droits en leur faveur.
En attendant sa généralisation à tous les sites de streaming ?

Plus que deux mois pour se mettre d’accord sur une gestion collective des droits en faveur des sites web de musique de type « webcasting » (écoute linéaire en ligne),
dont certains sont semi-interactifs ou « quasi à la demande » (1). Les discussions des acteurs du Net et des représentants des artistes-interprètes avec les producteurs de musique devraient aboutir à un accord d’ici fin juillet.

112 web-radios déclarées au CSA
A défaut de gestion collective obligatoire obtenue par la mission Hoog, le dernier des treize engagements signés le 17 janvier (2) a donné six mois aux professionnels pour mettre en place une gestion collective en matière d’écoute linéaire en ligne.
« Les producteurs s’engagent à apporter volontairement ces modes d’exploitation en gestion collective à leurs sociétés de perception et de répartition de droits », prévoient en effet les signataires. L’Adami (3), chargée de collecter les futures sommes perçues, avait préconisé que la contribution des webradios sur leur chiffre d’affaires soit de 12,5% pour les non interactives et de 20 % pour les semi-interactives (voir EM@22,p.7). Selon une liste communiquée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) à Edition Multimédi@, le nombre de webradios déclarées en France s’élève actuellement à 112 services en ligne. Le groupe NRJ arrive en tête avec pas moins de 45 webradios (émanant de NRJ, Chérie FM, Nostalgie ou Rire et Chansons), suivi de Hotmix Radio (4) et Virgin Radio avec une douzaine de webradios déclarées chacun. Si les grands réseaux ont multiplié les thématiques musicales, de nombreuses webradios indépendantes existent (Aquila FM, Kheops, Paradise Webradio, R D’ici, Radio Nuances, Widoobiz, etc). Toutes ne sont pas déclarées (Skyrock, EnjoyStation, Live365, Radionomy, Goom Radio, Liveradio, Nexus radio, Livestation, Awdio et Slacker, …). Les Rencontres Radio 2.0 reportées de juin à novembre 2011 leur permettra se faire entendre… Selon Médiamétrie, l’audience cumulée des web-radios
a dépassé les 15 millions de sessions par mois – 15,9 millions précisément – de janvier à mars dernier (voir page 10). Les web-radios présentes uniquement sur le Net en représentent 15,5 %, contre 84,5 % pour les webradios reprenant les radios hertziennes existantes. Cette « web-audience » correspond à près de 20 millions d’heures par mois d’écoute radio linéaire sur Internet ! Soumises à des quotas de musiques françaises, les éditeurs de web-radio veulent en outre bénéficier du régime de la rémunération équitable, cette licence légale de 4 % à 7 % des revenus (5) dont bénéficient les radios hertziennes. Le rapport Création & Internet de la mission Zelnik préconisait bien son extension au webcasting EM@ 5). Xavier Filliol, président de la commission « Musique en ligne » du Geste avait indiqué à EM@ que si cette discrimination envers les webradios devait perdurer, un recours auprès de la DGCCRF n’était pas à exclure (6).
Sans attendre la gestion collective pour les webradios, des voix se sont élevées – comme celle du Geste (7) – pour que ce régime puisse être appliqué aux autres sites de streaming – y compris interactifs – ou même aux plateformes de téléchargement. L’Adami, elle, n’a pas renoncé à l’étendre à d’autres usages comme le streaming à
la demande. D’autant que son usage progresse : d’après les chiffres du Snep (8), le streaming musical va dépasser allègrement cette année les 10 millions d’euros de chiffres d’affaires (contre 9,8 millions en 2010) et dépasse les 3 millions sur le premier trimestre 2011.
Et il a un avantage par rapport au téléchargement : il est encore épargné par le piratage, même si l’Hadopi travaille à « la mise en place d’un protocole d’observation des flux sur les réseaux » (9). Bref, les négociations en cours autour de la gestion collective et de la licence légale – sans parler du retour de l’idée de licence globale dans la campagne présidentielle (10) (*) (**) – préfigurent une réforme plus en profondeur des modèles économiques des industries culturelles sur Internet.

Réinventer le partage de la valeur Dans la musique, la mission Chamfort-Colling-Thonon- Selles-Riester doit rendre mi-juin ses conclusions sur le financement de
la filière, tandis que le chercheur Patrick Waelbroeck rendra mi-juillet son rapport à l’Hadopi sur la répartition de la valeur entre les acteurs. Tandis que l’Hadopi, chargée du suivi des engagements « Hoog », auditionne les acteurs pour rendre compte mi-juillet également. Dans le cinéma et la télévision, suite aux propositions de Dominique Richard sur la convergence télécomaudiovisuel (11), le ministère de la Culture et de
la Communication (12) étudie les contributions à la création des fabricants de TV connectée et des acteurs du Web. Quant au ministère de l’Economie numérique, il organise une réunion en octobre sur le financement des réseaux. Un nouveau monde culturel en ligne est en marche. @

Charles de Laubier

Licence légale : les webradios s’impatientent

En fait. Le 6 décembre, Edition Multimédi@ a recontré Xavier Filliol, directeur
des contenus chez Baracoda Media, agrégateur de webradios et régie publicitaire et par ailleurs président de la commission « Musique en ligne » du Geste. Il a évoqué le sort des radios sur Internet et de la licence légale.

En clair. Alors que Emmanuel Hoog, le médiateur chargé de trouver un consensus sur la gestion collective des droits musicaux sur Internet, doit rendre son rapport avant la
fin du mois, les webradios ou les agrégateurs de radios sur Internet comme Baracoda Media attendent leur heure. Si, depuis le rapport Zelnik du début de l’année, on parle plus de plateforme de téléchargement de musique, les webradios attendent elle aussi beaucoup. Jusqu’à maintenant, elles doivent négocier avec les sociétés de gestion
des droits de la filière musicale, la SCPP (1) et la SPPF (2). « Le problème est que
les webradios ne sont toujours pas traitées de la même manière que les radios hertziennes, puisqu’elles ne peuvent toujours pas bénéficier de la licence légale [rémunération dite équitable de 4% à 7% prélevée sur le chiffre d’affaires par le SPRE (3), ndlr] pour pouvoir diffuser de la musique en ligne, alors que ces mêmes webradios sont à-présent soumises au respect des quotas », souligne Xavier Filliol.
Malgré deux amendements déposés lors des débats parlementaires DADVSI en 2005
et Hadopi en 2009, mais rejetés, les webradios n’ont pas eu gain de cause. Le rapport Création & Internet de la mission Zelnik avait bien identifié le cas des webradios :
« Pour la diffusion musicale linéaire en ligne (webcasting), il faudra étendre le régime de la rémunération équitable aujourd’hui appliqué à la radiodiffusion hertzienne ». Mais rien n’a bougé depuis, mis à par la publication du décret daté du 27 avril 2010 qui étend aux webradios et agrégateurs de radio en ligne les quotas de diffusion de musique française applicables aux radios hertziennes (4). Or cette nouvelle disposition montre de façon plus criante la différence de traitement entre les webradios et les radios hertziennes face à la licence légale. Discrimination envers les webradios ? Barrière
à l’entrée sur le marché français de la radiodiffusion ? Concurrence déloyale ? Si la situation devait perdurer après la mission Hoog sur la gestion collective des droits musicaux sur Internet, Xavier Filliol n’exclut pas un recours qui pourrait passer par la DGCCRF. Pour l’heure, l’audience des webradios augmente : en septembre-octobre 2010, selon Médiamétrie, celles-ci cumulent 13 % de parts de marché du streaming live, contre 87 % pour les radios hertziennes reprises en ligne. Dans sa contribution à la mission Hoog, que EM@ a révélé (n°25 ,p. 7), le Groupement des éditeurs de services en ligne (Geste) a réitérer l’extension de la licence légale aux webradios. @