Twitter : pourquoi les 140 caractères ne suffiront pas

En fait. Le 24 octobre, soit après un délai de 21 jours requis depuis le dépôt le
3 octobre dernier de son prospectus auprès de la SEC en vue de son introduction en Bourse, Twitter pourra entamer son road show pour tenter de convaincre les investisseurs sur le futur titre « TWTR ». Mais pas en 140 caractères…

En clair. Les 140 caractères seuls ne suffisent plus monétiser Twitter, qui a généré en 2012 près de 317 millions de dollars de chiffre d’affaires et devrait dépasser le demi-milliard cette année. Mais le site de microblogs doit aller au-delà des microtextes en proposant des contenus multimédias de type photos, vidéos et musiques, s’il veut attirer plus de « twittos » (218,3 millions au 30 juin 2013) et plus d’annonceurs – dont
il dépend déjà à 87 % de ses revenus. Introduction en Bourse oblige (fin octobre-début novembre), Twitter rentabiliser sa plate-forme, laquelle accuse une perte de 79,4 millions de dollars en 2012 et cumule un déficit de 415,5 millions de dollars (1).
« Chaque tweet est limité à 140 caractères de texte, mais peuvent aussi contenir
du rich media, incluant photos, vidéos et applications », soulignent les dirigeants dans le prospectus. C’est ainsi qu’a été lancé début 2012 Twitter Cards, qui permet aux éditeurs ou développeurs de sites ou d’applis de générer des tweets intégrant automatiquement des contenus multimédias tels que photo, vidéo ou clips musicaux, voire contenus interactifs. Les annonceurs peuvent envoyer des tweets enrichis, sponsorisés et ciblés en fonction de l’activité en temps réel et des centres d’intérêt des tweetos (« Interest Graph »). Fort de son algorithme de ciblage publicitaire géolocalisé, Twitter noue des partenariats avec des médias, notamment les télévisions :
« Nous avons prévu de continuer à démultiplier nos relations médiatiques pour aboutir à plus de diffusion de contenus sur notre plateforme et créer plus de valeur pour nos utilisateurs et annonceurs ». Exemple : Twitter a annoncé le 9 octobre un accord avec Comcast, dont les programmes TV pourront être vus en cliquant sur « See it ».

Virgin Mobile va enrichir son offre VOD avec Videofutur

En fait. Le 18 septembre, Virgin Mobile a lancé un forfait quasi illimité (appels,
SMS, MMS et Internet 10 Go) incluant le prêt d’un smartphone sans engagement
de durée. Et ce, en présence du milliardaire Richard Branson, actionnaire à 45 % (via sa holding Blue Bottle) de la maison mère Omea Telecom.

En clair. Avec un forfait quasi illimité à 19,90 euros par mois incluant le prêt d’un smartphone (1) sans aucun engagement de durée, le premier MVNO français compte séduire suffisamment d’abonnés pour atteindre à nouveau les 2 millions de clients, seuil franchi fin 2011. Car Free Mobile est passé par là et Virgin Mobile se retrouve aujourd’hui avec 1,7 million d’abonnés. Mais comme pour les autres opérateurs mobile (2), excepté Orange qui a un partenariat avec Deezer, Virgin Mobile ne propose pas dans ce forfait 3G+ de contenus et n’envisage pas de le faire. « Nous, on considère que c’est au client individuellement de choisir ses contenus. On est, de manière un peu provocatrice, fiers d’être un fournisseur ou un “tuyau”, mais on a pas à dicter au client s’il veut obtenir telle offre de VOD ou telle offre de musique illimité. C’est à lui de choisir », a expliqué Geoffroy Roux de Bézieux, en réponse à notre question.
Que cela soit en 3G ou pour sa future offre 4G qui sera dévoilée fin septembre et lancée en 2014 en s’appuyant sur le réseau de Bouygues Telecom, Virgin Mobile ne proposera donc pas de contenu inclus dans le forfait mobile comme peut le faire Vodafone en Grande-Bretagne avec Spotify Premium « gratuit » ou SFR avec Napster (musique), CanalPlay (VOD) et Gameloft (jeux vidéo).

L’Observatoire européen de l’audiovisuel voit « Net »

En fait. Le 3 septembre, l’Observatoire européen de l’audiovisuel – rattaché au Conseil de l’Europe – publie une nouvelle étude intitulée « Qu’est-ce qu’un service [vidéo] à la demande ? ». Tandis que la consultation de la Commission européenne sur le livre vert « TV connectée » est reportée à fin septembre.

En clair. Créé il y a plus de vingt ans (en décembre 1992), l’Observatoire européen de l’audiovisuel (OEA) y voit de moins en moins clair ! « Le paysage européen des services audiovisuels à la demande apparaît de plus en plus complexe, fragmenté et, par bien
des aspects, dépourvu de transparence », pointe Francisco Cabrera-Blázquez, auteur
de l’étude et analyste juridique de l’OEA, lequel héberge depuis 2005 la plateforme européenne des instances de régulation (EPRA). Cette dernière fédère les « CSA » en Europe. Or, constate Francisco Cabrera-Blázquez, « les ARN [Autorités de régulation nationales comme le CSA, ndlr] sont souvent confrontées à des offres audiovisuelles difficiles à classifier ». Que réguler lorsqu’il s’agit de sites Internet de journaux qui proposent des vidéos sur leurs sites web, lorsque des plate-forme vidéo comme YouTube et Dailymotion mettent en ligne des chaînes éditées professionnellement, lorsque des services tels que iTunes ou CanalPlay proposent de télécharger de vidéos en vue d’une location ou d’un achat ? « Le développement exponentiel de services de vidéos en ligne
a un impact de plus en plus important sur les mineurs et le public en général (le service YouTube en étant l’exemple le plus frappant). Il est donc désormais dans l’air du temps de critiquer le champ d’application de la réglementation, considéré comme trop étroit », écrit dans l’avant-propos de l’étude Susanne Nikoltchev, nouvelle directrice exécutive de l’OEA.
Pour tenter d’y voir plus clair et en prévision de la réforme de la directive de 2007 sur les services de médias audiovisuels (SMA) (1), l’observatoire a élargi sa base de données Mavise et recense maintenant non seulement plus de 10.000 chaînes de télévision, mais aussi près de 3.000 services audiovisuels à la demande. « Nous avons complété notre analyse en incluant des services qui ne relèvent pas a priori de la définition de la directive [SMA] : les services de partage vidéo, les services de NVoD (2) et les services de stockage sur PVR (3) (…), ainsi que (…) les ‘’chaînes de marques’’ dans le catalogue de iTunes ou de Xbox Vidéo ; les podcasts ainsi que les applications pour smartphones et tablettes permettant d’accéder à des catalogues à la demande, les applications pour Smart TV ou encore les plateformes de partage vidéo telles YouTube et Dailymotion », explique Francisco Cabrera-Blázquez. @

Vevo : les majors à l’assaut de Spotify et de Deezer

En fait. Le 20 août, l’agence Bloomberg a indiqué qu’Apple allait proposer sur Apple TV les vidéos musicales de Vevo – filiale d’Universal Music (Vivendi) et de Sony Music. Le 31 juillet, Dailymotion a annoncé l’extension de son partenariat
avec Vevo, lequel a renforcé cet été son accord YouTube (Google).

En clair. Créé en 2009 dans le cadre d’une alliance entre deux majors du disque
– Universal Music et Sony Music – avec Google, Vevo monte en puissance sur le
marché mondial de la musique en ligne. Les partenariats de diffusion de ses vidéos clips musicaux se multiplient. Ce qui fait de la plate-forme des majors Universal Music, Sony Music et, bien que non actionnaire, EMI (racheté il y a un an par la filiale de Vivendi) un concurrent de plus en plus redouté par les leaders Spotify et Deezer. La situation serait des plus banales sur un marché hyper concurrentiel si les deux majors actionnaires de Vevo n’étaient pas aussi les deux principaux fournisseurs de catalogues de musique du suédois Spotify et du français Deezer. Cela ne va-til pas jusqu’au conflit d’intérêt, étant donné que les majors sont aussi actionnaires minoritaires de Spotify (1).?
Le 19 août dernier, l’institut de mesures ComScore a publié le classement des sites de vidéos en ligne aux Etats-Unis : Vevo conforte sa quatrième position (derrière Google, Facebook et AOL), avec 49,6 millions de visiteurs uniques sur le mois de juillet. Cette fréquentation est due pour l’essentiel aux 47,6 millions de visiteurs uniques que lui apporte YouTube, dont il est le premier partenaire. En France, Vevo affiche 11.470.000 visiteurs uniques en juillet 2013 (voir p. 10). On comprend dès lors pourquoi le partenariat avec
la première plate-forme mondiale de partage vidéo a été renforcé cet été par l’entrée de Google au capital de Vevo (confirmé par YouTube le 3 juillet), à hauteur de 7 % si l’on en croit Techcrunch.com et Billboard.com. L’arrivée dans les prochaines semaines de Vevo sur l’Apple TV, dont le contenu audiovisuel s’enrichit à coups d’accords de diffusion (HBO/Time Warner, EPSN/Walt Disney, …), illustre la volonté des majors de la musique de renforcer Vevo déjà présent sur Netflix, Hulu, Facebook, Xbox ou encore AOL.
Y compris dans la TV connectée : sa disponibilité sur les téléviseurs connectés de Samsung serait également pour bientôt.
Depuis que Vevo s’est lancé en novembre 2012 dans trois pays européens simultanément, la France, l’Italie et l’Espagne (2)., les accords se succèdent comme avec la Sacem l’an dernier. Fin juillet, Dailymotion a annoncé avoir étendu à la France, l’Italie, l’Espagne, la Grande-Bretagne et à l’Irlande son partenariat avec Vevo – jusqu’alors limité aux Etats-Unis. Pour les majors, on n’est jamais mieux servi que par soi-même… @

Après Webedia, Terrafemina et Allociné, Fimalac pourrait s’emparer de Dailymotion dans sa conquête digitale

Jusqu’où ira Marc Ladreit de Lacharrière dans sa diversification numérique ?
Pris d’une frénésie d’acquisitions de sites web (Webedia, Terrafeminina, Allociné), le milliardaire fondateur de Fimalac accélère la consolidation dans
le secteur. Exclusif : ce qu’en pense le PDG de Dailymotion, Cédric Tournay.

MLdeLMarc Ladreit de Lacharrière, président fondateur de Fimalac,
et sa conjointe Véronique Morali, présidente de Fimalac Développement, s’intéressent à Dailymotion. Et ce, depuis l’échec des négociations entre Orange – propriétaire de Dailymotion – et Yahoo, à la suite de l’opposition du gouvernement (1) (*) (**).
Selon les révélations, non démenties depuis, de Paris Match
le mois dernier (2), les équipes du milliardaire « étudient de près
le dossier » et ont ainsi manifesté discrètement un intérêt pour le concurrent français de YouTube.