CES : télés et consoles élargissent leurs contenus

En fait. Le 10 janvier s’est achevée à Las Vegas la grand-messe internationale de l’électronique grand public, le Consumer Electronics Show (CES). Cette industrie mondiale, qui a dépassé pour la première fois les 1.000 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2012, va reculer cette année en valeur.

En clair. Les fabricants de téléviseurs et de consoles tentent tant bien que mal à résister à la spirale de la baisse des prix qui rogne les marges, comme cela s’observe chez leurs homologues des smartphones et tablettes (lorsque ce ne sont pas les mêmes fabricants). Sony et Microsoft en tête se livrent dans le salon à une bataille des contenus qui va s’intensifier au cours de l’année 2014 : les consoles élargissent leur périmètre au-delà
des jeux vidéo ; les téléviseurs ne veulent plus se contenter de rediffuser des chaînes. Microsoft s’est associé à Netflix pour sa Xbox One et Sony va lancer « PlayStation Now » pour faire de la TV sur sa PS4. Quant à la télévision en ultra haute définition, appelée ultra HD ou 4K (1), elle pourrait permettre aux fabricants de réussir à renouer avec la croissance – là où la 3D a échoué – et à nouer des accords sur des films et séries comme LG avec Netflix ou Samsung avec Amazon. Et l’arrivée des écrans TV géants
– ultra HD et incurvés – de 105 pouces, soit 2,6 mètres de diagonale pour transformer
une pièce en une salle de cinéma privée, pourrait accroître la valeur.

« Exception culturelle » : circulez, il y a tout à voir !

En fait. Le 29 novembre, s’est tenu le 18e colloque NPA-Le Figaro (avec Edition Multimédi@ parmi les partenaires médias) sur le thème « Les défis de l’univers multi-écrans ». La première table ronde intitulée « Quel cadre pour quels équilibres pour l’Acte II de l’exception culturelle ? » a donné le ton.

En clair. Entre le rapport Phéline, post-Lescure, portant sur la rémunération des créateurs, et le rapport Vallet (1) sur les relations entre producteurs et diffuseurs (2),
la question de la circulation des films et séries à l’ère du numérique se retrouve au cœur du débat. Les producteurs freinent-ils leur circulation à l’heure de la dé-linéarisation ? En tout cas, les chaînes de l’ancien monde analogique de l’audiovisuel et les plates-formes vidéo du nouveau monde numérique se retrouvent à demander ensemble plus d’accès aux œuvres pour tous les réseaux et écrans. « Je vois notre capacité à avoir une partie de ces droits comme un élément central de la capacité demain à négocier dans le monde du numérique (…) avec ceux qui demain seront les acteurs principaux – dont mon voisin de droite [YouTube] – et avec un rapport de force suffisant », a déclaré Rémy Pflimlin, PDG de France Télévisions.

Des opérateurs devront choisir entre IPTV et OTT

En fait. Le 15 octobre, l’Institut de l’audiovisuel et des télécoms en Europe (Idate) a fait un point sur ses prévisions à 2025 – à un mois du DigiWorld Summit 2013. Et en attendant ses études Telecom 2025 fin octobre, Internet 2025 d’ici janvier, Télévision 2025 étant parue en septembre.

En clair. « A court ou moyen terme, c’est la stratégie d’opérateur intégré qui va être jouée – au sens intégration verticale entre infrastructure, contenu et OTT (1). Cela ne veut pas dire que les opérateurs télécoms vont se désintéresser de l’accès, pour lequel leur priorité va être de retrouver de la valeur », nous a expliqué Yves Gassot, DG de l’Idate.
Si les plus grands opérateurs télécoms, tel Orange en France, peuvent envisager une telle intégration verticale (2), il n’en irait pas de même pour les autres. Il leur faudra notamment choisir entre IPTV et OTT, comme nous l’a expliqué Gilles Fontaine, auteur
du rapport Future TV 2025 : « En France, les opérateurs de second niveau – c’est-à-dire ceux qui ne sont pas leaders sur leur marché (Bouygues Telecom, SFR et Free…) – sortiront de la distribution des contenus, donc de l’IPTV (3). La VOD est un foyer de pertes pour ces opérateurs. Et les services de catch up TV ne sont pas financés par la publicité et ne vivent que par les reversements des opérateurs télécoms aux chaînes de télévision. Le maintien d’un réseau IPTV est très lourd et le marché n’est plus dans une phase d’acquisition d’abonnés ». Lancé il y a plus de dix ans en France avec les offres triple play proposées depuis autour de 30 euros par mois seulement, l’IPTV commence
à être remis en question par certains. C’est le cas de SFR qui vient de se délester de la VOD en externalisant ce service auprès de VOD Factory et qui s’interroge sur son bouquet TV. L’IPTV coûte cher, d’autant que les FAI perçoivent 30 % environ du prix
de vente de ce qu’ils distribuent. L’absence de marge sur l’IPTV s’explique aussi par le coût élevé de R&D que représente une box innovante. Quelle alternative s’offre à ces opérateurs télécoms ? « Ces acteurs-là valoriseront la qualité de leur accès en ouvrant les vannes de l’accès aux services OTT ; ils signeront des accords à la manière du deal entre Netflix et Virgin Media en Grande-Bretagne. Ces opérateurs valoriseront leur pas-de-porte auprès des consommateurs comme gage de super qualité d’accès à des contenus et obtiendront [des fournisseurs de contenus] une contribution à la bande passante. Ce schéma va arriver assez vite », poursuit Gilles Fontaine.
Cela suppose à terme, pour certains opérateurs télécoms, d’abandonner une coûteuse stratégie IPTV au profit d’une ouverture vers la distribution d’OTT. @

Les applis des médias sont quasi absentes du Top 20

En fait. Le 14 octobre s’est tenue la 1ère édition du Trophée des apps, organisée par NPA Conseil, avec Apps TV, le Club des Annonceurs, le Geste, Médiamétrie, MMA France ou encore Orange. Parmi les lauréats : Madame Figaro (smartphone) et France TV Info (tablette), dans la catégorie « Information ».

En clair. En France, selon nos calculs d’après Médiamétrie, YouTube et sa maison mère Google s’arrogent plus d’un quart de l’audience du Top 20 des applications mobile. Soit précisément 25,5 % : c’est énorme ! YouTube est la seule appli à franchir la barre des
10 millions de visiteurs uniques dans le mois (1), à 10,299 millions précisément, suivi
de Google avec 8,867 millions. Après les scores d’iTunes d’Apple et de Yahoo, respectivement 8,778 et 7,072 millions, force est de constater que l’audience des applis en France se fragmente entre les suivants. Pire : les médias français sont quasiment aux abonnés absents de ce Top 20 des applis mobiles.
Quasi, car seule l’appli de L’Equipe (groupe Amaury) y figure, en dernière position avec 1,449 million de visiteurs uniques dans le mois. Malgré leurs investissements soutenus dans des applis destinées aux smartphones (2), dans lesquels ils voient le moyen de faire payer leurs contenus (jusqu’alors gratuits), les médias font moins bonne figure.

Chaînes TV : les survivantes

Pendant des années, les professionnels de l’audiovisuel
ont joué à se faire peur, attendant que se reproduise pour la télévision le même scénario noir qui emporta les majors de la musique. Ce syndrome aurait pu entraîner une décroissance des services linéaires et de leurs services
de rattrapage, de – 4% par an sur plus d’une décennie, faute de services à la demande arrivant à compenser
cette baisse. Un tel scénario aurait été le résultat d’une combinaison de facteurs négatifs : piratage massif impossible à endiguer, succès des programmes gratuits et de Pay-TV à faible prix,
et surtout basculement de la consommation de TV linéaire vers la consommation à
la demande. Et ce, sans augmentation du temps total consacré à la vidéo.

« La TV linéaire a bien baissé de – 1 % par an entre
2013 et 2025, tandis que les services à la demande ont progressé de près de 20 % par an sur la même période. »