« Exception culturelle » : circulez, il y a tout à voir !

En fait. Le 29 novembre, s’est tenu le 18e colloque NPA-Le Figaro (avec Edition Multimédi@ parmi les partenaires médias) sur le thème « Les défis de l’univers multi-écrans ». La première table ronde intitulée « Quel cadre pour quels équilibres pour l’Acte II de l’exception culturelle ? » a donné le ton.

En clair. Entre le rapport Phéline, post-Lescure, portant sur la rémunération des créateurs, et le rapport Vallet (1) sur les relations entre producteurs et diffuseurs (2),
la question de la circulation des films et séries à l’ère du numérique se retrouve au cœur du débat. Les producteurs freinent-ils leur circulation à l’heure de la dé-linéarisation ? En tout cas, les chaînes de l’ancien monde analogique de l’audiovisuel et les plates-formes vidéo du nouveau monde numérique se retrouvent à demander ensemble plus d’accès aux œuvres pour tous les réseaux et écrans. « Je vois notre capacité à avoir une partie de ces droits comme un élément central de la capacité demain à négocier dans le monde du numérique (…) avec ceux qui demain seront les acteurs principaux – dont mon voisin de droite [YouTube] – et avec un rapport de force suffisant », a déclaré Rémy Pflimlin, PDG de France Télévisions.

Le groupe public est, avec TF1, M6 et Canal+, l’un des quatre grands « financeurs »
et diffuseurs de programmes audiovisuels en France pour un total de 1,2 milliard d’euros investis par an. « Mais on constate que ceux qui financent ces programmes se retrouvent dans des contraintes auxquelles ne sont pas soumis tous les autres acteurs d’Internet », a déploré Thomas Valentin, vice-président du directoire de M6. Il regrette que les réformes n’aillent pas plus vite, tant dans la chronologie des médias pour réduire les délais de la VOD (à 3 mois) et de la SVOD (à 18 mois) que dans les obligations de financement de
la création.

Le cinéma, via Marc Missonnier, président de l’APC (3), a lancé une proposition : « Parmi ces opérateurs d’Internet, il a des opérateurs français très puissants [Orange/Dailymotion en tête, ndlr]. Je suggère qu’ils se réunissent avec tous ceux qui en France participent
à la création afin d’aboutir à un avantage pour ces opérateurs français qui s’inscriraient dans ce cercle vertueux. Et les opérateurs étrangers pourraient y adhérer s’ils le souhaitent ». Directeur des partenariats de YouTube, Christophe Muller a répondu à l’appel à négociations : « Je suis là ; nous sommes là ; nous sommes présents et ravis
de compter dans ces discussions ». La filiale de Google met en avant sa technologie
anti-piratage Content ID, ses accords avec les ayants droits (4), et ses chaînes originales – une cinquantaine en Europe, dont les 13 lancées en France il y a un an. @