8e génération de consoles de jeux : à quitte ou double

En fait. Le 26 juin, l’Interactive and Digital Entertainement Festival (IDEF)
– organisé par le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (Sell) – a fermé
ses portes à Cannes après trois jours de rencontres des professionnels des
jeux vidéo. Avec le nouveau cycle, le marché pourrait doubler en valeur.

En clair. « Le marché des consoles de jeu vidéo fonctionne par cycles. Chaque génération de consoles a permis de doubler le chiffre d’affaires de l’industrie », explique David Neichel, président du Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (Sell). Après les sorties des consoles de salon de 8e génération (la Wii U de Nintendo fin 2012, la PS4 de Sony et la Xbox One de Microsoft fin 2013), et leur démarrage « très rapide » sur
les deux premiers trimestres de commercialisation (+ 14 % en valeur par rapport à la
7e génération des Xbox 360, PS3 et Wii), le marché français du jeu vidéo table sur un nouveau doublement sur les prochaines années de son chiffre d’affaires avec cette 8e génération.

Génération Smart Toys

L’attaque du château fort vient de commencer ! Les défenseurs se pressent sur les tours crénelées pour décocher leurs premières flèches qui volent vraiment vers les attaquants porteurs d’un bélier frappant réellement le lourd pontlevis. Autour de ce champ de bataille miniature, deux enfants entament une partie avec l’un de ces jouets anciens qui a su s’adapter aux technologies modernes. Les figurines sont autant de petits robots se déplaçant au grès des stratégies que les jeunes joueurs déploient à partir de leurs tablettes. Bienvenus dans le monde des jouets connectés, véritable fusion entre l’univers des jeux vidéo et de l’Internet des objets. Ce marché, parfois appelé « jouets vidéo », « smart toys » ou « app toys », est un nouveau territoire ouvert aux créateurs de jeux à la recherche de nouvelles formes de divertissements innovantes. Pour cela,
il leur faut combiner le développement d’un jeu vidéo, la mise au point d’un ou plusieurs objets connectés, et l’utilisation d’une plateforme de diffusion dotée d’un écran.

Le coup d’envoi a été donné en 2011 par Activision qui créa Skylanders, le premier concept de « jouet vidéo » à succès pour les 4 à 12 ans : des personnages imaginaires dotés de tags NFC (Near Field Communication) conçus pour évoluer sur une plateforme reliée à une console de jeu, leur permettant de se matérialiser à l’écran
pour devenir contrôlables à l’aide de la manette de jeu. Ces figurines augmentées, capables de mémoriser les avancées des joueurs, se révélèrent particulièrement adaptées aux parties multijoueurs hors de chez soi. Cette idée novatrice permit à la franchise Skylanders de générer, dès 2014, plus de 2 milliards de dollars pour plus
de 175 millions de figurines vendues !

Ubisoft : extension du domaine du jeu au ciné

En fait. Le 27 mai, le français Ubisoft Entertainement a lancé son nouveau jeu vidéo « Watch Dogs » (dont le développement a débuté en 2009 pour 70 millions d’euros d’investissement) sur les consoles Xbox de Microsoft et Playstation de Sony en Europe et Amérique du Nord. Désormais, jeu rime avec cinéma.

En clair. L’industrie du jeu vidéo, qui pèse plus lourd que celle du cinéma, va de plus en plus composer avec le Septième Art. Le français Ubisoft Entertainment montre la voie en nouant des partenariats avec le japonais Sony Pictures Entertainment. Les premiers longs métrages sont attendus pour 2015. C’est en août dernier que l’annonce d’un film tiré de «Watch Dogs » a été faite, soit près de dix mois avant le lancement – avec retard – de ce jeu d’action-aventure qui place le joueur dans la position d’un hacker. Outre Sony Pictures Entertainment, dont c’est la première coproduction cinématographique avec le français,
le film impliquera également le producteur américain New Regency, avec lequel Ubisoft
en est au troisième projet d’adaptation au cinéma d’un de ses jeux (après « Assassin’s Creed » et « Tom Clancy’s Splinter Cell »).
Comme pour un autre jeu à succès « Assassin’s Creed », pour lequel une filiale de production cinématographique a été créée, «Watch Dogs » pourrait aussi avoir sa filiale Ubisoft Motion Pictures Watch Dogs pour coproduire le long métrage.

CES : télés et consoles élargissent leurs contenus

En fait. Le 10 janvier s’est achevée à Las Vegas la grand-messe internationale de l’électronique grand public, le Consumer Electronics Show (CES). Cette industrie mondiale, qui a dépassé pour la première fois les 1.000 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2012, va reculer cette année en valeur.

En clair. Les fabricants de téléviseurs et de consoles tentent tant bien que mal à résister à la spirale de la baisse des prix qui rogne les marges, comme cela s’observe chez leurs homologues des smartphones et tablettes (lorsque ce ne sont pas les mêmes fabricants). Sony et Microsoft en tête se livrent dans le salon à une bataille des contenus qui va s’intensifier au cours de l’année 2014 : les consoles élargissent leur périmètre au-delà
des jeux vidéo ; les téléviseurs ne veulent plus se contenter de rediffuser des chaînes. Microsoft s’est associé à Netflix pour sa Xbox One et Sony va lancer « PlayStation Now » pour faire de la TV sur sa PS4. Quant à la télévision en ultra haute définition, appelée ultra HD ou 4K (1), elle pourrait permettre aux fabricants de réussir à renouer avec la croissance – là où la 3D a échoué – et à nouer des accords sur des films et séries comme LG avec Netflix ou Samsung avec Amazon. Et l’arrivée des écrans TV géants
– ultra HD et incurvés – de 105 pouces, soit 2,6 mètres de diagonale pour transformer
une pièce en une salle de cinéma privée, pourrait accroître la valeur.

Jeux vidéo : industrie culturelle sans droits d’auteurs

En fait. Le 24 septembre, les sénateurs André Gattolin et Bruno Retailleau ont publié leur rapport sur les jeux vidéo. Pour soutenir ce secteur, ils prônent une
taxe sur les jeux vidéo vendus en boîte sur support physique en France. Mais cette « industrie culturelle » peut-elle se passer de droits d’auteurs ?

En clair. Oeuvre logicielle ou oeuvre culturelle ? Pour les deux sénateurs, le jeu vidéo relève d’une industrie culturelle (1), d’ailleurs plus importante – avec 53 milliards de dollars de chiffres d’affaires en 2012 dans le monde, selon l’Idate – que le cinéma et la musique. En France, d’après le SNJV (2), le jeu vidéo pèse 3 milliards d’euros, contre 1,3 milliard pour le cinéma, 1,2 milliard pour la vidéo et 617 millions d’euros pour la musique.
« Le jeu vidéo constitue la première industrie culturelle en Europe. (…) La Commission européenne en a consacré le caractère culturel dans une décision de 2007 relative aux aides d’État », soulignent les sénateurs.