Timeline

20 février
• Jacques Toubon à EM@, à propos de la TVA à 2,10 % sur la presse en ligne : « Il existe le même risque contentieux » pour la France, déjà devant la CJUE pour la TVA les ebooks.
• Le projet de loi « anti-Amazon » sur le prix des livres vendus en ligne, n’a pas été notifiée à temps à la Commission européenne, est reporté à avril, voire septembre.
• Médiamétrie : 6,5 écrans en moyenne dans les foyers français « ultraconnectés » (lire p. 7).
• Google présente Tango, projet de cartographie en 3D pour smartphones.

19 février
• La FCC, son président Tom Wheeler : « [Je vais proposer] des règles pour empêcher le blocage abusif ou la discrimination envers ce qui circule sur Internet ».
• Facebook acquiert WhatsApp, appli mobile de messagerie instantanée, pour 19 Mds de $ (lire en Une).
• Google veut étendre son réseau ultra-haut débit FTTH à 34 autres villes des Etats-Unis, en plus de Kansas City, Austin et Provo.
• L’Arcep autorise Orange à expérimenter la 4G LTE Advanced qui double à 300 Mbits/s les débits maximums de la 4G.
• Le Monde prévoit de supprimer 57 postes et d’en créer 26 sur le site web : comité d’entreprise le 4 mars, affirme PresseNews.
• Le Monde dément la suppression de postes mais va en « transformer une cinquantaine », notamment 23 postes vers le numérique.
• Warner Music s’allie à Shazam (reconnaissance musicale).
• Euronews lance une appli d’info sur la SmartWatch2 de Sony.
• Technicolor, résultats 2013 : CA de 3,4 Mds d’€(+ 2,4 %), pertes nettes de 92 millions d’€, et dette de 1 Md d’€.

18 février
• Reed Expo, organisateur du Salon du livre avec le SNE (21-24 mars), nous indique qu’Amazon a confirmé sa présence.
• M6 : 6Play a participé au recul de son résultat opérationnel 2013 (- 5,6 % à 206,2 millions d’€).

17 février
• Jacques Toubon, Chantal Jannet et Jean Musitelli (lequel avait démissionné le 03-08-12) ne sont plus, depuis le 24-12-13, membres du collège de l’Hadopi qui doit légalement en compter neuf, mais ils n’ont pas été remplacés, relève Numerama.
• Le Parlement adopte la TVA à 2,1 % pour la presse en ligne.
• Rakuten installe un centre de R&D à Paris et rachète Viber Media (lire p. 3).

15 février
• Le Figaro affiche en 2013 un CA de 510 millions d’€ (- 5 %), dont 25 millions de pub numérique (+ 11 %), les abonnements numériques dépassant les 8.000.

14 février
• TF1, Canal+ et M6 ont écrit le 11 février une lettre commune à Aurélie Filippetti sur
« les bouleversements provoqués par l’arrivée, dans le secteurs de la télévision, de nouveaux acteurs tels que Google, Apple, Netflix, Amazon et Facebook », révèle L’Express.
• François Samuelson, agent, au Film Français : « Un système comme la chronologie des médias sera un jour balayé ».
• Arte diffuse la fiction bimédia « Intime conviction » : succès d’audiences télé+web.

13 février
• Comcast rachète TWC pour 45,2 Mds de $ (23 % de son capital et reprise de dette).
• Gigaom pour la CE : les applis en Europe ont généré 17,5 Mds d’€ en 2013 (lire p. 5). • Gartner : les ventes mondiales de smartphones (53,6 %) ont dépassé pour la première fois, en 2013, celles des simples mobiles.
• Le CNC confie à Olivier Wotling le pilotage de 3 groupes de travail « Rapport Bonnel » : accord « d’ici l’été », selon Ecran Total.
• Le CNC, sur la chronologie des médias : la fenêtre de la SVOD non financée par une chaîne « serait contractuelle », selon Ecran Total.
• Solocal Group (PagesJaunes), résultats 2013 : CA de 998,9 millions d’€ (- 6,3 %) et bénéfice net de 114,8 millions d’€ (- 27,6 %), endettement de 1,6 Mds d’€ (- 10,1 %).
• La Tribune affiche un nouveau record d’audience : 5,4 millions de visites en janvier (OJD).

12 février
• François Hollande se rend dans la Silicon Valley (San Francisco).
• Le CSA publie la liste des 12 candidats à la présidence de Radio France, dont Mathieu Gallet, actuel PDG de l’INA.
• Yahoo achète Wander, éditeur de l’appli Days (journal visuel).
• Wiko, fabricant français : plus de 2 millions de smartphones vendus en France en 2013.

11 février
• François Hollande, à propos des négociations de libre-échange US-UE : « Nous avons tout à gagner à aller vite » (lire EM@ 84, p. 3).
Google (DoubleClick) s’allie à ComScore dans la publicité.

10 février
• L’UPF (producteurs de films) se dit satisfaite des propos de François Hollande sur la fiscalité des géants du Net.
• Google et le fisc français : « Les discussions sont toujours en cours », affirme-t-on à l’AFP.
• TheIntercept.com est un nouveau journal en ligne lancé par le fondateur d’eBay, Pierre Omidyar.
• Les Echos lancent en version bêta Lesechos360.fr, moteur sémantique d’actus.

8 février
• Google.fr publie le texte de sa sanction par la Cnil (lire EM@ 94, p. 9).
• Libération titre en Une : « Nous sommes un journal » pour protester contre le projet des actionnaires.

7 février
• Le Canada s’apprête à signer avec quatre maisons d’édition (dont Hachette) une baisse des prix des ebooks.
• Libération sera « un réseau social, créateur de contenus monétisables sur une large palette de supports multimédias », annoncent ses actionnaires.
• Radio 2.0 : 13 millions de visiteurs uniques en décembre 2013 (Geste/Médiamétrie).

Rêve de Robots

Aujourd’hui est un jour particulier au boulot. Une matinée consacrée à l’accueil d’un nouveau collaborateur. En principe, pas de quoi se relever la nuit. Sauf que cette fois-ci, je ne suis pas le seul à être sur les dents. La curiosité de toute l’équipe est, depuis des semaines, mise à rude épreuve car notre nouveau collègue est un robot.
Un robot de bureau multi-tâches venant épauler notre petite entreprise, autant pour nous aider dans les tâches répétitives que pour les travaux d’experts qu’il maîtrise, qu’il apprend ou qu’il acquiert sur le réseau. Et le soir, quand tout le monde est parti, il continue de travailler tout en assurant la télésurveillance de notre bâtiment. Je vous dois de préciser que nous sommes loin d’être des pionniers et que notre investissement, bien réfléchi, s’inscrit dans un mouvement d’équipement des entreprises qui adoptent de plus en plus ces assistants d’un nouveau genre. Nous voici partie prenante de cette nouvelle phase majeure du développement de la robotique professionnelle, qui, avec la « cobotique », conduit de nombreuses entreprises à faire cohabiter humains et robots. Quel chemin parcouru depuis Unimate, ce premier robot industriel intégré aux lignes d’assemblage de General Motors en 1961. Les robots ont rapidement colonisés les sites industriels à partir des années 1980, jusqu’à représenter un parc de plus de 1 million de machines dans le monde dès 2012. La plupart sont issus des lignes de production des leaders ABB, Fanuc Robotics, Kuka ou Motoman, destinés à doper la productivité des usines. Ce qui n’a pas été sans provoquer d’importantes tensions sur l’emploi des ouvriers confrontés à cette concurrence, alors même qu’il fallait se battre sur le front des bas salaires des économies émergentes.

« Ce peuple de machines intelligentes trône
désormais au sommet d’une nouvelle espèce
composée de myriades d’objets communicants. »

Ce second âge de la robotique se caractérise par une large prolifération de ces
machines polyvalentes et professionnelles au sein des ateliers des PME, grâce à
une programmation facile et un prix accessible. Ce fut le cas des bras articulés et commercialisés avec succès dès 2008 par la start-up danoise Universal Robots.
Les activités tertiaires ont suivi. A tel point que le taux d’automatisation de l’industrie
et des services devrait franchir le seuil des 50 % avant 2030. Mais l’une des conséquences les plus importantes est la relocalisation des fonctions de production
au plus près des zones de consommation, sous la pression de l’explosion des coûts
de transport mais aussi grâce aux nouvelles possibilités permises par ce que l’on appelle la « robocalisation » : la robotisation des entreprises comme moyen de faire revenir en Europe des emplois industriels.

Le plus marquant est sans doute le succès des robots personnels qui envahissent également notre vie quotidienne : robotique des transports, robotique médicale, robotique rééducative grâce à des prothèses intelligentes et des exosquelettes. Nos robots compagnons assurent désormais les tâches domestiques, la surveillance mais également des jeux ou des séances d’éducation. Parfois maladroitement humanoïdes, ils prennent des formes multiples, lorsqu’ils ne sont pas invisibles. Ce peuple de machines intelligentes trône désormais au sommet d’une nouvelle espèce composée de myriades d’objets communicants. La croissance de ce nouveau marché a été au rendez-vous, multiplié par 30 en dix ans. Entre 2013 et 2016, 22 millions de robots de tout type furent commercialisés. La plus grande part, plus de 15 millions, sont des robots domestiques (aspirateurs, tondeuse, nettoyeurs de fenêtre, …), le reste étant dédié au jeu, l’éducation et à la recherche. Pour ne pas être en reste, la France lança en 2013 une politique ambitieuse en vue de se classer parmi les 5 premiers pays mondiaux. Les trois premiers étaient d’ores et déjà bien connus : le Japon, la Corée
et les Etats-Unis. La même année, Google a de son côté essayé d’organiser cet écosystème complexe avide de data, en multipliant des acquisitions de start-up.
Cette évolution d’une humanité complétée d’un double mécanique, rêvée depuis l’Antiquité et prenant forme avec les premiers automates au XVIIIe siècle, est l’une des composante clés de notre siècle, avec sa face inquiétante décrite dans de si nombreux romans d’anticipation, et qui donne toute sa saveur à ce mot de Jacques Prévert : « Le progrès : trop robot pour être vrai ». @

Jean-Dominique Séval*
Prochaine chronique « 2025 » : Le mobile.
* Directeur général adjoint de l’IDATE,
auteur du livre « Vous êtes déjà en 2025 »
(http://lc.cx/b2025).

RNT : pendant que gouvernement, CSA et grands groupes doutent encore, 107 radios se préparent

Quatre mois avant son lancement sur Paris, Marseille et Nice, la RNT est une chance pour une centaine de radios. En cas de succès, elles ne le devront qu’à elles-mêmes car les grands réseaux boycottent, le gouvernement reste indifférent et le CSA doute encore.

Par Rémy Fekete (photo), avocat associé, et Louis de Carolis, Gide Loyrette Nouel

Après le succès de la migration de la télévision analogique vers le numérique et l’avènement du numérique sur toutes formes d’images et de sons, le lancement de la Radio numérique terrestre (RNT) – attendue depuis 1996 (1) –
est maintenant prévu pour la veille de la fête de la musique. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) n’était jusqu’alors pas encore parvenu à opérer la migration numérique pour la radio hertzienne, ce média si populaire
qui touche encore 43 millions de personnes par jour en France (2).

Près de la moitié de radios associatives
Néanmoins, toutes les questions concernant ce nouveau mode de diffusion ne sont
pas réglées, comme le souligne la consultation publique sur le marché de la diffusion hertzienne terrestre de la radio que l’Arcep a ouverte jusqu’au 5 mars. Le cadre législatif de la radio numérique a été mis en place progressivement. La loi « Liberté
de communication » du 30 septembre 1986 (3), modifiée par la loi du 9 juillet 2004 (4),
a fixé les principaux éléments juridiques de la RNT (appels à candidatures, reprise en numérique des services autorisés en FM, …).

Elle a été complétée par les lois Télévision du futur du 5 mars 2007 (5) et Audiovisuel public du 5 mars 2009 (6). Il faudra attendre les consultations publiques d’avril 2005 et d’octobre 2006 lancées par le CSA afin que soit élaboré le futur paysage de la RNT en recueillant l’avis des acteurs du marché. Le 26 mars 2008, un appel à candidatures est lancé par le CSA : il se clôtura le 26 mai 2009 pour toutes les zones, à l’exception des villes de Paris, Marseille et Nice pour lesquelles l’appel a pris fin le 15 janvier 2013 avec des autorisations délivrées à cinq opérateurs de multiplex (pour les 14 multiplexes constitués) et 107 éditeurs de radio qui émettront sur les fréquences de la bande III à partir du 20 juin prochain.En parallèle à la constitution de l’offre de services de radio,
le législateur a – par un arrêté du 3 janvier 2008 – choisi la norme technique qui devrait s’imposer en France. Il s’agit de la T-DMB qui permet le lancement d’une offre numérique riche grâce à des fonctions multimédia avancées. Toutefois, un second arrêté du 16 août 2013 (7) autorise également l’utilisation d’une norme plus populaire en Europe, la norme DAB+. Cette dernière a pour avantage de disposer d’une centaine d’équipements radiophoniques déjà disponibles sur le marché européen. Par exemple, il y a déjà en Allemagne entre 1 et 2 millions de récepteurs DAB+. Avec cette norme, le nombre de radio par multiplex augmente, ce qui permet d’envisager une réduction du coût de diffusion. Même si cette deuxième norme est la bienvenue, car elle permet une gestion plus économe du spectre, il ne faut pas oublier que si les opérateurs déjà sélectionnés souhaitent l’utiliser, ils devront obtenir l’accord unanime de tous les acteurs du multiplex concerné afin d’effectuer ce changement technologique.

La baisse des coûts de diffusion a été, quelle que soit la norme utilisée, l’un des arguments majeurs en faveur de la mise en place de la RNT. La saturation de la fréquence FM a créé une concurrence particulièrement rude, notamment dans les grandes agglomérations où la rareté des fréquences oblige les pouvoirs publics à optimiser le spectre pour une meilleure diversité de l’offre. A cela vient s’ajouter une meilleure qualité sonore : grâce aux systèmes de correction d’erreurs, la qualité de réception devrait être moins sensible aux perturbations et interférences (8). La RNT permet également la possibilité de transmettre d’avantages de données associés.

Face à une situation oligopolistique sur la FM
Concrètement, à Paris, 67 radios ont été retenues pour la diffusion numérique sur la bande III dont 31 nouvelles. Le CSA a sélectionné 54 radios à Marseille et 54 à Nice. Parmi ces radios sélectionnées sur les trois zones précitées, sont notamment mises à l’honneur les radios associatives, 49 sur 107, soit près de la moitié. Compte tenu de ces nombreux atouts énoncés, on s’interroge sur les motivations des principaux acteurs du marché – NRJ, RTL, Europe 1 (Lagardère Active), RMC (NextRadioTV), Radio France (gouvernement) – qui refusent de s’impliquer dans cette aventure.

Quid des projets Onde numérique et R+ ?
Avec l’arrivée de la RNT, on pouvait s’attendre à un engouement de la part de ces grands acteurs, notamment du premier groupe radiophonique français, Radio France, composé de sept chaînes de radios qui touchent plus de 14 millions d’auditeurs par jour.
Toutes les radios déjà autorisées en analogique dans la même zone géographique bénéficiaient d’un droit de préemption (9) leur conférant une priorité dans l’appel à candidatures. Pourtant, le gouvernement n’a pas souhaité préempter de fréquences en numérique pour Radio France (10). Il semble qu’il faudra attendre la mise en place du bouquet sans publicité et payant du distributeur sélectionné pour la bande L, la société Onde Numérique (11), pour retrouver, sur la radio numérique, les chaînes du groupe public. A moins que Radio France ne soit convaincu par le projet R+ d’un ancien du CSA, Philippe Levrier (12). En refusant d’engager le groupe public et en n’annonçant pas de date de fin de diffusion de la radio en analogique, le gouvernement laisse entendre que le succès de la RNT reste à prouver.

Le président du CSA, Olivier Schrameck, rappelle six mois avant le lancement de la RNT (13) qu’il va bientôt soumettre un rapport au Parlement dans lequel il réfléchira
à la place de la RNT dans les transformations des modes de diffusions de la radio, soulignant ainsi lui aussi, sa méfiance à l’égard de ce projet. Radio France et le gouvernement ne sont pas les seuls à bouder la RNT. En effet, les quatre principaux groupes privés (Lagardère Active, RTL, NRJ et NextRadioTV) ont eux aussi refusé d’exercer leur droit de préemption et boycottent officiellement la RNT. Ils mettent en avant la faiblesse de son modèle économique qui impose un double-frais de diffusion analogique/numérique et lui préfèrent la radio sur Internet, ou radio sur IP, déjà utilisée et permettant plus d’interactivité.
En réalité, ces sociétés jouissent aujourd’hui d’une situation oligopolistique sur un marché fermé qui ne peut plus accueillir de concurrence à cause de la saturation des fréquences. Ainsi, il paraît difficile de prendre le risque d’ouvrir ce marché. Et en restant unis, ces opposants à la RNT s’assurent que le public n’effectuera pas de migration technologique car on voit mal un nouvel usage de la radio sans ses auditeurs. En revanche, les opérateurs de taille moyenne comme Radio FG, Radio Nova, Skyrock ou encore Oüi FM (14) ont choisi de participer à l’appel à candidatures. Après avoir bataillé pour s’imposer dans un spectre saturé, ces services de radio ont décidé de se lancer dans l’aventure pour continuer leur expansion. Peut-être profiteront-ils, à cet effet, de l’absence des grands groupes ?
Pourtant rien n’est moins sûr. Malgré de nombreux avantages, ce contexte de méfiance – voire de réticence – risque de se transmettre au public qui devra, comme pour la télévision, faire évoluer son équipement pour accéder à ce nouveau mode de diffusion.
Or on imagine mal un marché se développer en France. Car les fabricants de récepteurs n’investiront a priori pas dans ce marché si les acteurs principaux en termes d’auditeurs s’abstiennent. Il est également difficile de concevoir le développement de ce marché si la norme utilisée n’est pas clairement identifiée et si le gouvernement n’envoie pas un message fort comme imposer dans la fabrication des récepteurs radio un récepteur RNT ou comme simplement annoncer officiellement la fin de l’analogique.

Enfin, l’impact réel de la RNT sur les auditeurs français demeure incertain. Le président
du CSA lui-même a souligné une des faiblesses de la RNT, à savoir sa couverture démographique. Lors de l’appel à candidature de 2008, 19 agglomérations étaient concernées, soit 30 % de la population. Aujourd’hui, seuls les villes de Paris, Marseille
et Nice ont été retenues, soit seulement 15 % de la population française.

En attendant un message clair de l’Etat
Ce choix « ne tient pas suffisamment compte, des enjeux de résorption de la fracture radiophonique dans les territoires mal desservies par la FM. » et vient uniquement créer un doublon – pour les stations qui ont décidé d’être diffuser en numérique – entre la bande FM et la bande III sur des zones données. Sans un message clair de l’Etat et sans qu’un modèle économique soit défini pour la RNT, son lancement devrait se faire cet été dans un climat d’incertitude. Peut-être est-ce pour cela qu’Olivier Schrameck parle de « phase exploratoire » ? @

Equipements high-tech en France : saturation du marché avec des foyers multi-équipés

Attention : saturation ! C’est en creux ce qui ressort de l’étude annuelle de l’institut GfK sur le marché français des produits high-tech, lequel a reculé de 2 % en 2013 – à 15,4 milliards d’euros. Pas sûr que l’année 2014 fasse mieux. Avec de 5,9 à 6,5 appareils en moyenne dans les foyers, ces derniers sont déjà multi-équipés, voire sur-équipés.

Il n’y a pas que la crise économique et la baisse du pouvoir d’achat qui brident le marché français de l’électronique grand public. Le suréquipement des foyers explique aussi la saturation de ce secteur aux multiples produits high-tech : smartphones, casques audio, tablettes, téléviseurs, ordinateurs portables, appareils photo numériques, imprimantes, stations d’écoute, webcams, barres de son, chaînes hifi multi-pièces, etc. Malgré un indice du moral des ménages en très légère hausse, les ventes sont dans l’ensemble à la baisse. Résultat : « La majorité des marchés est prise en étau entre une demande moindre et une concurrence interne. Depuis 2010, c’est un jeu à somme nulle », a souligné Julien Jolivet, directeur chez GfK. S’il s’est vendu 92 millions d’appareils l’an dernier, l’année 2014 devrait faire moins : 88 millions d’unités (-3,7 %). Et ce, malgré la part des appareils connectés qui deviennent pour la première fois majoritaires (voir graphique 1). « Représentant un achat sur deux de biens techniques en 2013, les produits connectés s’installent petit à petit dans nos quotidiens – soit actuellement déjà 5,9 appareils par foyer – et s’étendent maintenant aux autres univers de consommation », indique GfK. De son côté, Médiamétrie parle d’internautes « ultraconnectés » avec 6,5 écrans par foyer en moyenne.
Malgré la baisse du volume attendue cette année, l’institut GfK prend quand même le risque de tabler sur une hausse du chiffre d’affaires global 2014 à 15,6 milliards d’euros, contre tout juste 15,5 milliards l’an dernier (-2 % par rapport à 2012). « On ose annoncer une reprise de la croissance, si légère soit-elle, de 0,7%! », a lancé Matthieu Cortesse, autre directeur chez GfK, en précisant que les appareils télécoms constitueront la clé de la croissance pour 2014 (voir graphique 2). Déjà l’an dernier, seules la téléphonie (grâce aux smartphones) et les tablettes ont vu leur chiffre d’affaires croître malgré la guerre des prix. Tous les autres segments ont été en baisse. Mais la saturation dans les foyers menace aussi dans les téléphones mobiles, qui se sont vendus l’an dernier en France à 23,5 millions d’unités. Les tablettes sont elles aussi atteintes par le multi-équipement, même si seulement près de trois foyers français sur dix en sont équipés (selon GfK/ Médiamétrie) et même se sont vendus en 2013 – et pour la première fois – plus de tablettes (6,2 millions) que d’ordinateurs (4,8 millions).
Quant au roi des écrans, le poste de télévision, il continue de voir ses ventes baisser : quasiment tous les foyers (98 %) ont un écran principal. La marge de manœuvre des fabricants se trouve sur le second écran de télévision, mais la saturation se fait là aussi sentir avec la concurrence des tablettes comme second écran (multi-screen) dopé par la dé-linéarisation des programmes et l’offre grandissante de vidéos à la demande (VOD, catch up TV, bonus vidéo, …). « Un million d’écrans secondaires n’a pas été renouvelé au cours des deux dernières années », souligne l’étude. Résultat, avec 5,7 millions d’unités, il s’est encore moins vendu d’écrans de télévision en 2013, soit une chute de plus de 20 % sur un an. Pour que l’année 2014 retrouve véritablement le chemin de la croissance, en valeur à défaut de le faire en volume, GfK table les appareils connectés, voir les appareils smart – autrement dit plus intelligents que les premiers.
Mais malgré le buzz autour de ces objets connectés depuis le CES de Las Vegas en janvier, ils sont en réalité « une goutte d’eau » (dixit GfK) dans le monde high-tech en France : 300.000 appareils smart ont été vendus en France en 2013 pour 64 millions d’euros. @

Charles de Laubier

L’Hadopi démarre 2014 sur les chapeaux de roue

En fait. Le 11 février, la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi) a publié les chiffres de la réponse graduée sur janvier 2014. Le moindre que l’on puisse dire, c’est que l’année commence très
fort pour la Commission de protection des droits (CPD).

En clair. On croyait l’Hadopi morte. Or elle bouge encore ; elle est même en pleine forme ! C’est ce que démontre l’envoi en janvier, par la Commission de protection des droits (CPD), de 132.000 e-mails de premier avertissement aux internautes suspectés de piratage d’œuvres (musiques ou films) sur Internet. Il s’agit du deuxième mois le plus actif d’Hadopi depuis le lancement de la réponse graduée en octobre 2010, le mois d’octobre 2013 détenant encore le record historique à ce jour avec ses 138.000 e-mails de premier avertissement. Janvier 2014 porte à plus de 2,6 millions le cumul des premiers avertissements envoyés depuis trois ans et trois mois maintenant. L’année 2013 aura donc été marquée par une hausse de 73,7 % sur un an de ces premiers avertissements. Quant aux deuxièmes avertissements, ils sont au nombre de 11.950 en janvier – soit plus du double qu’il y a un an – pour un cumul de 270.673 envois depuis octobre 2010. Tandis que 7.350 récidivistes ont reçu une lettre recommandée avec accusé de réception, dont 57 ont vu leur dossier mis en délibération à la CPD (1) – le bras armé de l’Hadopi ne communicant pas le nombre transmis à la justice…

Pour autant, comme le montre la 4e vague du baromètre des usages Ifop-Hadopi publiée le 6 février dernier, il n’y a « pas de bouleversement dans la répartition des usages licites et illicites depuis un an ». La part de consommateurs déclarant des usages illicites de biens culturels est même stable : 15 % en octobre 2013, contre 17 % en mai 2013 et 14 % en octobre 2012. Les films sont les plus piratés, suivis des séries télé, puis des musiques, des logiciels et des livres.
Mais l’Hadopi n’intervient, faut-il le rappeler, que sur les constatations d’infractions relevées – par la société nantaise TMG (2) pour le compte de la Sacem, la SCPP, la SPPF (les trois organisations représentant la musique) et l’Alpa (3) (pour l’audiovisuel
et le cinéma) – sur les seuls réseaux peer-to-peer dont l’usage décline au profit des sites de streaming. Ces derniers ne sont donc pas du ressort des compétences de l’Hadopi. Les propositions du rapport « Lutte contre la contrefaçon », que Mireille Imbert-Quaretta (présidente de la CPD) devrait rendre d’ici fin février, irait dans le sens d’une implication de tous les intermédiaires du Net (moteurs, régies, systèmes de paiement, …) dans la lutte contre le piratage en ligne et en streaming. @