Après la neutralité du Net, l’interopérabilité des applis

En fait. Le 13 février, la Commission européenne a publié une étude commanditée à Gigaom et intitulée « Sizing the EU App Economy » : de 17,5 milliards d’euros en 2013, le marché européen des applications pour mobiles devrait bondir de 260 % d’ici cinq ans, à 63 milliards. Mais quid de l’interopérabilité ?

Neelie KroesEn clair. Les 94,4 milliards d’applis téléchargées dans le monde en 2013 présentent un problème majeur, tant pour les développeurs que pour les mobinautes : leur manque d’interopérabilité entre les principales plateformes que sont Android de Google, iOS d’Apple et celle de Facebook.
C’est ce qui ressort de l’étude confiée à la société américaine Gigaom par la Commission européenne. « Les développeurs d’applications mobiles, tant indépendants qu’en interne ont classé l’incompatibilité des plates-formes au premier rang des goulets d’étranglement technique », souligne l’étude.

HTML5 et responsive design contre les incompatibilités
Sur ce point précis, il est indiqué dans les recommandations que « des outils de développement multi-plateformes (cross-platform) de plus haut niveau comme HTML5
et des méthodologies de conception adaptative (responsive design) pourraient soulager les incompatibilités ».
Cette absence d’interopérabilité – déjà dénoncée par la fondation Mozilla (1) – contribue, aux yeux de la Commission européenne, au « morcellement » du marché numérique.
« A peu près 35% des développeurs ont été gênés par le manque d’interopérabilité
entre plateformes comme Android, iOS et Facebook », relève Neelie Kroes (photo),
vice-présidente de l’exécutif européen, chargée de l’Agenda numérique.

Plus de ce frein technique, « une majorité de développeurs se sont plaints de dépendre entièrement, de fait, des plateformes mises au point par les géants américains, ainsi
que des conséquences d’une telle dépendance en termes de recettes ». C’est en fait l’oligopole des Google, Apple et Facebook – tous américains qui pose problème à l’Europe. « Même si l’avenir est radieux, les développeurs ont exprimé des inquiétudes concernant le manque de personnel qualifié (2), la connectivité et le morcellement qui pourraient entraver l’essor des applis », retient-on du côté de Neelie Kroes, vice-présidente de la Commission européenne, en charge de l’Agenda numérique.
Après la neutralité du Net, l’interopérabilité devrait devenir le nouveau sujet de débat.
Les boutiques d’applications (App Stores) sont dans le collimateur, notamment en France (3) où l’Autorité de la concurrence enquête et perquisitionne (chez Apple) : verrouillage des utilisateurs, exclusivité ou fausse protection de la vie privée sont en cause. @