République numérique : « Qualificatif idéologique » (SNE)

En fait. Le 5 janvier 2017, lors de ses vœux, le Syndicat national de l’édition
(SNE) – par la voix de son président Vincent Montagne – a lancé une pique à propos de « la loi Lemaire dite “pour une République numérique” » en considérant ce « qualificatif idéologique et réducteur pour notre République ».

En clair. Décidément, l’industrie du livre a du mal avec la loi « République numérique » qui a été promulguée il y a trois mois (parue le 8 octobre dernier au Journal Officiel). Lors des vœux du Syndicat national de l’édition (SNE), son président Vincent Montagne s’en est pris – autant sur la forme que sur le fond – à la loi portée par Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargée du Numérique et de l’Innovation.
Sur la forme d’abord, celui qui est par ailleurs PDG de Média Participations, quatrième groupe d’édition français (1), a critiqué pour la première fois le libellé même de la loi
« pour une République numérique » : « Un qualificatif idéologique et réducteur pour notre République », a-t-il lancé. Sur le fond ensuite, « l’édition scientifique française
sort inutilement fragilisée par cette obsession déraisonnable du législateur de réduire
à néant les délais de protection des droits ». Il y a un an déjà, le SNE pestait contre
le projet de loi d’alors qu’il qualifiait sans détour de… « fossoyeur de la recherche scientifique française » (sic). En cause : le délais à partir duquel l’auteur d’un écrit scientifique – publié dans un périodique paraissant au moins une fois par an – peut
le mettre immédiatement en accès gratuit sur Internet (open access) si l’éditeur en fait de même, ou sinon après une courte période d’embargo d’« au maximum de 6 mois pour une publication dans le domaine des sciences, de la technique et de la médecine et de 12 mois dans celui des sciences humaines et sociales » (article 30 de la loi). A condition toutefois que cet écrit scientifique soit « issu d’une activité de recherche financée au moins pour moitié par des dotations de l’Etat, des collectivités territoriales ou des établissements publics, par des subventions d’agences de financement nationales ou par des fonds de l’Union européenne ». Autrement dit, la loi Lemaire exclut dans ces conditions l’exploitation commerciale de ces textes subventionnés
dont « leur réutilisation est libre ». Le SNE prétend que « la plupart des institutions académiques françaises et étrangères seront encouragées à se désabonner des revues scientifiques françaises et que le marché s’effondrera ». Pour le reste de la loi
« République numérique », le SNE prévient que – malgré « de nombreux écueils (….) évités » – il sera « vigilant » sur la rédaction des décrets (2). @

Les livres numériques trop chers se vendent moins

En fait. Le 31 mai, Nielsen a publié son « Year in Books Review » sur 2015 aux Etats-Unis. Contre toute attente, la part des ventes de livres numériques – sur le total du marché américain de 857 millions d’exemplaires – a reculé de 27 % à 23,8 % en un an. Mais les ebooks sur smartphone font un bond.

En clair. A quelques jours de la prochaine assemblée générale du Syndicat national de l’édition (SNE), les résultats des ventes de livres aux Etats-Unis devraient redonner du baume au cœur des maisons d’édition traditionnelles de l’Hexagone. Les ventes de livres imprimés sur marché américain ont augmenté en volume de 2,8 % à 653 millions d’exemplaires vendus en 2015, tandis que les ventes de livres numériques (ebooks) accusent une baisse de 13 % à 204 millions d’unités. « Nous avons tous entendu le dicton “Tout ce qui est vieux est encore nouveau”. Dans le royaume de livre, cette déclaration ne pouvait pas sonner plus vrai », a ironisé l’institut d’études Nielsen qui réalise cette étude annuelle. L’explication de ce repli des ebooks par rapport aux livres papier – tendance déjà amorcée entre les années 2013 et 2015 (voir tableau ci-contre) –, vient de la hausse générale du prix des livres numériques outre-Atlantique à en moyenne 10 dollars (au lieu de 8 dollars auparavant).
Les « Big 5 » des éditeurs aux Etats-Unis (Hachette Book Group, HarperCollins, Macmillan, Penguin Random House, et Simon & Schuster) ont même repris le plus à
la hausse le contrôle sur le prix de leurs ebooks – et sur leur marge. En revanche, les auteurs auto-publiés ont baissé leur prix pour être à 2,50 dollars en moyenne. Ce fossé tarifaire pourrait se reproduire en France. Bien que les ventes d’ebooks fléchissent, celles générées par les smartphones progressent fortement : de 7,6 % des exemplaires vendus en 2014, les livres numériques sur téléphone multimédia représentent 14,3 % l’an dernier, au détriment des liseuses et des tablettes. C’est le signe que la lecture numérique devient véritablement ubiquitaire. Prometteur. @

Le Médiateur du livre est contraint d’adapter les lois sur le prix du livre aux usages numériques

Créé il y a plus de trois ans, le « Médiateur du livre » a livré le 1er avril son premier rapport d’activité. Sa présidente Laurence Engel, qui n’ira pas au bout
de son mandat fixé à septembre 2017 (car nommée à la tête de la BnF), quitte
une autorité en plein brainstorming.

La loi n°81-766 du 10 août 1981, dite loi « Lang » sur le prix
du livre, la loi n°2011-590 du 26 mai 2011 sur le prix du livre numérique, la loi n°2014-344 du 17 mars 2014 sur la consommation qui a modifié les deux lois précédentes…
Tel est l’arsenal législatif français du prix du livre. Ces lois,
dont le fondement remonte à il y a 35 ans, sont obsolètes !

Le Syndicat national de l’édition (SNE) ne désarme pas contre Amazon, et craint l’auto-édition

Alors que, selon nos informations, Vincent Montagne n’exclut pas de se représenter pour un troisième mandat à la présidence du SNE, il a créé le poste de directeur général qu’il confie à Pierre Dutilleul (ex-Editis) – lequel a fait sa première apparition publique à l’occasion des Assises du livre numérique,
à l’ombre de… « l’Amazonie ».

Changement de direction à la tête du Syndicat national
de l’édition (SNE) : Christine de Mazières, qui en était déléguée générale depuis dix ans, réintègre la Cour des comptes. Elle est remplacée à partir du 1er avril par, cette fois, un directeur général. Il s’agit de Pierre Dutilleul (photo), ancien directeur délégué du groupe Editis (1) et, jusqu’en juin prochain, président de la Fédération des éditeurs européens (FEE). Il a été désigné dès janvier pour prendre la direction générale de ce syndicat qui représente 650 membres actifs en France – dont les grandes maisons d’édition : Hachette Livre/Lagardère Publishing (Grasset, Fayard, Stock, JC Lattès, Calmann-Lévy, Le Livre de Poche …), Editis (Nathan, Robert Laffont, Plon, Belfond, Julliard, Le Cherche Midi, Xo Editions, …), Madrigall (Gallimard, Flammarion, Casterman, …) et Media Participations (Dargaud, Dupuis, Le Lombard, Fleurus, …). Depuis trois mois, il travaille en binôme avec Christine de Mazières qui quitte ses fonctions le 31 mars. Sa première apparition publique en tant que DG du SNE a été pour assister le 16 mars dernier aux 16e Assises du livre numérique dans l’enceinte du Salon du livre de Paris (2). Avec 40 ans de service dans l’industrie du livre, Pierre Dutilleul – qui a par ailleurs été nommé en novembre dernier chevalier de l’ordre national du Mérite par décret du président de la République – va devoir se mettre… à la page dans le domaine du digital.

Ebooks : Hachette, Editis, Madrigall et Média Participations passent à l’offensive face à Amazon, Apple et Adobe

Les quatre premiers groupes français de l’édition s’associent au sein de l’association EDRLab – présidée par Pierre Danet, bras droit « numérique » du PDG d’Hachette Livre, Arnaud Nourry – pour tenter d’imposer le standard ouvert ePub de livres numériques, face aux systèmes verrouillés d’Amazon, d’Apple et d’Adobe.

Le premier éditeur français Hachette Livre, partie intégrante du troisième groupe mondial de l’édition – Lagardère Publishing – présidé par Arnaud Nourry (photo), est la tête de file des cofondateurs et cofinanceurs d’une nouvelle association d’envergure européenne baptisée EDRLab (European Digital Reading Lab), créée l’été dernier et tout juste installée à Paris. Présidée par Pierre Danet, qui reporte directement à Arnaud Nourry en tant que directeur de l’innovation numérique d’Hachette Livre, cette association a pour mission de développer des logiciels libres (open source), permettant une interopérabilité totale des livres numériques fonctionnant sous le standard ouvert ePub 3, quel que soit le terminal utilisé par l’utilisateur et lecteur : smartphone, tablette, ordinateur, liseuse, … Il ne s’agit ni plus ni moins que de s’attaquer aux deux géants mondiaux du livre numérique que sont Amazon et Apple, ainsi qu’à Adobe, dont les systèmes respectifs de ebooks fermés et verrouillés, sont non-interopérables. Outre Hachette Livre, l’association EDRLab – à but non lucratif – compte parmi ses membres fondateurs les trois autres plus grands éditeurs français : Editis (La Découverte, Le Cherche Midi, Xo Editions, …), Madrigall (Gallimard, Flammarion, Casterman, …) et Media Participations (Dargaud, Dupuis, Le Lombard, Fleurus, …).