La directive CabSat s’ouvre au Net et au replay

En fait. Le 28 mars, les eurodéputés ont voté à une majorité – 460 pour, 53 contre – en faveur d’un règlement sur « l’exercice du droit d’auteur et des droits voisins applicables à certaines diffusions en ligne d’organismes de radiodiffusion et retransmissions d’émissions de télévision et de radio ». Extensions et limites.

La licence légale ne discrimine plus les webradios

En fait. Le 4 février, Xavier Filliol a précisé à EM@ que le contrat-type de licence légale pour les webradios commerciales sur lequel se sont mis d’accord la Sacem et le Geste, où il est co-président de la commission « Audio Digital », s’applique « à l’ensemble de la filière ». Quinze ans de négociations !

Président du groupe 1981 et des Indés Radios, Jean-Eric Valli mise sur les acquisitions et le digital

Le groupe 1981, que préside Jean-Eric Valli, met la croissance externe et le numérique au service de ses ambitions nationales. Avec ses sept radios locales et régionales, il mise sur le DAB+ et les webradios pour atteindre la couverture
la plus large de la population. Et il prévoit des acquisitions.

Dans le paysage quelque peu oligopolistique des radios nationales en France, constitué par les grands groupes privés que sont M6- RTL (RTL/RTL2/Fun Radio), NRJ (NRJ/Chérie FM/Rire & Chansons/ Nostalgie), Lagardère Active (Europe1/ Europe 2/RFM/Virgin Radio) et Altice Media (BFM/RMC), le groupement des Indés Radios en général et le groupe 1981 en particulier ne sont pas sur la même longueur d’onde.

Cibles potentielles au sein des Indés Radios
Leur président commun, Jean-Eric Valli (photo), fait de l’indépendance et du numérique l’alpha et l’omega de sa conquête radiophonique au niveau national. Le groupement Les Indés Radios, créé il y a 25 ans et fort de ses 129 radios indépendantes à ce jour, affiche la première audience radio en France – près de 8,4 millions d’auditeurs chaque jour – avec 15 % de part de marché cumulé cet été (selon Médiamétrie, voir p.11), loin devant RTL (10,6 %), France Inter (10,6 % également), NRJ (9,3 %) ou même bien plus du double qu’Europe 1 (5,5 %). Membre des Indés Radios et né avec les radios libres il y a 37 ans, le groupe 1981 avec ses sept radios locales et régionales – Latina, Swigg, Voltage, Forum, Vibration, Blackbox et Wit – contribue à cette dynamique. Par exemple, Latina est la première radio locale d’Ile-de-France avec 3,5% de part de marché, devant Fip (2,4 %). Quant à Voltage et Swigg, toujours en Ile-de-France, elles atteignent respectivement 2,2 % et 1,6 % de parts d’audience locale. Jean-Eric Valli, qui a présenté les grilles de rentrée de son groupe le 18 septembre, affiche des ambitions plus que jamais nationales. Cela passe par le numérique et de la croissance externe.
« J’aimerais (…) reprendre d’autres radios, qui seraient sur le marché. Nous sommes
à l’écoute », a-t-il confié à La Lettre Pro. Cofondateur avec Eric Hauville (1) du GIE Les Indés Radios (2) qu’il préside depuis 1992 (3), Jean- Eric Valli dispose d’un vivier sans pareil de radios locales et régionales sur l’Hexagone. Lui-même, depuis ses débuts comme animateur radio à Vibration qu’il fonda à Orléans en 1982, a vu sa carrière radiophonique évoluer au fil des rachats de stations. Le déploiement de Vibration se fera à coup d’acquisitions successives : Radio Rêve, Radio Stéréo Centre, Radio Montargis Vallée du Loing, Radio Média France, Ado FM (devenue Swigg fin juin 2017), Forum, Blackbox, Voltage, Sud Radio, Wit FM, Latina. En 1988, Jean-Eric Valli cofonde la holding Start qu’il préside pour chapeauter des radios indépendantes. Il est alors aussi secrétaire général du Syndicat interprofessionnel des radios et télévisions indépendantes (Sirti), dont il est aujourd’hui l’un des quatre membres de son conseil d’orientation et de suivi. En janvier 2011, la holding Start change de nom et devient Sud Radio Groupe jusqu’en décembre 2013, après que la station Sud Radio ait été vendue il y a tout juste cinq ans pour 7millions d’euros à Fiducial Médias – filiale du groupe d’expertise-comptable Fiducial appartenant au nouveau milliardaire Christian Latouche (4). Le groupe Sud Radio, qui avait commencé à afficher des ambitions nationales, s’est alors rebaptisé Groupe 1981 en décembre 2013 – en référence à l’année 1981
qui a été marquée par l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand avec sa promesse
de « libéralisation des médias » et de la légalisation des radios libres.
Jean-Eric Valli n’entend pas s’arrêter en si bon chemin dans sa conquête radiophonique à l’échelon national, avec l’aide d’Alex Vagner, directeur général délégué aux projets de croissance externe et de développement commercial du groupe. Parallèlement à de prochaines acquisitions, il entend s’appuyer sur le numérique pour y parvenir. Le groupe 1981 croit en la RNT (5), contrairement aux grands groupes privés qui la boudent. D’autant que le seuil décisif des 20 % de couverture de la population française – partir duquel les fabricants de récepteurs ont l’obligation d’intégrer – devrait être atteint à la fin de l’année (6). « Nous répondons à tous les appels à candidature en DAB+ sur les zones où nous émettons déjà en FM. Pour Latina et Swigg, on dépose des demandes sur les toutes les zones ouvertes à l’échelle national, notamment les principales agglomérations et les axes routiers », a indiqué Jean-Eric Valli.

7e groupe de radios numériques, selon l’ACPM
Parallèlement au DAB+ en Ile-de-France, à Lille, Marseille, Nice et prochainement à Lyon, Strasbourg, Bordeaux et Mâcon (Vibration), le groupe 1981 se développe sur Internet avec, à ce jour selon l’ACPM (7), 69 « radios digitales » (flux hertzien transcodé d’une radio FM et flux audio en ligne d’une webradio) pour un total de 3,1 millions d’écoutes actives rien qu’en août. Ce qui en fait le 7e groupe de radios en termes d’audience numérique, que Arnaud Vigor – ex-La Dépêche Entertainment nommé en février directeur général délégué à la régie publicitaire – a en charge de monétiser. @

Charles de Laubier

RNT : vers « un débat sans tabou » à Radio France

En fait. Le 16 avril, la nouvelle présidente de Radio France – Sibyle Veil, nommée le 12 avril par le CSA – a pris ses fonctions en présentant aux salariés son programme pour les cinq ans de son mandat. Lors de son audition du 11 avril, elle a prôné « la RNT pour toutes les chaînes de Radio France ».

Comment Arnaud Lagardère purge son activité « médias » et se recentre sur la production audiovisuelle et le digital

Le morcellement de Lagardère Active, l’une des quatre branches d’activité du groupe d’Arnaud Lagardère, laisse craindre pour ses quelque 3.200 salariés une vente de la presse à la découpe. Pour son président Denis Olivennes, il s’agit de tourner la page (exceptés Paris Match et le JDD) pour miser sur l’audiovisuel et
le digital.

Par Charles de Laubier

Les actionnaires du groupe Lagardère SCA – société en commandite par actions, dont Arnaud Lagardère (photo) est le gérant (1) – sont convoqués à la prochaine assemblée générale annuelle qui se tiendra le 3 mai au Carrousel du Louvre à Paris. Il s’agira notamment pour eux d’approuver les comptes consolidés de l’exercice 2017, lequel affiche un bénéfice net
de 178,8 millions d’euros, en hausse de 1,8 % sur un an, pour un chiffre d’affaires en baisse, lui, de 4,4 % à un peu plus de
7 milliards d’euros. Lors de cette grand-messe de ce groupe diversifié et de médias coté en Bourse, il sera proposé de leur verser un dividende unitaire de 1,30 euro par action, un niveau identique à celui de l’année précédente,
soit un montant global maximum pour 2017 d’environ 170,4 millions d’euros sur la base du nombre d’actions composant le capital social à ce jour. C’est toujours bon à prendre, étant donné le contexte incertain dans lequel évolue le groupe d’Arnaud Lagardère.

Médias et audiovisuel : plus que 12,3 % des revenus du groupe en 2017
Depuis la publication, le 8 mars dernier, de ses résultats annuels qui ont quelque peu déçu en termes de rentabilité et de trésorerie, le titre « MMB » – de l’ancien nom de société devenue Lagardère SCA en 1987 – a du mal à se redresser en Bourse après avoir chuté de plus de 7,7 %. Et depuis le pic du 5 mai 2017, l’action a perdu près de
20 %. Pas de quoi pavoiser. Des quatre branches d’activité du groupe – par ordre décroissant de revenus en 2017 : Lagardère Travel Retail (3,4 milliards d’euros), Lagardère Publishing/Hachette Livre (2,2 milliards), Lagardère Active (872 millions), Lagardère Sports et Entertainment (496 millions) –, c’est la troisième qui suscite le
plus d’interrogations et d’inquiétudes. Bien que cette branche historique « médias, numérique et production audiovisuelle » ne pèse plus que 12,3 % du chiffre d’affaires
en 2017 du groupe et ne contribue plus qu’à hauteur de 17,3 % de son résultat opérationnel, Lagardère Active provoque à elle seule un climat anxiogène sur l’ensemble de l’entreprise et une méfiance de la part des investisseurs. En interne d’abord, l’inquiétude est à son comble depuis que le groupe d’Arnaud Lagardère
a lancé une procédure dite d’information-consultation du comité d’entreprise sur
la réorganisation de son activité « médias ».

Arnaud Lagardère préside le pôle « News »
Lagardère Active chapeaute différentes entités telles que Hachette Filipacchi Associés (Journal du Dimanche, Paris Match, Télé 7 Jours, Télé 7 Jeux, France Dimanche, Ici Paris), Lagardère Digital France, Lagardère Publicité Hachette Disney Presse ou encore Plurimédia. Lors d’un comité d’entreprise qui s’est tenu le 20 mars, Denis Olivennes – président de Lagardère Active – a exposé aux représentants des salariés ce qu’il avait déjà présenté le 15 mars aux délégués syndicaux. A savoir : la création de neuf entités indépendantes, dont un pôle « News » présidé par Arnaud Lagardère lui-même et constitué de la radio généraliste Europe 1, des radios musicales RFM et Virgin Radio, ainsi que des hebdomadaires JDD (Journal du dimanche) et Paris Match. Tous les autres titres de presse sont en vente, y compris le magazine hebdomadaire féminin Elle, jusque-là préservé, qui rejoint ainsi – avec ses déclinaisons « décoration » et « à table » – Télé 7 Jours, Télé 7 jeux, France Dimanche, Ici Paris, Public et Webuzz au sein d’un pôle « Presse » en sursis. Les trois autres pôles sont « Télévision » (Gulli, TiJi, MCM, Mezzo, …), dont les chaînes sont aussi à vendre, Lagardère Studios (production et distribution audiovisuelles), et « Pur numérique et BtoB » (Doctissimo.fr, MonDocteur.fr, Doctipharma.fr, Boursier.com, BilletReduc.com, etc.). Ce morcellement de Lagardère Active, qui se recentre ainsi sur la production audiovisuelle et le numérique, n’est pas du goût des salariés. Ils ont voté – « à l’unanimité » de 600 d’entre eux réunis le 16 mars dernier – une motion de défiance à la fois contre la direction de Lagardère Active et contre la direction du groupe Lagardère, et leur projet censé être mené au pas de charge en trois mois.
Choqués et inquiets pour leur avenir, les salariés dénoncent « la brutalité de cet “habillage de la mariée” » et « le montage financier qui doit être réalisé en trois mois afin de pouvoir trouver preneur de l’ensemble de ces nouvelles sociétés (sauf le pôle News) dans le même laps de temps ». Les quelque 3.200 salariés de Lagardère
Active – dont 77 % situés en France – sont échaudés par les plans sociaux successifs. Denis Olivennes a engagé fin 2011 cette mue « médiatique » dans le cadre du projet
« Réinventer Lagardère Active », qui a vu le groupe sortie de la presse magazine à l’international (plus de 100 titres vendus à Hearst) – tout en vendant par ailleurs en 2013 ses participations dans Canal+ et dans le groupe Amaury. Les effectifs de Lagardère Active ont été réduits de 1.000 personnes, auxquels se sont ajoutés plus
de 220 départs volontaires en 2017 chez Télé 7 Jours, Ici Paris et France Dimanche. Auparavant, en avril 2014, Lagardère Active avait déjà cédé dix de ses magazines,
dont huit au français de presse en ligne Reworld Media éditeur de Marie-France (Be, Maison & Travaux, Le Journal de la Maison, Campagne Décoration, Mon Jardin Ma Maison, Auto Moto, Pariscope, Union) et deux au groupe belge Rossel éditeur du Soir (Psychologies Magazine, Première). Le patron de Reworld Media, Pascal Chevalier,
a fait savoir mi-mars (2) qu’il était intéressé à la reprise de titres non seulement de Lagardère mais aussi du groupe italien Mondadori en France (Sciences et Vie, Biba, Grazia, Top Santé). A bon entendeur…
Ces dernières semaines, Lagardère, Mondadori et le groupe Marie Claire (GMC) ont été en discussion en vue d’un éventuel mariage à trois. Mais Arnaud de Contades, directeur général de GMC et arrière-petit-fils de Jean Prouvost, lequel avait créé le magazine Marie Claire en 1937, a fait savoir le 22 mars que son groupe ne participait plus aux discussions avec Lagardère et Mondadori. Et ce, indépendamment du fait que Lagardère détient 42 % de GMC (racheté en 2001 à l’époque à L’Oréal), sans y être impliqué opérationnellement.
Quoi qu’il advienne dans les semaines et mois à venir, les salariés de Lagardère Active ont décidé de se réunir cette année tous les quinze jours en assemblée générale afin d’être tenus au courant des avancées des négociations de ventes ou de fusions. La dernière AG a eu lieu le 27 mars. « L’une des conséquences de cet éclatement est l’éparpillement des élus ; certaines sociétés compteront moins de 50 salariés, sans aucun représentant syndiqué pour les représenter. Une autre conséquence : la dénonciation des accords d’entreprise ; il restera aux élus de réclamer la constitution d’une représentation en unité économique et sociale (UES) », indique le syndicat de journalistes CFDT.

Devenir un leader européen de l’audiovisuel
En purgeant son activité historique dans la presse, héritée de son père Jean-Luc et démarrée avec Hachette Filipacchi (Paris Match, Elle, …) via Matra, Arnaud Lagardère entend se renforcer dans l’audiovisuel (production et distribution), où il compte
« transformer le champion français en leader européen » (dixit Olivennes), ainsi que dans le numérique et la data (3). Après avoir racheté Boomerang TV en Espagne (mai 2015) et de Aito Media en Finlande (octobre 2017), Lagardère Active a annoncé le 12 mars la prise de contrôle de Skyhigh TV aux Pays-Bas. @

Charles de Laubier