Cyril Zimmermann, PDG de Hi-Media : « Taxer tous les acteurs du Net sans distinction risque d’être peu efficace »

Alors que le groupe Hi-Media – régie Internet européenne et opérateur de e-paiement – a présenté le 30 août ses résultats semestriels, son PDG fondateur, Cyril Zimmermann, répond à EM@ sur le développement de ses activités et le ralentissement du marché publicitaire online, ainsi que sur la fiscalité numérique en vue.

Propos recueillis par Charles de Laubier

Edition Multimédi@ : Il y a un an exactement, vous décidiez de ne pas céder votre activité micro-paiement en ligne (Allopass et Hipay). Avec le recul, était-ce la bonne décision sur un marché dominé par iTunes ou Paypal et l’abandon de One Pass par Google ? Comment évolue cette activité ?
Cyril Zimmermann :
Nous n’avions pas à l’esprit de céder notre activité de paiement en ligne, mais nous avions reçu des marques d’intérêt quant au rachat de celle-ci par des tiers. Et pour respecter notre devoir fiduciaire, nous avons examiné toutes les options. Mais cela ne correspondait en rien à une volonté de la société de céder ce pôle. D’ailleurs, la décision de continuer notre stratégie de développement autour de deux plateformes de monétisation de l’audience (publicité et paiement) a été prise unanimement par tous les membres de notre conseil d’administration, où siègent nos principaux actionnaires. L’activité évolue très bien, avec une forte croissance des volumes de transaction et de nombreux nouveaux contrats signés – notamment avec le Leparisien.fr, Lequipe.fr et le GIE ePresse. Nous travaillons également sur l’extension de notre offre vers le paiement par carte bancaire, en plus du micro-paiement (Allopass) et du porte-monnaie électronique (Hipay).

Les smartphones, plus forts que les ordinateurs

En fait. Les 8 et 9 juin se tiendra à Paris (Espace Cardin) la seconde édition de Buzzness Mobile, salon et conférences autour du marketing mobile, du paiement mobile et des solutions mobiles. Quelque 4.000 visiteurs y sont attendus. Reed Business décernera les « Mobile Awards » avec SFR Régie.

En clair. Le mobinautes font plus que jamais l’objet de toutes les convoitises. Les smartphones, longtemps inaccessibles par leurs prix, sont en train de se généraliser
et deviennent la cible publicitaire et marketing des annonceurs (1). Et ce, malgré la perspective de la contestée taxe Google de 1% prévue le 1er juillet sur la publicité en ligne. Selon une étude publiée le 19 mai par l’Association française du multimédia mobile (AFMM), les services mobiles en France ont généré plus de 1,2 milliard d’euros en 2010 – dont 800 millions dans la distribution de contenus ou de services via les téléphones portables et 430 millions dans la relation client, le marketing et la publicité mobile. Grâce aux smartphones et aux « applis », le Syndicat des régies Internet (SRI) a indiqué que la « m-pub » a fait un bond de 23 % en 2010, à 27 millions d’euros sur
le marché français (2) où l’on compte 63 millions d’abonnés mobile – dont près de 30 millions « multimédias ». Selon le cabinet d’études britannique Enders Analysis, les dépenses moyennes pour une campagne de publicité mobile vont de 11.500 à 15.500 euros au Royaume-Uni, contre 7.500 euros et 11.500 euros en France, en Allemagne, en Italie et en Espagne. Aux Etats-Unis, ces dépenses moyennes atteignent 75.000 euros et au-delà en Asie. C’est dire le potentiel de croissance. Au niveau mondial, l’Idate prévoit que la m-pub représentera 14 % de la publicité en ligne en 2014 – soit
12 milliards d’euros. La publicité vidéo « in-stream » sur mobile prend de l’ampleur : d’après la régie publicitaire AdVideum qui publie un baromètre, plusieurs campagnes vidéo sur ce mois d’avril ont été accompagnées d’une campagne mobile. Et selon
une étude de Nielsen, les annonces sur iAd (plateforme de publicité mobile d’Apple) s’avèrent deux fois plus efficaces que celles diffusées à la télévision. Il en irait de
même sur AdMob de Google. Le salon Buzzness Mobile va ainsi démontrer que le smartphone – bien plus que les ordinateurs ou les tablettes – est, grâce à la géolocalisation, le média permettant de cibler, d’informer, de fidéliser ou de faire payer l’internaute là où il se trouve. Et selon nos informations, Médiamétrie va d’ailleurs intégrer pour fin juin les audiences mobiles – aux côtés de celle de l’Internet, de la télévision, de la radio, de l’affichage et de la presse – dans son étude annuelle cross media. Et en fin d’année, Médiamétrie prendra en compte le WiFi dans l’audience mobile. @

Les ambitions mondiales de la régie Hi-media

En fait. Le 23 mars, le groupe Hi-media a publié ses résultats annuels 2010 : perte nette de 59,2 millions d’euros en raison de dépréciation d’actifs. Mais son chiffre d’affaires est en hausse de près de 30 %, à 222 millions d’euros grâce à la publicité en ligne (48,6 %) et à l’activité de paiement en ligne.

En clair. Un vent de reprise économique souffle sur l’Internet et son marché publicitaire
en ligne, alors que l’Irep (1) et France Pub ont indiqué, le 15 mars, que les bannières et
les spots publicitaires (« display ») s’affichant sur le Web ont généré sur l’Hexagone
540 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2010, en hausse de 12 %. Après une année 2009 calamiteuse qui s’est soldée par une baisse de – 6,5 %. Hi-media, quatrième régie de l’Internet français derrière celles de Google, Microsoft et Orange, profite de cette embellie après une période difficile de restructuration. Il y a deux ans, en septembre 2009, le groupe dirigé par Cyril Zimmermann avait fait l’acquisition de la régie online allemande AdLink Media, désormais intégrée. Mais non sans mal. Des dépréciations d’actifs ont été enregistrés à hauteur de 65,9 millions d’euros, a cause principalement du réseau social Fotolog en Espagne et Amérique latine. Présent dans neuf pays européens (dont l’Italie, les Pays-bas, l’Allemagne, …), ainsi qu’aux Etats-Unis et au Brésil, le groupe Hi-media emploie plus de 500 personnes. Créé en 1996,
il est coté depuis dix ans à la Bourse de Paris. Depuis fin 2010, Hi-media cherche à céder ou à nouer un accord sur son autre activité, en croissance à deux chiffres : le paiement en ligne, avec sa plate-forme Allopass et son porte-monnaie électronique Hipay. Près de 300.000 sites web utilisent Allopass et génèrent près de 10 millions de transactions par mois, via téléphones mobiles, cartes de crédit, serveur vocal, facture d’accès Internet, cartes prépayées etc. C’est NIBC Bank qui est en charge d’étudier
la cession ou des partenariats (2). Une décision devait être prise à la fin de ce premier trimestre mais elle est reportée à juin. Cette cession permettrait à Hi-media de se renforcer dans la régie Internet – notamment en Europe. En France, le réseau publicitaire de Hi-media, ou « AdNetwork » (3), a enregistré sur le mois d’octobre 2010 (derniers chiffres « display » publiés par Médiamétrie) quelque 27 millions de visiteurs uniques. Ce qui correspond à 67,3 % de couverture, par rapport à la population active. Parmi ses clients, Himedia compte par exemple RTL Net qui édite les sites web
de RTL, RTL2 et Fun Radio. Rappelons, par ailleurs, que le groupe Hi-media avait été candidat, fin 2009, à la reprise de 70 % de France Télévisions Publicité en partenariat avec Orange, jusqu’à ce que Lov Group et Publicis n’entrent en négociation exclusive, interrompue en septembre dernier. @