« Europe 2020 » : un marché numérique pour tous

En fait. Le 3 mars, la Commission européenne – présidée par le Portugais José Manuel Durão Barroso, réinstallé depuis le 10 février – a lancé la « stratégie Europe 2020 ». Parmi les sept initiatives phares fixées : « une stratégie numérique pour l’Europe », avec du haut débit pour tous en 2013.

En clair. La stratégie de Lisbonne lancée en 2000 est morte. Vive la stratégie Europe 2020 ! La première n’a pas donné tous les résultats escomptés ; la seconde promet de
la croissance sur un marché unique plus harmonisé. Ce nouveau plan décennal a déjà
fait l’objet d’une consultation publique qui s’est achevée le 15 janvier dernier. Les nouvelles ambitions des Vingt-sept passent notamment par un « marché numérique unique basé sur l’Internet à haut et très haut débit et des applications interopérables », avec trois objectifs : un accès à l’Internet haut débit pour tous en 2013, un accès à l’Internet à des débits beaucoup plus élevés (« 30 Mbits/s ou davantage ») pour tous en 2020, et des connexions Internet « à plus de 100 Mbits/s » pour au moins la moitié des foyers européens en 2010 également. Sans attendre, l’exécutif a par ailleurs lancé dès
le 2 mars une consultation publique – jusqu’au 7 mai prochain – pour préparer l’élargissement du « service universel » à l’Internet haut débit (1) et alimenter le débat, avec une réunion publique prévue le 30 mars à Bruxelles. L’Internet haut débit universel serait une garantie pour tous les Européens d’y accéder à prix réduit, jusque dans les zones rurales ou isolées. La nouvelle équipe Barroso – en place du 10 février 2010 au
31 octobre 2014 – va surtout devoir créer les conditions d’« un véritable marché unique pour les contenus et les services en ligne ». C’est la tâche qui incombe à la commissaire européenne Neelie Kroes, passée du portefeuille Concurrence à celui du Numérique (2) (*), en remplacement de Viviane Reding. Pour y parvenir : l’Europe doit se doter d’un « cadre juridique stable pour stimuler les investissements (notamment par le recours aux fonds structurels de l’Union européenne) dans une infrastructure Internet à haut débit ouverte » et d’une « politique efficace du spectre » des fréquences (diffusion numérique 3G/4G, TNT, TV sur mobile, etc).
Les réformes à venir de la société de l’information suppose, pour la Commission européenne, « des niveaux élevés de sécurité et de confiance, un cadre réglementaire équilibré avec des régimes de droits clairs, l’octroi de licences multiterritoriales, la protection et la rémunération adéquates des détenteurs de droits et un soutien actif à la numérisation du riche patrimoine culturel européen, et la conception d’une gouvernance mondiale de l’Internet ». @

La TV par ADSL et le multimédia 3G s’imposent

En fait. Le 2 février, l’Autorité de régulation des communications électroniques
et des postes (Arcep) publie son observatoire des marché des services télécoms portant sur le troisième trimestre 2009. La télévision sur ADSL et le multimédia mobile via la 3G prennent de l’ampleur.

En clair. Près de la moitié des abonnés à un accès ADSL – lesquels représentent 94 % des abonnements haut débit en France – ont la possibilité de recevoir par leur ligne de cuivre téléphonique des chaînes de télévision. Pour la première fois, le seuil des 45 % des abonnements ADSL ayant la télévision a en effet été franchi au 30 septembre 2009
(à 45,1 % précisément). Autrement dit : sur les 18 millions d’abonnés à un service triple play par le réseau téléphonique, ils sont maintenant un peu plus de 8 millions à être
« éligibles » pour pouvoir recevoir la télévision. Cela représente une augmentation de
44,1 % sur un an, soit 2,5 millions d’abonnements supplémentaires. A ce rythme les 50 % ont dû être atteints à la fin de l’an dernier. Mais il faudra attendre jusqu’au 4 mai prochain pour en avoir la confirmation auprès de l’Arcep. Pour l’heure, son observatoire des marchés des services télécoms nous apprend aussi que le seuil des 20 millions de clients mobiles (abonnés ou prépayés) utilisant des services multimédias mobiles a été franchi pour la première fois là aussi (à 20,755 millions précisément). C’est-à-dire que 35 % de l’ensemble des clients des opérateurs mobiles en France – Orange, SFR, Bouygues Telecom et les MVNO (1) – sont des mobinautes actifs, dans le sens où ils ont utilisé « au moins une fois sur le dernier mois » un service multimédia de type Wap, i-Mode, MMS (mais pas SMS) ou encore e-mail. Cependant, tous ne sont pas dotés de la 3G. Cette technologie mobile de troisième génération – dont les services ont été lancés en premier par SFR en novembre 2004 – dépasse quand même après cinq ans d’existence les 15 millions de clients grâce à une croissance sur un an de 65 % (à 15,4 millions exactement, soit seulement un quart des clients mobiles). Grâce à la 3G, ceux-là ont pu accéder « au cours des trois derniers mois » à des services aussi bien voix que visiophonie, télévision sur mobile ou encore transfert de données. Quant aux cartes
« SIM (2) Internet », entendez les cartes « PCMCIA » ou clés « USB » 3G ou 3G+ insérées dans des ordinateurs portables ou mini-PC pour se connecter au réseau et surfer sur le Web (3), elles sont en plein boom puisqu’elles continuent de doubler au troisième trimestre : + 114 % à 1,756 millions d’unités. L’Internet mobile est en marche. @

Financement du très haut débit : entre initiative privée et intérêt général

lA l’heure où le Parlement vient d’adopter le projet de loi contre la fracture numérique, les projets de réseaux très haut débit se multiplient, à l’image
de celui lancé dans les Hauts-de- Seine . D’autres « services d’intérêt économique général » (SIEG) de ce type pourraient suivre.

Par Hervé Castelnau (photo), avocat associé, et Silvain Fock-Yee, avocat à la Cour, Norton Rose LLP

Les projets et déclarations de financement public des réseaux de très haut débit se multiplient en France. Les 2 milliards d’euros du grand emprunt destiné aux réseaux très haut débit (1) vont contribuer au plan national du très haut débit, dont la présentation par le président de la République est attendue au cours du mois de décembre.
Ces infrastructures très haut débit, dont la fibre optique est emblématique avec ses 100 Mbits/s, sont perçues comme essentielles pour prévenir une « fracture numérique » entre les territoires, tant au plan européen que national. L’adoption définitive du projet de loi contre la fracture numérique est justement intervenue le 10 décembre au Sénat.

Les quatre critères « Altmark »
Nombre de ces projets de financement devront, par leur importance budgétaire et économique, passer par le contrôle de la Commission européenne avant toute mise
en oeuvre, afin de vérifier qu’ils ne viennent pas indûment supplanter les initiatives
des acteurs privés sur le marché concerné. Soucieux « d’augmenter la sécurité juridique et la transparence de sa pratique décisionnelle », l’exécutif européen a publié fin septembre une série de lignes directrices pour l’application des règles relatives aux aides d’état en matière de déploiement des réseaux de communication à haut débit (2). Heureux hasard des calendriers, il a communiqué le jour même sur sa décision en faveur du financement public de 59 millions d’euros du projet de déploiement d’un réseau de très haut débit dans les Hauts-de-Seine, précisant que ce projet « était conforme aux critères “Altmark” et aux lignes directrices sur les réseaux à hauts
débits » (3). Il s’agit d’une exception en matière de financement, plus connue sous le vocable « Altmark », du nom de l’arrêt topique de la Cour de Justice des Communautés européennes (CJCE) qui a défini les critères applicables pour qu’un service d’intérêt économique général (SIEG) ne relève pas du régime général des aides d’état (4).
Dans quelles conditions l’Union européenne avalise-t-elle ces financements au regard
de cette exception ? Dans ses lignes directrices, la Commission européenne rappelle
que la CJCE a posé quatre conditions pour qu’un financement public à un opérateur
(ou groupement d’opérateurs) soit considéré comme relevant d’un SIEG et ne soit pas soumis aux contraintes du régime général des aides d’état : l’entreprise bénéficiaire
du financement doit être formellement investie d’une mission de service public dont les obligations sont clairement définies ; la compensation que représente le financement public doit être définie à l’avance et de façon transparente et objective ; la compensation ne peut dépasser ce qui est nécessaire pour couvrir tout ou partie des coûts occasionnés par l’exécution du SIEG ; le choix du bénéficiaire doit être effectué dans le cadre d’une procédure de marché public ; à défaut, la compensation octroyée doit correspondre aux coûts qu’une entreprise comparable et bien gérée aurait encouru pour exécuter les obligations issues du SIEG.

« Le réseau de très haut débit financé dans le
cadre d’un service d’intérêt économique général (SIEG)
doit présenter des critères de neutralité et d’”universalité“. »

Définition d’un « SIEG »
Si la jurisprudence a reconnu aux états membres un large pouvoir d’appréciation pour définir ce qu’ils considèrent comme un SIEG, cette définition reste néanmoins soumise au contrôle dit « d’erreur manifeste » de la Commission européenne (5) qui entend clairement se réserver l’opportunité de faire évoluer ses lignes directrices au fil des projets qui lui seront soumis. Et d’indiquer que, si son degré de contrôle reste assez souple et laisse aux états membres une grande marge d’appréciation pour déterminer ce qui relève d’un SIEG, cette détermination ne pourra être effectuée de manière arbitraire et devra « présenter certaines caractéristiques spécifiques par rapport à des activités économiques ordinaires ». Les financements réseaux de très haut débit
ne pourront, en principe, être qualifiés de financement de SIEG s’ils se rapportent à
des zones où, d’une part, les investisseurs privés ont déjà investi dans une infrastructure de réseau haut débit (ou sont en train d’étendre leur réseau d’infrastructure) et, d’autre part, ces investisseurs privés fournissent déjà des
services compétitifs d’accès au haut débit. Cette position n’est cependant pas intangible. Immédiatement après avoir énoncé le principe visant à éviter les distorsions qu’un financement public pourrait causer sur un marché en développement, la Commission européenne définit les contours de possibles exceptions, visant à prendre en considération le caractère urgent du développement du très haut débit sur les territoires européens. Pourraient ainsi constituer des financements de SIEG les soutiens financiers qui se rapportent à une zone, où des investissements privés ont
déjà investi dans une infrastructure et fournissent des services d’accès au haut débit,
si certaines conditions sont remplies.
En premier lieu, la démonstration d’une possible défaillance à moyen terme des investissements privés ; par ailleurs, des conditions tendant à la définition du périmètre
et à la pertinence du SIEG ; enfin, des conditions tenant à la « neutralité » du réseau.

Source de réelles frictions
Les lignes directrices précisent qu’un financement de SIEG peut être constitué, même en présence d’investissements privés et d’offres d’accès haut débit, si les autorités publiques peuvent démontrer que les investisseurs privés sur la zone concernée risquent de ne pas être en mesure d’assurer, dans un avenir proche (entendu comme une période de trois ans), une couverture adéquate de l’ensemble des citoyens ou des utilisateurs, pouvant ainsi priver de connexion une partie importante de la population.
L’appréciation de cette condition, par essence « extrapolative », sera rarement aisée
et probablement source de réelles frictions entre, d’une part, les investisseurs privés présents sur le marché et, d’autre part, le bénéficiaire du financement et l’entité publique finançant le projet. La Commission européenne requiert en outre que les états membres, dans leur description de la mission du SIEG à financer, s’assurent que le SIEG répond à certains « critères minimums communs à chaque mission de SIEG », qui sont notamment les suivants : la mission de SIEG doit avoir été confiée à l’opérateur bénéficiaire du financement aux termes d’un acte de la puissance publique ; la mission doit avoir un caractère universel et obligatoire. Le réseau de très haut
débit financé dans le cadre d’un SIEG doit présenter les critères de neutralité et
d’« universalité » suivants :
Le réseau devra être destiné à l’ensemble des utilisateurs (privés et professionnels) d’une zone donnée.
Le réseau devra être développé et géré de telle sorte qu’il ne soit pas possible de refuser l’accès à l’infrastructure sur des bases discrétionnaires et/ou discriminatoires ;
L’infrastructure développée dans le cadre du SIEG devra être passive, neutre et librement accessible. Par « neutre », la Commission européenne précise que le réseau très haut débit devra permettre l’utilisation par les opérateurs des différentes technologies disponibles pour fournir leurs services aux utilisateurs finaux (notamment G-PON ou point-à-point).
Le financement public ne devra porter que sur le déploiement d’un réseau assurant une connectivité universelle et fournissant des accès de gros, à l’exclusion de tout financement portant sur des services de détail. Si le bénéficiaire d’un financement devait à la fois proposer l’accès de gros et des services de détail, des « garde-fous appropriés » (pouvant inclure un système de séparation comptable, la constitution d’entités structurellement et juridiquement séparées, etc.) devront être mis en place pour éviter tout conflit d’intérêt et tout avantage indirect masqué.
Si le réseau financé publiquement est déployé à la fois sur des zones non rentables et sur des zones rentables (qui sont par définition les zones sur lesquelles des investisseurs privés auraient déjà déployé ou envisagé de déployer leur infrastructure dans un proche avenir), le financement devra couvrir uniquement les coûts de déploiement d’une infrastructure dans les zones non rentables. Des mécanismes de contrôle et de récupération appropriés devront être mis en place pour éviter les risques de surcompensation. Ce risque pourrait être réduit si la compensation était octroyée dans le cadre d’un appel d’offres (en option parmi les critères « Altmark »), dans lequel les candidats se verraient notamment demander de détailler, zone par zone, les recettes attendues et le montant estimé de compensation correspondant nécessaire pour réaliser la mission de SIEG. @

Un « petit » 2 milliards pour le très haut débit…

En fait. Le 19 novembre, la commission Rocard-Juppé a remis son rapport
« Investir pour l’avenir » au président de la République. Sur les 35 milliards
d’euros du grand emprunt qu’investira l’Etat en 2010, la fibre optique, les
solutions satellitaires et le très haut débit mobile obtiennent 2 milliards.

En clair. C’est trop peu ! Rien que pour couvrir l’Hexagone d’un réseau national de fibre optique qui n’exclut personne de l’accès à 100 Mbits/s, l’effort d’investissement devrait atteindre les… 40 milliards d’euros sur 10 ans (1). Avec 5 % seulement de contribution du grand emprunt, la fracture numérique risque de perdurer. La secrétaire d’Etat à l’Economie numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet espérait de la commission Rocard-Juppé jusqu’à 5 milliards. L’Association des régions de France (ARF) avait, elle, estimé le montant de la facture de déploiement de la fibre à 30 milliards. « Les 2 milliards vont nous servir d’effet de levier » a déclaré NKM le jour de la remise du rapport. Rien que
1 milliard d’euros permettraient de raccorder en fibre près de 5 millions de foyers, du moins sur les territoires moins denses en population (les fameuses zones 2 et 3). Mais le très haut débit ne se limite pas au réseau fixe. La 4G – quatrième génération de mobile – bénéficiera elle aussi du coup de pouce. Or les besoins de couverture vont
se chiffrer en plusieurs centaines de millions d’euros pour les quatre opérateurs mobile (Orange, SFR, Bouygues Telecom et désormais Free Mobile).
« Il convient d’accélérer la transition de la France vers le très haut débit en développant les infrastructures les plus pertinentes économiquement et techniquement (fibre optique, solutions satellitaires, très haut débit mobile…) pour les zones les moins denses (zones 2 et 3) afin de favoriser l’accès, à terme, au très haut débit sur l’ensemble du territoire », ont expliqué les deux anciens Premiers ministres. Ils prévoient une « recherche systématique de cofinancements privés, des collectivités territoriales et de l’Union européenne », mais ne disent pas si l’idée d’un opérateur national de réseau de fibre mutualisé avancée par la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) doit être retenu ou non. Les 2 milliards « très haut débit »,
tout comme les 2 autres milliards destinés aux contenus et usages en ligne
(voir ci-dessous), seront confiés à une Agence pour le numérique. « L’intervention
de ce fonds pourrait prendre la forme, au moins pour moitié, d’investissements en
fonds propres, d’avances remboursables ou de garantie de prêts et, pour le reste, de subventions et de bonification de prêts », ont-ils précisé à Nicolas Sarkozy, lequel dira début décembre ce qu’il compte finalement faire ou ne pas faire. @

La vie en 3D

Hier soir, je me suis demandé comment étaient les films,
les jeux, les vidéos et la plupart des images qui nous entourent aujourd’hui, avant la généralisation de la 3D. J’imagine que c’était un peu comme à la fin du vingtième siècle, quand nos parents, baignés d’images en couleur, visionnaient avec nostalgie les hésitations d’Ingrid Bergman prisonnière d’un Casablanca en noir et blanc.
La 3D fait partie de ces inventions qui nous ont fait rêver
si longtemps. Contrairement à l’Internet qui est apparu presque d’un seul coup au tournant des années 1990, la 3D nous vient du fond du
19e siècle, dès 1838, avec la naissance de la stéréoscopie, et nous accompagne depuis lors, puisque ce sont 250 films et émissions de télévision qui ont été produits
en 3D tout au long du 20e siècle. Mais durant toutes ces années, ces films ont été relégués, au mieux au rang de curiosités comme La maison de cire (1953) d’André
de Toth, et généralement aux archives de leurs maisons de production, comme ce
fut la cas pour la version 3D du Crime était presque parfait (1954) d’Alfred Hitchcock.

« Depuis peu, la 3D est même
accessible sur des téléviseurs à prix
raisonnables et raccordés à des
réseaux très haut débits. »

 En réalité, la révolution de la 3D n’a véritablement commencé qu’entre 2005 et 2010.
Les films d’animation numérique ont les premiers lancé la course, les dessins animés Pixar démodant d’un seul coup les productions du roi Disney. Le relais a été ensuite pris par les films des grands studios nord-américains qui ont vu dans la 3D une fantastique opportunité pour attirer toujours plus de spectateurs dans les salles et contrer le piratage de leurs productions. D’autres types d’écran, publicitaires cette
fois, dans nos magasins et parfois dans nos rues, commencent à s’animer en trois dimensions. La 3D est même entrée dans nos foyers, via les jeux vidéo, qui ont souvent été le laboratoire des usages futurs. Les joueurs sont désormais au cœur d’univers tellement crédibles qu’il faut de plus en plus de temps pour revenir sur terre lorsque
l’on retire ses lunettes d’immersion virtuelle.
Depuis peu, la 3D est même accessible sur des téléviseurs à prix raisonnables et raccordés à des réseaux très haut débits. Au même moment, l’Internet adoptait la 3D.
En effet, comment choisir sur les boutiques du Web des objets ou des vêtements sans une image la plus réaliste possible et donc en 3D ? Manipuler des objets virtuels, modifier leurs couleurs ou leurs textures, est devenu aussi naturel que de prendre
en main un article dans le rayon d’un magasin. De même qu’il est devenu courant de participer à des réunions et de suivre des séances de formation utilisant les ressources de la télé-présence en 3D. Aujourd’hui, nous sommes ainsi littéralement immergés dans un bain quotidien d’images fixes ou animées en relief. Les porteurs de lunettes, dont je suis, ont enfin un avantage: avoir dans la poche une paire de ces nouvelles générations de lunettes qui, en plus de protéger du soleil ou de corriger la vue, sont capables d’activer une vision 3D instantanée.
Alors que les univers virtuels dans lesquels nous entrons et sortons tout au long de nos journées et de nos nuits sont devenus si réalistes, voilà que nous sommes déjà en train de passer à l’étape suivante avec l’effondrement du « mur numérique ». Désormais les objets en 3D de l’espace virtuel sortent de nos ordinateurs et viennent nous rejoindre
dans le monde réel. Les imprimantes 3D, apparues au début des années 2000, réalisent des copies en trois dimensions, de cartes, de maquettes, de sculptures,
de bijoux…
Nous pouvons ainsi disposer chez nous d’imprimantes qui, telles de véritables micro usines personnalisées (Fabber ou Fab Lab, pour fabrication laboratory), nous permettent de faire apparaître à volonté, tels des démiurges antiques, une multitude d’artéfacts. @

Jean-Dominique Séval*
Prochaine chronique “2020” : La presse en ligne
* Depuis 1997, Jean-Dominique Séval est directeur marketing
et commercial de l’Institut de l’audiovisuel et des télécoms
en Europe (Idate). Rapports sur le sujet : « Web 3D »
par Vincent Bonneau et « Vidéo 3D »
par Samuel Ropert www.idate-research.com