France Télévisions renonce à un budget numérique de 125 millions d’euros en 2015

Sur fond d’échec de rentrée sur l’avant 20 heures (access prime time) et de réduction de ses effectifs, France Télévision espère rebondir avec une « 6e chaîne » – celle de la télévision délinéarisée et connectée. Et ce, malgré à peine 2 % du budget total du groupe alloués au numérique.

Par Charles de Laubier

BPSelon nos informations, le budget numérique de France Télévisions pour 2014 devrait rester autour de 60 millions d’euros. La perspective d’atteindre 125 millions d’euros en 2015 est désormais écartée. « Le budget numérique 2014 n’est pas arrêté mais la perspective du COM précédent à 125 millions d’euros n’est hélas plus en ligne de mire », nous a indiqué Bruno Patino (photo), directeur général délégué aux programmes, aux antennes et aux développements numériques du groupe public de télévisions.

Chaînes TV : les survivantes

Pendant des années, les professionnels de l’audiovisuel
ont joué à se faire peur, attendant que se reproduise pour la télévision le même scénario noir qui emporta les majors de la musique. Ce syndrome aurait pu entraîner une décroissance des services linéaires et de leurs services
de rattrapage, de – 4% par an sur plus d’une décennie, faute de services à la demande arrivant à compenser
cette baisse. Un tel scénario aurait été le résultat d’une combinaison de facteurs négatifs : piratage massif impossible à endiguer, succès des programmes gratuits et de Pay-TV à faible prix,
et surtout basculement de la consommation de TV linéaire vers la consommation à
la demande. Et ce, sans augmentation du temps total consacré à la vidéo.

« La TV linéaire a bien baissé de – 1 % par an entre
2013 et 2025, tandis que les services à la demande ont progressé de près de 20 % par an sur la même période. »

Publicité : fin de la prime au leader

Finalement, la bonne nouvelle pour la télé, c’est qu’elle a su s’adapter à Internet sans connaître tout à fait le sort, parfois fatal, de la plupart des autres contenus numériques. Ce super média qu’est la télévision bénéficiait d’une armure protectrice connue sous le nom de « prime au leader »,
cette différence constatée entre la part d’audience des chaînes leaders et leur part du marché de la publicité TV
en valeur, laquelle lui est souvent très supérieure. C’est ainsi que la puissance médiatique des chaînes historiques leur a longtemps permis de pratiquer des tarifs supérieurs à ceux des outsiders et de générer des revenus plus importants comparativement à leur audience ou au volume de publicité qu’ils diffusaient. Ainsi, en France, la chaîne TF1, qui enregistrait une part d’audience moyenne de 23 % sur l’année 2012 (en forte baisse par rapport aux années précédentes), captait 42 % du marché de la publicité TV en valeur. De la même façon, ITV, la première chaîne privée au Royaume-Uni en termes d’audience, captait 43 % du marché publicitaire en valeur pour une part d’audience de seulement 16 %.

« Si la pub TV a fait la preuve de son efficacité,
c’est sa notion même qui a perdu de son sens.
Les spots sont désormais distribués en même
temps en live ou en catch up. »

Le CSA autorise TDF à expérimenter la diffusion multimédia mobile (B2M) sur la TNT

Selon nos informations, le CSA a autorisé TDF et ses partenaires du consortium B2M à expérimenter durant deux mois la diffusion audiovisuelle en DVB-T/T2 d’un bouquet de services multimédias (télévision, VOD, Catch up, presse, …) via un réseau de type broadcast, comme celui de la TNT.

ArchosC’est une révolution technologique à laquelle le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a donné son feu vert lors de sa séance plénière du 9 avril dernier.
Un an après avoir enterré la télévision mobile personnelle (TMP), en retirant les autorisations à seize éditeurs de chaînes de télévision délivrées en 2010 faute de modèle économique pour financer le réseau hertzien (1), le régulateur vient en effet d’autoriser TDF à expérimenter durant deux mois un projet encore plus ambitieux : B2M (Broadcast Mobile Multimedia).

Pourquoi M6 tourne le dos à la VOD par abonnement

En fait. Le 26 mars, Nicolas de Tavernost, président du directoire de Métropole Télévision (groupe M6), était l’invité de l’Association des journalistes médias (AJM). Il a exprimé son scepticisme à propos de la vidéo à la demande par abonnement
– ou SVOD – et écarté toute plate-forme commune avec TF1 et Canal+.

En clair. « Il n’y aura pas de plate-forme commune de SVOD [entre M6 et TF1] », a affirmé Nicolas de Tavernost. Et d’ajouter : « Je n’ai pas besoin de lui [Nonce Paolini, PDG de TF1] pour me développer ». Pourtant, en janvier dernier, il s’était montré ouvert
à un partenariat avec TF1 pour lancer une offre commune de VOD par abonnement. Quelques jours plus tôt, le patron de TF1 avait considéré que c’était « une idée intéressante » (1). Il s’agissait surtout de préparer la contre-offensive face à l’arrivée prévue en France d’Amazon (Lovefilm) et de Netflix, voire des Apple TV. La bataille tarifaire que se livrent sans merci les deux groupes sur le marché de la publicité télévisée, semble avoir eu raison de leurs velléités de discussions.
Pour Nicolas de Tavernost, « la SVOD, c’est comme la TMP [télévision mobile personnelle], dont on disait qu’elle sera à la télé ce que le transistor fut à la radio : on
en parle beaucoup mais avec peu de succès ! ». Le marché de la vidéo à la demande
par abonnement est, selon lui, « un marché très difficile » qu’il faut laisser à de « grands acteurs plus forts ».
« La SVOD n’est pas l’eldorado de la télévision gratuite. C’est plutôt un métier de télévision payante. Nous avons abandonné le marché de la télévision payante en sortant de TPS [en 2006] », a expliqué Nicolas de Tavernost. Et d’ajouter : «La SVOD n’est pas un objectif majeur pour M6. Comment pourrions- nous faire la différence sur la SVOD. C’est éventuellement pour nous un marché de niche ».
Ainsi, pour 7,99 euros par mois via la Xbox Live (Microsoft), la Freebox, la box de SFR
ou sur la TV d’Orange, le Pass M6 propose- t-il uniquement des séries américaines et françaises où la sixième chaîne revendique « un avantage ». Il s’agit en fait d’un service complémentaire à M6 Replay (2) qui s’insère mieux dans la stratégie de télévision gratuite du groupe Métropole Télévision puisqu’il s’agit de visionner des contenus de la chaîne gratuitement jusqu’à sept jours après leur diffusion à l’antenne. Alors que le Pass M6 donne un accès par abonnement aux saisons précédentes des séries TV et aux épisodes de séries américaines le lendemain de leur diffusion dans leur pays d’origine. « Le replay est rentable et nous allons bientôt proposer de nouveaux services, gratuits. Car le payant est toujours trop cher ! », a indiqué Nicolas de Tavernost. @