Extinction totale de la TV analogique : J-2 ans

En fait. Le 30 novembre 2011, c’est-à-dire dans deux ans jour pour jour, marquera le jour de l’extinction définitive de toute diffusion télévisuelle en mode analogique sur l’ensemble de la France. La télévision numérique terrestre (TNT) sera accessible à 95 % de la population, les 5 % restants auront le satellite.

En clair. Le compte à rebours a commencé. Il ne reste plus que deux ans pour faire passer toutes les 36.000 communes de l’Hexagone au signal numérique. Ces basculements se feront région par région, à commencer par l’Alsace le 2 février 2010, suivie de la Basse-Normandie le 9 mars prochain, et ainsi de suite au rythme de une région par mois (Pays de Loire, Bretagne, Lorraine, Champagne-Ardenne, etc.). Quant à la région parisienne, elle basculera totalement le 8 mars 2011. Les Dom-Tom fermeront la marche. Alors que le taux de couverture de la population métropolitaine par la TNT atteint actuellement environ 90 % (88 % précisément l’été dernier), la loi Télévision du futur du 5 mars 2007 (1) a fixé un seuil de couverture de la TNT au 30 novembre 2011 : 95 % de la population capable de réceptionner par voie hertzienne les chaînes numériques avec l’antenne râteau habituelle sur le toit… Pour les autres, l’écran noir ? Lors d’une audition à l’Assemblée nationale fin octobre, l’un des membres du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), Alain Méar, avait indiqué qu’il était  « plausible » que 500.000 foyers français situés dans les zones d’ombre (montagnes, plaines isolées…) se retrouveraient sans télévision dans deux ans. Les députés avaient pris connaissance du fait que 1,3 million de foyers pourront – selon Télédiffusion de France – se retrouver à partir de 2010 (dans les premières régions ayant basculé) et surtout fin 2010 (extinction totale partout) face à un écran noir. Cela dépendra aussi de la puissance des émetteurs qui, s’ils étaient renforcés, permettraient de ramener les “hors champs” à 150.000 foyers. Face à cette inquiétude, le président du CSA, Michel Boyon, est monté au créneau pour dénoncer les informations de TDF. « Personne ne restera à l’écart », a-t-il promis dans une interview accordée le 22 octobre au « Dauphiné Libéré ». Et de mettre les points sur les « i » : « Il ne faut pas se laisser intoxiquer par des entreprises qui ont intérêt à répandre la peur de l’écran noir pour inciter à la signature d’un contrat d’installation d’un émetteur numérique. » Plus de 300 millions d’euros seront consacrés à l’information et à l’aide aux téléspectateurs (2), les chaînes historiques étant appelées par le Premier ministre, François Fillon, à contribuer au fonds d’aide à la TNT. En attendant la TNT en haute définition en 2015… @

Contenus numériques : risque de cannibalisation des offres traditionnelles

 l’occasion de la 31e édition des journées internationales de l’Idate, « Digiworld Summit » des 18 et 19 novembre à Montpellier, son directeur général adjoint,
Gilles Fontaine, 
explique à Edition Multimédi@ les effets de la migration des contenus vers Internet.

La bataille des contenus numériques est engagée. Mais comment évolue réellement aujourd’hui le marché mondial des contenus numériques et des médias par rapport aux tuyaux qui régentaient quasiment seuls Internet ces dernières années ? C’est ce que nous avons demandé à Gille Fontaine, le directeur général adjoint de l’Idate (1). « Il n’est pas certain que le poids relatif des contenus dans le marché global de la communication électronique doive progresser », répond-t-il. Pour l’heure, le marché des contenus – de l’ordre de 200 milliards d’euros au niveau mondial – représente 70 % de celui des services télécoms. « Moins de 6 % de ce marché provient de la distribution sur Internet, avec des écarts très significatifs selon les segments : 15 % pour la musique ou moins de 1% pour le livre », précise-t-il.

La vie en 3D

Hier soir, je me suis demandé comment étaient les films, les jeux, les vidéos et la plupart des images qui nous entourent aujourd’hui, avant la généralisation de la 3D. J’imagine que c’était un peu comme à la fin du vingtième siècle, quand nos parents, baignés d’images en couleur, visionnaient avec nostalgie les hésitations d’Ingrid Bergman prisonnière d’un Casablanca en noir et blanc. La 3D fait partie de ces inventions qui nous ont fait rêver si longtemps. Contrairement à l’Internet qui est apparu presque d’un seul coup au tournant des années 1990, la 3D nous vient du fond du 19e siècle, dès 1838, avec la naissance de la stéréoscopie, et nous accompagne depuis lors, puisque ce sont 250 films et émissions de télévision qui ont été produits en 3D tout au long du 20e siècle. Mais durant toutes ces années, ces films ont été relégués, au mieux au rang de curiosités comme La maison de cire (1953) d’André de Toth, et généralement aux archives de leurs maisons de production, comme ce fut la cas pour la version 3D du Crime était presque parfait (1954) d’Alfred Hitchcock.

« Depuis peu, la 3D est même
accessible sur des téléviseurs à prix
raisonnables et raccordés à des
réseaux très haut débits. »

Les producteurs de films demandent plus à Canal+

En fait. Dans un courrier adressé le 7 octobre 2009 au PDG du groupe Canal+, quatre organisations du cinéma refusent un « réaménagement à la baisse des obligations » de la chaîne cryptée dans le financement des films européens et français.

En clair. Les accords sur le préfinancement des films européens et français par le groupe Canal+, principal bailleur de fonds de l’industrie cinématographique en France à hauteur de près de 200 millions d’euros chaque année, arrivent à échéance en fin d’année. Quatre organisations du cinéma (1) et la chaîne cryptée doivent se retrouver à la table des négociations pour que les obligations de Canal+ soient renouvelées pour trois ans (2010 2012). Problème : la filiale de télévision du groupe Vivendi souhaite « moduler » ses obligations de financement – déclaration de Bertrand Méheut, le PDG de Canal +, au Figaro, le 26 septembre –, afin de prendre en compte la nouvelle concurrence audiovisuelle (TNT, VOD, Orange…). Il a profité d’une réunion « bilan d’étape » le 23 septembre avec les professionnels du cinéma pour « préparer le cinéma à des temps plus difficiles ». Il s’agirait de revoir à la baisse les 12 % du chiffre d’affaires que Canal+ doit verser au cinéma européen et les 9 % aux films français, ainsi que le « minimum garanti » par abonné chaque mois de 3,12 euros et la « prime au succès ». Mais les producteurs de cinéma ne l’entendent pas de cette oreille.

TF1 mise sur la diversification numérique

En fait. Le 23 octobre, la direction de la première chaîne de télévision française annonce par un communiqué laconique que « TF1 et [son DG] Axel Duroux ont décidé de se séparer d’un commun accord pour divergence de vues stratégiques sur la conduite de l’entreprise ».

En clair. Axel Duroux sera resté finalement moins de deux mois à TF1 en tant que directeur général. Reste seul maître à bord Nonce Paolini, à la tête de la chaîne depuis maintenant plus de deux ans. Le « différend » qui les a opposés est étroitement lié à la stratégie numérique à adopter. Pour Nonce Paolini, TF1 doit se diversifier pour compenser la tendance baissière de son audience (passée de plus de 30 % de part de marché il y a deux ans à 26,4 % aujourd’hui) et affronter une concurrence accrue des chaînes de la TNT et du Web. Pour Axel Duroux, TF1 devait au contraire de concentrer sur son métier historique pour retrouver les niveaux d’audience d’antan et ne pas se contenter des résultats actuels. Les deux dirigeants n’étaient pas d’accord notamment sur la diversification dans la radio numérique. En 2008, le groupe TF1 a déposé trois dossiers de candidature qui ont été retenus : LCI Radio, Wat Radio et Plurielles Radio. Au-delà du problème de partage de responsabilités entre les deux numéros un – le management à Nonce Paolini et les programmes à Axel Duroux (1) –, c’est tout l’avenir de TF1 qui est en question. Le système d’oligopole de l’ancien PAF (2) vole en éclats sous l’impulsion de la diffusion numérique et d’une concurrence des nouveaux écrans « délinéalisés ». L’audience télé se fragmente, y compris vers les ordinateurs et les mobiles. Après l’ancien tandem Le Lay-Mougeotte de TF1 qui n’avait pas cru à la TNT, Nonce Paolini veut rattraper le retard en rachetant pour 200 millions d’euros au groupe AB les chaînes gratuites TMC (3) et NT1. La veille de l’officialisation de l’éviction d’Axel Duroux, Nonce Paolini a décrit – lors d’un colloque NPA Conseil-Le Figaro – une « stratégie multi-supports » avec la télévision via le réseau ADSL (ou IPTV), les téléphones mobiles multimédias à l’aide du Player TF1 ou encore MyTF1 – déjà proposé sur la Bbox de Bouygues Telecom – pour des services de vidéo à la demande (VOD) ou de télévision de rattrapage (catch-up TV). Sans oublier les sites web à commencer par TF1.fr, mais aussi le site d’échange Wat ou encore Overblog. TF1, qui a lancé le 9 novembre un nouveau portail d’information – Excessif.com – sur le cinéma, les séries, les DVD et les jeux vidéo, est en passe de devenir un « groupe audiovisuel global » et de « dépasser la seule chaîne de télévision pour gagner la bataille des contenus sur tous les écrans ». @