Terminaux OTT, post-smartphones

Je plonge ma main dans la poche intérieure de ma veste pour m’assurer dans un geste machinal que mon assistant est bien à sa place. Un geste tellement anodin, pour un terminal qui peut paraître presque banal. Pas de révolution technologique époustouflante, si ce n’est son autonomie étonnante, presque illimitée, grâce à un dispositif ingénieux, intégré dans les poches de mes vestes, qui transforme
mes mouvements en énergie. Pour le reste, il est tellement simple, réduit au design minimaliste d’un écran translucide de quelques millimètres d’épaisseur, qu’il est difficile de deviner d’où lui vient cette si grande puissance, d’où lui vient cette capacité à porter autant de fonctions aussi diverses. A tel point qu’on a fini par laisser tomber le terme de téléphone pour le désigner, ainsi que tous les autres dérivés comme mobile phone ou autre feature phone.

« Avec leurs propres terminaux full-OTT,
les acteurs du Net ont bousculé la chaîne de valeur
en court-circuitant les opérateurs de réseaux. »

Paiements sur facture : Free Mobile s’y prépare

En fait. Le 9 avril, l’Association française du multimédia mobile (AFMM) – fondée
en 2005 par les trois opérateurs historiques, Orange, SFR et Bouygues Telecom
– a dressé le bilan 2012 du paiement sur facture des opérateurs fixe et mobile :
le chiffre d’affaires à chuté de 9 % à 265 millions d’euros.

En clair. « Free Mobile a déstabilisé le marché du paiement sur facture », a lancé Nicolas Guieysse, délégué général de l’AFMM, dont Free Mobile n’est pas membre, lors de la présentation des résultats 2012 pour les kiosques SMS+ et Internet+. Le déclin de 9 %
du chiffre d’affaires du paiement sur facture des opérateurs télécoms – hormis Free – est donc en partie imputable à ce dernier. Avec 5.364.000 abonnés mobile conquis au cours de la première année de son lancement, Free Mobile a donc « détourné » bon nombre
de mobinautes de leurs abonnements à des services en ligne sur le kiosque SMS+ (1).
« Lors de leur portabilité vers Free Mobile, des utilisateurs ne se sont pas réabonnés à certains services », a expliqué Nicolas Guieysse. Ainsi, pour la première fois, les revenus des SMS+ (à l’acte ou à l’abonnement) sont passés en 2012 en dessous du seuil des
50 % du chiffre d’affaires total des paiements sur facture. Tandis que la croissance des kiosques « Internet+ box » et « Internet+ mobile » a ralenti. Free, qui ne communique pas ses chiffres, fait de son côté toujours bande à part vis-à-vis de l’AFMM, laquelle fut fondée en 2005 par les trois opérateurs mobiles français historiques (Orange, Bouygues Telecom et SFR), avec le Geste et l’Acsel. Mais cela ne l’empêche pas d’avoir rejoint les trois autres opérateurs sur le kiosque « Internet+ box » (2) pour proposer depuis 2007 le paiement sur facture de la Freebox ou d’Alice, y compris à partir de son smartphone connecté en Wifi.
En outre, depuis mai 2012, Free Mobile propose des services SMS+. Mais concernant le kiosque « Internet+ mobile » (3), c’est-à-dire le paiement sur facture mobile, Free Mobile ne le propose pas encore mais s’y prépare comme l’a annoncé Olivier Gravelle, directeur marketing et commercial de Free : « Internet+ mobile est en cours de développement chez nous. Nous sommes aussi partants pour participer à différentes expérimentations pilotes », a-t-il déclaré. Free Mobile pourrait accompagner l’AFMM qui, pour la première fois, va aller « au-delà des services et contenus numériques » : après l’avoir été expérimenté à Mulhouse et Saint-Mandé, le stationnement par SMS va être étendu
en 2013 à quinze villes puis en 2014 à Paris. Après Belfort, le paiement par SMS des transports urbains (complémentaire au NFC) pourrait être déployé. Quant au don sur facture, il sera testé en juin prochain. @

Internet des objets : la régulation face à la révolution ubiquitaire

Internet est en train de se propager à des milliards d’objets, en plus des presque
2,5 milliards d’humains qui y ont accès à ce jour. Mais cette réalité augmentée
– hyper-connectée – ne va pas sans présenter de risques pour les libertés fondamentales. La question d’une régulation se pose.

Par Rémy Fekete, avocat associé, Gide Loyrette Nouel

Qui a fait référence à Internet des objets en parlant de “la première vraie révolution technologique du XXIe siècle” ? Jean-Luc Beylat, président d’Alcatel-Lucent Bell Labs France. Plus prosaïquement, il s’agit d’un « réseau de réseaux qui permet, via des systèmes d’identification électronique normalisés et unifiés, et des dispositifs mobiles sans fil, d’identifier directement et sans ambiguïté des entités numériques et des objets physiques, et ainsi de pouvoir récupérer, stocker, transférer et traiter, sans discontinuité entre les mondes physiques et virtuels, les données s’y rattachant » (1).

Accord de libre-échange : l’Europe et les Etats-Unis pourraient faire « diversité culturelle » commune

Les négociations pour un accord de libre-échange transatlantique démarreront
« avant les vacances d’été ». L’audiovisuel et la culture, s’affranchissant des frontières via Internet, pourraient en faire partie, malgré l’hostilité des tenants
de l’« exception culturelle », notamment en France.

Economie numérique aidant, les Etats-Unis veulent inclure l’audiovisuel et les industries culturelles dans le prochain accord commercial bilatéral avec l’Union européenne. Mais certains pays des vingt-sept, France en tête, ne veulent pas que les secteurs qui relèvent pour eux de l’« exception culturelle » – à savoir l’audiovisuel et la culture (cinéma, télévision, musique ou encore édition compris) – en fassent partie.

A sept ans, Twitter a-t-il atteint l’âge de raison ?

En fait. Le 21 mars 2006, Jack Dorsey, le PDG cofondateur de Twitter, envoyait le tout premier tweet. Sept ans après ce « gazouillis », le réseau social de microblogs – aux messages limités à 140 caractères maximums – a dépassé les 200 millions d’utilisateurs actifs, sur plus de 500 millions de comptes créés.

En clair. La success story de Twitter à travers le monde est remarquable, mais la maturité de son modèle économique reste encore à démontrer. A l’âge de sept ans, le réseau social de microblogs – dont les « microposts » ne doivent pas dépasser les 140 caractères – n’est pas à l’origine de l’entrée pour la première fois de Jack Dorsey dans
la liste des milliardaires établie par magazine américain Forbes. Loin s’en faut. Et pour cause, selon eMarketer, la start-up californienne ne dépasserait pas les 300 millions de dollars de recettes publicitaires en 2012.
Or, si le cofondateur de Twitter apparaît dans le classement de Forbes publié en mars, avec un patrimoine personnel de 1,1 milliard de dollars, c’est plutôt grâce aux 25 % qu’il détient dans le capital de Square. Cette autre start-up, dont il est aussi cofondateur en 2009 et directeur général, est spécialisée dans le paiement mobile. Bien que son chiffre d’affaires ne soit pas rendu public, Square est valorisé 3,2 milliards de dollars (1). Résultat : Jack Dorsey est le 1.268 e milliardaire au monde et arrive en 392e position aux Etats-Unis. Pourtant, Twitter est bien mieux valorisé que Square : 9 milliards de dollars depuis que le fonds Blackrock a une participation au capital en janvier dernier. Mais la monétisation des 200 millions de « twittos » actifs chaque mois, reste le plus grand défi. Cela passe par l’augmentation de la publicité en ligne et l’expansion internationale de la société, basée à San Francisco. L’ouverture de ses locaux parisiens – prévue au printemps, comme ce fut évoqué avec le maire de Paris, Bertrand Delanoë – illustre bien la volonté de Twitter d’aller chercher sa croissance au-delà des Etats-Unis. En France,
où il compte 5,5 millions d’utilisateurs selon ComScore, le réseau social de micro-messages est en quête d’accords avec des médias locaux, tels que les chaînes de télévision (2), radios ou journaux. L’année 2013 sera aussi celle des vidéos (suite à l’acquisition de Vine) et des photos (après le remplacement d’Instagram) publiées par tweets. Et même de la musique, avec Twitter Music, comme l’affirme Cnet.com le 13 mars. Les tweets multimédias et promotionnels, dynamisés par la publicité sur mobile, permettraient ainsi à l’entreprise de Jack Dorsey de voir son chiffre d’affaires enregistrer une croissance exponentielle face à son rival « social » Facebook. @