Ecole pour Digital Natives

De nos jours, s’il est bien sur toujours possible d’entrer dans une école, il est en revanche plus difficile de pousser la porte d’une classe. D’une classe telle que nous l’avons connue.
La fin de ce lieu éminemment symbolique nous a presque surpris, tant nous étions habitués à son caractère immuable. Eternel. Même si nous savions bien que ses jours étaient comptés, minés par les coups de boutoirs de la révolution numérique, laquelle agissait autant comme un révélateur
des problèmes accumulés par nos systèmes éducatifs à bout de course, que comme une part de la solution permettant de les adapter aux nouveaux enjeux. Il faut dire que notre salle de classe, même si elle n’a pas toujours existé, a été imaginée en plein XVIe siècle, époque de construction des collèges qui regroupaient de grands effectifs et codifia pour longtemps les ingrédients bien connus : une pièce rectangulaire éclairée par des fenêtres idéalement orientées à l’Est pour faciliter la prise de notes, dans laquelle une trentaine d’élèves s’alignaient deux par deux le long d’allées de pupitres faisant face au professeur dispensant des leçons depuis son bureau. Quatre siècles plus tard, c’est encore cette classe qu’un Doisneau fixait sur sa pellicule dans les années 1950 et que nos enfants fréquentaient couramment il y a encore dix ans.

« Le numérique a remis sur le devant de la scène
la question clés de la pédagogie, laquelle devra
être adaptée afin d’éviter les erreurs passées. »

Suspicions d’abus de position dominante des App Stores d’Apple, de Google et consorts

À l’heure où l’App Store d’Apple fête ses cinq ans d’existence et ses 50 milliards d’applications téléchargées, les magasins d’applications sont dans le collimateur, notamment en France : verrouillage des utilisateurs, exclusivité ou fausse protection de la vie privée sont en cause.

Par Katia Duhamel, avocat, cabinet Bird & Bird

Les magasins d’applications sont des plates-formes qui mettent en relation les utilisateurs de terminaux avec les éditeurs de contenus ou de services, lesquels développent des applications. Ces boutiques en ligne permettent de fidéliser une clientèle qui sera de facto captive pour l’obtention d’« applis », ce qui en fait un canal de distribution incontournable pour les développeurs. Ceci explique qu’elles fleurissent : App Store d’Apple, Google Play de Google, App World de BlackBerry ou encore Windows Phone Store de Microsoft, pour ne mentionner que les plus populaires.

La dévalorisation de la presse papier s’accélère face à un numérique tardant à prendre le relais

Valorisé plus de 1 milliard de dollars il y a quelques années, le Washington Post
est cédé à Jeff Bezos – patron d’Amazon – 250 millions de dollars. Ce rachat, annoncé le 5 août, illustre une nouvelle fois la chute interminable de la presse
que le numérique ne réussit pas à revaloriser.

Dans la torpeur de l’été, ce fut une annonce choc : la vente de l’emblématique Washington Post à Jeffrey P. Bezos, le milliardaire fondateur et patron d’Amazon, pour seulement quelques dizaines de millions de dollars. Deux jours auparavant, ce fut à un autre quotidien, le Boston Globe, né lui aussi il y a environ 150 ans aux Etats-Unis,
de passer dans les mains d’un autre milliardaire, John Henry, pour une bouchée de pain (70 millions de dollars).

TDF craint la dévalorisation de ses actifs en France

En fait. Les 7 et 16 août, Reuters révélé la vente de TDF en France pour un montant espéré de 4 milliards d’euros. Mais selon des sources proches du dossier, les offres de reprise n’atteignent pas ce montant pourtant nécessaire afin de « financer le remboursement de 3,8 milliards d’euros de dettes ».

En clair. Les actionnaires de TDF (ex-Télédiffusion de France) – que sont le fonds américain TPG (ex-Texas Pacific Group) à 42 % du capital, le FSI (Fonds stratégique d’investissement) à 24 %, Axa Private Equity à 18 % et le fonds britannique Charterhouse Capital Partners à 14 % – veulent vendre les actifs français tant qu’il en est encore temps. L’opération de cession a été confiée cette année aux banques Goldman Sachs et Rothschild. Car le vent tourne pour le numéro un en France de la diffusion audiovisuelle, encore endetté à hauteur de près de 4 milliards d’euros.
C’est aussi le montant qu’espèrent obtenir les actionnaires pour la vente de TDF France qui pèse pour 53 % des 1,42 milliard d’euros de chiffre d’affaires générés l’an dernier – à fin mars 2012, derniers chiffres connus (1). Mais, d’après Reuters, les propositions de reprise de TDF France faites par des fonds d’investissement (PSP, OTPP, Borealis, AMP Capital, …) ou des opérateurs américains (Crown Castle et American Tower) ne sont pas à la hauteur de leurs attentes. La plus élevée des offres lors de enchères ne dépassant pas 3,7 milliards. Or le temps presse : l’échéance de 2016 pour rembourser l’essentiel de la dette approche. Déjà malmené par le passé avec la télévision mobile personnelle (TMP) qui n’a finalement pas vu le jour en France ou la perte de revenu provoqué par l’extinction plus rapide que prévu de la télévision analogique (en novembre 2011), TDF craint de voir son avenir s’assombrir à nouveau. Après avoir vu son chiffre d’affaires reculer au cours des trois années passées, TDF a encore du souci à se faire avec la télévision qui génère 33 % des revenus : le 9 juillet dernier, TDF et trois autres opérateurs de la TNT (TowerCast, Itas Tim et OneCast) ont alerté le gouvernement « contre le risque d’une dévalorisation du réseau de diffusion de la télévision numérique hertzienne terrestre » par le transfert de la bande des 700 Mhz de l’audiovisuel aux télécoms. Du côté des télécoms cette fois, qui représentent 26 % des revenus de TDF, les négociations exclusives engagées cet été entre Bouygues Telecom et SFR en vue de mutualiser leurs réseaux mobiles n’est pas de bon augure à l’heure de la 4G. Quant à la radio (20 % de son chiffre d’affaires), le retard de la France dans la RNT ne va pas non plus dans le sens des affaires de TDF en France. @

4G et FTTH : les opérateurs ignorent les contenus

En fait. Le 27 août, SFR a lancé sa 4G sur la capitale qui sera totalement couverte en fin d’année comme 54 autres agglomérations. La 4G d’Orange couvrira tout Paris fin 2013 et 50 villes. Bouygues Telecom se lancera le 1er octobre. Free Mobile plus tard. Mais comme le FTTH, les offres 4G ignorent les contenus.

En clair. Comme pour l’ADSL et la 3G vis-à-vis des contenus, les offres FTTH et 4G vantent à leur tour les débits bien supérieurs, les téléchargements plus rapides de vidéos, le streaming en haute définition, les gigaoctets recevables par mois pour les smartphones et tablettes, ou encore les accès illimités aux services de cloud comme le stockage. Grâce à ces performances accrues, le très haut débit est l’occasion inespérée pour les opérateurs et FAI de faire exploser le plafond des 30 euros par mois qui était jusqu’alors
la règle.
Or malgré des prix d’accès à la hausse (sans subvention de smartphone pour la 4G
très haut débit, par exemple), aucune offre de très haut débit n’inclut dans le forfait des contenus comme de la musique ou des films, même en promotions. Dans la musique,
les partenariats entre Orange et Deezer en France, d’une part, et entre Spotify et KPN
au Pays-Bas, d’autre part, sont des exceptions traitées à part. En Grande- Bretagne, Vodafone a bien lancé le 29 août dernier son offre 4G intégrant notamment l’accès à de la musique sur Spotify Premium. Mais cette approche exemplaire reste un cas isolé. Quant à la VOD, elle est toujours aux abonnés absents. C’est comme si les « tuyaux » et les contenus continuaient de s’ignorer. L’absence de contenus dans les forfaits explique peut-être le peu d’engouement pour très haut débit, comme l’illustre le FTTH qui compte – cinq ans après avoir été lancé en France – seulement 365.000 abonnés… La 4G fera-t-elle mieux ? Le haut débit (ADSL et 3G) ignorait déjà les contenus : il n’était en effet pas dans ses habitudes d’intégrer dans le prix de ses forfaits à 29,99 euros par mois l’accès à des contenus. Pourtant, les oeuvres produites par les industries culturelles ont, sans conteste, joué un rôle de « produits d’appel » et contribué au succès du haut débit en France.
Tout juste les opérateurs télécoms et fournisseurs d’accès à Internet (FAI) ont-il dû mentionner sur leurs offres haut débit ADSL et 3G que « le piratage nuit à la création artistique » (1). C’est à se demander si à force de ne pas inclure des contenus dans les offres d’accès, cela n’a pas favorisé le développement du piratage sur Internet. En payant leur accès haut débit tous les mois, les internautes et les mobinautes n’ont-ils pas eu le sentiment d’avoir droit d’accéder ensuite gratuitement à tous les contenus ? @