Vers un risque d’éclatement de la « bulle » Apple

En fait. Le 20 août, la firme de Cupertino a battu le record historique (celui de Microsoft en 1999) en atteignant 623 milliards de dollars en Bourse ! Un niveau jamais atteint de toute l’histoire du capitalisme financier. Mais Apple joue gros
avec le lancement, le 12 septembre, d’un nouvel iPhone « Note ».

En clair. Plus dure sera la chute ? Car l’iPhone, lancé il y a cinq ans maintenant (juin 2007), génère pour la première fois plus de la moitié du chiffre d’affaires total d’Apple – 63,3 milliards de dollars sur les 120,5 milliards générés sur les neuf premiers mois de l’exercice en cours. Cette dépendance de la firme cofondée par Steve Jobs à un seul produit la fragilise de plus en plus. Or, Samsung lui a ravi il y a un an la place de numéro un mondial des ventes de smartphones (1), tout en détrônant Nokia de sa place de numéro un mondial des mobiles toutes catégories. L’iPhone 4S arrive en fin vie et le rythme de renouvellement des smartphones de la marque à la pomme ralentit fortement, en attendant le lancement le 12 septembre de l’iPhone 5, qui pourrait être un iPhone « Note » (à grand écran) pour concurrencer le Galaxy Note de Samsung, qui lance un nouveau modèle (à moins qu’il ne s’agisse d’un mini iPad…). Si Apple jouit encore d’une suprématie dans les tablettes, avec 65 % de parts de marché mondial pour l’iPad (suivi du Galaxy Tab de Samsung à 6 %) selon ABI Research, il n’en va plus de même dans les smartphones. Selon les chiffres publiés par Gartner le 14 août, la croissance Apple sur le marché mondial des mobiles est en stagnation au second trimestre 2012 : « La demande des consommateurs pour des iPhone faiblit », constate Gartner. Et ce, au profit de Samsung qui profite du succès de son Galaxy S3.
Est-ce le commencement de la fin ? Alors que le géant de Cupertino va clôturer à la fin du mois de septembre son année fiscale, les résultats du troisième rendus publics le 24 juillet dernier ont déçu : les ventes de l’iPhone entre avril et juin ont été « inférieures aux attentes » et ont même chuté de plus de 25 % par rapport au trimestre précédent. Attentisme des « iFicionados » ou désamour des « Applemaniacs » ? Le monde verrouillé de l’iOS d’Apple (2), qui détient seulement 18,8 % de parts du marché mondial des systèmes d’exploitation, est de plus en plus abandonné par les mobinautes au profit du monde ouvert Android de Google – lequel s’arroge à lui seul 64,1 % de parts de marché, toujours selon Gartner.
Apple espère retrouver un second souffre dans la télévision, où Steve Jobs n’avait pas réussi à faire décoller son Apple TV. Son successeur, Tim Cook, compte transformer
cet « hobby » (dixit) en une vraie stratégie industrielle avec la future iTV. @

Google prépare son bouquet TV pour l’automne

En fait. Le 6 juillet, Google France a confirmé le lancement d’ici la fin de l’année
de chaînes de télévision thématiques. Mais sans en dire plus que les informations publiées par Le Figaro, lequel parle de 13 chaînes thématiques gratuites lancées en octobre prochain avec différents producteurs.

En clair. « GooTube », pour reprendre l’appellation proposée par Edition Multimédi@
pour désigner la combinaison de la Google TV et de YouTube (1), est en marche. Google prépare le lancement en France de son boîtier de télévision connectée que Sony pourrait commercialiser dès l’automne prochain. Mais cela passe par la production de programmes inédits sur YouTube qui seront ainsi accessibles en ligne.
La filiale vidéo de Google en effet finalise un appel d’offres en France pour sélectionner des producteurs qui recevront chacun entre 500.000 et 1 million d’euros pour créer 20 heures de programmes thématiques par an. « Dans le cas où les recettes publicitaires dépassent ce minimum garanti, elles seront partagées entre l’éditeur de programmes
et YouTube. Dans les contrats en cours de négociation, YouTube imposerait cependant de dépenser la totalité des sommes allouées, ce qui réduit forcément les marges des producteurs », explique Le Figaro, qui cite Endemol, Capa, AuFeminin, Kabo ou encore Troisième Oeil parmi les producteurs retenus. Et c’est en octobre prochain que les 13 premières chaînes thématiques seront lancées. « Les producteurs n’auront pas le droit de commercialiser les programmes sur d’autres supports pendant une durée donnée. Une manière pour YouTube de remettre la notion d’exclusivité au goût du jour », indique encore le quotidien.
Google va aussi s’appuyer sur Disney, News Corp, RTL Group et Time Warner, afin
de disposer d’une offre attractive pour les chaînes thématiques de la Google TV (2).
En mai 2011, Google avait annoncé qu’il consacrerait 100 millions de dollars dans
des contenus audiovisuels originaux pour constituer un bouquet de qualité plus professionnelle sur YouTube. Outre-Atlantique, YouTube Channels propose déjà des dizaines de chaînes, dont certaines drainent plusieurs millions de téléspectateurs.
Lors de l’assemblée générale du Groupement des éditeurs de service en ligne (Geste), le 14 juin, Eric Scherer – directeur de la prospective, de la stratégie et des relations internationales de France Télévisions – s’était inquiété des ambitions télévisuelles
de YouTube : « Avec YouTube qui a pris un virage radical en lançant des chaînes thématiques, dont certaines dépassent déjà en audience des chaînes thématiques classiques aux Etats- Unis, tout le monde peut devenir producteur de télévision ». @

Chronologie des médias : immobilisme et critiques

En fait. Le 13 juillet, le Syndicat de l’édition vidéo numérique (SEVN) en a appelé au gouvernement pour soutenir le marché français du DVD, du Blu-Ray et de la VOD. Il souhaite en outre des « expérimentations » sur la chronologie des médias « visant à la réduction progressive du délai de sortie en vidéo ».

En clair. « Ces expérimentations doivent conduire à la mise en place de dérogations, encadrées mais réellement applicables par les éditeurs, pour des sorties vidéo avant quatre mois », explique Jean Yves Mirski, délégué général du SEVN. Cet appel à des
« expérimentations contractuelles » intervient au lendemain de la réunion interprofessionnelle sur la chronologie des médias qui s’est tenue au CNC (1) le 11 juillet. Les différents intervenants ont finalement décidé qu’il était urgent d’attendre… que soit nommée à partir du 1er septembre la mission élargie confiée à Pierre Lescure. C’est du moins la date fixée par la ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, lors de son audition par la commission des Affaires culturelle de l’Assemblée nationale le 11 juillet, avec un objectif précisé en Conseil des ministres
du 18 juillet d’avoir en mars 2013 des propositions. Cette mission ne se limitera pas
à la question de l’après-Hadopi, mais cherchera à faire émerger de nouveaux modèles de financement de la culture à l’ère numérique. La chronologie des médias, qui n’a pas bougé depuis l’accord de juillet 2009, pourrait ainsi sortir de son « immobilisme » d’ici
la fin de l’année. C’est du moins ce qu’espèrent la Société civile des Auteurs-Réalisateurs-Producteurs (ARP) et la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), non signataires de l’accord, qui veulent des aménagements tels que : ramener la fenêtre de diffusion de la vidéo à la demande par abonnement (SVOD) de 36 à 24 mois, et ne pas attendre 4 mois après la sortie en salle pour proposer en VOD à l’acte des films d’art et d’essai non financés par les chaînes (2). Mais le Bureau de liaison des organisations du cinéma (Bloc) – soit une quinzaine d’organisations du cinéma et majoritairement des producteurs (APC, SPI, SRF, …) – s’y oppose. Pourtant, les critiques se multiplient sur le manque de souplesse des « fenêtres » de financement
du cinéma français. Le président de l’Autorité de la concurrence, Bruno Lasserre, a déclaré le 9 juillet que « deux choses freinent les acteurs américains en France : la langue et la chronologie des médias. (…) Ni Netflix, ni Google, ni Apple ne peuvent dans l’état actuel de la législation française proposer des films récents en VOD ». Quant à la Commission européenne, elle veut la réformer pour l’adapter au « marché unique du numérique ». @

Câble : la révolte des cord-cutters

Selon Pascal, paraphrasant Montaigne : « Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà ». Il en va des réseaux de communication comme des idées et des valeurs humaines : elles varient en fonction de la géographie. C’est encore plus vrai pour les réseaux câblés, dont l’avenir ou pas dépend
du pays dont on parle. L’histoire du câble a commencé aux Etats-Unis, dès 1945, pour pallier la mauvaise réception
de la télévision hertzienne en ville. Son énorme capacité
de diffusion lui a rapidement assurée un succès à la hauteur de la promesse de proposer un grand nombre de chaînes. A tel point que, en 2011,
un téléspectateur américain sur deux accédait toujours à des programmes de télé via
le câble.
En France, c’est une tout autre histoire. Au début des années 80, les premiers réseaux câblés voient le jour sous l’impulsion de la « DGTP », direction des télécoms du ministère des PTT qui lance un « Plan câble » pour raccorder en dix ans 52 villes de France (objectif de 10 millions de prises pour un coût estimé à plus de 3 milliards d’euros). L’échec technique, l’absence de terminaux adaptés, l’insuffisance de programmes diversifiés et le cadre législatif contraignant (interdiction de desservir plus de 8 millions
de foyers) ont fini par tuer le projet dans l’œuf.

« Le câble atteint des taux de pénétration élevés mais arrive à saturation. En Europe, le câble perd même
du terrain, notamment au profit de l’IPTV »

Numericable a un réseau « limité » comparé au FTTH et à l’ADSL, en qualité de service et en débit montant

Eric Denoyer, président de Numericable, a fait le 12 avril dernier l’éloge de son réseau très haut débit qui mise encore sur le câble coaxial jusqu’à l’abonné
après la fibre. Mais une étude et un rapport pointent pourtant les faiblesses
de sa technologie FTTB par rapport au FTTH et même à l’ADSL.

Numericable, l’unique câblo-opérateur national issu de l’héritage historique du plan câble des années 80, n’a-t-il vraiment rien à envier à la fibre jusqu’à domicile (FTTH)
et encore moins à la paire de cuivre (ADSL), comme
l’affirme son président Eric Denoyer ? Interrogé par Edition Multimédi@ sur les performances de son réseau très haut débit, qu’un récent rapport commandité entre autres par l’Arcep (1) considère comme « limitées », il s’est inscrit en faux : « Nous avons certes des standards différents par rapport à nos concurrents, mais nous avons les mêmes capacités. Ce que nous offrons, c’est l’équivalent du FTTH avec la TV en plus. Grâce à la technologie ‘’channel bonding’’, nous obtenons les même caractéristiques que le FTTH d’Orange et de SFR utilisant la technologie GPON ». Le réseau de Numericable a en effet la particularité d’amener la fibre optique uniquement jusqu’aux bâtiments ou immeubles (FTTB), puis de raccorder chaque abonné en câble coaxial. Alors que le FTTH, lui, utilise de la fibre de bout en bout.
Si Numericable est capable de proposer du 100 Mbits/s vers l’abonné comme ses concurrents déployant de la fibre jusqu’à domicile, voire du 200 Mbits/s si la zone
du réseau câblé est éligible, une étude et un rapport affirment que le réseau du câbloopérateur présente des « limites » et des « inconvénients ».