Nicolas Beytout aurait levé 12 sur 15 millions d’euros

En fait. Le 21 novembre, un « propre du dossier » a indiqué à EM@ que Nicolas Beytout, l’ancien PDG des Echos et ex-directeur de la rédaction du Figaro, va pourvoir lancer début 2013 son « Mediapart de droite » – quotidien papier et site web. Il aurait levé 12 millions d’euros sur les 15 millions nécessaires.

En clair. Le projet bi-média de Nicolas Beytout va pouvoir être lancé au début de l’année 2013. Selon nos informations fin novembre, l’ancien PDG du groupe Les Echos aurait
déjà récolté 12 millions d’euros auprès de plusieurs investisseurs, amis et mécènes. Cela représente l’essentiel des 15 millions qu’il doit atteindre pour financer le lancement de son quotidien papier et de son site web d’informations politiques et économiques destinés aux décideurs. Bien qu’il n’ait pas pu boucler cette levée de fonds dès l’été dernier comme il l’espérait, Nicolas Beytout, y parviendrait avant fin décembre. Les deux médias à valeur ajoutée et complémentaires vont faire la part belle aux analyses, commentaires (sur le modèle de la « lex column » du Financial Times), paroles d’experts et enquêtes/investigations. Le site web génèrera l’audience et le quotidien papier ciblera son lectorat CSP++. D’un côté, le quotidien papier haut de gamme d’une vingtaine de pages sera diffusé – dans un premier temps gratuitement – à plus de 10.000 exemplaires auprès de lecteurs très qualifiés. Il sera financé par la publicité et les abonnements. De l’autre,
le site de presse en ligne sera lui aussi haut de gamme, avec une diffusion multi-support (web, édition numérique, application mobile), et donnera de la visibilité à l’ensemble.
Evoqué dès la rentrée, mais avec une certaine confusion sur la périodicité de la version papier, quotidienne ou hebdomadaire (1), le projet bimédia de Nicolas Beytout s’inspire
du quotidien italien Il Foglio qui diffuse non seulement une version print dans certains kiosques ou par abonnement, mais aussi des versions numériques pour ordinateurs, tablettes et smartphones. Le principe rédactionnel de Il Foglio, dont va s’inspirer celui
qui fut directeur de la rédaction des Echos (2) puis du Figaro, consiste à proposer des résumés d’actualités du jour les plus marquantes accompagnées chacune de commentaire et analyse. Les formules d’abonnement vont de un mois (25 euros) à un µ
an (205 euros). Le quotidien italien est également publié le samedi. Il a également déjà
été dit que le site web de Nicolas Beytout serait un « Mediapart de droite ». Le site web d’informations de politique générale fondé par l’ancien directeur de la rédaction du Monde, Edwy Plenel, propose des formules d’abonnement à 9 euros par mois ou à 90 euros pour un an. @

Google et l’AFP planent sur le futur de la presse

En fait. Les 28 et 29 novembre s’est tenue la 6e édition de « La Presse au Futur », salon, conférences et ateliers organisés par Dotevents sur les enjeux – numériques en tête – auxquels sont confrontés les dirigeants des groupes de presse. Mais il y avait deux absents de taille : Google et l’AFP.

En clair. La presse française est dépendante de deux acteurs quasi incontournables. D’un côté, il y a Google News qui référence la plupart des titres de la presse et leur apporte jusqu’à 40 % d’audience pour leurs sites web. De l’autre, il y a l’Agence France Presse (AFP) qui fournit à la plupart des quotidiens et magazines jusqu’à 80 % de la matière première de l’actualité à travers ses fils de dépêches.
Supprimez Google et l’AFP : toute la presse française aurait alors à se remettre en question, en ligne ou sur papier. Sans en arriver là, la presse est aujourd’hui confrontée
à ces deux poids lourds qui ont chacun des ambitions perçues par les éditeurs de presse comme des menaces : le moteur de recherche, lui, s’impose comme l’agrégateur de sites de presse et accroît ainsi sa position dominante dans la publicité en ligne ; l’agence de presse, elle, envisage de partir à la conquête des internautes et des mobinautes pour leur proposer directement des services d’actualité et concurrencer ainsi Reuters, AP ou Bloomberg déjà en ligne.

Révolution sur l’e-Campus

Cette année, le major de promo d’une grande école d’ingénieurs fait la Une des sites d’information. Pourquoi
ce jeune étudiant, qui répond aux interviews exclusivement en visio, défraie-t-il la chronique ? Parce qu’il n’a jamais mis les pieds dans un amphi et a fait l’essentiel de son cursus sans quitter sa petite ville au cœur du Continent africain !
Il est emblématique mais il n’est pas un cas isolé. C’est le résultat d’une dizaine d’années d’ouverture des universités et des écoles aux nouveaux modèles d’enseignements numériques. Des centaines de milliers de jeunes suivent désormais à distance des cours de haut niveau, auparavant réservés à des effectifs bien plus réduits. En sortant de ses murs, l’université a fait un pas de plus vers la démocratisation multiséculaire du savoir. L’histoire technique du e-learning commence, comme souvent, après une longue période de gestation. L’un de tous premiers test fut le fait, au début des années 60, d’une équipe de professeurs en psychologie de l’université de Stanford qui expérimenta un enseignement des maths et de la lecture assisté par ordinateur pour des enfants
en classe élémentaire de Palo Alto.

« La destruction créatrice du Net s’attaque cette fois
– après la musique, la presse, le cinéma, le livre et la télévision – à une citadelle réputée imprenable : le savoir ».

La presse espère être rémunérée par les moteurs de recherche dès 2013 sans être déréférencée

Les éditeurs de presse français se sont inspirés de l’exemple allemand, Lex Google, pour imaginer un projet de loi visant à obtenir une rémunération en échange de l’indexation de leurs contenus par les portails, les agrégateurs et les moteurs de recherche. Mais il y a un risque…

Par Christophe Clarenc (photo), avocat associé, et Elsa Pinon, collaboratrice, August & Debouzy

L’idée d’une taxe rémunérant l’indexation des contenus des sites web des éditeurs de presse européens sur les portails d’information Internet n’est pas nouvelle. Réclamée de longue date par ces éditeurs et relancée par un projet de loi adopté fin août par le gouvernement allemand, une telle taxe pourrait également voir le jour en France.

Présidence du Geste : la presse tient tête à l’audiovisuel

En fait. Le 14 juin le Groupement des éditeurs de services en lignes (Geste) a tenu son assemblée générale annuelle. Contrairement à ce que nous affirmions dans
le n°58 de EM@, ce n’est finalement pas Eric Scherer (France Télévisions) qui en
a été élu président, mais Corinne Denis (Express-Roularta).

En clair. Mea Culpa. L’élection de Corinne Denis à la présidence du Geste – par
un conseil d’administration renouvelé pour plus des deux tiers lors de l’AG – nous
a donné tort. Eric Scherer, directeur de la prospective, de la stratégie et des relations internationales de France Télévisions, était bien candidat à la succession de Philippe Jannet, mais il n’était pas le seul. S’était aussi déclarée Corinne Denis, DG adjointe
et directrice nouveaux médias du groupe Express-Roularta. C’est finalement cette dernière qui a été élue (« assez confortablement », nous dit-on), alors que plusieurs membres s’attendaient à un vote serré. Eric Scherer devient cependant l’un des quatre vice-présidents du Geste. Il nous a dit être « déçu » car il pensait que les enjeux de l’audiovisuel – déjà devenus préoccupation majeure au sein de cette organisation créée
il y a 25 ans (1) – allaient l’emporter sur les préoccupations de la presse historiquement traitées par le Geste. A l’homme de presse écrite qu’est Philippe Jannet (2) – président
du groupement de 2000 à 2012 et artisan de l’ouverture du Geste à la musique, aux jeux en ligne et à la télévision – aurait pu en effet succéder un homme de l’audiovisuel. « Le candidat devra provenir d’un groupe français d’envergure, présent sur tous les écrans », nous avait-on dit en marge de la matinée « Médias en ligne : What’s Next ? » du 20 mars (3). Nous n’avions donc pas pensé à Corinne Denis. Erreur !
Administrateur depuis novembre 2009 et coprésident de la commission « Audiovisuel et Nouveaux médias », Eric Scherer va continuer à faire de la TV connectée un nouveau cheval de bataille du Geste. « Avec YouTube qui a pris un virage radical en lançant des chaînes thématiques, dont certaines dépassent déjà en audience des chaînes thématiques classiques aux Etats-Unis, tout le monde peut devenir producteur de télévision », a-t-il lancé lors de l’AG du 14 juin. Le 16 mai, les membres du Geste ont d’ailleurs pu rencontrer une seconde fois à huis clos le « père » de la Google TV, le Français Vincent Dureau. Reste que, selon nos informations, Eric Scherer n’avait pas du tout les faveurs de Philippe Jannet, lequel avait dressé en mai le portait du futur président du Geste : « [Il ou elle devra] avoir un regard global, multi sectoriel, une curiosité quant aux évolutions technologiques ». Philippe Jannet devient président d’honneur. @