Frédéric Mitterrand souhaite rester après le 6 mai !

En fait. Le 17 février, et jusqu’au 22 février (cinq rediffusions), Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, était l’un des invités de Jean-Pierre Elkabbach dans l’émission « Bibliothèque Médicis » diffusée sur la chaîne de télévision Public-Sénat. A 75 jours de son départ…

En clair. Frédéric Mitterrand est candidat à sa propre succession rue de Valois, « quel que soit » le prochain président de la République. C’est ce qu’a relevé Edition Multimédi@ en regardant l’émission « Bibliothèque Médicis » sur Public-Sénat. Jean-Pierre Elkabbach lui demande : « Vous vous sentez l’heure venue de partir ? ». Le ministre répond sans hésiter : « Ah non, moi personnellement, non, moi je pourrais très bien continuer longtemps. (…) Faut pas rester trop longtemps non plus (…). Mais si vous imaginez le travail qui a été fait par de très bons ministres de la Culture, vous vous apercevez qu’ils sont restés longtemps : André Malraux, Jack Lang, … (…) ».
Celui qui fut nommé le 23 Juin 2009 ministre de la Culture et de la Communication par l’actuel chef de l’Etat Nicolas Sarkozy se verrait bien à la même fonction après le 6 mai 2012, même si François Hollande était élu. C’est la première fois qu’un ministre exprime publiquement son désir d’être maintenu dans ses fonctions, qu’il y ait continuité ou alternance à la tête de l’Etat. Plus tard dans l’émission, le journaliste demande les défis culturels à relever par le prochain président de la République « quel qu’il soit » ?
Et Frédéric Mitterrand de rétorquer aussitôt : « Me garder ! C’est déjà… tout un programme (rire) », reconnaissant avec regret que « (…) Oui, [les socialistes me veulent du bien, ndlr] mais à la porte de la cuisine… ». En fin d’émission, nouvel appel du pied au prochain locataire de l’Elysée. Jean-Pierre Elkabbach lui demande : « Vous êtes bien là où vous êtes ? Vous aimeriez y rester ? ». Réponse pleine de malice de l’intéressé :
« Oui, oui, j’aime bien (sourire espiègle)… ».
Mais dans cette émission au Palais du Luxembourg, Frédéric Mitterrand (1) a surtout défendu son action rue de Valois, face aux critiques d’Olivier Poivre d’Arvor (2). « Je suis en combat permanent avec les grandes sociétés américaines Apple, Amazon, Google ; j’ai obtenu du grand emprunt des investissements d’avenir pour (…) qu’on puisse numériser un certain nombre d’éléments du patrimoine. (…) On est dans un phénomène de négociation très très âpre avec Google ; ils ont beaucoup reculé (…). [Mais] il y aura des moments où il faudra qu’on montre à Google un peu de considération (…) pour que les négociations puissent se poursuivent d’une manière convenable ». A suivre donc… @

Nouvelles chaînes de TNT et TV connectée : l’année 2012 va chambouler le PAF

Si le paysage audiovisuel français (PAF) a déjà été agité par l’abrogation des chaînes « bonus », l’année prochaine le sera encore plus avec l’arrivée de six nouvelles chaînes gratuites sur la TNT, connues au printemps, et la montée en puissance de la télévision connectée.

Par Christophe Clarenc (photo), associé, et Elsa Pinon, collaboratrice, August & Debouzy

Dans le cadre de la disparition de la télévision analogique au profit du basculement définitif vers la Télévision numérique terrestre (TNT) finalisé le 30 novembre dernier, six canaux avaient été promis aux chaînes historiques (TF1, M6 et Canal+) pour compenser la possible baisse d’audience due à l’arrivée de chaînes concurrentes (1). En 2008, les groupes NRJ, NextRadioTV, Bolloré et AB ont contesté devant la Commission européenne la validité de ces attributions.

VOD et exclusivités : Canal+ reste sous surveillance

En fait. Le 21 septembre, l’Autorité de la concurrence s’est surtout focalisée sur
la non mise à disposition immédiate de ses chaînes aux fournisseurs d’accès à Internet (FAI) qui le souhaitaient et sur la dégradation de TPS Star (cinéma et sports). Quand est-il de la VOD et des exclusivités ?

En clair. Le troisième des cinquante-neuf engagements que Canal+ a pris en 2006 devait donner un coup d’arrêt aux exclusivités des droits en matière de paiement à
la séance ou de vidéo à la demande (VOD). Il s’agissait de permettre à d’autres – fournisseurs d’accès à Internet (FAI) ou plateforme de VOD – de pouvoir diffuser les films américains récents notamment.
Or l’Autorité de la concurrence constate que là aussi Canal+ « a manqué à son engagement : en tardant à ouvrir les négociations avec plusieurs studios américains détenteurs de droits ; en les ouvrant sans les centrer explicitement sur la levée des exclusivités ; en reconduisant un contrat sans lever les exclusivités ». L’opération de concentration n’a donc pas favorisé l’accès des concurrents de Canal+ aux droits audiovisuels. Pourtant, les engagements étaient assortis d’un « encadrement de la
durée des contrats cadre » (1) conclus avec les grands studios américains et d’une
« interdiction de la conclusion de tels contrats avec les producteurs de films français ». Canal+, premier pourvoyeur de fonds du français, reste dans le collimateur de l’Autorité
de la concurrence. Dans sa décision du 16 novembre 2010, celle-ci a estimé qu’elle ne pouvait pas remettre en cause les exclusivités conclues par Canal+ avec TF1, M6 et Lagardère sur le satellite, la TNT et l’ADSL, malgré la plainte de France Télécom en 2008 notamment. Les sages de la rue de l’Echelle ont néanmoins gardé Canal+ sous surveillance pour toutes les exclusivités conclues postérieurement à 2006 : extension
des exclusivités à la fibre optique, à la télévision de rattrapage (catch up TV) et à « tout nouveau support de diffusion » (2).
L’instruction complémentaire continue, d’autant que la position dominante de Canal+ sur le marché français de la TV payante est de plus de 60 %. La filiale de Vivendi, qui va contester la décision du 21 septembre devant le Conseil d’Etat, estime que l’Autorité de la concurrence « ne prend absolument pas en compte l’univers nouveau qui résulte notamment de l’intervention massive sur le marché de la télévision des géants de l’Internet et des opérateurs télécoms » @

Avec sa télé, Allociné vise la TNT pour ses 20 ans

En fait. Le 20 septembre, Allociné – première plateforme d’information en ligne consacrée au Septième Art – a présenté sa chaîne de télévision diffusées sur
les box (Free, Bouygues, Orange et SFR), le câble (Numericable) et le satellite (CanalSat). Soit un potentiel de 35 millions de téléspectateurs.

En clair. La chaîne Allociné TV, gratuite, a vocation à être distribuée par tous les
moyens, y compris par voie hertzienne via la télévision numérique terrestre (TNT).
Alain Le Diberder – directeur général adjoint TV, VOD et nouveaux médias d’Allociné –
l’a précisé à EM@ mais à un horizon de deux ans : « Nous seront présent sur la TNT, mais pas avant 2013 si l’on se réfère au rapport Boyon. L’avenir de la TNT avec de nouvelles normes de diffusion est un sujet très politique. Pour l’heure, avec l’ADSL,
le câble et le satellite, nous atteignons un potentiel de 35 millions de téléspectateurs. S’il faut investir 4 millions d’euros dans une nouvelle chaîne sur la TNT pour gagner
1 million de personnes supplémentaires, c’est cher payer ». Le rapport sur le futur de
la TNT du président du CSA, Michel Boyon, préconise au gouvernement d’imposer la norme de diffusion DVB-T2 aux nouvelles chaînes de la TNT, ce qui renvoie à 2013 d’éventuels lancement le temps que les équipements soient disponibles (1). Avec la télé, qui a nécessité 6 à 8 millions d’euros d’investissement, il s’agit d’« aller vers une diffusion totale ». Grégoire Lassalle, président d’Allociné (2), prévoit que « la chaîne sera à l’équilibre dans trois ans ». En attendant Allociné TV sur la TNT en DVB-T2, voire en haute définition (HD) avec la norme de compression Mpeg4, Alain Le Diberder reste très satisfait de l’audience potentielle que lui offrent l’IPTV (3), le câble et le satellite.
« La diffusion sur les box est forte et le sera de plus en plus, tandis que la TNT deviendra un mode de diffusion d’appoint », prévoit-il. L’ADSL en France compte plus de 11,3 millions d’abonnés regardant la télévision via une offre triple play (4). Et leur nombre progresse de plus de 20 % par an !
Seul bémol, Allociné TV ne sera pas en HD sur les box. Explication : « Il n’y aura pas
de HD à court terme car les opérateurs [les fournisseurs d’accès à Internet, ndlr] nous
ont dissuadé de le faire. Ils nous ont dit que cela n’était pas une priorité si l’on voulait toucher un public large ». Créé en 1993 par Jean-David Blanc et Patrick Holzmann (5), Allociné dépasse aujourd’hui sur le Web les 8 millions de visiteurs uniques par mois
et les 2,5 millions d’applications mobiles. @

TV payante et VOD : comment Canal+ a pénalisé les FAI

En fait. Le 21 septembre, l’Autorité de la concurrence « constate que le groupe Canal+ n’a pas respecté plusieurs engagements pris lors du rachat [en 2006] de TPS » et « retire la décision d’autorisation de l’opération » que Vivendi devra re-soumettre. Canal+ devra en outre payer 30 millions d’euros.

Par Charles de Laubier

En clair. Les abus de position dominante de Canal+ sur le marché français de la télévision payante vont coûter très cher à la maison mère Vivendi. La lettre du ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie datée 30 août 2006 (1), qui autorise l’opération de concentration sur le marché de la télévision payante au profit de Canal+ et de sa maison mère Vivendi, était pourtant claire. En substance, les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) devaient pouvoir se développer en ayant « accès à un contenu attractif » et « se fournir en chaînes et droits attractifs ». Canal+ s’engageait ainsi à mettre à disposition ses sept chaînes et celles de TPS « à tous les distributeurs (satellite, ADSL, câble, TNT) dans des conditions transparentes, objectives et non discriminatoires ». Or, comme le relève l’Autorité de la concurrence et le CSA (2), les chaînes en question ont été proposées sur le nouveau CanalSat – issu de la fusion de CanalSatellite et de TPS – avant même que les FAI (Orange, Free, SFR, …) aient pu les distribuer. Résultat : cette discrimination a favorisé la migration des abonnés au bouquet TPS vers CanalSat. Selon France Télécom, 90.000 abonnés sont ainsi passés de TPS vers CanalSat au cours du premier semestre 2007. Les sages de la rue de l’Echelle ont rejeté l’argument de Canal+ invoquant le développement des offres TV
des FAI. « [Cette progression]est principalement due, non à l’attractivité des offres de télévision comprises dans les forfaits de base des FAI, mais au couplage des offres
de télévision avec des offres d’accès à Internet haut débit (forfaits triple play) et au développement du dégroupage, et par conséquent à l’éligibilité croissante des foyers à l’ADSL (haut débit) », contredisent-ils. De son côté, l’Arcep (3) avait prévenu que « toute forme de discrimination entre les différents acteurs de la distribution de la télévision payante (notamment entre les FAI historiquement présents sur le DSL et câblo-opérateurs) est susceptible de perturber sensiblement le jeu de la concurrence sur
les marchés du haut et très haut débit ». Au moment où les opérateurs télécoms commencent à déployer la fibre optique jusqu’à l’abonné (FTTH), la sanction de l’Autorité de la concurrence tombe à point.